vendredi 15 octobre 2021

Il n'est pas ignorant des directives et de cette administration de l’U.E. trop puissante qui dicte ses lois au pays qui en font partie loin de là !

 

Michel Barnier et les migrants, un électrochoc européen

Non, Michel Barnier n’est pas soudain devenu un eurosceptique à la polonaise en proposant un référendum qui suspendrait les arrêts de la CJUE.

Chaque année depuis 2008, environ un demi-million de citoyens de pays tiers reçoivent l’ordre de quitter le territoire de l’Union parce qu’ils y sont entrés ou y séjournent sans autorisation. Pourtant, moins d’un sur cinq rentre effectivement dans son pays d’origine situé hors d’Europe. » Ce n’est pas Michel Barnier qui s’exprime, mais la Cour européenne des comptes dans un rapport spécial publié le 13 septembre dernier. Un constat accablant en dépit des efforts déployés par l’UE pour signer avec les pays d’origine des accords de réadmission de leurs ressortissants. Pas moins de 18 accords contraignants ont été signés et des discussions sont en cours avec six autres pays. Leur efficacité est, comme on le voit, très relative.

C’est en partant de cette réalité que le candidat Michel Barnier a voulu frapper un grand coup en proposant un « moratoire » sur l’immigration de 3 à 5 ans et un référendum sur une loi constitutionnelle suspendant le droit européen au cours de cette période. Ce « bouclier constitutionnel » – c’est ainsi qu’il l’a appelé – préserverait, au cours de ce moratoire, l’ordre juridique national des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Le projet de loi serait connu et présenté aux citoyens avant le premier tour des législatives de juin 2022. Barnier a fait le choix d’un référendum de l’article 89, à savoir que le projet de loi constitutionnelle doit être adopté dans les mêmes termes par les deux chambres au cours de l’été, puis validé par un référendum organisé à la rentrée.

Barnier-candidat vs Barnier du Brexit ?

Ces propositions ont beaucoup choqué à Bruxelles, capitale des institutions européennes où Michel Barnier, plusieurs fois commissaire européen, s’était taillé tout au long de sa carrière politique une réputation d’europhile indiscutable. L’émoi bruxellois est-il si justifié ? Beaucoup de ses amis bruxellois l’ont soupçonné d’avoir voulu troquer son europhilie en échange du soutien de la droite souverainiste. Ce jugement mérite examen.

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D’abord, il est faux de dire que le Michel Barnier du Brexit est différent du Michel Banier candidat à l’investiture LR à la présidentielle. Même quand il négociait le Brexit avec les équipes de Theresa May, puis de Boris Johnson, l’ancien ministre de Jacques Chirac a toujours dit qu’il déplorait, certes, le départ du Royaume-Uni, mais qu’il fallait aussi entendre le message de détresse que le Brexit signifiait chez une partie du peuple britannique, les laissés-pour-compte de la mondialisation. Il entendait aussi que cette désaffection gagnait du terrain partout en Europe et qu’il faudrait y apporter une réponse.

Traiter l’insécurité identitaire

Cette insécurité identitaire des « somewheres » (par opposition aux « anywheres »), le candidat Barnier souhaite désormais la traiter sans détour. En tout cas, il l’a toujours eue présente à l’esprit depuis 2016. Il fallait prendre le temps d’écouter le Savoyard pas seulement comme le négociateur « technique » du Brexit, mais comme l’homme politique qu’il n’a cessé d’être, même sous sa casquette de « Monsieur Brexit ».

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Pour autant, peut-il, lui qui a toujours défendu le rôle de la CJUE dans l’interprétation du droit européen, se permettre de suspendre en France les jugements de la plus haute juridiction européenne ? En fait, ce n’est pas « tous » les jugements, mais seulement ceux qui, éventuellement, heurteraient le nouveau code migratoire que Barnier entend mettre en œuvre dans l’Hexagone. N’est-ce pas une manière de faire du « sherry picking » juridique, une tentation qu’il reprochait précisément aux Britanniques ?

