À Lille, la
(petite) « révolution » de Zemmour
Le candidat a présenté
ses idées pour le pouvoir d’achat : arrêt de l’immigration,
participation, primes, heures supplémentaires… Rien de bien nouveau.
Comment,
après ça, imaginer une union des droites programmatique ? Si elle n'était
pas déjà chimérique, la voilà rendue encore plus difficile par son principal
promoteur, Éric Zemmour. Et cela n'a rien à voir avec la présence de
« quelques nazis » autour de lui, selon l'accusation proférée par
Marine Le Pen. Il faisait beau, à Lille, ce samedi 5 février. Devant
le Grand Palais, des milliers de personnes faisaient la queue dans une ambiance
bon enfant. Il est vrai que l'on n'a plus l'habitude de voir une telle
ferveur lors d'une réunion politique. Par dizaines, des policiers
veillaient à la quiétude du moment, tandis que des antifas éructaient non loin
de là. Il a fallu être fouillé et palpé au moins trois fois avant de pénétrer,
enfin, dans la grande salle lilloise.
Comme dans certains musées, on arrive directement par la boutique
qui vend toute sorte de gadgets à l'effigie du candidat
Reconquête ! Des casquettes, des tee-shirts, des mugs… Une exploitation
marketing qui aurait sûrement suscité les moqueries du Zemmour journaliste
politique. Et que dire du quiz, affiché sur grand écran, qui a précédé son
arrivée sur scène ? « Pour Éric Zemmour : Federer ou
Nadal ? », « Quelle est la boisson préférée d'Éric
Zemmour : la bière, le vin rouge ou les larmes gauchistes ? »,
« Est-il frites ou couscous ? »…
Les
deux jambes de l'union des droites
À Lille, il réunissait ses partisans pour présenter ses idées en
faveur du pouvoir d'achat des Français. Il a beau se défendre d'être un
politicien comme les autres, il a choisi cette ville du Nord pour sa sociologie
et son histoire faite d'ouvriers et de mineurs victimes de la mondialisation et
de la désindustrialisation. Seulement, la sociologie de la salle du Grand
Palais ressemblait à s'y méprendre à celle de Cannes, de Villepinte, de
Châteaudun… où il a déjà donné meeting.
Les
contradictions d'Éric Zemmour
Devant environ 8 000 personnes et une brochette de soutiens,
parmi lesquels Philippe de Villiers, Guillaume Peltier, Gilbert Collard et
Jean-Frédéric Poisson, Zemmour a donc souhaité répondre à cette attente
des Français. D'habitude, il cite volontiers des sondages sur l'inquiétude d'un
« grand remplacement » mais évoque peu ceux liés au pouvoir d'achat,
y voyant un moyen de la part des élites de détourner l'attention des Français
du seul sujet qui vaille, selon lui : la « colonisation de la
France » par les immigrés. Il se savait donc attendu, car un candidat à la
présidentielle se doit quand même d'avoir quelques idées sur ce thème, histoire
d'être crédible. En effet, l'union des droites suppose de marcher sur deux
jambes : une libérale qui sied à cette France active, possédante et entrepreneuse,
qui a plébiscité François Fillon en 2017 ; une autre – moins évidente chez
lui —, plus protectrice, plus sociale, qui répond aux problèmes que
connaissent de nombreux Français, qui vivent dans des zones reléguées. Cette
France, pour l'heure, semble être du côté de Marine Le Pen.
Avant
de peut-être le diriger, Zemmour malmène l'État
À Lille, Zemmour a pourtant fait le choix de la première. Après de
longues minutes d'un discours politicien, au cours desquelles il s'est attaqué
à Aubry, à Macron et à Mélenchon, et quelques phrases lyriques sur la valeur
des gens du Nord, il s'est livré à une longue charge contre l'État. Rarement un
candidat de droite a eu des mots aussi durs pour qualifier les prélèvements
obligatoires, les charges salariales, les charges patronales, les taxes ou même
seulement l'État dans son rôle redistributeur.
Avant de peut-être le diriger, Zemmour malmène l'État. Il a parlé
d'un « racket déguisé en charité » s'agissant des aides diverses. Il
a parlé de « rendre l'argent » comme si celui-ci avait été volé aux
contribuables. Pour résumer sa pensée, l'État prend aux Français pour donner
aux immigrés. C'est simple. Il suffit donc d'en finir avec cette préférence
étrangère pour améliorer le sort des salariés français. Le seul arrêt de
l'immigration lui permettrait de financer l'essentiel de sa politique sociale.
L'État, dans sa bouche, n'est que bureaucratique, technocratique,
« boursouflé ». « Personne, dans cette campagne, ne se demande
vraiment ce que veut dire pouvoir d'achat. Qu'est-ce que le
pouvoir d'achat ? C'est l'argent qui vous reste quand l'État arrête de
tout vous prendre. […] L'argent public, c'est votre argent : plus
d'argent public, c'est moins d'argent pour vous ! » Il poursuit sa
diatribe contre « la TVA, les taxes sur l'essence, la taxe foncière, la
redevance… » « Nous sommes le peuple le plus taxé au monde. On a du
mal à y croire », répète-t-il.
Le diagnostic peut être partagé, mais Zemmour veut croire que
cette masse de prélèvements est essentiellement destinée à assurer l'accueil et
le train de vie des étrangers. En tout, il s'agit pourtant d'environ
1 000 milliards d'euros d'impôts, taxes et cotisations sociales qui
sont prélevés chaque année en France et qui servent, entre autres, à couvrir
les Français contre les aléas de la vie : vieillesse, maladie, charge de
famille, inactivité forcée… Mais le candidat d'insister sur
« l'assistanat », sur la « bureaucratie », et sur tout cet
argent qui va dans « l'AME », « les prisons » et qui
alimente « les fraudeurs ». Pour y remédier, il a déployé un
« triptyque » : « Arrêter de gaspiller l'argent
public », « arrêter de financer notre propre remplacement » et
« récompenser le travail et le mérite ».
Gaulliste quand même, Zemmour veut relancer la participation.
« Alors je veux que les salariés puissent toucher une prime de
participation aux bénéfices de leur entreprise », a-t-il plaidé. Mais sa
proposition phare, présentée comme une « révolution », est une
« Prime Zéro Charges », pour zéro Urssaf, pour augmenter votre
revenu : ainsi, tout patron pourra accorder une prime chaque année, sans
aucune taxe ni aucune charge (ni patronale ni salariale). Cette prime
pourra représenter jusqu'à trois mois de salaire net. Une mesure qui
ressemble à la prime Macron, laquelle est plafonnée à mille euros. L'Insee
a déjà montré combien cette idée pouvait avoir des effets d'aubaines pour
les entreprises et des conséquences sur les augmentations salariales. Par
ailleurs, le manque à gagner pour l'Urssaf ne sera pas sans
conséquence sur la protection sociale. Zemmour a également souhaité
le rétablissement de l'exonération fiscale des heures supplémentaires,
instaurée par Nicolas Sarkozy. (Lire ici l'ensemble de ses propositions.)
Les
drôles de comptes d'Éric Zemmour
Un
libéral exclusif
Où est l'homme qui dénonçait le « néolibéralisme
bruxellois » et la « mondialisation libre-échangiste » et qui
parlait comme Marine Le Pen, laquelle rassemblait au même moment ses partisans
à Reims ? « Il faudrait la poigne d'un Colbert ou d'un Pompidou pour
que notre industrie renaisse de ses cendres », écrivait l'auteur
de Suicide français. À croire qu'il n'était pas sur
scène. Zemmour s'est voulu efficace, sans être transgressif, au risque
d'effrayer son auditoire. On attendait de lui, comme il le faisait jadis par
goût marxien pour la critique des grandes structures, une vision du salariat,
de l'économie d'entreprise, du dialogue sociale… rien de tel dans son discours.
Rien, non plus, sur la mobilité sociale. Rien sur le coût du travail.
En économie, il est donc pour le statu quo, y apportant
quelques retouches pour la forme. Rien sur l'inflation, rien sur la monnaie
(sauf sur la cherté de la vie depuis l'euro), rien sur la concurrence
étrangère, rien sur le logement (hormis privilégier les Français dans
l'attribution de HLM), qui pourtant pèse considérablement sur le budget
des ménages, et même rien sur ce qu'il répétait jadis ad nauseam : la
volonté du patronat de « faire pression à la baisse sur les
salaires » en embauchant de la main-d'œuvre étrangère. Pourquoi fâcher
aujourd'hui ce patronat, peut-être représenté dans la salle ? Zemmour se
réclame du RPR des années 1990. À la tribune, Pasqua ou Séguin auraient fait
preuve d'une plus grande imagination sociale, sans pour autant sombrer dans
« l'assistanat », et sans doute auraient-ils montré un peu plus
d'empathie – déjà une faiblesse pour le candidat. Zemmour n'assume pas son
libéralisme, se posant en « pragmatique ». Il vaut mieux quand on
veut unir les droites. Pourtant, on ne le voit plus que comme
un libéral, un libéral exclusif. Pourquoi ne pas l'assumer, puisque,
d'habitude, il assume tout ?
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Car il
sait et connait la mentalité des Français lambda, car au niveau de reformes voire
innovations sur des sujets que les électeurs veulent entendre et croire, plus c’est
gros, mieux c’est !
Mais son
coté extrémiste déjanté et excessif ne peut plaire à tout le monde et M.LE PEN
de par l’expérience de son père et ses diatribes quelle a hérité, a mis de l’eau
dans son vin depuis qu’elle a pris la tête de son parti dont elle a changé le
nom FN en RN et c’est pourquoi elle a tout fait pour obtenir une légitimité de
parti classique mais quand même d’extrême droite qui a permis à certains français
plus nombreux depuis ces derniers quinquennats de voter pour elle au 1er
tour et de fait la mise au 2eme tour face au futur président en lice mais pour
autant ne pas concrétiser cette victoire hypothétique à cette élection
présidentielle !
Son parti
comme d’habitude et elle-même car d’extrême droite ne sert qu’a protester contre
les pouvoirs en place et donc ne sera pas élue !?
Alors
pourquoi ZEMMOUR serait-il élu, il est pire extrémiste et promet
tout et n’importe quoi !?
E. MACRON devrait être élu à moins que la
candidate « LR » V. PECRESSE redore son blason plus fermement dans
les dernières semaines à venir !?
Jdeclef 06/02/2022 11h14
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