Emmanuel
Macron, la cohabitation… en pire !
LES
CARNETS DU DIMANCHE. Une semaine après le séisme des législatives, le président
temporise, négocie et prépare sa contre-attaque.
IL
AVAIT DIT AGIR : « PAROLES PAROLES » NOTRE BAVARD ?!
Après une explosion, il
faut attendre que la poussière retombe pour mesurer l'étendue des dégâts – donc
pour envisager de reconstruire. D'évidence, c'est ce que veut faire Emmanuel
Macron, quitte à donner une fois encore l'impression de tergiverser. Sa
déclaration télévisée de mercredi soir, qui se voulait à la fois solennelle et
optimiste (« J'ai confiance dans d'esprit de responsabilité de
tous »), visait surtout à gagner du temps, avant une séquence européenne
qui l'oblige à se concentrer pendant une grosse semaine sur d'autres
préoccupations que la fabrication d'une majorité « élargie » à l'Assemblée
nationale. Il s'agit, pour le chef de l'État, de reprendre ses esprits et de
retrouver quelques forces. On le comprend : si le résultat des
législatives n'est pas à proprement parler une défaite, puisque sa coalition
est de loin la plus nombreuse au Palais-Bourbon, c'est néanmoins un échec
cuisant, puisqu'il avait la majorité absolue, et il ne l'a plus. Au propre
comme au figuré, Macron est un président diminué.
Il n'empêche, la Constitution lui réservant la prééminence sur tous les
autres pouvoirs, ses opposants sont condamnés, quoi qu'ils en disent, à
s'accommoder de sa présence légitime au sommet de l'État. Pour sa part, lui
devra supporter le poids encombrant de ses deux principaux opposants :
l'extrême droite et la gauche radicalisée. De ce double constat se déduit
l'unique issue envisageable pour que le régime ne tourne ni au chaos ni à la
paralysie : s'il entend conserver son autorité et gouverner le pays,
Macron doit réussir à récupérer (en tout cas en partie) la droite modérée et
les centristes non alignés, tout en s'efforçant de
« démélenchoniser » la gauche afin de fracturer la Nupes et de
ramener vers lui les socialistes et les écologistes raisonnables. Dans quel
ordre, tout cela ? « En même temps », bien sûr. Par quelle
méthode ? « En prenant les Français à témoin de sa volonté de
résoudre leurs problèmes, et de la résistance des oppositions », m'assure
crânement un ministre, sans plus de précision. « En jouant tactique, il
adore ça », m'a confié de son côté un de ses proches, sans davantage de
détails.
De ces confidences plus ou moins autorisées, je retire le sentiment
que : 1. Macron a bien l'intention de rester aux commandes sans céder un
pouce de terrain. 2. Les oppositions, enfermées dans le piège de la radicalité,
ne voudront pas d'une coalition qui les placerait en position de supplétif. 3.
Les naïfs qui croient au rééquilibrage des pouvoirs par le parlementarisme
revigoré vont être déçus : c'est le retour aux grandes manœuvres
politiciennes et aux petits arrangements tactiques qui se prépare.
La cohabitation, que la France a connue à trois reprises, consistait à
partager le pouvoir entre un président relégué à un rôle d'arbitre et de
premier opposant, et un Premier ministre placé en situation de gouverner, car
porté par une majorité à l'Assemblée. C'était une guerre en dentelles, ou
disons en costume-cravate, un duel sans merci, mais durant lequel des réformes
pouvaient être conduites pendant que le pays parlait d'une seule voix à
l'extérieur. Et à la fin, comme on dit au football, c'est toujours le Premier
ministre qui perdait : Chirac en 1988, Balladur en 1995, Jospin en 2002,
se sont présentés à la présidentielle et ont été battus (le premier et le
troisième par le président avec qui ils avaient cohabité).
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française »
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Conclusion – un peu désespérante, j'en conviens : ce qui s'annonce est
soit un retour aux « jeux, poisons et délices » de la IVe République
(dixit de Gaulle en 1953), entraînant l'impéritie que l'on sait, soit
l'effondrement de la Ve République par l'intérieur, à savoir la
cohabitation en pire. Macron n'a pas face à lui un Premier ministre hostile,
mais une Assemblée fracturée. Il paraît qu'il faut s'en satisfaire, car c'est
le choix des électeurs. Admettons. On entend dire que « les Français n'ont
pas voulu laisser à Macron les pleins pouvoirs ». Certes, mais si ce qui
en résulte est le vide du pouvoir, ils seront bien avancés.
Une certaine lecture des résultats de dimanche dernier consiste à décréter
que le président est désormais minoritaire, dans la mesure où le mouvement qui le
soutenait n'a obtenu ni la majorité absolue des suffrages exprimés ni celle des
sièges de députés à l'Assemblée nationale. En vertu de quoi les opposants
s'autorisent à expliquer en chœur – et dans des termes identiques – que
« son projet a été rejeté par les Français » et qu'ils entendent à
présent faire appliquer le leur. On ne saurait pousser plus loin la mauvaise
foi. Par quel calcul arrive-t-on à considérer qu'un parti recueillant
8 millions de voix (Ensemble) devrait s'incliner devant un autre
totalisant 6,5 millions de voix (la Nupes) ou un troisième en ayant
récolté 3,5 millions (le RN), sans parler de celui qui en a péniblement
rassemblé 1,4 million (LR) ; le tout, huit semaines après que leurs
candidats respectifs à la présidentielle ont été nettement battus. Convenons
que si la question était de renforcer la démocratie en réduisant l'immensité
des pouvoirs présidentiels, reléguer la majorité présidentielle derrière les
minorités parlementaires aboutirait un curieux progrès. La démocratie
représentative, apprend-on en faculté, se fonde sur le gouvernement de la
majorité dans le respect des minorités ; la loi des minorités, elle, mène
à la tyrannie.
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Illustration par l'exemple : la retraite à 65 ans était le point
le plus saillant et le plus clivant du programme présidentiel de Macron ;
s'il n'est pas certain que sa réélection face à Marine Le Pen valait
acceptation, il est juste de conclure du vote des législatives que cette
réforme n'est pas souhaitée par nos concitoyens. Pour autant, le retour à la
retraite à 60 ans l'est-il davantage ? Bien sûr que non. Si aucune
majorité ne se dégage sur ce point, le plus vraisemblable est donc qu'il n'y
aura pas de réforme du tout. Mais est-ce vraiment ce que veulent les
Français ? Pas sûr non plus. Et si l'âge de la retraite n'est pas
repoussé, saura-t-on équilibrer le système et, plus encore, financer autrement
la prise en charge de la dépendance, qui s'impose pour les générations
futures ? On se demande bien comment. Quand la population le comprendra,
espérons qu'il ne sera pas trop tard. Mesurons-le bien : le pire à craindre
n'est pas le chaos à l'Assemblée, mais le surplace.
LR, le village d'Astérix sans potion magique
Jean-François Copé a raison de dire : « Les Républicains sont un
parti de gouvernement, mais un parti de gouvernement qui passe quinze ans sans
gouverner n'est plus un parti de gouvernement. » En l'écoutant
m'expliquer, navré, les postures des différents chefs de la droite, tous
persuadés qu'il « ne faut pas aider Macron » après avoir voté pour
lui à la présidentielle, je me dis que cet homme talentueux, qui passait
naguère pour impétueux, arriviste et toujours trop pressé, a gagné en sagesse
ce qu'il a perdu en surface. Ancien ministre, président du groupe UMP à
l'Assemblée sous Nicolas Sarkozy, éphémère chef du parti au temps de sa
splendeur (il invoque toujours la « vague bleue » des municipales
de 2014 avec un mélange de fierté et de nostalgie), il n'est plus que
maire de Meaux et passablement isolé au sein de LR, mais il se sent assez fort,
et surtout assez libre, pour embarrasser son camp – il dit parfois « mes
amis », mais avec un sourire ironique. « Ils peuvent me menacer, mais
de quoi ? » s'amuse-t-il. À la sortie du restaurant, un groupe de
femmes venues fêter un anniversaire l'ont salué avec ferveur, pris des selfies
avec lui. Il est reparti ragaillardi.
Son évocation des rivalités et des calculs internes de son parti,
confortablement installés dans leur impasse, fait étonnamment songer à la
guerre des Gaules, quand les tribus s'affrontaient sans voir la menace romaine
qui s'approchait. Laurent Wauquiez croit toujours pouvoir être l'homme qui
ramènera au bercail les électeurs séduits par le RN. Gérard Larcher veut avant
tout conserver la présidence du Sénat, il a donc besoin d'un solide groupe, ce
qui lui interdit tout compromis avec l'Élysée. Xavier Bertrand, défait à la
promaire pour la présidentielle, rêve d'être celui qui négocierait pied à pied
avec Macron, mais le rapport de force interne lui est défavorable ; il
attend donc son heure ; Valérie Pécresse est out, François Baroin est
loin, Christian Jacob est exsangue. Quant à Nicolas Sarkozy, il a perdu toute
légitimité pour œuvrer à quoi que ce soit, ses fidèles eux-mêmes en
conviennent. « Ces derniers mois, il a tout raté », résume méchamment
l'un de ses fidèles.
« Malheureusement, tu n'as pas le choix » :
Wauquiez, homme providentiel de la droite ?
L'avenir de la droite est-il dans la résistance à un président qu'ils
accusent d'avoir « volé leur programme » ? Ses dirigeants
sont-ils vraiment sûrs de répondre en cela au vœu de leurs électeurs ? Sur
la question des retraites, de la fiscalité ou de la place de la France dans
l'Europe, il est malaisé, de fait, de relever leurs dissemblances avec la ligne
macroniste. Plutôt que de surjouer la différence, la situation leur offre
l'occasion (inespérée, compte tenu de leurs scores à la présidentielle) de lui
imposer les avancées qu'ils souhaitent en matière de sécurité, de maîtrise de
l'immigration, d'éducation…
Dans les semaines ou les mois qui viennent, au plus tard à la rentrée lors
de l'examen du budget, les plus réalistes et les moins sectaires devront
choisir entre le soutien mesuré au gouvernement et l'adversité stérile, quitte
à se prononcer « texte par texte ». Sans quoi, à terme, les
macronistes apparaîtront comme le seul parti de la réforme et les lepénistes,
comme la seule vraie force d'alternance. Dans le village d'Astérix,
invariablement, les aventures commencent par des bagarres et finissent par un
banquet. Mais ces Gaulois-là ont la potion magique. Les Républicains ont perdu
la recette.
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Ou les
Français qui ont voté à ses élections législatives avec une abstention de
beaucoup d'autres écœurés !
Ont donné
trop de pouvoir à un seul homme, quel que soit son bord politique de départ
lors de son élection en 2017 (même sans vrai parti autre que celui « fantôme »
inféodé à sa personne) ni de gauche ou droite, une fumisterie intellectuelle,
n'a pu déboucher après sa réélection en 2022 que sur le résultat des élections
législatives d'électeurs qui en fait ont
protesté en mettant en lice cette NUPES mélenchoniste de gauche extrémiste
fourretout ainsi que confirmer la droite extrémiste RN de M.LE PEN qui n'en
croyait pas ses yeux mais qui avait obtenu tout même 42% de voix à la
présidentielle !
Depuis
les quinquennats présidentiels, on rejoue les mêmes scenarios éculés ou les
Français qui ont voté à ses élections législatives avec une abstention de
beaucoup d'autres écœurés en ont peut-être eu cette fois « ras le bol »
et ont changé leur façon de voter en votant pour les extrêmes gauche/droite car
le pouvoir en place les a divisés bien aidé par les médias et sondages orientés !
Le plus
extraordinaire c’est le pouvoir présidentiel qui n’a pas vu arriver cet évènement
électoral et n’a rien fait pour l’éviter et qui a ignoré qu’il y avait encore
un parlement en FRANCE !?
Surtout
en cette période internationale hyper tendue sous menace de guerre à nos frontières
et situation économique inflationniste induite et en France notre pays difficilement
gouvernable ce qui n’est pas raisonnable (relisons Victor Hugo) toujours d’actualité :
Bon appétit ! messieurs ! —
.Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez
l’heure,
L’heure sombre où la France agonisante pleure !
Donc vous n’avez pas ici d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Jdeclef 27/06/2022 14h24
Il suffit de parler du pouvoir en place même sans le critiquer ou faire des observations étayées non vindicatives mais en disant des erreurs flagrantes pour être systématiquement censuré par les modérateurs du points partiaux et obtus on comprend mieux pourquoi le pays devient ingouvernable car toute opposition n'est plus tolérée ce qui est très grave dans un pays libre comme la FRANCE ou la liberté d'expression est encore un droit constitutionnel heureusement tout comme notre parlement que certains voudraient faire taire !
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