« Les
Russes visent à la fois les humanitaires et les journalistes »
ENTRETIEN.
Olga Rudenko, rédactrice en chef du « Kyiv Independent », le média
ukrainien le plus influent depuis le début de la guerre, se confie au
« Point ».
Propulsée au rang de star
en même temps que son journal, Olga Rudenko, 33 ans, est devenue l'un des
visages de la résistance ukrainienne. Elle a fait la une du magazine américain Time
et reçoit des invitations du monde entier pour parler de son travail, de son
pays et de la guerre. Depuis Madrid, où elle est la vedette de la cérémonie de
remise du Prix de la presse européenne, elle a accepté d'inverser les rôles et
de se mettre dans la situation de la personne interviewée. Entretien.
Le Point : Votre média est devenu
une référence mondiale. Expliquez-nous comment il fonctionne.
L'un de vos articles, publié neuf jours avant le
déclenchement de l'offensive russe, est assez troublant. Il prédit à peu de
chose près le scénario des premières semaines de la guerre. Vous étiez sûrs que
Poutine allait attaquer ?
Comment avez-vous vécu la journée du 24 février dernier ?
J'ai quitté la rédaction vers 3 heures du matin après une
longue journée de travail. Dans le taxi, je reçois une alerte indiquant que
Blinken s'attend à une attaque la nuit même. Le temps que j'arrive à la maison,
Poutine avait déclaré le début de son « opération spéciale ». On s'est branchés
avec le reste de l'équipe et on a tenu notre première conférence de rédaction
de guerre. À la fin de celle-ci, j'ai posé une question à tous les journalistes
: « Si Kiev est attaqué, qui reste ? » Quatre journalistes ont dit leur
intention de demeurer dans la capitale coûte que coûte. Ils n'étaient
finalement plus que trois au plus fort de l'invasion russe, car l'un d'entre
eux a rapidement rejoint la défense territoriale. Quant à moi, j'ai géré le
début de la guerre depuis l'ouest du pays.
Nous voulons raconter cette guerre en détail afin que les
gens réalisent qu'elle est proche de chez eux. La torture, les viols, les
exécutions, tout cela existe vraiment et se passe pas loin de chez vous. On
sent en ce moment un peu moins d'intérêt dans l'opinion publique
internationale, nous voulons lutter contre ce phénomène. La guerre continue.
Le journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff a été tué en
Ukraine alors qu'il suivait une opération humanitaire. La Russie vise-t-elle
délibérément les humanitaires et les journalistes ?
Subissez-vous des pressions de la part du pouvoir ukrainien ?
Nous ne subissons pas de pression. Nous rapportons la parole
officielle, bien sûr, mais nous citons toujours la source de nos informations
et précisons si nous avons pu voir les faits rapportés de nos propres yeux.
Nous connaissons bien les différents dirigeants du pays, nous savons ceux qui
sont fiables et ceux qui exagèrent facilement.
Avant la guerre, votre précédent journal, le Kyiv Post, était
critiqué par le président ukrainien. Quels sont les rapports aujourd'hui entre
le Kyiv Independent et Volodymyr Zelensky ?
Le Kyiv Post était très critique du pouvoir,
notamment sur les sujets de corruption. Au Kyiv Independent, nous
n'avons pas de relation particulière avec le président. Il sait que nous
existons mais ne nous accorde pas de traitement de faveur. Nous sommes tous
passés en mode survie. Notre média n'est pas aux ordres, mais nous avons une
cause commune : l'Ukraine doit survivre§
Il y a six mois, simple lettre d'information d'à peine 500
abonnés, le Kyiv Independent est aujourd'hui l'un des médias les plus
suivis au monde (2,1 millions d'abonnés sur Twitter). Ses meilleurs articles
sont réunis et publiés en France aux éditions Nouveau Monde.
« Même si la Russie attaque, la défaite de l'Ukraine
n'est pas écrite », par Illia Ponomarenko, le 15 février 2022, soit neuf
jours avant le début de l'offensive russe.
Essayez d'imaginer ce qui se passerait si la Russie
déclenchait une guerre totale. Selon les estimations, l'Ukraine pourrait se retrouver
avec près de 500 000 hommes et femmes armés. N'oubliez pas que les combattants
ukrainiens se battraient sur leur territoire, contrairement à leurs adversaires
russes, dont beaucoup viendraient de l'Extrême-Orient russe. Je ne recommande
pas de sous-estimer la rage des condamnés qui se battent pour leurs familles et
leurs maisons. Penser que les chars russes arriveront à Kyiv en quelques heures
comme une Ford Focus sur une bonne autoroute est une erreur.
[…] Un plan intelligent de blitzkrieg, comme cela s'est déjà
produit dans l'Histoire, ne s'avérerait intelligent que sur les cartes des
quartiers généraux militaires. Et le temps jouerait en notre faveur.
« Journal de guerre : une journée à Irpin avec ces
volontaires qui sauvent des vies », par Igor Kossov, le 22 mars 2022.
Plus le van approche de l'adresse, plus il devient clair que
la zone est toujours sous l'emprise des Russes. La route monte sinistrement,
c'est le paradis des snipers. Andrii se faufile dans les rues secondaires au
fur et à mesure que nous montons. Nous nous arrêtons au bord d'une
intersection. Oleksandr a un mauvais pressentiment, une raison suffisante pour
ne pas y aller. Tout à coup, Andrii « veut essayer quelque chose ».
Avant que quiconque ne puisse l'arrêter, il fait avancer le van, fait un écart
à gauche sur la rue Tchekhov, puis presque immédiatement un écart à droite sur
une autre rue secondaire, derrière un grand immeuble d'habitation, et arrête le
van. Moins d'une minute plus tard, nous entendons le « gémissement » du missile
ennemi, suivi d'une explosion quelque part à proximité. « Oh, des mortiers,
fait Oleksandr. Je ne les ai pas entendus depuis un moment. » Il y a
un deuxième sifflement entrant, suivi d'un troisième. « Est-ce qu'ils nous
visent ? » je me demande à voix haute. C'est difficile à dire. Une chose
est sûre, les habitants de la rue Tchekhov vont devoir attendre un peu plus
longtemps pour être secourus. Après avoir nous-mêmes patienté un peu, nous
sautons dans le véhicule et faisons demi-tour vers notre seule issue.
Simultanément, la porte de la camionnette s'ouvre, déversant deux racks
métalliques sur la route. Andrii fait s'arrêter la camionnette. «
Laisse-les, dit Oleksandr. Laisse-les. » Mais Andrii est déjà en
train de les ramasser. « Ils ne sont pas à nous, voilà le problème. S'ils
étaient à moi… » Il les pousse à travers la fenêtre vers nous. « On
peut y aller maintenant, s'il vous plaît ? » demande Oleksandr. «
Regardez, je vois quelque chose », dit Andrii, en sautant à nouveau
du van. « Tu te fous de ma gueule », je dis. « Il le fait exprès ?
» Andrii saute à l'intérieur. « J'ai trouvé des chocolats ! » Il
jette un paquet scellé de quelques snacks gourmets sur le tableau de bord.
Andrii s'arrête et on fonce dans la rue, avant que les mortiers et les snipers
ne puissent nous repérer.
« Cachez les filles », par Anna Myroniuk, avec
Igor Kossov, le 20 avril 2022.
« Un soldat russe est venu et a dit, en me désignant :
"Ne laissez pas sortir la jeune fille" », raconte Tetiana
Aleksandrova, 38 ans, une habitante de Boutcha, au Kyiv Independent.
Elle s'est cachée dans un abri situé dans un jardin d'enfants, avec son mari et
d'autres habitants. Elle enfilait en permanence plusieurs vestes pour masquer
sa silhouette, et la femme qui dirigeait l'abri l'enduisait de suie lorsque les
soldats russes passaient. Les femmes des villages voisins racontent toutes des
histoires similaires, à l'instar d'Inga Odinokova, mère d'une fille de 25 ans
et habitante de Velykyi Lis, à 35 kilomètres au nord-ouest de Boutcha. «
Les Russes ont dit à mon mari : "Cachez les filles." » Les
soldats ont précisé, à l'intention de cette mère, que les kadyrovites - membres
d'une organisation paramilitaire de Tchétchénie nommée ainsi en hommage à leur
chef, Ramzan Kadyrov - s'étaient installés dans la localité voisine de Shybene
et que c'étaient des « violeurs »§
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Des obus
qui tombent partout, les destructions importantes dans certaines villes de
l'UKRAINE le montre et le prouve et même dans le DOMBASS annexé par la Russie !
La guerre
est une horreur dont les hommes ne semblent vouloir se passer depuis que le
monde est monde et surement leur principal défaut !
Les
discours de bienpensant moralistes donneurs de leçons hypocrites européens ne
sont pas de mise surtout en fournissant en armes diverses à ce pauvre pays qui
essaie de se défendre car bien sûr ce pays ukrainien n'a pas les moyens
d'atteindre militairement la RUSSIE dans son pays puisque ces alliés Européens
et US passe leur temps à dire ne pas vouloir attaquer la Russie et surtout sa
puissance nucléaire par peur (logique) de déclencher une 3 eme guerre mondiale
!
Donc au
lieu de faire des discours creux moraliste c’est ce fou maitre du KREMLIN
POUTINE qu’il faut désigner ouvertement et non la Russie et ses habitants qui sont
habitués à baisser la tête depuis plus de 75 ans sous tous les dirigeants remontant
même à leurs Tsar que ce soit sous l’aire soviétique après la guerre froide et après
la chute du mur de Berlin et même maintenant qui n’a fait que raviver la nostalgie
envahissante de l’ex-empire Russe perdu à ce chef d’état devenu dictateur !
Les Russes
et la Russie ne sont pas libres et sous régime totalitaire depuis trop
longtemps ce qui est une tare et culture historique pernicieuse dont ils n’arrivent
pas à se défaire à la différence des pays occidentaux libres et démocratiques qui
eux aussi ne sont pas parfaits mais qui ont évolué au fil des siècles nettement
meilleurs pour leurs peuples !
Les
guerres mondiales n’ont pas servi de leçons à nos dirigeants et à ces dictateurs
qui poussent comme les mauvaises herbes c'est cela la réalité!
Jdeclef 11/06/2022
13h59
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire