Pourquoi l’utilisation
d’Instagram doit être encadrée (pas seulement celui-là ..!?)
Le réseau social de partage de
photographies est sous le feu des critiques du fait de son impact toxique sur
la santé mentale des plus jeunes.
Facebook
vient de suspendre son projet « Instagram Kids » après les
révélations d’une lanceuse d’alerte faisant notamment état de documents
internes qui, selon les propres recherches de l’entreprise, établissent un lien
nocif entre santé mentale et utilisation d’Instagram. On ne sera donc pas
surpris que le scoop du Wall Street Journal ait entraîné une levée de boucliers
bipartisane contre Facebook et que les effets néfastes des réseaux sociaux
soient de plus en plus couramment qualifiés de « problème de santé
publique de notre époque ».
Depuis des années, des psychologues mettent en garde contre les
réseaux sociaux, et Instagram en particulier, accusés de contribuer à
une augmentation de la dépression et de l’anxiété chez les
adolescents, surtout chez les filles. Jean Twenge, professeure de
psychologie à l’université d’État de San Diego, décrit dans iGen, son
livre paru en 2017, des retards dans des comportements préparant les
jeunes à l’âge adulte, comme la conduite automobile, les rendez-vous amoureux,
la socialisation lors de fêtes ou même le travail professionnel.
Phébé –
L’incroyable frilosité de la génération Internet
Des tendances accompagnant pour cette cohorte une grande
augmentation de l’anxiété et de la dépression, mais aussi d’un sentiment
général de solitude. Selon Twenge, elles correspondent à des changements
comportementaux généralisés induits par les smartphones, ainsi qu’à l’adoption
en masse des réseaux sociaux par les adolescents. Aucune autre hypothèse
plausible pour ces tendances n’a émergé, et, depuis 2017, elles se sont
accentuées. Les propres recherches de Facebook semblent aujourd’hui confirmer
l’hypothèse de Twenge.
Approbation sociale délétère
Selon Jonathan Haidt, psychologue social à l’université de New
York, Instagram exacerberait chez les adolescentes les angoisses habituelles
que suscitent leur apparence et leur statut, tout en alimentant les
persécutions à bas bruit que sont les ragots et l’exclusion sociale. Selon
Haidt, ce qu’il y a de spécifique à Instagram par rapport à d’autres médias
sociaux comme les jeux vidéo, c’est ce qui différencie des comportements
sociaux synchrones en temps réel des interactions sociales asynchrones
post-commentaires. Au lieu de se perdre dans un monde imaginaire avec des amis,
comme le font de nombreux adolescents amateurs de jeux vidéo, Instagram
encourage ses utilisateurs à mettre en scène leur vie et à ensuite attendre une
approbation sociale, ce qui intensifie les complexes des adolescents.
En outre, les effets d’Instagram vont au-delà de l’utilisateur
individuel. Haidt met en garde contre l’impact qu’a Instagram sur les
filles même si elles ne l’utilisent pas très souvent, les effets systémiques de
l’application plaçant, selon lui, chaque jeune femme dans une « économie
de prestige basée sur son apparence ». En d’autres termes, étant donné que
le statut sur l’application se transforme en statut dans la vie réelle, le
prestige social à l’école ou à l’université découle désormais fréquemment du
nombre de followers Instagram.
Pourquoi
protéger nos enfants (et nos étudiants) est dangereux
Le stress psychologique est le fruit de comparaisons sociales
incessantes qu’induit Instagram, en plus d’être littéralement fait pour
susciter l’addiction. Instagram, comme Facebook et Twitter, ne s’arrête jamais.
Des fonctionnalités telles que le « défilement infini » sont conçues
pour rendre les utilisateurs dépendants d’un puits sans fond de nouveautés. Les
petits points et cœurs rouges nous branchent à un flux de récompenses en
perfusion – il suffit d’appuyer ou de cliquer, et notre comportement répétitif
est renforcé.
L’anticipation d’une récompense
Les premières études sur le comportement de recherche de
récompense sont issues d’une série d’expériences désormais classiques menées
dans les années 1950. Deux scientifiques de l’université McGill, James Olds et
Peter Milner, découvrirent qu’en posant des électrodes sur certaines parties du
cerveau d’un rat, celui-ci appuyait volontairement sur un levier lui donnant de
petites décharges.
Les scientifiques étudièrent les parties du cerveau que les
rats voulaient stimuler pour observer jusqu’où les rongeurs étaient prêts à
aller. Fait troublant, Olds et Milner allaient découvrir que lorsque
l’hypothalamus latéral était stimulé, les rats appuyaient sur le levier
plusieurs milliers de fois par heure, des jours durant, jusqu’à en oublier de
manger ou de boire. Les rats pouvaient même traverser un grillage électrifié –
et se brûler – afin d’atteindre leur but. Selon Olds, les rats étaient plongés
dans un état d’extase. Mais cette hypothèse n’était pas tout à fait juste. Les
scientifiques savent désormais que ce n’est pas la récompense elle-même, mais
l’anticipation d’une récompense qui stimule le comportement dirigé vers un
but. Les rats n’étaient pas dans un état d’extase, mais dans un état de désir.
En route vers
l’« Apocalypse cognitive »
La dopamine, hormone du bien-être et neurotransmetteur impliqué dans
les circuits de récompense du cerveau, augmente en prévision d’une récompense
telle que l’approbation sociale, mais pas forcément en réaction à la récompense
stricto sensu. Pour le dire comme Robert Sapolsky, professeur de biologie à
Stanford : « La dopamine ne concerne pas le plaisir, mais
l’anticipation du plaisir, la poursuite du bonheur, plutôt que le bonheur
lui-même. » Et elle augmente également beaucoup plus dans l’anticipation
d’une récompense incertaine ou intermittente – un mécanisme bien connu des
fabricants de machines à sous.
Chaque fois que nous regardons notre téléphone et que nous
voyons un point rouge indiquant un nouveau « like » ou un nouveau
message sur une application sociale, nous ressentons les effets
de substances chimiques. La nature intermittente de ces récompenses
signifie que notre comportement est davantage renforcé que si elles étaient
constantes ou certaines. Un jour, nous pouvons recevoir trente likes sur un
post, le lendemain, seulement deux. Le renforcement intermittent
explique pourquoi nous consultons ces applications de manière compulsive,
même si elles peuvent nous donner une mauvaise image de nous-mêmes. Dans
certains cas, nous y retournons même si nous y sommes harcelés. Comme un joueur
de bandit manchot arrivé à épuisement, ou un rat de laboratoire au comportement
frénétique, notre cerveau nous répète sans cesse d’appuyer sur le levier.
Études sur la corrélation
Avant la découverte des recherches internes de Facebook
établissant un lien entre Instagram et la dépression et l’anxiété chez les
adolescents, les preuves de ses effets néfastes provenaient principalement
d’études corrélationnelles. L’une d’entre elles, portant sur 120 115
adolescents anglais, observait qu’une utilisation quotidienne modérée des
réseaux sociaux était associée à davantage de bien-être que l’absence
d’utilisation, mais que l’effet s’inversait lorsque l’utilisation dépassait
deux heures – les gros utilisateurs (cinq heures ou plus) présentant les
niveaux de bien-être les plus bas de la cohorte.
« On ne
cherche plus à conquérir le monde, mais à s’en protéger »
Grâce à l’échantillonnage aléatoire, nous savons qu’il ne s’agit
pas de fausses corrélations. Dans une expérience, des étudiants avaient
été répartis au hasard dans un groupe où ils limitaient leur utilisation des
médias sociaux à dix minutes par jour, tandis que dans un autre ils
avaient pour instruction d’utiliser les médias sociaux comme d’ordinaire. Ceux
qui s’étaient limités à dix minutes par jour ont consigné une diminution
significative des sentiments de solitude, de dépression et d’anxiété par
rapport aux étudiants qui n’avaient rien changé à leur comportement. Dans
une autre étude menée sur des participants ayant désactivé leur compte
Facebook, cette désactivation se soldait par un bien-être subjectif accru, une
plus grande fréquentation des amis et de la famille et montrait que, lorsque
les sujets revenaient sur Facebook, ils passaient beaucoup moins de temps sur
la plateforme qu’auparavant.
Il convient cependant de noter que certains travaux n’ont trouvé
que peu d’effets néfastes des médias sociaux, et que d’autres ont constaté des
effets différents selon leur mode d’utilisation – la passive étant plus
prédictive d’idées suicidaires. D’autres analyses constatent que lorsqu’on
tient compte de variables telles que l’expérience du harcèlement en ligne, le
sommeil et le fait de voir des amis, les effets délétères disparaissent
complètement.
Des tendances inquiétantes chez les adolescents
Pourtant, l’impact des réseaux sociaux ne se limite pas au niveau
individuel. À l’instar de la météo, notre monde social est un système complexe,
où des changements même infimes d’une variable peuvent avoir des effets
systémiques en cascade. Et certains comportements prédictifs d’une mauvaise
santé mentale peuvent avoir un caractère contagieux. Si les troubles de
l’humeur comme l’anxiété et la dépression sont en hausse, il est plausible que
les réseaux sociaux créent une boucle de rétroaction où les jeunes sont de plus
en plus exposés à d’autres déprimés et anxieux, ce qui les rend plus
susceptibles de l’être eux-mêmes.
Des études sociologiques montrent en effet que la dépression est
susceptible d’être contagieuse parmi les groupes sociaux d’adolescents. La
contagion sociale est également connue pour favoriser l’automutilation et le
suicide. Et l’augmentation de l’automutilation chez les adolescentes est
frappante. En Australie, l’Institut australien de la santé et du bien-être
(AIHW) consignait que, entre 2007 et 2008, 359 filles sur
100 000 avaient été hospitalisées pour automutilation. Dans les années
2016-2017, après qu’Instagram est devenu la plateforme la plus populaire auprès
des adolescents, ce chiffre a doublé pour atteindre 686 hospitalisations
pour 100 000. Les taux d’hospitalisation pour automutilation ont également
doublé aux États-Unis et triplé au Royaume-Uni sur cette même période.
En Australie, ces tendances inquiétantes ont été aggravées par de
longues périodes de confinement dues à la pandémie de Covid-19. Au cours des
six premiers mois de 2021, le taux de tentatives de suicide chez les
adolescents de l’État de Victoria aurait augmenté de 184 %. Si les
admissions à l’hôpital pour des soins de santé mentale aigus n’ont augmenté que
de 2 % pour la population générale en 2021, pour les enfants et les
adolescents, elles ont bondi de 43 %. Mais si les confinements peuvent
être levés et le sommeil contrôlé, de nombreuses variables ayant un impact sur
la santé mentale restent difficiles à traiter, au niveau aussi bien individuel
que sociétal. Nous savons que les gènes influent sur notre bien-être subjectif
ainsi que sur la probabilité de souffrir de dépression ou d’anxiété. Nous
savons également que la pauvreté, la stabilité familiale, les maltraitances
subies pendant l’enfance, ainsi que les traumatismes, ont tous un poids
important sur la santé mentale.
Enquête sur
Amazon, Facebook et Google : comment redevenir libres
Adam Mosseri, directeur d’Instagram, a pu comparer les réseaux
sociaux à l’industrie automobile. Les voitures, bien sûr, créent une valeur
énorme en nous amenant d’un point A à un point B et en nous facilitant la vie.
Mais les voitures causent aussi des accidents et des décès sur la route.
De même, les réseaux sociaux réduisent la distance entre les amis
du monde entier et nous aident à maintenir des liens qui se seraient facilement
distendus avec l’éloignement et le tourbillon de la vie. Il ne fait également
aucun doute que les médias sociaux ont permis à des gens de monétiser plus
facilement leurs loisirs, ce qui est bénéfique pour ceux qui cherchent des
voies professionnelles non conventionnelles. Et il est vrai que lorsqu’ils sont
utilisés de manière judicieuse, et non en remplacement d’une interaction dans
le monde réel, ils peuvent renforcer les relations et réduire l’isolement.
Le magazine dans lequel cet article est publié – Quillette
– n’existerait probablement pas sans les réseaux sociaux, et notamment
Facebook. Par le passé, seules les sociétés disposant d’un capital important
pouvaient s’offrir les réseaux de distribution permettant à une publication
d’atteindre des lecteurs dans le monde entier. Grâce à la connectivité
d’Internet et à la possibilité pour des personnes intellectuellement proches de
se trouver, ces barrières d’entrée ont sauté et des entreprises comme la
nôtre ont pu prospérer.
Réglementation nécessaire
Quand les critiques de Facebook émanent du secteur médiatique, on
y voit souvent l’effet d’un ressentiment professionnel. On part du principe que
les journalistes travaillant pour des entreprises médiatiques traditionnelles
(pré-Internet) sont menacés par le nouveau paysage médiatique (post-Internet),
qui a démocratisé leur métier et permis à mille fleurs de s’épanouir. Ce qui
est peut-être vrai dans certains cas. Mais les journalistes sont aussi des parents
et des citoyens, tout comme les entrepreneurs ayant créé leur activité grâce
aux médias sociaux. Outre le fait qu’ils ont intérêt à vivre dans une société
saine et fonctionnelle, la plupart des créateurs de contenu qui utilisent les
réseaux sociaux pour leur travail quotidien ont également un intérêt commercial
à ce que les plateformes exercent un contrôle de qualité sur leurs produits et
services.
