lundi 6 juin 2022

On aime les grands mots et qualificatifs pour désigner les dirigeants d'un monde décadent gouvernés pour certains par des déséquilibrés dangereux !

 

Poutine passible de crime contre l’Histoire

Institutions, propagande d’État, censure… Le soviétologue Nicolas Werth explique comment le président russe s’emploie à réécrire l’Histoire du pays.

ON VIT DANS UN MONDE QUI SE SOULE DE PAROLES GRANDILOQUENTES  MAIS QUI NE FAIT RIEN POUR S’AMELIORER  CAR FAISANT TOUJOURS LES MEMES ERREURS !

 La principale ressource de la puissance et de l'avenir de la Russie réside dans notre mémoire historique », déclarait Poutine en 2013 devant le premier congrès de la Société russe d'histoire militaire, qu'il venait de mettre en place. L'objectif de cette organisation ? Bâillonner toute parole critique sur l'histoire russe, notamment militaire. Quand un chef d'État conditionne sa politique à l'usage du passé, quand il arrime son pouvoir à la seule mémoire, on est bien dans une vision totalitaire et terrifiante qui vise à assurer son emprise sur toute la chaîne des temps tel cet empereur chinois, Qin Shi Huang, qui tenta de détruire tous les livres.

Cet usage, on le sait, est au cœur de la propagande russe dans la guerre actuelle. Comme le souligne Nicolas Werth, éminent soviétologue, président de la branche française de l'association russe Memorial, spécialisée dans les recherches sur la répression stalinienne, et que Poutine a interdite en 2021, la réécriture de l'Histoire est une vieille spécialité de ce pays.

« Memorial a permis de connaître le sort des tués sous Staline »

Dans le dernier opus de la collection « Tracts », il décrit de manière lumineuse et implacable comment l'opération poutinienne, à la fois agressive et paranoïaque, s'est déployée sur le plan juridique, idéologique, institutionnel, de manière à imposer une seule et unique vision de l'Histoire, irréfutable. C'est ainsi que, dans les nouveaux manuels, les élèves russes ne peuvent plus rien comprendre des terribles répressions de masse. Même quand l'État assure « la part sombre », avec le « Mur du Chagrin », celui-ci est éloigné du centre de Moscou, vierge de nom.

L'article 354.1 du Code pénal russe prévoit désormais de criminaliser « toute déclaration diffamatoire ou dénigrante sur les combattants de la Seconde Guerre mondiale » ou tout parallèle entre l'URSS et l'Allemagne nazie. Le Point a déjà largement commenté les discours de Poutine sur l'Histoire. Mais l'un des apports du passionnant texte de Werth est d'attirer l'attention sur le rapport passé inaperçu de la Fédération internationale des droits de l'homme, qui établissait que la Russie était passible de « crime contre l'Histoire ». Dans ce domaine aussi, Poutine est bien un criminel en chef qui, sur ce point qui n'est pas détail, n'a rien à envier à Mao, Staline ou Hitler.

Poutine, historien en chef, de Nicolas Werth (Gallimard, coll. « Tracts ». 80 p., 9 €). Parution le 9 juin.

EXTRAITS

Des crimes contre l'Histoire

« Cette politique, de plus en plus agressive, a non seulement écarté les points de vue alternatifs, mais a mis gravement en danger tous les “producteurs d'Histoire” – historiens, publicistes, journalistes, acteurs de la société civile travaillant sur l'histoire et la mémoire qui n'adhèrent pas au discours officiel. L'ampleur de cet assaut a atteint, au cours des dernières années, comme le constate le dernier rapport de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), publié en juin 2021, le seuil de “crimes contre l'Histoire”.

