À Tourcoing,
Emmanuel Macron abat sa carte migratoire
Le chef de l’État joue
son va-tout sur le dossier migratoire en s’adressant directement aux ministres
européens de l’Intérieur de l’espace Schengen à Tourcoing. Le futur candidat
joue gros.
Emmanuel
Macron s'invite en personne, mercredi soir, au conseil informel des ministres
européens de l'Intérieur. Exit Darmanin ? Non, il sera là. Mais le chef de
l'État a jugé le sujet suffisamment important pour tenter lui-même d'emporter
la décision : obtenir un début de consensus sur le
dossier migratoire, la manière de réguler les flux et d'instaurer un
espace Schengen « tenu et mieux intégré ». C'est dire si le chef de
l'État joue gros sur ce terrain arpenté de long en large par tous les candidats
de la droite, de Marine Le Pen à Éric Zemmour, en passant par Valérie Pécresse,
laquelle convoquera, en cas de victoire, un référendum pour légaliser des
quotas migratoires votés annuellement.
Emmanuel Macron n'est pas le premier président à s'inviter dans un
conseil des ministres européens. Nicolas Sarkozy, un autre « hyperprésident »,
s'était également déplacé le 9 juillet pour convaincre l'Eurogroupe (la
réunion des ministres des Finances) de la capacité de la France à retrouver la
croissance, à évoquer la surévaluation de l'euro, et défendre la candidature de
Dominique Strauss-Kahn au FMI. En 2005, Silvio Berlusconi s'était également
invité à l'Eurogroupe.
Gérard
Araud – Emmanuel Macron, seul candidat pro-UE de France
Le chef de l'État tient à être là pour casser la spirale d'échecs
dans laquelle le dossier migratoire s'est enfermé depuis 2016. Emmanuel
Macron propose une nouvelle méthode aux partenaires de l'espace Schengen,
à savoir les 22 États membres qui en font partie et
les 4 associés extérieurs à l'UE (Suisse, Liechtenstein, Norvège et
Islande). « Nous proposons une approche graduelle pour créer de la
confiance entre les États », explique une source élyséenne.
Satisfaire
les pays de destination, les pays de transit et les pays de première entrée
Il s'agit de découper en plusieurs blocs le « pacte
migratoire » mis sur la table par la Commission en septembre 2020. La
France se chargerait uniquement de faire adopter un premier bloc de trois
textes qui conviennent à la fois aux pays de première entrée (Espagne, Italie,
Grèce), aux pays de destination (notamment l'Allemagne, la France et les pays
scandinaves) et aux pays de transit (les pays d'Europe centrale, dont la Hongrie).
Ce bouquet de trois textes est composé du règlement sur le filtrage (dit
screening, en anglais), du règlement Eurodac et du mécanisme de
solidarité du règlement sur la gestion de l'asile et des migrations (dit RAMM).
Migrants :
Macron tente une méthode à la découpe
Pour rappel, le règlement screening introduit un filtrage
aux frontières extérieures à l'Union afin de procéder rapidement à
des vérifications d'identité, de sécurité et de vulnérabilité sanitaire. Le
règlement Eurodac permettrait la prise d'empreintes et les paramètres
biométriques de tout demandeur d'asile de manière à détecter les demandes
multiples d'un État membre à l'autre. Le règlement Eurodac est un puissant
moyen de repérer les mouvements secondaires au sein de l'espace Schengen,
ce qui irrite particulièrement l'Allemagne. Voilà de quoi conforter les pays de
transit et destinataires finaux.
Équilibrer
« responsabilité et solidarité »
En revanche, les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie,
Slovaquie, Tchéquie) doivent, en contrepartie, accepter de contribuer à une
gestion commune des frontières par un geste de solidarité qui se traduirait par
du soutien financier, de la fourniture de matériel, d'équipements ou la
participation à l'effort de reconduite aux pays d'origine.
C'est « un équilibre entre responsabilité et
solidarité » qui est demandé à chacun dans ce premier paquet de mesures.
« Les lignes rouges du groupe de Visegrad sont respectées puisqu'il est
hors de question de revenir à un mécanisme de répartition obligatoire des
réfugiés, » souligne-t-on à l'Élysée.
Pas
d'obligation de construire des camps
Dans ce premier paquet de la présidence française, il n'est pas
non plus demandé à l'Italie de créer des camps de rétention. L'Italie s'y refuse
toujours, notamment sous la pression du pape François. Aucun leader italien,
pas même Matteo Salvini, n'ose aller à l'encontre de cette injonction morale du
Saint-Père. La Grèce n'est pas dans le même état d'esprit. Dans le nouveau camp
high-tech financé intégralement par l'UE (43 millions d'euros) à
Samos et ouvert le 18 septembre 2021, l'accueil se fait en deux
temps : ceux dont la demande d'asile est en cours d'instruction et ceux à
qui elle a été refusée. Les premiers sont libres de circuler entre
8 heures et 20 heures, les seconds sont enfermés en rétention
administrative en attendant leur renvoi.
Emmanuel Macron et Gérald Darmanin ont donc découpé la
réforme en trois blocs. « On laissera six mois à un an, le temps d'évaluer
l'entrée en vigueur de ce premier bloc, avant que d'autres présidences
tournantes ne se chargent de faire adopter le deuxième bloc, confie-t-on place
Beauvau. De nouveau, on prendra six mois à un an pour évaluer la
situation. Et, si la confiance revient entre les États, on pourra adopter le
troisième bloc. »
Un
« conseil Schengen » des ministres de l'Intérieur
La France propose également de créer un « conseil
Schengen » des ministres de l'Intérieur qui se réunirait régulièrement, à
l'instar de l'Eurogroupe pour la zone euro, afin d'assurer le pilotage de
l'espace Schengen. Elle tentera l'essai début mars, à charge pour les
présidences suivantes de poursuivre l'initiative. Ce conseil serait un
lieu d'échanges d'informations sur les risques d'intrusion et pourrait « donner
les grandes orientations en cas de crise », explique-t-on à l'Élysée. Le
président de la République a également proposé de créer un mécanisme
d'intervention intergouvernemental rapide en cas de crise aux frontières
extérieures. Les États membres pourraient ainsi fournir de l'aide, par exemple,
à la Pologne ou aux États baltes qui le souhaitent si le régime biélorusse
projetait de nouveau une invasion migratoire à des fins de déstabilisation
politique.
Ce mécanisme, à vrai dire, contourne le rôle dévolu à l'agence Frontex.
La Pologne répugne à faire appel à Frontex car l'agence est tenue de respecter
les droits fondamentaux des demandeurs d'asile. Des officiers des droits
fondamentaux, au sein de Frontex, sont chargés d'établir des rapports et de
sonner l'alerte si un État membre procède à des push-back (renvois
sans examen des demandes d'asile). On comprend que certains États membres n'ont
pas envie que Frontex traîne dans leurs pattes et rapporte des choses,
disons, indélicates.
Par ailleurs, la Commission a également préparé à l'égard de huit
pays d'origine un paquet de mesures qui visent à améliorer la reprise des
déboutés du droit d'asile. Sans coopération de ceux-ci, ils n'auront plus de
visas. C'est donnant-donnant. La liste des huit pays n'a pas été ébruitée à ce
jour. Mais il est assez aisé d'imaginer qu'il s'agit des pays africains les
moins coopératifs quant à la délivrance des laissez-passer consulaires…
La
Pologne et la Hongrie n'ont pas dit non
Emmanuel Macron a-t-il une chance de réussir là où tous ses prédécesseurs
ont échoué ? Il s'est rendu à Budapest, le 13 décembre, lors de la
rencontre du groupe de Visegrad. Mais, à l'époque, l'approche française n'était
pas encore assez mûre pour la partager avec les quatre plus hauts représentants
polonais, slovaque, tchèque et hongrois. Néanmoins, il y a eu depuis deux
Coreper (réunions des ambassadeurs de l'UE) durant lesquelles la méthodologie
française a été exposée aux partenaires européens. « Notre approche a été
bien reçue », indique une source française. Il faut rester prudent. Le
sujet migratoire est souvent instrumentalisé sur la scène nationale à des fins
de clivage politique.
