Zemmour et la famille Le Pen,
une histoire de trente ans
ENQUÊTE. Jean-Marie Le Pen a
annoncé qu'il pourrait soutenir Éric Zemmour. Une relation née quand le
journaliste suivait la droite pour « Le Figaro ».
Maintes fois, il a été vu à Montretout, dans la salle à manger du
manoir, délivrer ses analyses politiques devant un Jean-Marie Le
Pen séduit par l’audace théorique du jeune journaliste. Éric
Zemmour n’avait pas 40 ans, mais on lui en donnait dix de plus.
Celui qui affichait des sympathies mitterrandiennes au début des
années 1980 était devenu un spécialiste de la droite française, par
devoir professionnel et par affinités nouvelles. Montretout était un lieu
de pouvoir, où les grilles lui étaient ouvertes. En amateur d’histoire, il
était fasciné par le décorum de la maison des Le Pen fait de bustes de
Napoléon et de statues de Jeanne d’Arc.
Le fondateur du FN, quant à lui, appréciait le commerce du
journaliste. Il était heureux de ne pas être pris pour un
pestiféré par un homme de média, en l’occurrence assez proche de ses
idées. « Il
s’est très vite rendu compte que Le Pen n’était pas le diable que la presse de
gauche décrivait », explique Bruno
Gollnisch, ancien numéro deux du FN. Ils étaient rares, en effet, les
journalistes qui, même pour rire, donnaient parfois à Le Pen du « président ». « Éric Zemmour était déjà un
journaliste passionné et presque historien, qui voyait en Jean-Marie
Le Pen un sujet d’étude, un témoin de l’histoire devant lequel il
confrontait ses idées », se remémore Louis Aliot, qui fut présent à l’un
de ces déjeuners. Le grand reporteur a été vu également au Paquebot,
l’ancien siège du FN, à Saint-Cloud, et, là aussi, chacun
constatait qu’il parlait plus qu’il ne prenait de notes et qu’il ne
se mêlait jamais aux autres journalistes.
Présidentielle : l’offensive
Zemmour
Un « Livre noir de la droite »
Éric Zemmour aimait ces ambiances, où les hommes – essentiellement
– devisaient à la fois sur la France et sur la petite tambouille politique.
Dans les années 1990, il naviguait professionnellement entre le RPR de
Jacques Chirac et le FN de Jean-Marie Le Pen. Pour ses articles comme pour
ses livres et jouissant d’une grande liberté au Figaro, il multipliait les rencontres,
soit autant d’occasions de forger ses convictions et de connaître les
acteurs de ce milieu. Ceux qui l’ont croisé, à cette époque, affirment
qu’avec lui la frontière entre le journalisme et le militantisme était
déjà ténue, même s’il se gardait d’exprimer des positions extrêmes.
« Sur l’immigration, il était beaucoup plus prudent
qu’aujourd’hui, affirme un de ses interlocuteurs. Il montrait un visage
sympathique, aimait tutoyer les seconds couteaux de cette droite nationale,
plaisanter et parfois sortir de l’épure en parlant des choses de la vie.
Ses questions ne ressemblaient pas à celles des rubricards des autres journaux.
Il les agrémentait de commentaires. Des commentaires qui se retrouvaient
dans ses articles, qu’il travaillait avec soin et dans lesquels il pouvait
faire passer des messages politiques. Ses papiers disaient la météo
au sein de la droite, de Pasqua à Le Pen en passant par Villiers. On les lisait
donc avec intérêt », rapporte un ancien salarié du Front
national. En 1998, Zemmour publie un Livre noir de la droite
(Grasset), qui regorge de portraits et d’analyses bien informés. Au Figaro, il écrivait ses articles dans
son coin, sans jamais se soucier des journalistes qui suivaient en permanence
le RPR et le FN.
« J’ai peur pour lui »
Politiquement, il était entre Philippe Séguin et Jean-Marie
Le Pen – l’écart est immense. Chez le député d’Épinal, héraut du non à
Maastricht, il admirait l’éloquence, la culture et la critique de l’Europe.