Quand Johnson chambre Barnier

Boris Johnson a beau jeu, aujourd’hui, de se gausser de ce « bon vieux » Michel Barnier « qui appelle désormais la France à reprendre le contrôle ». Et « BoJo » de finir par cette vanne : « C’est ce qui arrive si vous passez un an à essayer de vous disputer avec Lord Frost (le négociateur du Brexit, côté UK, NDLR), le plus grand gel depuis le Grand Hiver de 1709. » C’est de bonne guerre et Johnson, devant les élus de son parti réunis en Congrès, s’est offert un effet de manche qu’il pouvait difficilement se refuser.

Mais il y a un monde entre le « take back control » johnsonien et le « moratoire » de Barnier. Le premier rompt avec l’UE et ne souhaite pas du tout de la CJUE, le second veut suspendre temporairement le droit européen sur un domaine précis et circonscrit et mettre la France à l’abri de certaines jurisprudences pour mieux… trouver un accord européen et une politique commune ! C’est très différent.

Surmonter le blocage de la réforme de l’asile

Reprenons le film pour mieux comprendre : depuis la crise migratoire de 2015, les Européens échouent à accoucher d’une réforme cohérente et consensuelle de l’asile et des migrations en dépit de frontières extérieures communes qui les obligent à travailler de concert. Plusieurs textes sont sur la table. Tous sont enlisés. Les États du Sud (les plus sollicités) réclament une solidarité que les États de l’Est leur refusent et, en réponse, les États du Sud refusent les avancées concrètes qui permettraient pourtant, au bénéfice de tous, un meilleur contrôle et filtrage des entrées dans l’UE. L’Italie et l’Espagne repoussent donc l’adoption de règlements (qui leur conviennent !) afin d’exercer une pression sur l’égoïsme des États de l’Est… Dans ce contexte, aucune perspective d’accord ne se profile en dépit d’un ripolinage des propositions de la Commission sous le terme « pacte migratoire », présenté voici un an.

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Pire ! De nouvelles menaces émergent aux frontières de l’UE comme à la frontière biélorusse où le régime hostile d’Alexandre Loukachenko cherche à introduire dans l’espace Schengen des individus, éventuellement dangereux, dans le but de déstabiliser l’Europe. Cette menace « hybride », aucun texte européen n’y répond. Douze États membres viennent d’écrire à la Commission pour demander des solutions d’urgence et donc la révision du Code Schengen, obsolète à ce sujet.

Agir seul là où l’Europe a échoué

En résumé, il est temps d’agir et si l’UE est paralysée, alors, la France, qui demeure souveraine en tout état de cause, est fondée à agir unilatéralement. La Lituanie, la Pologne, la Grèce ont commencé à le faire et personne, à Bruxelles, ne songe aujourd’hui à les en blâmer… Entre mars 2016 et juillet 2018, l’Allemagne avait pareillement suspendu unilatéralement le regroupement familial pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire (*), puis elle l’a plafonné à 1 000 personnes par mois.

L’Europe a donc échoué à faire œuvre commune dans un secteur où l’harmonisation européenne est la seule réponse pertinente, sauf à abolir l’espace Schengen. C’est dans ce contexte que Michel Barnier veut créer un électrochoc : un moratoire de quelques années sur les migrations et ce « bouclier constitutionnel » qui lui permettrait de légiférer sans interférence d’une décision européenne. Première précision d’importance : les demandes d’asile ne sont pas concernées par le moratoire. Les candidats à l’asile peuvent donc continuer à demander à la France le statut de réfugiés et, s’ils remplissent les conditions, ils l’obtiendront.

Le bras de fer des visas

En revanche, il n’y aura plus durant une période de 3 à 5 ans de regroupement familial ni de délivrance de visas de long séjour. Ce moratoire sera mis à profit pour créer un rapport de force avec les pays d’origine, à la manière de celui que le président Macron tente d’imposer à l’Algérie sur les visas. Tant que les pays d’origine rechignent à reprendre leurs ressortissants indésirables en France, il n’y aura pas de délivrance de visas. En revanche, s’ils font preuve de bonne volonté et reprennent les déboutés du droit d’asile, la politique de bon voisinage peut reprendre, tant sur le plan de la délivrance des visas qu’au titre de l’aide au développement.