Or la Hongrie de Viktor Orban est dans une phase de campagne
législative jusqu'au 4 avril. Donc, à tout moment, le leader hongrois peut
avoir besoin de taper sur Bruxelles à des fins de politique intérieure. Quant à
la Pologne, elle se voit réclamer une amende de plus de 70 millions
d'euros (qui augmente à raison de 1,5 million d'euros par jour !) à
la fois sur l'État de droit et sur l'exploitation d'une mine de charbon aux
effets nocifs pour la République tchèque voisine. Ces deux pays seront-ils
d'humeur à jouer collectif ? Un point positif qu'Emmanuel Macron prend
toutefois en compte pour réussir son pari : Varsovie a pu compter sur la
solidarité européenne quand le régime de Loukachenko a jeté sur sa frontière de
pauvres migrants grelottants trompés sur leurs chances de réussite. La
diplomatie européenne s'est déployée pour tarir les vols vers Minsk.
Le PiS, le parti au pouvoir à Varsovie, ne peut pas totalement l'oublier…
Va-t-il rendre la monnaie par une attitude enfin constructive ?
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Alors que
ce sujet plus que sérieux touche tous les pays d’Europe et occidentaux et qu’en
France les français en souffrent s’en plaignent car on n’arrive plus à gérer et
assimiler ces flux migratoires qui ont augmenté notamment depuis 2001 avec ces
guerres moyen-orientales et la gestion ceux de l’Afrique francophone ex
colonies AOF/AEF et Maghreb d’Afrique du nord et surtout après que certains de
nos dirigeants aient voulu jouer aux pacificateurs en Lybie, Syrie, Irak, Afghanistan
et ces fameux printemps arabes initiatives utopiques de nos bienpensants
donneurs de leçons hypocrites arrogants
qui voulaient imposer la démocratie et cultures qu’ils n’ont pas !
Jusqu’à ces
accords du Touquet en France qui ne marche pas avec l’Angleterre qui a quitté l’Union
européenne avec son brexit pour cette immigration devenue ingérable initiée par
N.SARKOZY fiasco retentissant pour empêcher ces camps sauvages de migrants à CALAIS
qui maintenant essaient de traverser la Manche par divers cotes de la France du
nord !
Ça aussi
cela fait 40 ans que cela dure, mais en éternelle augmentation et comme
par hasard notre président s’en rend compte maintenant de qui se moque-il ?!
(Alors
que par exemple Mme Merkel en a accueilli des centaines de milliers de migrants
sur son sol parce qu’elle avait besoin de main-d’œuvre !)
Donc c’est
un fait acquit notre président se moque des Français ainsi que son gouvernement
de pattes cassées !
Alors qu’ils
le fassent, ces français pleutres qui se disent « on sait ce que l’on n’a,
pas ce que l’on aurait » et revotent pour lui puisqu’ils sont bornés et
stupides cela ne fera que 5 ans de plus à le supporter, il faut dire qu’avec la
kyrielle de ses opposants plus que médiocres ils ont trop de choix minables ou
alors certains autres s’abstiendront on peut les comprendre, mais c’est improductif
!
Jdeclef 02/02/2022 12h12
Tant que cette censure arbitraire de ces modérateurs du POINT foulera au pied la liberté d'expression qui est inscrite dans notre constitution elle fera plus de mal que de bien de toute façon ce commentaire est publié sur d'autres réseaux que tout le monde peut lire donc c'est inutile et pas digne de cet hebdo et de sa rédaction qui doit rouler pour ce pouvoir médiocre en place désolé de le dire !
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