Assemblée :
dans les coulisses des tractations secrètes du gouvernement
Lundi
soir, le départ d’Élisabeth Borne était sur la table. Confortée pour le
moment, la Première ministre se démène pour éviter le blocage total du
Parlement.
IL
N’Y A RIEN DE VRAIMENT SECRET AVEC UN PRESIDENT QUI A PERDU SA BOUSSOLE ET
TERGIVERSE TOUJOURS ?!
Quarante-quatre.
Il manque quarante-quatre députés à Emmanuel Macron pour atteindre le
seuil de la majorité absolue nécessaire pour faire passer ses réformes à
l'Assemblée. Depuis le revers électoral de dimanche soir, le président et
ses plus proches conseillers travaillent d'arrache-pied pour tenter de
convaincre des parlementaires de l'opposition de s'allier avec la majorité.
« C'est jouable », lui ont promis ses collaborateurs. Le chef de
l'État a donc pris le taureau par les cornes en conviant un à un à l'Élysée les
responsables politiques du Palais-Bourbon pour discuter. Il a
aussi mandaté sa Première ministre Élisabeth Borne de former « une
majorité d'action ».
Les téléphones chauffent dans tous les sens, les lieutenants
macronistes ont sorti les calculatrices. Tout le monde s'y met. Le ministre des
Relations avec le Parlement Olivier Véran ne ménage pas ses efforts, son
collègue de l'Intérieur Gérald Darmanin donne un coup de main. Subitement en
cour à l'Élysée, l'ancien Premier ministre Édouard Philippe passe lui aussi des
coups de fil. Par la voix de leur chef de file Christian Jacob, Les
Républicains font de la résistance, refusant tout accord de coalition. Il
faut donc aller chercher une par une les éventuelles bonnes volontés, bâtir des
compromis. Sauf que le temps presse : les mesures en faveur du pouvoir
d'achat ont été promises aux Français pour cet été. « La ristourne sur le
carburant prend fin, il va nous falloir une majorité pour protéger le
portefeuille des ménages. Nous avons adressé une main tendue, c'est désormais à
l'opposition de faire preuve de responsabilité », assène une éminence
grise du Château. L'air de dire : en cas de paralysie, ce sera la faute de
la droite et de la gauche qui jouent l'obstruction.
C’est la IVe République sous
la Ve, la cohabitation sans cohabitant !
« Un enfer ! » Quand Huchon eut à gérer la
majorité relative de Rocard
L'exécutif revendiquait mardi vingt à vingt-cinq prises de
contact fructueuses parmi la droite modérée et la gauche modérée. Soit, au
total, quarante à cinquante potentiels alliés. « On leur dit :
“quelles sont les réformes prioritaires et les moins clivantes qu'on peut mener
en bonne intelligence ? N'est-ce pas dans l'intérêt supérieur du pays de
travailler ensemble ? Vous pouvez venir comme vous êtes !” »,
narre un protagoniste. Élisabeth Borne et son équipe auraient donc bon espoir
d'aboutir à un accord d'un genre nouveau, qui ne soit ni une coalition strico sensu ni une
majorité à bâtir texte par texte. Et pour mieux ferrer ces élus
constructifs, l'idée serait de formaliser leur soutien par une signature.
« À la fin, ça revient à ce que tout le monde mette de l'eau dans son vin.
Ce qui correspond assez bien au signal envoyé par les Français et à la logique
de dépassement. » Objectif : rassurer le pays, montrer que la
démocratie fonctionne. Certains Marcheurs, d'humeur philosophe, prétendent même
que le contexte permettrait de revenir aux sources du macronisme, de rassembler
au-delà des clivages et de convaincre des politiques aux antipodes ! Comme
du temps de la loi Macron…
Sauf que des personnalités de la majorité se sont pris les pieds
dans le tapis, allant jusqu'à assumer, une semaine après les polémiques sur la
consigne de vote en cas de duel RN/Nupes, d'aller négocier avec les troupes de
Marine Le Pen… « Contrairement à ce que tout le monde pense, le RN
sera plus malin que les autres. Ils vont voter avec nous quand ça ira dans
leur bon sens. C'est un piège pour nous, parce qu'on ne pourra pas dire
qu'on ne veut pas de leurs voix ! » prédit un conseiller du pouvoir.
En parallèle des négociations, il faut reconstituer de A à Z le
casting de la majorité à l'Assemblée. L'ex-président Richard Ferrand, les
patrons de groupe Christophe Castaner et Patrick Mignola, cadres respectés et
installés dans le dispositif, ont été balayés aux législatives, il faut leur
trouver des remplaçants. Faut-il envoyer des poids lourds du gouvernement aux
manettes d'une chambre promise aux turbulences ? Gérald Darmanin, réélu
député dimanche, s'est posé la question de briguer le perchoir. Mais le
président a posé une condition : en cas de défaite à l'élection,
impossible de revenir au sein de l'exécutif. Le binôme de parlementaires expérimentés
Roland Lescure, pour la présidence de l'Assemblée, et Aurore Bergé, pour la
tête du groupe des Marcheurs, semble avoir les faveurs du gouvernement. Emmanuel
Macron sonde en direct ses députés pour trouver la meilleure option.
En fin de journée mardi, la ministre des Outre-mer Yaël
Braun-Pivet s'est lancée dans la course. Ironie du sort : le président
l'avait promue au gouvernement pour justement éviter qu'elle ne brigue le
perchoir face à Richard Ferrand… L'élection, prévue le 28, sera
particulièrement disputée : au sein d'Ensemble, le député de l'Oise Éric
Woerth est candidat, comme les ex-ministres Barbara Pompili et Joël
Giraud. La désignation pour la présidence des groupes majoritaires a lieu
dès mercredi. Concernant la très stratégique présidence de la commission des
Finances, poste qui revient traditionnellement à un membre de l'opposition,
l'exécutif espère encore qu'il puisse échoir à un élu LR, plutôt que RN ou
LFI.
Dans une situation aussi inédite, Élisabeth Borne peut-elle
rester à Matignon ? La question est posée avec d'autant plus d'acuité que,
lundi, l'hypothèse de son départ était sur la table. Selon nos informations,
Emmanuel Macron a envisagé sa démission, et donc celle du gouvernement. Il
l'aurait ensuite renommée, pour assurer la gestion des affaires courantes en
attendant un successeur. « On est passé à un cheveu d'un président qui
part à l'étranger à partir de jeudi, un Premier ministre et un
gouvernement démissionnaire. Si j'étais Gilet jaune, j'aurais sorti la
pique ! » hallucine un conseiller.
La « combativité » de Borne
Mardi, lors d'une réunion des directeurs de cabinet à Matignon,
Aurélien Rousseau le bras droit d'Élisabeth Borne a eu ce lapsus qui en dit
long. « Le président a renouvelé sa confiance à la Première ministre, on
ne sait pas pour combien de temps »… Le fait que le chef de l'État ne
l'associe pas à ses consultations a tout de suite été perçu comme le signe d'un
départ imminent. L'intéressée a réuni le gouvernement mardi pour donner à voir
un exécutif à la tâche. « Elle fait preuve de combativité », loue un
ministre. Mais s'il faut élargir, et si Matignon fait partie du panier de
la mariée pour négocier, elle devra sans doute partir. Un député de
l'opposition a d'ailleurs posé cette condition préalable avant d'accepter toute
discussion avec le gouvernement. L'autre scénario, plus pervers, consiste à
attendre la déclaration de politique générale, fixée pour l'instant au
5 juillet, et miser sur la motion de censure des oppositions pour
qu'Élisabeth Borne soit destituée… Selon un membre du premier cercle du
président, son sort serait en tout cas scellé. Un vaste remaniement serait dans
les cartons. « La situation impose que le président reprenne la main.
Il va reconstruire largement », confie-t-on.
Alors, qui pour diriger un nouveau dispositif politique, une
« union nationale » telle que l'ont évoqué François Bayrou et le
communiste Fabien Roussel ? Est-ce le moment Bruno Le Maire ? Son nom
circule, le ministre de l'Économie s'y verrait bien. Mais il « est
considéré comme un traître en chef pour LR », rappelle un stratège du
président. Et si Élisabeth Borne doit partir, il faudra la remplacer par une
femme, plaide un autre. Christine Lagarde ? La présidente de la BCE a le
mérite de n'avoir aucun contentieux avec la droite parlementaire. Nicolas
Sarkozy plaide pour elle depuis longtemps. Sur BFMTV, Édouard Philippe a lui
appelé à la désignation d'un « profil nouveau ».
Succession de Macron : la guerre est déclarée
L'ordre du jour du Parlement se retrouve naturellement chamboulé
par les événements. La loi sécurité de Gérald Darmanin pourrait intervenir
avant le texte sur les énergies renouvelables. Le moment est jugé inopportun
pour un texte budgétaire, ce qui compromet l'examen d'un projet de loi de
finances rectificatives, pourtant en préparation. Le quinquennat repart en
quelque sorte de zéro, d'une feuille blanche. L'occasion d'un examen de
conscience pour de nombreux cadres macronistes, encore sonnés par la défaite.
« Le choix d'une campagne de signal faible n'était pas le bon, il s'est
confronté à un calendrier trop long avant les législatives. On n'a pas anticipé
la présence de Jean-Luc Mélenchon en face, alors que ça a percolé. On
a trop joué la campagne de premier quinquennat, sauf qu'on était sortants et
que les gens nous ont trop vus, ils ne veulent plus voter Macron »,
analyse froidement un ministre qui a pourtant réussi à se faire élire.