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Ce moratoire servirait aussi à mettre en place une vraie politique commune en Europe par l’instauration de critères communs sur le regroupement familial (pour éviter la concurrence des législations) et une liste commune des « pays sûrs » pour le renvoi harmonisé des déboutés du droit d’asile. Ce n’est pas un projet de Frexit. C’est une autre manière de créer le cadre d’une négociation européenne qui, ces dernières années, a créé la suspicion entre les États membres. Contrairement à ce qu’un Viktor Orban essaie d’instiller dans les esprits, il n’y aurait pas d’un côté des pays de l’Ouest qui auraient entériné le « grand remplacement » et de l’autre des pays de l’Est se réclamant de la « chrétienté » et qui, parés de cette onction, voudraient sauver l’Europe de sa disparition. Michel Barnier tente de casser cette rhétorique en démontrant que la France, pays d’accueil s’il en est, n’est pas la porte d’entrée grande ouverte d’une immigration incontrôlée et qu’elle entend se faire respecter. Barnier change le paradigme pour débloquer la négociation européenne. Il n’est pas certain de réussir, mais le cadre actuel a démontré son inefficacité.

Pourquoi un « bouclier constitutionnel »

Aujourd’hui, la Constitution française ne dit rien sur le sujet. Le référendum voulu par Barnier offrirait à la France plus de marge par rapport à la Convention européenne des droits de l’homme sur le regroupement familial. Celle-ci, en son article 8, pose le principe que « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ». Un texte très général dont le second alinéa, plus restrictif, est souvent ignoré : il prévoit que « dans une société démocratique », l’autorité publique peut restreindre ce droit si cela est « nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la défense de l’ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d’autrui ».

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S’agissant de la CJUE, sa jurisprudence limite le placement en rétention administrative en vue d’éloignement. Pourtant elle reconnaît aux États membres un « droit indéniable de contrôler souverainement l’entrée et le séjour des étrangers sur leur territoire ». Dans un arrêt du 6 décembre 2011, la CJUE juge qu’en vertu d’une directive européenne (la directive retour), le séjour irrégulier d’une personne en France ne peut pas être sanctionné pénalement. Autrement dit, le passage clandestin ne peut être dissuadé par une sanction pénale… Michel Barnier veut pouvoir suspendre, par son « bouclier constitutionnel », cette jurisprudence le temps de modifier la législation européenne avec les partenaires. Afin que les dispositions françaises s’imposent au droit européen, il faut que la Constitution française les endosse. En effet, dans la hiérarchie des normes, la Constitution française est supérieure aux traités internationaux ; en revanche, les directives européennes sont supérieures aux lois. La loi constitutionnelle, adoptée par référendum, met le moratoire sur l’immigration à l’abri d’un détricotage européen.

La CEDH refuse l’expulsion de certains terroristes

La Cour européenne des droits de l’homme hérisse, quant à elle, une partie de la droite, dont l’eurodéputé François-Xavier Bellamy ou le député Éric Ciotti – lui aussi candidat à l’investiture LR – quand elle interprète l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme. Selon cet article, « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ». Principe noble, incontestable. Mais la CEDH l’invoque pour condamner l’expulsion de terroristes ou s’opposer à l’extradition ou l’expulsion de terroristes qui risqueraient des mauvais traitements dans leur pays d’origine (l’Algérie, la Russie…).

Les juges se justifient ainsi dans des considérants classiques : « La Cour a une conscience aiguë de l’ampleur du danger que représente le terrorisme pour la collectivité et, par conséquent, de l’importance des enjeux de la lutte antiterroriste. Elle est de même parfaitement consciente des énormes difficultés que rencontrent à notre époque les États pour protéger leur population de la violence terroriste. […] Toutefois, même en tenant compte de ces facteurs, la Cour rappelle que l’article 3 de la Convention, ainsi qu’elle l’a dit à maintes reprises, consacre l’une des valeurs fondamentales des sociétés démocratiques. Même dans les circonstances les plus difficiles, telle la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, la Convention prohibe en termes absolus la torture et les peines ou traitements inhumains ou dégradants. »

Barnier et Bellamy, la rencontre de l’Européen et du souverainiste

Il est arrivé aussi que la CEDH invoque l’article 6 de la convention (le droit à un procès équitable), comme dans l’affaire Omar Othman, un terroriste islamiste que le Royaume-Uni envisageait d’expédier en Jordanie. Mais la Cour s’y est opposée compte tenu du « risque réel » non pas qu’Omar Othman soit torturé, mais que les preuves accumulées contre lui par la justice jordanienne aient été obtenues auprès d’autres personnes sous la torture…

« Une part de la défiance envers l’Union européenne, estimait François-Xavier Bellamy dans Valeurs actuelles (en février 2020), vient précisément de ce que les citoyens n’ont pas une entière confiance en cette indépendance qui devrait être rigoureusement établie – et la porosité qui semble s’être installée à la CEDH entre magistrats et ONG est un symptôme de cette défaillance. […] Le principe de l’équilibre des pouvoirs semble aujourd’hui largement rompu, par la supériorité objective dont dispose aujourd’hui le pouvoir judiciaire à l’égard de l’exécutif et du législatif. Et c’est à la CEDH que ce déséquilibre se manifeste le plus clairement. »

« La Cour suprême, c’est le peuple »

Entre Bellamy, le souverainiste light, et Barnier, le rapprochement semblait impossible. Pourtant, cela fait déjà plus de deux ans qu’Arnaud Danjean, un très proche de Barnier, travaille main dans la main avec François-Xavier Bellamy au Parlement européen. En tout cas, sur le sujet de l’immigration, les eurodéputés Danjean et Bellamy n’ont montré aucune divergence lors d’un déjeuner de presse à Strasbourg, lors de la session de rentrée, en septembre. Et Danjean n’était pas le dernier à s’emporter contre la presse bruxelloise qui avait écorné l’aura européiste de Barnier.

« Michel Barnier, c’est Jacques Chirac, mais sans le swag »

Dans une tribune au Figaro datant du 29 juillet, Michel Barnier se revendiquait du général de Gaulle : « Une loi constitutionnelle garantira que les dispositions prises durant ce moratoire ne pourront être écartées par une juridiction française au motif des engagements internationaux de la France et inscrira dans le même temps les bases de notre future politique migratoire. Le général de Gaulle affirmait qu’en France, la Cour suprême, c’est le peuple. C’est pourquoi le dispositif sera soumis au référendum. » Et comme Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou François Fillon en 2017, ou Nicolas Sarkozy naguère, Barnier prône une immigration régulée par des quotas annuels votés par le Parlement.

(*) Il s’agit d’un individu qui ne peut prétendre au statut de réfugié, mais qui risque de subir des atteintes graves à sa personne en cas de renvoi dans son pays d’origine.

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M.BARNIER est un politicien français ex élu à de nombreux postes dans les gouvernements français et là, il ne s’agit plus d'étiquette de basse politique politicienne déplorable de nos politiciens issus de partis médiocres de tous bords stériles !

Il a le mérite de proposer quelque chose de nouveau, même si certains « pisses vinaigres » petits esprits le critique, ses concurrents des politiciens ex élus connus inutiles et usés n’ont rien de nouveaux dans leurs programmes inexistants !

Il a pour lui une grande expérience des arcanes de cette administration européenne et semble réfléchi pas excité comme d’autres que l’on ne citera pas que l’on revoit immanquablement à chaque élection pour la présidentielle !

J’avais dit dès le début, bien avant qu’il ne concoure à la présidence de notre république qu’il avait les pieds sur terre et ferait surement un bon chef d’état ce qui n’est pas la qualité des autres !

Je suis âgé, j’ai connu tous les présidents de la république de cette Vème république y compris De Gaulle, ainsi que les gouvernements de tous bords et leurs ministres et 1ers ministres souvent médiocres, donc celui-là s’il est choisi par les français (qui votent encore) et prennent encore le temps de réfléchir, sans pourtant lui chercher absolument des défauts qu’il a surement, n’est pas le plus mauvais loin de là, de tous les autres (il rentre seulement dans la qualité des présidents dit normaux dont on a perdu l’habitude d’avoir !?)

Et dont on a besoin urgemment, le parfait n’existant pas, car notre pays va mal et régresse et 2022 sera encore dur ne rêvons pas et peut être plus !

Jdeclef 15/10/2021 14h48


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