Ce concept de “crime contre l'Histoire” a été développé par l'historien belge Antoon de Baets, professeur à l'université de Groningue, qui le définit comme “l'une des atteintes suivantes aux droits humains, dès lors que ces atteintes s'inscrivent dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique résultant de la mise en œuvre ou de l'application d'une politique étatique ou non étatique : l'assassinat, la disparition ou l'arrestation de producteurs d'Histoire ; les attaques personnelles publiques contre les producteurs d'Histoire par des discours de haine, la diffamation et les poursuites malveillantes ; la destruction intentionnelle du patrimoine culturel ; la désinformation (notamment la négation des répressions de masse, crimes contre l'humanité et génocides) ; la censure de l'Histoire”.

Vladimir Poutine, la paranoïa d'une vie

Pour la Russie, le rapport de la FIDH a notamment répertorié les “crimes contre l'Histoire” suivants : la promulgation de lois répressives supprimant la liberté d'expression sur les questions historiques ; les pratiques de censure ; le refus d'accès aux archives ; les poursuites judiciaires, les campagnes publiques de dénigrement et d'intimidation à l'encontre des acteurs indépendants de la société civile ; la destruction de monuments commémoratifs érigés par les acteurs de la société civile ou les ONG pour perpétuer la mémoire des crimes de masse commis durant la période soviétique. »

Staline plutôt que Lénine

« Le nouveau récit national promu par le régime poutinien propose un étonnant syncrétisme entre le passé tsariste et l'expérience soviétique, une expérience débarrassée de ses oripeaux communistes, “décommunisée”. La réconciliation entre ces deux périodes antagonistes se fait autour de la glorification d'une Grande Russie “éternelle” et d'un État fort capable de défendre le pays contre des puissances étrangères toujours menaçantes. Inscrite dans la longue durée de la lutte de la Russie contre ses agresseurs, la Grande Guerre patriotique devient, dans sa dimension épique, l'apothéose de toute l'histoire russe, la clé de voûte du nouveau récit national. Remettre la Grande Guerre patriotique au centre du dispositif mémoriel n'est pas nouveau.

C'est précisément au cours de la période brejnévienne – qui apparaît, à la fin des années 1990, aux yeux d'une partie de la population, comme une période bénie de stabilité où l'État-providence soviétique assure au peuple sinon la prospérité, du moins le “minimum vital” et la garantie d'un emploi – que la Grande Guerre patriotique est devenue le maillon central du système de propagande soviétique à mesure que “l'avenir radieux” du communisme s'éloignait et ne faisait plus rêver […].

Poutine, la réincarnation de Staline !

L'image “globalement positive” des années 1930 contraste, dans cette construction, avec l'image négative de la révolution de 1917, prolongée par une terrible guerre civile, moment de profonde division et d'affaiblissement de la nation. Lénine et les bolcheviks restent fermement condamnés. Mais leur principale faute, souligne Vladimir Poutine, n'est pas d'avoir détourné la Russie de sa marche vers quelque modernité “à l'occidentale” ; c'est d'avoir capitulé en 1918 devant les Allemands et signé la paix humiliante de Brest-Litovsk qui amputait la Russie soviétique de vastes territoires conquis au fil des siècles par les tsars russes. Cette capitulation n'est rien de moins qu'une trahison. Notre pays a perdu la guerre face au pays qui avait lui-même perdu la guerre ! Une situation unique dans l'histoire de l'humanité ! C'est le résultat de la trahison de ceux qui gouvernaient alors le pays […].

D'immenses territoires, des intérêts vitaux de notre pays ont été bradés pour satisfaire les intérêts d'un seul groupe qui voulait renforcer sa position au pouvoir ! […] Mais ils ont expié leur faute plus tard, durant la Grande Guerre patriotique.” Extraordinaire argumentation ! La victoire dans la Grande Guerre patriotique a racheté la faute de la révolution ! Le message est clair : Staline a racheté la faute de Lénine. »

Un arsenal institutionnel

« En juin 2012, le très influent Sergueï Narychkine prend la tête d'une nouvelle institution chargée de dire la doxa en matière d'histoire, la Société de l'histoire de la Russie, dans laquelle entrent, aux côtés de hauts fonctionnaires, des représentants des plus prestigieux établissements d'enseignement supérieur, de musées nationaux et du principal groupe de presse détenu par l'État. Sa mission est “d'unir le pays autour des valeurs essentielles du patriotisme, de la conscience civique et du service loyal envers l'État” et de travailler à l'élaboration d'un nouveau manuel scolaire. Pour Vladimir Poutine, réélu à la tête de l'État à la suite de “l'intermède Medvedev”, “il n'est pas normal qu'il existe soixante-cinq manuels d'Histoire […]. Les manuels d'Histoire doivent exprimer une perspective unique et un point de vue officiel”.

Deux ans durant, les membres de la Société de l'histoire de la Russie vont plancher sur les “points les plus controversés de l'histoire de la Russie” pour aboutir à une “norme commune en matière de culture et d'histoire en phase avec les intérêts géopolitiques de la Russie” qui sera introduite, à partir de 2014-2015, dans les manuels scolaires, dont le choix sera drastiquement réduit à quelques unités présentant, à quelques infimes détails près, une seule et unique interprétation du passé.

Comment le Kremlin embrigade la jeunesse russe

En décembre 2012, Vladimir Poutine met en place une autre institution, la Société russe d'histoire militaire, présidée par le ministre de la Culture, Vladimir Medinski, et chargée de “contrer les initiatives visant à dénaturer et à discréditer l'histoire militaire de la Russie”. Le coup d'éclat de cette institution, chargée de promouvoir le patriotisme en milieu scolaire en organisant des excursions sur les grands lieux de la “gloire militaire de la Russie”, viendra en 2018, lorsque deux de ses historiens tenteront, bien maladroitement, de proposer une “révision” de l'un des plus importants charniers de la Grande Terreur de 1937-1938, Sandormokh, en Carélie.

Le renforcement de la propagande d'État au début du troisième mandat de Vladimir Poutine, en 2012, va de pair avec une persécution croissante des acteurs de la société civile et des ONG, en premier lieu de Memorial. En juillet 2012 est promulguée la loi “sur les organisations faisant fonction d'agents étrangers”. Elle impose à chaque ONG russe recevant un financement de l'étranger et menant une “activité politique” (“activité politique” entendue dans un sens très large – Memorial, ONG à but humanitaire mais travaillant sur les “répressions politiques”, tombe sous le coup de cette loi) de s'enregistrer comme “agent de l'étranger” ».

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Monde contemporain et divers tyrans ou dictateurs qui sévissent encore dans nos pays dit civilisés éduqués donneurs de leçons depuis la fin des dernières guerres mondiales (et dont certains sont morts dans leurs lits !?)

Notamment en Europe occidentale ou on a eu HITLER, STALINE ou FRANCO et maintenant POUTINE le dernier venu et ces pays dont certains sont devenus (des démocratures pour ne pas dire dictatures car ce n’est pas politiquement correct !)

Ça change quoi car nos pays libres et encore démocratiques n’arrivent pas à se débarrasser de ses personnages dangereux qui préparent la 3 eme guerre mondiale que les peuples comme les Français inconscients qui ne croient pas que cela serait possible car à la merci de dirigeants pleutres bavards incompétents pratiquant ce politiquement correct hypocrite mais incapables de s’unir vraiment pour empêcher une catastrophe qui serait pire que les précédentes !?

Avec en France des médias qui jettent de l’huile sur le feu en énonçant les problèmes nationaux et internationaux de notre pays avec moult détails alors que s’apercevoir qu’on régresse et on revient presque à 75 ans en arrière !

Les principaux défauts des hommes sont leur égos et quêtes du pouvoir et égoïsmes qu’ils n’arrivent pas à corriger et qui risque de faire leur perte !

Jdeclef 06/06/2022 11h51


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