Bruno
Retailleau : « Macron tend la main, mais qu’offre-t-il ? »
Le chef
des sénateurs LR réagit en exclusivité sur le fond, point par point, à
l’entretien du « Point » avec le chef de l’État.
POUR LE PRESIDENT DE PASSER DES BAVARDAGES A L’ACTION IL NE SAIT PAS
FAIRE ?!
Le président du groupe LR au Sénat (majoritaire
avec 145 parlementaires) est l'un de ceux qui, à droite, travaillent
le plus les dossiers sur le fond et avancent régulièrement des idées. Nous
avons sollicité son avis sur l'entretien que le président de la République a
accordé à notre hebdomadaire. Bruno Retailleau y réagit point par point. Un
échange que le parlementaire ne pourra pas poursuivre en direct avec le chef de
l'État, puisqu’à priori, il ne sera pas convié à la réunion politique annoncée
par Emmanuel Macron, celui-ci l'ayant limitée aux chefs de parti. Il livre son
analyse de l'interview du président aux lecteurs du Point en
exclusivité.
Le Point : Emmanuel Macron avait promis une initiative
politique avant ses vacances. Celle qu'il annonce dans Le Point
vous satisfait-elle ? Allez-vous saisir la main qu'il vous tend, comme à
tous les membres de l'opposition ?
Bruno Retailleau : Comme souvent avec Emmanuel Macron,
la montagne accouche d'une souris : l'initiative d'ampleur s'est
transformée en une simple réunion de discussion, qui aligne tellement de sujets
qu'elle est vouée à l'échec. Discuter ne coûte rien mais ne changera rien.
Aucun Français ne peut croire sérieusement que sur les émeutes, l'immigration,
la dépense publique ou l'éducation, un consensus puisse être trouvé de la Nupes
au RN. Par ailleurs, si la situation politique est bloquée aujourd'hui, ce n'est
pas en raison d'une absence de débats entre les partis mais d'une absence de
choix au sommet de l'État.
Récemment, Emmanuel Macron se vantait de ne pas « vouloir
choisir ». En réalité, il en est incapable. Politiquement, car il n'a plus
de majorité. Et idéologiquement, car son « en même temps » le
condamne à l'impuissance. Je le regrette. Car jamais nous n'avons été une
opposition pavlovienne. Quand Emmanuel Macron a proposé des réformes qui
servaient l'intérêt de la France et correspondaient à nos convictions, nous les
avons soutenues, y compris lorsqu'elles étaient difficiles, comme sur les
retraites.
Un pays qui ne tient pas ses comptes est un
pays qui ne tient pas son rang. Nous dansons sur un volcan
Quelle lecture faites-vous de cet entretien ?
Le macronisme est une sorte de manège enchanté : Emmanuel Macron fait
tourner les mots, adresse un signal à gauche, puis un signal à droite, sublime
son action, explique à quel point tout va mieux alors qu'en réalité, rien ne
fonctionne vraiment. Je ne vois aucune mesure de rupture dans cet entretien.
Devant chaque problème, le chef de l'État n'oppose que la logique de moyens. Y
compris sur le régalien. Embaucher plus de policiers ne résoudra rien si nous
n'engageons pas une vraie révolution pénale, pour garantir de vraies sanctions.
Au fond, celui qui en 2017 se présentait comme un disrupteur n'est
que le continuateur d'une vieille politique qui, devant chaque défi, répond par
une dépense supplémentaire plutôt que par une réforme courageuse. Le résultat,
c'est une dette abyssale, de plus de 3 000 milliards d'euros, qui
plombe notre croissance comme notre puissance. Car un pays qui ne tient pas ses
comptes est un pays qui ne tient pas son rang. Nous dansons sur un volcan.
Stéphane Le Foll : « Emmanuel Macron avance
comme si rien ne s'était passé »
Y voyez-vous plus clair sur les orientations que le chef de l'État
donne au pays ?
C'est plutôt le clair-obscur qui domine dans les propos du président. Car
quel Emmanuel Macron faut-il croire ? Celui qui affirme vouloir plus
d'autonomie pour les établissements scolaires, ou celui qui, immédiatement,
ajoute que le collège unique n'est pas un problème ? Celui qui déclare que
le sentiment d'impuissance ne « correspond pas à la réalité », ou
celui qui, dans le même entretien, admet que la crise de nos démocraties est
« d'abord une crise d'efficacité » ? Ces contradictions
macroniennes, qui donnent le tournis, créent une forme d'insécurité
démocratique : au bout de six ans, les Français ne savent toujours pas qui
est vraiment leur président.
Partagez-vous son diagnostic sur l'état du pays ?
Ce qui me frappe dans cet entretien, c'est ce déni présidentiel sur la
situation du pays. Le chef de l'État donne le sentiment d'évoluer dans une
réalité parallèle. Revendiquer une politique de maîtrise des dépenses
publiques, alors que la dette a augmenté de 700 milliards d'euros
depuis 2017 et qu'Emmanuel Macron a été le président le plus
dépensier de la Ve République, c'est proprement hallucinant.
D'autant que le Covid a bon dos : à plusieurs reprises, la Cour des
comptes a souligné qu'une minorité des dépenses de cette période avait concerné
la gestion de la pandémie.
De même, affirmer qu'« il n'y a pas d'impunité dans notre pays »
alors que chaque semaine, des compatriotes sont les victimes de
multirécidivistes n'ayant jamais été incarcérés, c'est presque révoltant. Le
déni est la pire des choses en politique car il empêche le bon diagnostic et
donc les remèdes appropriés. C'est d'ailleurs ce que Nicolas Baverez a voulu
souligner dans vos colonnes. La virulence de la réaction d'Emmanuel Macron
prouve que, comme souvent, il a visé juste !
Fabien Roussel : « La grande richesse de la
France, c'est celle issue du travail »
Percevez-vous des points de convergence ?
Il y en a, bien sûr. D'autant plus qu'Emmanuel Macron a la fâcheuse habitude
de dire tout et le contraire de tout. La question de la convergence entre le
président et la droite bute sur deux obstacles majeurs. Le premier, c'est la
crédibilité : comment croire sur parole un président qui déclare que
« le chantier de la famille est essentiel » alors qu'il y a encore
quelques mois, son gouvernement ponctionnait 2 milliards d'euros sur la
branche famille. Ou qui affirme n'avoir jamais varié sur le nucléaire après
avoir fermé Fessenheim, renoncé au programme Astrid, puis annoncé la
construction de nouveaux réacteurs !
Le second obstacle, c'est sa pusillanimité : Emmanuel Macron n'a pas le
courage de tirer les conséquences des principes qu'il avance. Est-il prêt, au
nom de la fermeté pénale qu'il revendique, à mettre en place des peines
planchers et des courtes peines de prison dès les premiers délits ? À
revoir, au nom de la réforme de l'État qu'il évoque, le statut dans la fonction
publique ? C'est à lui de répondre. La balle est dans son camp. Il ne peut
pas se réfugier dans un rôle d'arbitre distribuant les bons et les mauvais
points entre les forces politiques. Ce n'est pas cela, un président.
Promettre de combattre l’immigration illégale
et prévoir la régularisation des travailleurs clandestins, c’est tricher avec
les Français. Nous le refusons
Vous convainc-t-il sur l'immigration ?
Non, car il commence immédiatement par minimiser en affirmant que la France
n'est pas submergée. Rien que pour l'immigration légale, nous accueillons
chaque année 500 000 étrangers. En 2022, la France a battu des records sur
le nombre de titres de séjour délivrés. Sur l'immigration, nous nous
sommes mis dans un étau infernal. D'un côté, la France est le pays le plus
attractif en matière d'aides, de soins ou de regroupement familial. Et de
l'autre, il est l'un des moins dissuasifs en matière de reconduites à la
frontière ou de sanctions contre les délinquants étrangers. Le résultat, c'est
que nous accueillons toujours plus et que nous expulsons toujours moins.
Emmanuel Macron est-il prêt à sortir la France de l'étau migratoire ? À
supprimer l'AME et rétablir la double peine et le délit de séjour
illégal ? À réduire drastiquement le regroupement familial et s'opposer
aux dérives jurisprudentielles qui nous empêchent d'expulser ? Si je m'en
tiens au projet de loi initial du gouvernement, la réponse est non. Promettre
de combattre l'immigration illégale et prévoir la régularisation des
travailleurs clandestins, c'est tricher avec les Français. Nous le refusons.
Sur ce sujet, comme sur tous les autres, nous avons un devoir de courage :
le temps n'est plus aux synthèses molles, il faut trancher dans le dur.
Emmanuel Macron : « Il faut s'atteler à
reciviliser »
« Faire nation », son grand projet, passe par l'éducation,
sujet que vous connaissez bien. Le
plan Macron en la matière, notamment dans la lutte contre le décrochage
scolaire, paraît-il aller dans la bonne voie ?
Je lui donne raison sur une chose : tout ramène à l'école. La perte
d'autorité, l'affaiblissement de la valeur travail et même notre déficit de
compétitivité, chacun de ces maux renvoient à un système éducatif inadapté,
sclérosé, corseté par la cogestion avec les syndicats. Mais précisément :
c'est le système qu'il faut changer. Emmanuel Macron avance des propositions
intéressantes mais insuffisantes. Tant que nous ne ferons pas souffler un grand
vent de liberté sur l'Éducation nationale, à travers la création
d'établissements publics autonomes, qui pourraient recruter librement leurs
professeurs, choisir les méthodes les plus adaptées, nous continuerons de
fabriquer des bataillons de décrocheurs. Tant que nous ne romprons pas avec les
délires pédagogistes, pour renouer avec la transmission et l'exigence, à
travers un vrai baccalauréat, un examen d'entrée en 6e, mais aussi
la sélection à l'université, la France continuera de dégringoler dans tous les
classements éducatifs.
