Poutine
passible de crime contre l’Histoire
Institutions,
propagande d’État, censure… Le soviétologue Nicolas Werth explique comment le
président russe s’emploie à réécrire l’Histoire du pays.
ON VIT
DANS UN MONDE QUI SE SOULE DE PAROLES GRANDILOQUENTES MAIS QUI NE FAIT RIEN POUR S’AMELIORER CAR FAISANT TOUJOURS LES MEMES ERREURS !
La
principale ressource de la puissance et de l'avenir de la Russie réside dans
notre mémoire historique », déclarait Poutine en 2013 devant le
premier congrès de la Société russe d'histoire militaire, qu'il venait de
mettre en place. L'objectif de cette organisation ? Bâillonner toute
parole critique sur l'histoire russe, notamment militaire. Quand un chef d'État
conditionne sa politique à l'usage du passé, quand il arrime son pouvoir à
la seule mémoire, on est bien dans une vision totalitaire et terrifiante qui
vise à assurer son emprise sur toute la chaîne des temps tel cet empereur
chinois, Qin Shi Huang, qui tenta de détruire tous les livres.
Cet usage, on le sait, est au cœur de la propagande russe dans la
guerre actuelle. Comme le souligne Nicolas Werth, éminent soviétologue,
président de la branche française de l'association russe Memorial, spécialisée
dans les recherches sur la répression stalinienne, et que Poutine a interdite
en 2021, la réécriture de l'Histoire est une vieille spécialité de ce pays.
Dans le dernier
opus de la collection « Tracts », il décrit de manière lumineuse et
implacable comment l'opération poutinienne, à la fois agressive et paranoïaque,
s'est déployée sur le plan juridique, idéologique, institutionnel, de manière à
imposer une seule et unique vision de l'Histoire, irréfutable. C'est ainsi que,
dans les nouveaux manuels, les élèves russes ne peuvent plus rien comprendre
des terribles répressions de masse. Même quand l'État assure « la part
sombre », avec le « Mur du Chagrin », celui-ci est éloigné du
centre de Moscou, vierge de nom.
L'article 354.1 du Code pénal russe prévoit désormais de
criminaliser « toute déclaration diffamatoire ou dénigrante sur les
combattants de la Seconde Guerre mondiale » ou tout parallèle entre l'URSS
et l'Allemagne nazie. Le Point a déjà largement commenté les discours de
Poutine sur l'Histoire. Mais l'un des apports du passionnant texte de Werth est
d'attirer l'attention sur le rapport passé inaperçu de la Fédération
internationale des droits de l'homme, qui établissait que la Russie était
passible de « crime contre l'Histoire ». Dans ce domaine aussi,
Poutine est bien un criminel en chef qui, sur ce point qui n'est pas détail,
n'a rien à envier à Mao, Staline ou Hitler.
EXTRAITS
Des crimes contre l'Histoire
« Cette politique, de plus en plus agressive, a non seulement
écarté les points de vue alternatifs, mais a mis gravement en danger tous les
“producteurs d'Histoire” – historiens, publicistes, journalistes, acteurs de la
société civile travaillant sur l'histoire et la mémoire qui n'adhèrent pas au
discours officiel. L'ampleur de cet assaut a atteint, au cours des dernières
années, comme le constate le dernier rapport de la Fédération internationale
des droits de l'homme (FIDH), publié en juin 2021, le seuil de “crimes contre
l'Histoire”.
Vladimir
Poutine, la paranoïa d'une vie
Pour la Russie,
le rapport de la FIDH a notamment répertorié les “crimes contre l'Histoire”
suivants : la promulgation de lois répressives supprimant la liberté
d'expression sur les questions historiques ; les pratiques de
censure ; le refus d'accès aux archives ; les poursuites judiciaires,
les campagnes publiques de dénigrement et d'intimidation à l'encontre des
acteurs indépendants de la société civile ; la destruction de monuments
commémoratifs érigés par les acteurs de la société civile ou les ONG pour
perpétuer la mémoire des crimes de masse commis durant la période
soviétique. »
Staline plutôt que Lénine
« Le nouveau récit national promu par le régime poutinien
propose un étonnant syncrétisme entre le passé tsariste et l'expérience
soviétique, une expérience débarrassée de ses oripeaux communistes,
“décommunisée”. La réconciliation entre ces deux périodes antagonistes se fait
autour de la glorification d'une Grande Russie “éternelle” et d'un État fort
capable de défendre le pays contre des puissances étrangères toujours
menaçantes. Inscrite dans la longue durée de la lutte de la Russie contre ses
agresseurs, la Grande Guerre patriotique devient, dans sa dimension épique,
l'apothéose de toute l'histoire russe, la clé de voûte du nouveau récit
national. Remettre la Grande Guerre patriotique au centre du dispositif
mémoriel n'est pas nouveau.
Poutine,
la réincarnation de Staline !
L'image
“globalement positive” des années 1930 contraste, dans cette
construction, avec l'image négative de la révolution de 1917, prolongée par une
terrible guerre civile, moment de profonde division et d'affaiblissement de la
nation. Lénine et les bolcheviks restent fermement condamnés. Mais leur
principale faute, souligne Vladimir Poutine, n'est pas d'avoir détourné la
Russie de sa marche vers quelque modernité “à l'occidentale” ; c'est
d'avoir capitulé en 1918 devant les Allemands et signé la paix
humiliante de Brest-Litovsk qui amputait la Russie soviétique de vastes
territoires conquis au fil des siècles par les tsars russes. Cette capitulation
n'est rien de moins qu'une trahison. Notre pays a perdu la guerre face au pays
qui avait lui-même perdu la guerre ! Une situation unique dans l'histoire
de l'humanité ! C'est le résultat de la trahison de ceux qui gouvernaient
alors le pays […].
D'immenses territoires, des intérêts vitaux de notre pays ont été
bradés pour satisfaire les intérêts d'un seul groupe qui voulait renforcer sa
position au pouvoir ! […] Mais ils ont expié leur faute plus tard, durant
la Grande Guerre patriotique.” Extraordinaire argumentation ! La victoire
dans la Grande Guerre patriotique a racheté la faute de la révolution ! Le
message est clair : Staline a racheté la faute de Lénine. »
Un arsenal institutionnel
« En juin 2012, le très influent Sergueï Narychkine prend la
tête d'une nouvelle institution chargée de dire la doxa en matière d'histoire,
la Société de l'histoire de la Russie, dans laquelle entrent, aux côtés de
hauts fonctionnaires, des représentants des plus prestigieux établissements
d'enseignement supérieur, de musées nationaux et du principal groupe de presse
détenu par l'État. Sa mission est “d'unir le pays autour des valeurs
essentielles du patriotisme, de la conscience civique et du service loyal
envers l'État” et de travailler à l'élaboration d'un nouveau manuel scolaire.
Pour Vladimir Poutine, réélu à la tête de l'État à la suite de “l'intermède
Medvedev”, “il n'est pas normal qu'il existe soixante-cinq manuels d'Histoire
[…]. Les manuels d'Histoire doivent exprimer une perspective unique et un point
de vue officiel”.
Deux ans durant, les membres de la Société de l'histoire de la
Russie vont plancher sur les “points les plus controversés de l'histoire de la
Russie” pour aboutir à une “norme commune en matière de culture et d'histoire
en phase avec les intérêts géopolitiques de la Russie” qui sera introduite, à
partir de 2014-2015, dans les manuels scolaires, dont le choix sera
drastiquement réduit à quelques unités présentant, à quelques infimes détails
près, une seule et unique interprétation du passé.
Comment
le Kremlin embrigade la jeunesse russe
En décembre 2012,
Vladimir Poutine met en place une autre institution, la Société russe
d'histoire militaire, présidée par le ministre de la Culture, Vladimir Medinski,
et chargée de “contrer les initiatives visant à dénaturer et à discréditer
l'histoire militaire de la Russie”. Le coup d'éclat de cette institution,
chargée de promouvoir le patriotisme en milieu scolaire en organisant des
excursions sur les grands lieux de la “gloire militaire de la Russie”, viendra
en 2018, lorsque deux de ses historiens tenteront, bien maladroitement, de
proposer une “révision” de l'un des plus importants charniers de la Grande
Terreur de 1937-1938, Sandormokh, en Carélie.
Le renforcement de la propagande d'État au début du troisième
mandat de Vladimir Poutine, en 2012, va de pair avec une persécution croissante
des acteurs de la société civile et des ONG, en premier lieu de Memorial. En
juillet 2012 est promulguée la loi “sur les organisations faisant
fonction d'agents étrangers”. Elle impose à chaque ONG russe recevant un
financement de l'étranger et menant une “activité politique” (“activité
politique” entendue dans un sens très large – Memorial, ONG à but humanitaire
mais travaillant sur les “répressions politiques”, tombe sous le coup de cette
loi) de s'enregistrer comme “agent de l'étranger” ».
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Monde
contemporain et divers tyrans ou dictateurs qui sévissent encore dans nos pays
dit civilisés éduqués donneurs de leçons depuis la fin des dernières guerres mondiales
(et dont certains sont morts dans leurs lits !?)
Notamment
en Europe occidentale ou on a eu HITLER, STALINE ou FRANCO et maintenant
POUTINE le dernier venu et ces pays dont certains sont devenus (des
démocratures pour ne pas dire dictatures car ce n’est pas politiquement correct !)
Ça change
quoi car nos pays libres et encore démocratiques n’arrivent pas à se débarrasser
de ses personnages dangereux qui préparent la 3 eme guerre mondiale que les peuples
comme les Français inconscients qui ne croient pas que cela serait possible car
à la merci de dirigeants pleutres bavards incompétents pratiquant ce politiquement
correct hypocrite mais incapables de s’unir vraiment pour empêcher une
catastrophe qui serait pire que les précédentes !?
Avec en France
des médias qui jettent de l’huile sur le feu en énonçant les problèmes
nationaux et internationaux de notre pays avec moult détails alors que s’apercevoir
qu’on régresse et on revient presque à 75 ans en arrière !
Les principaux
défauts des hommes sont leur égos et quêtes du pouvoir et égoïsmes qu’ils n’arrivent
pas à corriger et qui risque de faire leur perte !
Jdeclef 06/06/2022
11h51
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