« Zemmour est un des journalistes les plus brillants de sa génération,
sans conteste. Mais j’ai peur pour lui. Je crains qu’on ne cherche à l’enfermer
dans le rôle du réactionnaire de service. Il vaut mieux que ça », nous
expliquait Séguin, peu de temps avant sa mort, en 2009. Chez le fondateur
du FN, c’est la critique radicale de l’immigration qui lui a plu.
« Je me souviens de nos échanges qui étaient toujours très vivants. Il
voulait sans cesse avoir raison et je m’étonnais de voir un journaliste du Figaro aussi proche de nos idées. Je
n’ai pourtant jamais été très Figaro, je ne trouvais pas ce journal
très correct vis-à-vis de moi, mais j’appréciais particulièrement Éric »,
nous confiait il y a peu Jean-Marie Le Pen.
Patrick Besson – Éric Zemmour,
président français
Pétain et les juifs
Aujourd’hui, la relation entre Zemmour et le RN s’est quelque peu
tendue. L’éditorialiste de CNews est tenté par une candidature à la
présidentielle de 2022. Marine Le Pen lui demande d’être « loyal » et
de clarifier ses intentions. Zemmour est toutefois resté proche de
Jean-Marie Le Pen, comme une fidélité à ses souvenirs de jeunesse.
« Zemmour est dans la droite ligne de ce que nous avons accompli et
incarné. Nous avons en quelque sorte préparé le terrain idéologique sur lequel
il pourra prospérer », confie Bruno Mégret. Quand le polémiste, dans Le Suicide français,
affirme que le maréchal Pétain a sauvé des juifs, ils sont peu à venir à sa
rescousse. Il y eut l’ancien président du FN : « Il fait des
constatations qui sont évidentes mais qui sont niées par la doxa qui a élaboré
depuis la Libération un certain nombre de vérités qu’elle prétend
imposer. » Dans le même essai, Zemmour relativisait les propos de Le
Pen sur les chambres à gaz, « détail » de l’histoire de la Seconde
Guerre mondiale. Il aurait été « avant tout coupable d’anachronisme », écrit Zemmour… Comme la souche a valeur
de détermination au sein de cette droite, Jean-Marie Le Pen estime que le
« courage » de l’éditorialiste, sur ces sujets, est d’autant plus
grand qu’il est un « israélite français », comme il se définit
lui-même.
Avec le temps, Zemmour considère que le RN a tué le FN, comme
l’UMP a eu raison du RPR. Le dénominateur commun : un recentrage.
Dans le suivi de ces partis, plus jeune, il a toujours cherché la marge,
toujours préféré les minoritaires, qui avaient la réputation d’être les plus
durs ou les plus audacieux. Ils étaient également les plus bavards. Au
RPR, outre Séguin, le journaliste fréquentait la bande à Pasqua – ce
dernier plus droitier que Chirac et Alain Juppé. Au FN, si le côté
rabelaisien d’un Le Pen l’amusait, il appréciait l’intelligence et le
sang-froid de Bruno Mégret, qu’il savait plus décidé à prendre le pouvoir.
Mégret était conforme à l’idée qu’il se faisait d’un politique : la
formation (Polytechnique), le réseau (le club de l’Horloge), la bonne
souche (catholique de surcroît) et la constance. Époque où Zemmour fit la
connaissance du mégrétiste et énarque Jean-Yves Le Gallou, qui le pousse
aujourd’hui à être candidat à la présidentielle.
« Éric a fait Sciences Po, ne l’oubliez pas. Il y a chez lui
une sensibilité pour les diplômes », relève Louis Aliot. Bien que
cultivé, Jean-Marie Le Pen apparaissait à ses yeux comme trop jouisseur, trop
hâbleur, trop désordonné. Dans le fond, incapable de prendre le pouvoir.
« Il y a chez Le Pen une inextinguible soif de respectabilité sociale
toujours contredite par un goût puéril pour le chahut, le bazar, la
provocation, la bagarre », écrivait Zemmour dans sa biographie de Jacques
Chirac, L’homme qui ne s’aimait pas.
Si bien qu’au moment de la scission de 1998, le clan Le Pen était convaincu que
le jeune Zemmour roulait pour Bruno Mégret. « Je lui ai demandé un droit
de réponse dans Le Figaro
après un article sur Mégret et moi. Je n’étais pas en conflit avec Mégret,
contrairement à ce que laissait entendre son article », rapporte Bruno
Gollnisch.
Zemmour connaît la France, mais
connaît-il les Français ?
« Les valeurs féminines sont incompatibles avec le
pouvoir »
Outre ces affinités, deux sujets séparent Zemmour de Jean-Marie Le
Pen. D’abord, le général de Gaulle. L’un est gaulliste, l’autre ne l’est pas.
Ensuite, le rapport à l’islam. L’ancien président du Front national n’a jamais
considéré l’islam comme un problème majeur et s’attachait à faire, comme
le fait sa fille aujourd’hui, une distinction entre l’islam et l’islamisme. À
son époque, comme nous le confirme Mégret, Le Pen père goûtait peu les
attaques juridiques qu’intentait son parti contre les permis de construire de
mosquées ainsi que les tracts visant l’islam. Sa priorité était davantage
la lutte contre l’immigration. Pour Zemmour, les deux sujets sont liés et même
indissociables. D’un point de vue stratégique, et c’est pourquoi il a fini
par préférer Pasqua à Séguin, Zemmour croit en l’union des droites. Il
pense qu’un arc peut se dessiner au départ de LR pour arriver au RN, en passant
par Philippe de Villiers, Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Dupont-Aignan. En son
temps, Pasqua plaidait également pour un rapprochement avec le FN, considérant
que les électeurs du RPR et ceux de Jean-Marie Le Pen partageaient de mêmes
« valeurs ». Marine Le Pen estime que cette union des droites est
utopique, trop étriquée, et qu’il lui faut rassembler au-delà et même parler à
des électeurs de gauche.
La présidente du RN a connu Zemmour au mitan des années 2000.
Elle a toujours eu la conviction que le journaliste la considère comme la
considéraient ses contempteurs au FN, qui la présentaient comme une fille
sans culture et adepte des virées en boîtes de nuit. En outre, elle est une
femme. « Les valeurs féminines sont incompatibles avec le pouvoir et
l’incarnation du pouvoir, déclarait-il en 2013. Depuis vingt ans, il
y a une montée de la présence féminine dans la vie politique. Or,
parallèlement, le pouvoir s’évapore du politique. […] Je pense qu’il y a
un lien entre le pouvoir et la virilité. Les hommes ont inventé le
pouvoir. »
On comprend mieux désormais, à la lumière de ces vieilles relations,
pourquoi Marine Le Pen a récemment demandé à
son père de dissuader Zemmour d’être candidat…
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Auquel en passant il fait ajouter le vieux
tribun Mélenchon aussi extrémiste comme les autres !
Avec les nouveaux arrivants écologistes EELV utopiques
illuminés très à la mode, avec le changement climatique sur lequel ils n’ont pas
la main, car faisant de l’écologie politique qui freine tout, « en bons empêcheurs
de tourner en rond » à l’image par exemple du regretté N.HULOT « pétard
mouillé » qui n’appliquait pas ses mesures rigoristes et utopiques à lui-même
et avait bien profité de la manne télévisuelle
de ces documentaires qui plaisait tant aux français et ses produits dérivés !?
Reste quoi ou qui dans cette droite dit
classique ?!
Sauf que : ces membres caciques LR sont
très et trop connus et désunis car ayant sévit pour certains dans d’autres
gouvernements passés, ce qui souligne ce défaut de reprendre toujours les mêmes !?
Quand au reste cette gauche PS/PC elle est devenue
inexistante, car laminée depuis 2017 par l’arrivée de notre monarque sans
couronne bienpensant sans parti véritable inféodé à son service !
Alors ne rêvons pas, il y a peut-être un ou une
candidate qui ferait peut-être l’affaire mais sans garantie !?
Mais surtout le grand changement serait de changer
cette Vème république qui ne sert plus le peuple et donne trop de pouvoir à un
seul homme qui l’utilise mal, ce dernier quinquennat « macronien » en
est la preuve !
Jdeclef 02/10/2021 17h37
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