dimanche 4 novembre 2018

Sans être critique ou méchant ces jeunes ressemblent à nos petits français de nos chères banlieues du "93" ou de nos grandes villes de notre métropole française ?!


Nouvelle-Calédonie : une jeunesse aux abois

REPORTAGE. Depuis trente ans, les nouvelles générations sont tenues à l'écart par les anciens. Que feront-ils, le 5 novembre ?

Depuis La Foa, sur la côte Ouest, la route escarpée qui conduit de l'autre côté du Caillou, pourtant moderne et bien entretenue, est rendue périlleuse par la conduite téméraire des chauffeurs de gros camions de transport de la garniérite, le minerai de nickel. Le décor est d'un vert luxuriant, de petits étals proposent des ignames, tubercules nourriciers et quasi sacrés, à la vente, sans personne pour encaisser leur prix. Le client dépose l'argent, puis s'en va. Au bout d'une piste cabossée, c'est l'arrivée à la mine de nickel de Kouaoua, sur la côte Est. S'il est un lieu où se bousculent les contradictions calédoniennes, c'est bien là. Le nickel, c'est l'or de la Nouvelle-Calédonie. Objet de notre visite, un groupe de « jeunes » militants bloque l'accès de la mine de Kouaoua depuis le 6 août, provoquant la fermeture de l'installation et des pertes considérables pour l'exploitant SLN, dont le capital est en partie détenu par le gouvernement local. Sur place, dans le campement occupé nuit et jour, la situation est restée longtemps figée, jusqu'à ce qu'elle se dénoue opportunément, mais sans doute provisoirement, le 26 octobre, à dix jours du référendum.

Droits ancestraux

En métropole, on n'arrive pas chez ses hôtes les mains vides. En Nouvelle-Calédonie non plus. Nous commençons donc par les rituelles paroles d'accueil, assorties de la remise par le visiteur de « manous », ces coupons de coton aujourd'hui imprimés en Chine, d'un paquet de tabac et de papier à cigarette. Cette rituelle « coutume » achevée, la discussion commence. Un doux parfum d'herbes grillées, qui n'émane pas de la cuisine collective, embaume l'atmosphère. « Ici, c'est Kanaky ! » lance une occupante, Linda Létoile, dévoilant sans agressivité ses sympathies indépendantistes. Mais sans lâcher son smartphone. Son univers, et celui des autres bloqueurs, est centré sur l'archipel. Leurs adversaires ne sont ni la France, ni les colons, ni même les exploitants de la mine. On se trouve plutôt dans une opposition de générations, les jeunes militants luttant – non sans similitude avec les zadistes de Notre-Dame-des-Landes – dans une démarche de défense de l'environnement, contre la logique d'exploitation à outrance du nickel local.
Il ne faut jamais oublier que le droit foncier calédonien obéit à des critères spécifiques. La terre dispose d'un propriétaire en titre, ici la province Nord dirigée par les indépendantistes. Ce propriétaire attribue des droits d'exploitation à une société minière, avec des permis. Ici, la SLN. Ailleurs, ces deux acteurs suffiraient à maîtriser le jeu. Pas en Nouvelle-Calédonie. Car à Kouaoua, les « coutumiers », à savoir les chefs des tribus locales, sont titulaires des droits ancestraux du peuple autochtone, désormais reconnus par la République. C'est même l'une des principales différences avec l'ancien Code colonial de l'indigénat, en vigueur en Nouvelle-Calédonie entre 1887 et 1946. Sans leur accord, l'exploitation de la mine n'aurait pas été envisageable.