« On n'a pas donné suffisamment envie. Les gens se lassent de nous, c'est
l'effet de la continuité », développe l'un de ses collègues.
Intervention mercredi ?
Certains députés, qu'ils soient battus ou élus, en veulent
carrément à Emmanuel Macron. Pour la première fois depuis 2017, les critiques
depuis dimanche visent directement le président. Comme si ses troupes, fidèles
et disciplinées jusqu'ici, commençaient déjà à le lâcher. « Il est urgent
que chacun d'entre nous ne se retourne pas contre celui qui nous a fait. C'est
ce qui a tué le PS », exhorte un ministre venu de la gauche. L'intéressé
n'a pas encore pris la parole pour livrer son analyse des résultats de
dimanche. Il pourrait intervenir mercredi, à l'issue des échanges qu'il
aura eus avec les dirigeants politiques, ou bien à la fin de la semaine.
Lors de la soirée électorale, « il était impénétrable, impassible »,
tentant de sauver les apparences, décrivent les convives présents à l'Élysée.
Il s'est isolé de longs moments avec sa Première ministre dans son bureau.
Édouard Philippe était « grave », François Bayrou « très remonté
et affecté », rapportent des invités. Le patron du MoDem, en croisade
depuis des années pour une réforme des institutions et l'instauration de la
proportionnelle, avait senti venir la catastrophe. Emmanuel Macron a aussi
téléphoné à Richard Ferrand dès 20 heures, vivant la défaite de son fidèle
allié dans le Finistère comme une blessure personnelle. Alors qu'il prépare une
réorganisation de l'Élysée, certains imaginent que l'ex-président de
l'Assemblée et Christophe Castaner reviennent auprès du chef de l'État pour
muscler son dispositif politique. « Il aura besoin de parlementaires
aguerris autour de lui. Or, on en manque cruellement au Château », argue
un proche.
Au fond, conclut un historique, « j'ai senti le président
libéré ». « Il est enfin décidé à aller au fond des choses. »
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Indirectement
monarchique est obsolète, usée avec un président pseudo monarque à qui elle a
donné trop de pouvoir (comme à d'autres avant lui pendant les quinquennats
précédents !)
Au point
que malgré avoir été réélu par des Français craignant le lendemain pour certains,
croyait enfoncer une porte ouverte qui lui est revenue en pleine figure !
Ces mêmes
Français ont par ces élections législatives sanctionnés vertement le président
en lui refusant une majorité absolue et plus grave peut être en mettant en lice
au parlement qu’il dédaignait car
inutile selon lui comme bien des Français lambda « ces gens de peu d’en
bas » qui ont mis en lice les extrémismes de tous bords avec cette NUPES
fumeuse fourretout des ces gauches hétéroclites avec ce vieux chef de file
tribun aboyeur de foire faisant beaucoup de bruit et désordre comme MELENCHON et sa LFI qui se venge
en se faisant plaisir car ne pensant qu’à lui et aussi entrainant par rebond l’extrémisme
RN de droite de M.LE PEN qu’il dit rejeter !?
C’est
bien de sa faute à ce président s’il subit cette défaite car même lors de ce
premier choix de cette ex députée Catherine VAUTRIN LR comme 1ere ministre il
ne l’a pas retenue car subissant un tollé de politiciens ou de ces conseillers pas
étonnant car il ne sait pas décider fermement rapidement et ne fait que
tergiverser !
Alors il
a fait contre mauvaise fortune bon cœur et a choisi et piégé Mme BORNE comme
1ere ministre ballotté sur un siège éjectable car pour faire plaisir aux
français il fallait semble-t-il une femme qui risque de faire un passage éphémère
comme 1ere ministre qui elle ne méritait pas cela !?
Le deuxième
quinquennat avec ce chemin semé de pierres et d’embuches sera d’une difficulté
sans nom et là il faudra qu’il mouille sa chemise s’il veut s’en sortir car bien
diffèrent du 1er qui l’avait épargné bien que médiocre !
Le résultat
c’est que ce sont toujours les Français qui paient les mauvaises additions de
nos dirigeants !
Jdeclef 22/06/2022 11h00
Cela devient soulant et débile de voire les modérateurs du POINT inféodés à leur rédaction bornée de censurer inutilement tout commentaire critiquant le président alors qu'il y a matière à le faire suite aux résultats médiocres pour son camp qui a perdu la majorité à l'Assemblée pour ne pas lui permettre de gouverner seul car la France et les français viennent de retrouver leur parlement et la couronne de ce pseudo monarque vient de tomber de sa tête par la volonté du peuple qu'il dédaignait
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