Là encore, il faut choisir : soit c'est le recentrage sur les savoirs
fondamentaux, comme le promet le président dans son entretien, soit c'est
l'introduction de « savoirs verts » au collège, comme l'annonçait
récemment la Première ministre. Ce choix, le gouvernement le doit aux élèves
mais aussi aux professeurs : ils n'en peuvent plus des directives
contradictoires, mais également du « pas de vagues ». Une note de
l'Éducation nationale vient de dévoiler que les atteintes à la laïcité ont
bondi de 150 % en seulement un an. L'école est dans la ligne de mire de
l'islamisme. Pas de fausses pudeurs, pas de demi-mesures. J'attends de Gabriel
Attal qu'il systématise les sanctions ainsi que le port d'une tenue commune.
Raccourcir les vacances scolaires et enseigner l'histoire de façon
chronologique, de bonnes pistes ?
Oui, mais encore une fois, c'est un changement global et radical qu'il faut
opérer à l'école. Et je redoute qu'Emmanuel Macron reste au milieu du gué.
Prenons l'enseignement de l'histoire : le rétablissement de la chronologie
doit aller de pair avec la fin de la repentance dans les programmes. Le
président en est-il capable, lui qui revendiquait vouloir « déconstruire
l'histoire de France » ? Je n'oublie pas qu'il est celui qui aura
remplacé Jean-Michel Blanquer par Pap Ndiaye, un wokiste de salon.
Bardella accepte l'invitation de Macron mais ne veut pas lui
servir de « béquille »
Emmanuel Macron a-t-il suffisamment tiré les leçons des
émeutes ?
Clairement, non. Sur les émeutes, son analyse tombe complètement à côté. Le
président semble réduire cette explosion à une simple poussée de fièvre, un
coup de folie passagère créée par les réseaux sociaux. Il confond les symptômes
et les causes : c'est l'impunité qui crée la concurrence des images, pas
l'inverse ! Twitter et Facebook sont présents partout, mais les émeutiers,
eux, ne venaient pas de partout.
Comme l'a montré Jérôme Fourquet, la carte des émeutes se superpose avec
celle de l'immigration. Pourquoi le nier ? Combien de temps encore les
béni-oui-oui du vivre-ensemble garderont-ils les yeux grands fermés ? Ne
pas dire est une lâcheté, mais ne pas voir est une folie. Car si nous
n'admettons pas qu'au sein de la nation, toute une partie de la population
issue de l'immigration a fait sécession avec la France, alors tout continuera
en pire. Et ce qui a brûlé rebrûlera.
Emmanuel Macron : « Je ne saurais me contenter
d'un taux de chômage à 7 % ! »
Finalement, un nouveau Macron apparaît-il dans cet entretien ?
Je l'aurais souhaité mais je ne crois pas qu'aujourd'hui, Emmanuel Macron
soit capable de se réinventer. Là où il faudrait opposer la force de l'action,
il ne propose que la politique du verbe. Il affirme que la société est liquide
mais son propos est gazeux. Et là où il devrait affirmer des convictions
claires, il continue d'afficher la contradiction, cherchant vainement à
concilier les contraires, à l'image de cette initiative politique qui, comme
les précédentes, n'aboutira à rien. Le président de la République semble tendre
la main : mais qu'offre-t-il ? Nous ne voulons ni postes ni
prébendes. La droite ne peut s'entendre avec Emmanuel Macron que si Emmanuel
Macron se décide à mener une politique de droite.
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En fait le
président n’a rien à proposer car ce n’est qu’un bavard pathologique qui ne changera
rien par son caractère d’attentiste ou procrastinateur maladif associé à un ego
démesuré hors norme et à son âge on ne change pas ?!
Il a eu +
de 5ans pour changer sa politique bornée mais vide et maintenant il ne sait
plus quoi faire malgré une 2 eme chance que lui ont donné les Français en le
réélisant mais pas avec la majorité qui lui manque qui l’obligera à utiliser ce
fameux article 49/3 :
(Qui
est méprisé et condamné en tant que source d'un effet social d'opprobre. Plus simplement détesté car considéré totalitaire
par les Français et à l’Assemblée nationale et ses députés qui votent les lois !?)
Ce qui donne cette mauvaise impression dans notre pays libre
et démocratique d’avoir donné trop de pouvoir à un seul homme ce président
petit bourgeois sans couronne qui se verrait bien en démocrature comme dans d’autres
grands pays totalitaires !?
Pendant ce temps-là de tergiversations stériles la France continue
à végéter et à glisser vers le fond des pays de secondes zones jusqu’en 2027
car ayant réélu ce président par des Français qui ne voient pas plus loin que
le bout de leur nez déjà dans la « M…. » !?
Et qui soi-disant craigne le lendemain mais qui est dejà présent
ils vont s’en rendre compte très vite lors de cette rentrée automnale avec même
le climat météorologique qui va se rafraîchir qui leur fera oublier les
canicules mais pas la mauvaise qualité économique inflationniste de notre pays !?
Car nous Français sommes des individualistes incurables
partisans du chacun pour soi dévastateur et incurables ne pouvant s’entendre entre
eux !?
Jdeclef 25/08/2023 13h33
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