Un homme interpellé pour l'agression au cutter d'un
militaire de l'opération Sentinelle en gare de Strasbourg.
Société
Plus d'un an après son lancement, l'opération
Sentinelle est loin de faire l'unanimité
SÉCURITÉ Un
rapport confidentiel du Secrétariat général de la défense et de la sécurité
nationale (SGDSN) diffusé ce vendredi par BFMTV propose, entre autres, de
supprimer les militaires statiques...
Janvier 2015.
Les attentats visant la rédaction de Charlie Hebdo et l’Hyper Casher de
la Porte de Vincennes poussent François Hollande à déclencher l’opération
Sentinellepour protéger les points sensibles du territoire (lieux de
culte, écoles, etc.). Après avoir compté plus de 10.000 militaires
déployés en France en février, Sentinelle s’est stabilisée à 7.000 hommes avant
de tomber sous les 4.000 avant
les attentats du 13 novembre. Depuis les attaques de fin
d’année, l’opération a fixé à 10.000 le nombre de soldats dispatchés sur le
territoire.Mais est-ce réellement suffisant ? Un rapport confidentiel du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) diffusé ce vendredi par BFMTV, et pointant les axes d’amélioration de la Sentinelle, laisse penser que non. 20 Minutes fait le point sur les critiques et les pistes d’amélioration du dispositif.
Opération Sentinelle: Un rapport pointe les conditions d’hébergement «parfois très incorrectes» des militaires à Paris
Les gardes statiques
largement contestées
Premier axe de
contestation, les gardes statiques, que l’on peut par exemple observer devant
certains lieux de culte. « Cela fait un an que les militaires réclament de
la mobilité », déclare Florent de Saint-Victor, consultant indépendant et
spécialiste des questions de défense. Il note également qu’à Paris
« deux tiers des forces mobilisées sont statiques », et compare cette
disposition à « un médicament qui perdrait en efficacité. Car si ces
soldats sont statiques, ils manquent d’efficacité, il n’y a plus d’effet de
surprise. » A l’inverse, l’avantage d’une patrouille mobile permet de
semer le doute chez les terroristes qui ne pourraient plus bénéficier des
certitudes que lui offrent des cibles qui ne bougent pas.
Une perte de savoir-faire
possible pour les militaires déployés
L’autre bémol de la
patrouille statique se situe dans l’origine des militaires déployés à
l’intérieur. « Le problème de l’opération Sentinelle, c’est que les 10.000
soldats qui ont été mobilisés ont été prélevés sur des troupes qui devaient
s’entraîner, car on ne pouvait pas prendre le risque de rappeler des soldats en
provenance d’opérations extérieures », explique un autre expert proche des
milieux de la Défense qui a souhaité rester anonyme. « La nature des
missions que l’on confie aux forces armées est problématique. Ils font du
"gardiennage" statique », qui les empêche de s’entraîner,
ajoute-t-il. Les hommes qui opèrent dans le cadre de l’opération Sentinelle
ont, de fait, bénéficié de 64 jours d’entraînement en 2015 contre 90 l’année
précédente. Ce qui entraîne, au mieux, une stagnation des soldats « qui
finissent par ne plus maîtriser certaines capacités car ils ne font plus de
stages », confirme Florent de Saint-Victor.Attentats: Sentinelle sera maintenu à 10.000 hommes «autant que nécessaire», annonce Le Drian
« Où se situe la
plus-value sécuritaire ? »
Comble de cette
mobilisation, « les forces armées n’ont pas vocation à ouvrir le feu
contre les terroristes. En aucun cas ils ont le droit d’agir sur le territoire.
L’Etat d’urgence n’a aucun impact sur l’emploi des militaires. Seul l’état de
siège leur permettrait d’agir » rappelle l’expert proche des milieux de la
Défense.Autant de paramètres qui sèment le doute chez les deux experts, qui s’interrogent sur la nature du déclenchement de l’opération Sentinelle. « Est-ce une mesure politique, ou une mesure réellement efficace », s’interroge Florent de Saint-Victor. « Des hommes armés, cela rassure. Cela a même permis de renouer le lien entre ces derniers et le peuple. Mais où se situe la plus-value sécuritaire ? », demande aussi l’autre spécialiste.
Peut-on pour autant déclaré que les patrouilles statiques sont inutiles ? Non. « Le 13 novembre, l’armée a sécurisé des dispositifs de manière plus performante que les forces de police. Il faut également noter qu’en cas d’attaque chimique où s’il faut déployer des hélicoptères, les militaires ont beaucoup plus de moyens », tempère le spécialiste proche des milieux de la Défense.
Quelles solutions pour
améliorer l’opération Sentinelle ?
Le salut de la
Sentinelle pourrait paradoxalement venir… de la police. « Des efforts sont
en cours. Des améliorations sont en cours », note Florent de Saint-Victor,
qui évoque la formation des forces policières afin que celles-ci puissent faire
face à la menace terroriste. L’autre analyste cite, pour exemple, « les
BAC armées d’armes de guerre. » Mais ces formations ne pourront pas être
totalement menées à bien si « une augmentation des effectifs policiers ne
suit pas derrière », souligne Florent de Saint-Victor, surtout dans un
contexte où l’Euro, les mouvements sociaux, le Tour de France et bientôt les
élections présidentielles préoccupent davantage les policiers.
Le secteur privé pourrait également être davantage
impliqué dans l’effort de sécurisation du territoire afin de soulager forces
militaires et policières. « On sous-estime le rôle de la sécurité privée,
à laquelle la communauté juive fait déjà appel. Les entreprises privées
commencent à employer plus d’agents, ils font plus attention, c’est bien. C’est
un effort collectif qui concerne tout un chacun, » note l’expert proche
des milieux de la Défense.
Il faudrait créer une « sorte » de garde
nationale un peu comme nos polices municipales prises sur des volontaires
civils à former pour ces missions de protections et surveillance !
Le métier de militaire n’est pas le même que celui
de la police nationale ou municipale ou
même de surveillance ou de protection par de vigiles privés, c’est une évidence
logique !
Bien sûr, mais il faut « prévenir plutôt que de guérir » donc rassurer et puis,
de toute façon, ils sont moins dans l’action que la police en général, alors
cela donne le sentiment qu’ils ne servent à rien !
Tant qu’ils n’auront pas empêché, un acte
dangereux, on aura ce sentiment d’inutilité de ces soldats !
Mais, si il n’y avait été rien fait, on aurait
réclamé l’armée, cela a déjà été entendu
lors de crises graves de la part de certains !
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