Zemmour, Le Pen, Maréchal…
Pourquoi sont-ils tous fous d’Orban ?
ANALYSE. Le Premier ministre
hongrois est un modèle pour les nationalistes français, qui voient en lui un
rempart contre l’immigration et le progressisme.
C’est
le grand retour des voyages initiatiques. Comme si la France n’était plus
capable de trouver des réponses en elle-même et cherchait l’exemple hors de ses
frontières. Il ne s’agit pas de comparer la Hongrie actuelle à l’Allemagne et à
l’Italie de la première moitié du XXe ou à l’URSS de l’après-guerre,
quand nos élites allaient voir ce qui politiquement se concevait ailleurs, mais
seulement de constater le retour de vieux réflexes.
Car, si une partie de nos dirigeants progressistes aiment
aujourd’hui à se rendre aux États-Unis dans le cadre de programmes de
« rapprochement », une autre partie, de droite, préfère regarder à
l’est. Le pays de Viktor Orban, Premier ministre depuis onze ans, inspire bon
nombre de nos politiques. Plus encore que la Russie de Vladimir Poutine, qui
reste un modèle viril et autoritaire mais peu transposable dans un État
démocratique.
Viktor Orban, cheval de Troie de la Chine en Europe
La Hongrie, elle,
est une démocratie – certes « illibérale »–,
majoritairement catholique, membre de l’Union européenne, qui connaît un
déclin démographique et se vit comme un pays assiégé à la fois par de nouvelles
valeurs occidentales et une immigration extra-européenne. Suffisant pour les
Zemmour, Le Pen fille et nièce de voir dans le destin de cette petite nation l’exemple
d’une résistance au progressisme et au « grand remplacement ».
« Je suis votre meilleur avocat à Paris »
L’essayiste, probable candidat à la présidentielle, y était
récemment, invité d’un colloque sur la démographie, le Budapest Demographic
Summit. « Je suis votre meilleur avocat à Paris », a-t-il lancé à son
hôte, qui le recevait dans ses bureaux. Marion Maréchal, elle aussi, s’est
entretenue avec le Premier ministre hongrois. Et c’est aujourd’hui au tour de
Marine Le Pen de se rendre sur les bords du Danube pour une audience en haut
lieu. Ces dernières années, Budapest a également été le rendez-vous de
nombreux penseurs conservateurs occidentaux, comme le défunt Roger
Scruton, Douglas Murray ou Rob Dreher, invités des conférences du think tank
Danube Institute.
Peter Marki-Zay, cet inconnu qui veut battre Viktor Orban
Black Lives Matter, « un business de
l’agenouillement »
Plusieurs raisons poussent les politiques de la droite
nationaliste à prendre pour modèle la Hongrie. Orban est un Européen convaincu,
non au sens des institutions mais au sens civilisationnel, avec la chrétienté
comme agrégateur des peuples. Depuis 2011, le préambule de la Loi fondamentale
hongroise évoque « la protection de la communauté et de la morale de la
société » comme un devoir constitutionnel. À chaque élection, Orban
pourfend les forces d’usure de l’identité de son pays, qui sont les mêmes, selon
lui, qui agissent en Europe.
Dès lors, il oppose la tradition à la modernité, la nation à
l’ouverture et la politique au droit. Il y a quelques mois, le gouvernement
hongrois a adopté une loi contre « la promotion de l’homosexualité et du
changement de sexe » auprès des mineurs. Bruxelles a condamné l’initiative
et bloqué les fonds (7,2 milliards d’euros) du plan de relance destinés à
Budapest. Selon la même logique, Orban considère le mouvement Black Lives
Matter comme « une provocation » et « un business de
l’agenouillement ». À ce titre, il avait félicité les joueurs de l’équipe
nationale de football de son pays qui, lors du dernier Euro, avaient refusé de
mettre le genou à terre. « Les Hongrois s’agenouillent uniquement devant
Dieu, la mère patrie et lorsqu’ils demandent en mariage leur dulcinée »,
a-t-il déclaré. Une rhétorique qui plaît aux conservateurs de l’Ouest, mêlant à
la fois religion, patrie et virilité.
Déclin démographique
En matière d’immigration, de la même manière, le Premier ministre
hongrois ne fait pas dans la demi-mesure : il ne veut pas d’immigrés.
Alors que son pays connaît un déclin démographique – en dépit d’un regain ces
dernières années (de 1,1 enfant par femme en 2010 à 1,55 en 2018) –,
la réponse passe, pour lui, par une politique nataliste et non migratoire.
Toute femme âgée de moins de 40 ans qui conclut son premier mariage
pourra recevoir un prêt à taux réduit de 31 500 euros pour le
démarrage de sa vie en couple. Il se targue ainsi d’avoir fait passer les
mariages de 30 000 en 2010 à 60 000 en 2019. « Il ne
faut pas tomber dans le fatalisme migratoire », plaide-t-il, même si son
pays, qui connaît le plein-emploi, a de sérieux problèmes de main-d’œuvre.
La Hongrie est une des portes d’entrée de l’Europe de Schengen. En
2015, Orban avait bloqué, à l’aide de barbelés, la route des Balkans pour
les migrants qui fuyaient la Syrie en guerre. L’année suivante, il organisait
un référendum contre l’accueil des migrants prévu dans le cadre de leur
relocalisation par l’Union européenne. Le « non » l’a emporté
largement, mais le référendum a été invalidé faute d’une participation
suffisante. Pour Orban, un des responsables de cet afflux d’étrangers vers
l’Europe est le pape François. En visite à Budapest début septembre, le pape a
reçu des mains du Premier ministre une lettre adressée au Vatican en 1250,
demandant en vain son soutien après les invasions tatares. En réponse à ce
message politique, François a appelé les Hongrois à « s’ouvrir à
l’autre ».
Bruno Tertrais – L’automne démographique de l’Europe de
l’Est
Contre George Soros
Dans la geste orbanienne, l’autorité affichée séduit également ses
thuriféraires. « Orban et Trump ont eu le courage de s’opposer aux médias
et aux juges », a déclaré Zemmour. Si des médias et des juges abusent de
leurs pouvoirs à des fins politiques, Orban considère qu’ils sont tous par
essence antidémocratiques, à force de supposés « coups d’État » et
d’absence de légitimité populaire. Le rôle des contre-pouvoirs est au cœur du
discours illibéral du leader hongrois, comme il l’est chez Zemmour et à un
degré moindre chez Le Pen. « Il faut enlever le pouvoir aux
contre-pouvoirs », a insisté l’essayiste lors d’un déplacement à Béziers.
Les médias et les juges mais aussi les associations et les ONG sont perçus
par le pouvoir hongrois comme les véhicules d’une idéologie libérale
destructrice des « fondements de la nation hongroise ». Orban a déjà
désigné le principal artisan de cette entreprise : le milliardaire
George Soros, né à Budapest dans une famille juive, qui, à travers son
association Open Society, finance des programmes valorisant l’ouverture et le
progrès. Une critique de Soros qui ne se fait pas, chez certains défenseurs
d’Orban, sans attaques antisémites.
George Soros, ennemi de trente ans des nationalistes
Le Premier ministre hongrois a un autre avantage : sa
longévité au pouvoir. Pour Marine Le Pen, par exemple, Orban est la preuve que
les idées qu’elles portent peuvent permettre l’accession au pouvoir et
même la réélection. D’où l’importance, pour elle, de s’afficher à ses côtés
dans la perspective d’un futur axe. Les législatives en Hongrie se
tiendront au printemps 2022, comme la présidentielle en France. Au regard
du profil d’Orban, Marion Maréchal paraît la plus proche de lui. Comme lui,
elle est attachée à l’Europe, quand sa tante et Zemmour ont davantage un
discours gaullo-souverainiste. Comme lui, elle est libérale sur le
plan économique, quand sa tante est dirigiste – pour Zemmour, attendons de
voir. Comme lui, elle se réclame d’une pratique et d’une continuité
religieuse, quand Marine Le Pen se montre très laïque et que Zemmour en fait un
enjeu identitaire. Sur cette question des rapprochements, Orban apporte
lui-même un début de réponse : « Je n’ai rien à voir avec Marine Le
Pen. Rien », a-t-il confié à Bernard-Henri Lévy en mai 2019. Ajoutant
que c’est son « ami » Laurent Wauquiez, peut-être le plus orbanien de
tous, qui l’a mis en garde contre la présidente du RN…
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Les
rédacteurs de l'hebdo n'ont pas d'autres articles à diffuser ?!
Le point
régresse en matière d'informations ou communications ?!
Jdeclef 26/10/2021
13h41
Les modérateurs du point stupides patentés n'aiment pas l'opinion des autres quand on critique LE POINT ou toute vérité n'est pas bonne à dire quand cela les dérange et qu'ils ne respectent pas la liberté d'expression ou un professeur de collège a voulu l'enseigner et y a perdu la vie honte sur eux bornés pathologiques incurables
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