Chauve-souris frugivore

Le conflit est né, expliquent les occupants, d'un accord financier secret entre l'exploitant, les autorités provinciales et des chefs coutumiers dont l'identité n'a pas été dévoilée. Signé en 2011 et entré en vigueur en mars 2018, ce contrat débouche sur des autorisations d'exploitation de nouvelles terres à nickel, sur les zones de Mont-Calm, Chêne-Gomme et Byrsa. Trois espaces naturels intacts. Or, l'extraction du nickel à ciel ouvert est terriblement pénalisante pour l'environnement. Les sols sont raclés sur plusieurs mètres, les boues rouges toxiques s'amoncellent notamment dans les cours d'eau et dans la mer. Amori Nimoou prend la parole : « Notre tribu de Mea n'a pas été respectée. Aucune promesse n'a été tenue, nous n'avons toujours pas de terrain de foot, de temple, de logements sociaux. Des gens d'ailleurs ont été embauchés. Les anciens ont mélangé la coutume et le business. On ne demande pas d'argent, on ne demande pas de travail. On veut juste qu'ils arrêtent de toucher à nos montagnes ! » Les zones concernées par les permis seraient des viviers biologiques, refuges d'espèces rares et protégées : la roussette, grosse chauve-souris frugivore, en fait partie, avec le cagou, emblème de la Nouvelle-Calédonie, et le pigeon notou : « On les chasse pour les manger avec la première igname, en mars-avril. On n'en peut plus ! Quand il pleut, la mer devient rouge, tous les coraux sont morts. » Un connaisseur lucide de la situation le reconnaît : « En Nouvelle-Calédonie, le foncier est un problème constant, aggravé par la malédiction du nickel ! La richesse qu'il produit, mais qui ne durera pas, nourrit la connivence de fond entre les coutumiers et les tenants de l'économie. »

Rien à perdre

Le conflit de Kouaoua s'est vite envenimé : le long tapis roulant, la « serpentine », qui descend le minerai à la mer a été incendié à plusieurs reprises, des dégradations diverses ont été commises dans la commune voisine. Issu d'une tribu kanak, l'un des rares dans ce cas, un fonctionnaire estime que « la maîtrise du développement minier par les indépendantistes a conduit à une aggravation des inégalités, en faveur des chefs coutumiers. Les militants de Kouaoua sont sans doute agressifs et violents. Mais ils n'ont rien à perdre, n'ont pas de travail ni d'insertion en vue ».

La rivalité entre les jeunes issus des tribus et les anciens serait-elle l'un des problèmes de la Nouvelle-Calédonie future, indépendante ou pas ? C'est bien possible… Lapidaire, un politique enrage : « Les Kanaks au pouvoir sont ceux qui ont mené les luttes des années 1980. Ils ont pris les postes, n'ont rien lâché, n'ont accordé aucune place aux jeunes ! » Avec un grand-père officier de la marine nationale ayant épousé une Kanak d'Ouvéa, Jean-Louis d'Anglebermes ne porte pas un patronyme banal pour un indépendantiste. Il n'en est pas moins membre de l'Union calédonienne depuis 1972 et vice-président du gouvernement, chargé d'animer et de contrôler le secteur du travail, de l'emploi, du dialogue social et de la formation professionnelle. Il traite du matin au soir les questions liées à la jeunesse, souvent déclassée, parfois délinquante. Or, celle-ci grandit, nourrie par le déclassement, l'alcool et le cannabis : « Alors que notre PIB par habitant est proche de celui de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, c'est notre système très inégalitaire qui provoque la délinquance. Au Vanuatu, ils sont tous pauvres, mais les prisons sont vides. Nous devons traiter prioritairement la question des jeunes hommes kanaks, vivant dans leur tribu sur la côte Est. »
C'est l'une des questions qui se poseraient si le scrutin d'indépendance donnait la majorité au « non ». Que feraient ces jeunes qui croient à l'indépendance, dont les aînés leur ont dit qu'elle serait la solution à tous leurs maux ? Toutes les autorités, à Paris, à Nouméa et ailleurs en Nouvelle-Calédonie, craignent dans ce cas un rejet éruptif. En croisant les doigts.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Que l'on a importé indirectement après la décolonisation depuis plus de 50 ans de l'indépendance de nos possessions de cet empire hors de France dont l'immigration est issue en grande partie !

Alors que les calédoniens votent comme ils veulent, ça ne changera pas grand-chose s'ils veulent leur indépendance, à par leur nationalité, mais la France restera encore là, car ils en auront toujours besoin et nous français nous paierons comme d'habitude pour les aider !

Jdeclef 04/11/2018 09h22LP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire