« En
voulant l’atteindre, on touche le président » : Darmanin en zone de
turbulences
LETTRE DU
PALAIS. Sous la pression de l’opposition et de l’Élysée, cette forte tête du
gouvernement a dû se justifier sur le fiasco du Stade de France.
En manque d'action, Gérald Darmanin ? En
campagne dans le Nord, le ministre de l'Intérieur et candidat aux législatives
s'attarde devant les étals de la librairie du Furet du Nord, institution
lilloise. Il en ressort avec Guerre sous
le bras, le manuscrit de Céline récemment publié. Dans la voiture, entre
deux visites, il se confie au Point
sur le climat politique, « amorphe », dit-il, à deux semaines du
premier tour. Reconduit sans difficulté à son poste par Emmanuel Macron,
gratifié – conformément à son souhait – de la tutelle des Collectivités
territoriales, l'élu de Tourcoing paraît confiant, se projetant tranquillement
à Beauvau jusqu'aux Jeux olympiques de 2024.
C'était sans compter sur le
fiasco de la finale de football de la Ligue des champions entre le Real Madrid
et les Reds de Liverpool qui devait se disputer
24 heures plus tard. « Je passe mon week-end en campagne sur le
terrain, je ne rentre à Paris
que samedi soir, pour le match. Parce que bon, c'est les Anglais », dit-il
dans un sourire. On connaît la suite. Le coup d'envoi de la rencontre est
retardé de plus de trente minutes, les stadiers sont dépassés, les scènes de
chaos aux abords du Stade de France
à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et les témoignages de supporteurs
ulcérés inondent les réseaux sociaux. Des familles qui n'avaient rien
demandé se retrouvent repoussées par les jets de gaz lacrymogènes des forces de
l'ordre. Une centaine d'interpellations ont lieu.
À la fin du match, Gérald Darmanin publie une photo depuis le PC
sécurité, où il se trouve avec sa collègue Amélie Oudéa-Castéra, la ministre
des Sports. Le premier flic de France met en
cause dans son tweet « les milliers de supporteurs britanniques,
sans billet ou avec de faux billets, (qui) ont forcé les entrées et,
parfois, violenté les stadiers ». Rien sur les débordements liés au
maintien de l'ordre. « À ce moment-là, il n'a que les éléments qui lui
remontent de la police, de la préfecture, et il est surpris par l'affluence aux
abords du stade », raconte son entourage. Le coup est parti. « Une
telle communication, c'est du foutage de gueule ! » s'emporte
une figure de la majorité.
Au lieu de vite rectifier le tir, le patron de Beauvau persiste
sur cette ligne. Peu prompt à faire son autocritique, le jeune membre du
gouvernement a fait de la défense presque inconditionnelle des forces de
l'ordre sa marque de fabrique au ministère de l'Intérieur depuis sa nomination,
en juillet 2020. La polémique enfle au cours du week-end et en tout début de
semaine. La Première ministre Élisabeth Borne, particulièrement sensible aux
questions d'ordre public en tant qu'ex-préfète, exige de son ministre de
l'Intérieur dès dimanche qu'il monte au créneau et qu'il « prenne le
point ».
Humilité
Gérald Darmanin est rentré à Tourcoing, dans son fief du Nord,
mais il doit donc revenir plus tôt que prévu lundi à Paris pour participer à
une réunion avec les parties prenantes de l'organisation de la finale de
football et la ministre des Sports, en poste depuis une semaine. En dépit des
alertes de l'Élysée et de Matignon, il considère toujours que les débordements
qui ont eu lieu samedi soir ne sont pas son sujet. En conférence de presse, il
charge les « 30 000 à 40 000 supporteurs » sans billet
ou munis de faux billets. Les chiffres sont tout de suite
contestés. Envoyé sur le plateau du JT de TF1 le soir même, Gérald Darmanin a
pour consigne de « faire preuve d'humilité » et de
« clôturer » la polémique.
Ce qui s’est passé ne doit plus
arriver. Il faut que chacun fasse la lumière et en tire les leçons. Les
prochains événements doivent se passer de manière impeccable.
Le lendemain, le transfuge de la droite a rendez-vous à
Matignon avec Élisabeth Borne pour un échange bilatéral sur sa
feuille de route, calé avant les événements de samedi. La Première ministre
cueille froidement son ministre. « Ce qui s'est passé ne doit plus
arriver. Il faut que chacun fasse la lumière et en tire les leçons. Les
prochains événements doivent se passer de manière impeccable »,
ordonne-t-elle en substance. La cheffe du gouvernement est mécontente. Son
équipe a passé au peigne fin tous les témoignages et articles de presse parus
depuis samedi, y compris des médias sportifs. En termes d'image, sur le plan tant
national qu'international, le signal est déplorable.
I« On
bosse, on ne dit rien » : Pourquoi Macron est si discret
Mercredi, en
conseil des ministres, Emmanuel Macron a renouvelé sa confiance en son
ministre. « Les choses sont à améliorer. […] Il va falloir faire
toute la transparence pour améliorer les procédures. […] Le
président n'a même pas eu besoin de rappeler qu'il soutenait son ministre
de l'Intérieur », a rapporté la porte-parole du gouvernement, Olivia
Grégoire, dans son compte rendu hebdomadaire. En privé, pourtant, le chef
de l'État ne décolère pas parce qu'il sait que l'épisode lui est
préjudiciable. « Les images ont fait le tour du monde, elles abîment
l'image de la France. C'est un scandale que le président ne prenne pas la
parole sur le sujet », fustige un ancien ministre. L'opposition continue
de donner de la voix, et le contraire serait étonnant à une semaine des
élections législatives. « Gérald peut être abrasif, mais il n'a pas tort
sur le fond », nuance un de ses collègues, qui ne le porte pourtant
pas dans son cœur. « OK, ça n'a pas été bien géré, mais il y a bien un
sujet hooligan. »
Le patron de Beauvau avait bien la possibilité de s'en
sortir en faisant porter la faute au préfet de
police de Paris, en le débarquant. Didier Lallement doit en plus quitter
ses fonctions à l'été, le responsable du renseignement
et de la lutte contre le terrorisme Laurent Nuñez est cité pour le remplacer.
« Ce n'est pas vraiment son genre de se défausser sur son
administration », rétorque un proche du ministre.
Stade de France : devant le Sénat, Darmanin et
Oudéa s'excusent mais maintiennent leurs chiffres
Attendu au Sénat
pour une audition, Gérald Darmanin a pour consigne de faire profil bas et
d'exprimer des excuses. De faire preuve d'humilité et de changer le ton, bien
plus que sur le plateau de TF1. Il fait en partie amende honorable face aux
critiques et aux questions des sénateurs, reconnaît des
« dysfonctionnements », mais maintient sa ligne de défense. Un
rapport sera transmis le 30 juin, puis un autre en septembre.
Prochain test pour ce proche de Nicolas Sarkozy et de Xavier
Bertrand, la rencontre qui oppose l'équipe de France de
football à celle du Danemark, vendredi soir, toujours au Stade de France,
et toujours dans un contexte de grève sur la ligne du RER D. Cette fois, pas le
droit à l'erreur. Plusieurs réunions se sont tenues jeudi pour adapter le
dispositif de sécurité. Le ministre suivra les événements à distance. Gérald
Darmanin devra aussi gérer le maintien de l'ordre lors de la Coupe du monde de
rugby l'année prochaine, puis les Jeux olympiques en 2024.
Il a déjà subi une pression bien
plus forte que celle que nous vivons actuellement.Entourage
de Gérald Darmanin
Depuis qu'il a rejoint Emmanuel Macron, en 2017, l'ancien maire de
Tourcoing est considéré comme un poids lourd du gouvernement. Le président lui
sait gré d'avoir mis en place avec succès le prélèvement à la source. À
Beauvau, il a su retisser un lien de confiance avec les forces de l'ordre. Pas
à n'importe quel prix : son zèle a régulièrement suscité des remous dans
la majorité, lors de l'examen de la loi sécurité globale ou au moment des
polémiques sur les violences policières. Gérald Darmanin a su garder le cap. Il
s'est petit à petit endurci, survivant aux appels récurrents à sa démission de
la part de l'opposition.
« Il a déjà subi une pression
bien plus forte que celle que nous vivons actuellement. Il a pris l'habitude de
devoir payer le fait d'être une cible car il est l'un des rares ministres qui
ont du poids politique et de la notoriété. Et il y a un intérêt
politique : en voulant l'atteindre, on touche le président », démine
un conseiller ministériel. Ses collègues au gouvernement ont beau lui
reprocher de se planquer dans les moments durs ou de ne pas jouer collectif,
ils lui reconnaissent tous un immense talent politique. « Gérald, il tient
la route et il est solide. Il s'est déjà sorti de situations bien plus
inconfortables que celle-ci », confirme le sénateur François Patriat,
qui lui prédit un bel avenir, aux plus hautes fonctions de l'État. À condition
de ne pas s'entêter à jouer les têtes brûlées.
Mais là, il
s'est planté en beauté en plus en mentant comme un gamin pris en faute car
maintenant qu'il a été reconduit comme ministre de l'Intérieur est totalement
inféodé à la macronie laxiste du président qui est perdu et ne sait plus où il
va depuis ces campagnes électorales déplorables dont celles des législatives en
cours ou il participe et se déplace pour avoir le nombre de députés RENAISSANCE
nouveau nom d'ex LA REM dont il a besoin comme majorité pour gouverner dans
cette Veme république monarchique qui donne trop de pouvoir à un seul homme
ayant repris le même gouvernement avec certains de ses ex-ministres et
nomination de cette 1ere ministre E. BORDE !
Jdeclef 03/06/2022 15h50 LP
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