Une chanteuse professionnelle, par exemple, peut être
reconnaissante de pouvoir chanter dans un bar où les clients lui laissent de
généreux pourboires. Mais elle sautera moins de joie si le bar sert de l’alcool
aux mineurs et ne cesse de remplir les verres des soûlards. Lorsque ces
externalités toxiques deviennent trop lourdes à supporter pour la communauté, le
bar risque de fermer et la chanteuse, de se retrouver dans une situation
financière encore plus précaire qu’auparavant. Les réseaux sociaux ne sont pas
différents. Des plateformes comme Instagram créent des écosystèmes où les
créateurs de contenu peuvent prospérer. Mais si cet écosystème est si toxique
qu’il en devient ingérable, c’est toute son économie qui est en péril.
L’autre panne
que redoute Facebook
Un problème éthique majeur posé par Instagram est que les
adolescents ne sont pas assez mûrs pour consentir en connaissance de cause à ce
que leurs préférences soient exploitées par une société spécialisée dans la
manipulation de l’attention. Que des adultes acceptent d’être éblouis par un
flux d’images inaccessibles est une chose, mais la limonade n’a pas la même
composition quand il s’agit de gamins de 14 ans.
L’analogie avec la voiture de Mosseri a été sévèrement critiquée, mais
elle est exacte à bien des égards et mérite d’être examinée. Nous reconnaissons
que les voitures apportent une grande valeur, mais nous les savons également
être des machines à tuer dans certains contextes. Au fil des ans, les sociétés
ont élaboré des réglementations pour les voitures afin de garantir leur
sécurité et leur bon état de marche, notamment en ce qui concerne les systèmes
d’éclairage et les ceintures de sécurité. Nous exigeons également que les
conducteurs soient titulaires d’un permis, qu’ils aient des plaques
d’immatriculation, qu’ils respectent les lois sur l’alcool au volant et le code
de la route. Et, surtout, nous ne laissons pas les enfants conduire. En
Australie, il faut généralement à un jeune de 16 ans
environ 12 mois et 100 heures de pratique pour obtenir son
permis, qui n’est alors que provisoire. En revanche, un enfant de 11 ans
peut s’inscrire sur Instagram en quelques minutes, sans aucune surveillance et
sans que Facebook vérifie son âge. À la lumière de ces éléments, l’analogie
automobile de Mosseri doit être prise au sérieux. Si Instagram veut être
considéré comme analogue à l’industrie automobile, alors nous devrions
légiférer en conséquence.
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Mais là,
on s'acheminerait vers du totalitarisme ou au mieux des démocratures comme
certains grands pays sans parler des dictatures que l'on n'a pas encore
libérées du joug de leurs dictateurs !
Internet
est une arme à double tranchant qui par trop de liberté à tout va à un coté
pervers qui coupe comme un rasoir aiguisé et piège à gogos qui s'y laissent
prendre !
Les
hommes et l'humanité en général ont besoin d’être dirigés et encadrés comme notre
histoire ancienne le prouve (que l’on n'apprend plus ou mal) par des chefs, rois,
empereurs, présidents 1er ministres ou religieux etc. et aussi par
des profiteurs qui avilissent leurs congénères jusqu'à les avoir mis en
esclavage pour certains dans le passé !
Tous encadrés
comme pour des enfants ou jeunes par leur parents ou responsables de leurs
éducations !
Internet
et la communication à tout va est dévoyée, (rançon du progrès dit-on) par des
malfaisants illuminés ce qui est la faiblesse de notre société, comme les
religions bien plus anciennes depuis plus de 2000 ans !
Comme la
liberté d'expression qui est notre principale liberté qu’il faut protéger car c’est
tout ce qui nous reste de plus précieux pour essayer de sauver nos libertés que
certains s'ingénient à censurer parce qu’elles ne correspondent pas à leurs
idées !
Mais dans
nos sociétés libres et démocratiques, il faut conserver des gardes fous pour
éviter des dérapages trop fréquents pour le bien de tout le monde et la protection,
des Français et autres résidents dans notre pays, car il y a trop d’illuminés incontrôlables !
Jdeclef 17/10/2021
10h57
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