« Chine
et Russie ont désormais une quasi-alliance »
Affichant
une neutralité de façade, Xi Jinping soutient Vladimir Poutine, avec lequel il
a noué une « quasi-alliance », avertit l’analyste Alexey Muraviev.
La
Chine, une fois de plus, appelle toutes les parties à la retenue. »
À la veille de l'invasion russe, la déclaration du ministre des Affaires
étrangères chinois Wang Yi voudrait encore faire croire que Pékin évite de
se mouiller dans la crise ukrainienne. Les analystes occidentaux débattent
depuis plusieurs semaines sur l'éventuel soutien que pourrait apporter Xi
Jinping à son homologue russe.
Contre l'évidence d'un alignement avec Moscou, certains objectent
le passif de la Guerre froide, de la rupture entre l'Union soviétique et la
République populaire de Chine dans les années 1960 et de la méfiance
profonde qui s'était alors installée entre les deux grands États communistes.
Et soulignent des intérêts divergents entre une Russie lancée dans une aventure
risquée et une Chine soucieuse de stabilité, particulièrement à la veille d'un
congrès du Parti qui, à l'automne, devrait renouveler pour cinq ans le mandat
de l'exécutif chinois.
Pourtant, Alexey Muraviev, professeur à l'université Curtin de
Perth, en Australie, spécialiste des études stratégiques russes, avertit :
Chine et Russie sont désormais engagées l'une et l'autre dans une
« quasi-alliance ». Le 4 février, Xi et Poutine ont signé un
accord historique assurant à Moscou un client pour ses hydrocarbures, et
donc une ligne de crédit pour survivre face aux sanctions occidentales. En
outre, dans leur communiqué joint, la Chine a fait siennes les inquiétudes
russes contre l'extension de l'Otan, prétexte à la guerre contre l'Ukraine. La
Russie, elle, a reconnu les prétentions chinoises sur Taïwan, qui pourrait être
la prochaine proie au menu des recettes éprouvées par Poutine en Ukraine.
Entretien.
Alexey Muraviev :
Xi Jinping se soutient d'abord lui-même. Il se saisit de l'opportunité que crée
l'escalade actuelle pour la Chine. On ne doit pas imaginer que des troupes
chinoises vont se joindre à une invasion russe de l'Ukraine, ou des troupes
russes à une annexion de Taïwan. Il s'agit plus d'une approche qui vise à
couvrir mutuellement les arrières des politiques russes et chinoises
durant les quinze dernières années, se soutenant politiquement et économiquement.
Enfin, et surtout, il y a le symbolisme, auquel les Chinois sont très
attachés : Xi Jinping était l'invité d'honneur des Jeux de Sotchi en 2014,
Poutine l'a été pour les Jeux d'hiver de Pékin qui viennent de s'achever. Mais
cela ne s'arrête pas là, et je ne voudrais pas donner l'impression qu'il s'agit
simplement d'une relation intéressée, sans rien de plus sérieux. La concentration
de troupes russes en Biélorussie s'est opérée par le transfert d'éléments
importants jusque-là assignés au district militaire oriental, dans
l'Extrême-Orient russe et en Sibérie, principalement autour de la frontière
sino-russe. Cela n'a pu se produire que parce que la Russie a une confiance
stratégique dans la Chine, et réciproquement. Comment exposeriez-vous votre
frontière orientale, où existaient d'anciens conflits avec la Chine, si vous
n'étiez pas certain que le voisin n'en tirerait pas avantage ?
Xi Jinping se soutient d’abord
lui-même. Il se saisit de l’opportunité que crée l’escalade actuelle pour la
Chine.Alexey Muraviev
Qu'est-ce qui les rend si confiants ?
Chine et Russie ont désormais une quasi-alliance. Elles y ont
travaillé fermement durant trente ans. Mais les Russes ne prennent rien pour
argent comptant. Ils ont un instrument de dissuasion contre toute action
militaire chinoise : des armes nucléaires tactiques et stratégiques.
En somme, c'est une amitié à couteaux tirés ?
Ukraine-Russie :
ce que mijote Poutine
Qu'y a-t-il dans la déclaration commune du 4 février ?
Cette déclaration commune ajoute une perspective sur
l'avenir : les deux pays déclarent qu'ils vont construire un nouvel ordre mondial et
réformer le système international actuel. La Chine y considère comme légitimes
les inquiétudes de la Russie sur l'expansion de l'Otan. Quant à la Russie, elle
soutient la Chine sur la question de Taïwan, le « principe d'une seule Chine »
et la réunification, ce qui est vraiment très significatif, parce que c'est la
première fois que la Russie prend le parti de la Chine sur cette question.
Enfin, les deux puissances prennent position sur l'Indo-Pacifique et font
même une référence explicite à l'accord Aukus, entre l'Australie, les
États-Unis et le Royaume-Uni. Donc la Russie prend aussi le parti de la Chine
sur l'Aukus.
N'est-ce pas une alliance de facto ?
Ce n'est pas une alliance, c'est une nouvelle forme de relation,
parce qu'il n'y a pas d'obligations légales en temps de guerre.
Ce n’est pas une alliance, c’est
une nouvelle forme de relation, parce qu’il n’y a pas d’obligations légales en
temps de guerre.Alexey Muraviev
Ne pourrait-il y avoir des clauses secrètes, comme c'est déjà
arrivé dans l'histoire ?
Il pourrait bien y en avoir, mais personne ne le sait. Aucune
preuve n'existe que les deux pays auraient signé une sorte de mémorandum
secret. Je ne peux commenter que ce qui est dans le domaine public.
Est-il possible de briser cette quasi-alliance ?
On en parle depuis longtemps. Cela a soulevé l'argument que si
l'on se confrontait trop avec la Russie ou qu'on la sanctionnait trop
sévèrement, cela la jetterait dans les bras de la Chine. Les États-Unis
voulaient éviter cela à tout prix parce qu'ils ne peuvent faire face à ces deux
rivaux militaires en même temps. Mais je pense qu'il est maintenant trop tard.
Chinois et Russes ont rebâti leur confiance mutuelle. Et entre eux et les
Occidentaux, il y a désormais une méfiance trop profonde.
La Chine est opposée à l'indépendance de Taïwan. Ce qui fait dire
à certains qu'elle ne peut qu'être gênée par le soutien russe à l'indépendance
des entités séparatistes d'Ukraine. Comment expliquer cette
contradiction ?
Quand les Chinois évoquent leur crainte pour la souveraineté
et l'intégrité territoriale, cela ne concerne que leur propre problématique sur
l'unité de la Chine. Sur la Russie et l'Ukraine, ils se contentent de parler
des préoccupations russes sur la sécurité et ne commentent pas le droit à
l'autodétermination des républiques de Donetsk et Lougansk, pour qu'on ne leur
renvoie pas à la face le droit à l'autodétermination de Taïwan. Ensuite,
même si les Chinois ont beaucoup d'intérêts économiques en Ukraine à protéger,
ils ont un différend avec le gouvernement de Volodymyr Zelensky. Il y a un an,
alors que des investisseurs chinois avaient acheté l'entreprise militaire
ukrainienne Motor Sich, un fabricant
de moteurs, en particulier pour hélicoptères, les États-Unis ont obligé
Zelensky à la nationaliser pour éviter que la Chine ne transfère ses
technologies. Enfin, quand la Chine soutenait pour la forme les accords de
Minsk, c'était toujours la lecture russe de ces accords.
Jean-Pierre
Cabestan : « Si Xi Jinping restait rationnel, il éviterait la
guerre »
La Chine ne reste donc pas neutre ?
La Chine évite de paraître soutenir trop ouvertement la Russie,
pour ménager aussi sa propre image, en particulier en Asie du Sud-Est, en Asie
du Sud et en Afrique, où elle ne veut pas apparaître comme expansionniste ou
trop agressive.
Y a-t-il un risque d'attaque coordonnée sur l'Ukraine et
Taïwan ?
On ne peut pas l'exclure. Quand les tensions autour de l'Ukraine
se sont accentuées en janvier, l'aviation chinoise a relancé ses incursions de
grande ampleur dans la zone d'identification de défense aérienne autour de
Taïwan. Et un navire de guerre chinois a dirigé un laser de combat sur un avion
australien dans la zone économique exclusive de l'Australie. Si les Chinois
sentent que les États-Unis ne viendront pas en aide à Taïwan, ils saisiront
l'opportunité. Mais surtout, l'armée chinoise apprend tout des Russes. Et Xi
tire des leçons de la gestion de crise par la Russie. Il pourrait
utiliser la stratégie russe développée sur l'Ukraine pour Taïwan : masser
des troupes, faire monter la tension, s'arrêter juste avant l'invasion directe,
mais forcer l'autre camp à se soumettre.
Xi tire des leçons de la
gestion de crise par la Russie. Il pourrait utiliser la stratégie russe
développée sur l’Ukraine pour Taïwan : masser des troupes, faire monter la
tension, s’arrêter juste avant l’invasion directe, mais forcer l’autre camp à
se soumettre.Alexey Muraviev
Quelles leçons Xi Jinping pourrait-il apprendre de Vladimir
Poutine ?
Jusque-là, la Russie a très bien joué. Elle a acquis des
territoires sans tirer un seul coup de feu ! Et l'Ouest a été absolument
paralysé. Cela incitera les Chinois à être audacieux. On promettait à la Russie
des sanctions apocalyptiques. Et on a finalement dégainé des mini-sanctions,
symboliques et pathétiques. L'exemple russe montre à Pékin que tant que l'on a
des capacités militaires et nucléaires, on peut être effronté et agressif, et
s'en tirer. Alors imaginez ce qu'il en serait pour la Chine, qui est
économiquement bien plus puissante que la Russie.
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Du temps
de l’URSS étant donné l’idéologie communiste et leur partis communistes étaient
similaires donc alliés de fait mais la CHINE n’a pas subi la guerre froide et a
grandi au point de rappeler cet adage : « quand la Chine s’éveillera
le monde tremblera » et bien c’est le cas devenue 1ere puissance
du monde que l’arrogance des occidentaux et USA n’a pu empêcher avec un dictateur
à vie !
Après la
chute du mur de BERLIN la réunification des deux Allemagnes et la fin de la
guerre froide le communisme international a décliné hormis en CHINE et même
CUBA qui a décliné depuis la mort de Castro et la Corée du NORD !
En France
le parti communiste français à résisté en s’affaiblissant jusqu’au mitterrandisme
pour après diminuer jusqu’à devenir marginal un peu comme le parti communiste
italien !
Seuls les
USA sont viscéralement anti communiste bien qu’ayant mis de l’eau dans leur vin
car ce parti était interdit pour des considérations essentiellement financières
et commerciales !
Avec POUTINE
ce nouveau dictateur le PC soviétique plutôt de son ex-empire russe renait avec
force comme une grande claque donnée dans la face des occidentaux et USA !
Donc nos
dirigeants mous du genou palabrent et protestent croyant encore que le maitre
du Kremlin les écouterait et qui confirme ce qui est plus grave que ces
dirigeants pleutres et bavards ne nous protègent pas assez en Europe les Américains
alliés étant bien loin de chez nous et pas enclins à lever même le petit doigt
car ne voulant pas continuer à faire les gendarmes du monde ceci confirmé par
leur président BIDEN !
Jdeclef 26/02/2022
12h08
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