lundi 28 février 2022

C'est peut-être une pause et reculer pour mieux faire sauter KIEV !?


 

« Les Russes ne semblent pas rechercher activement le combat de contact »

ENTRETIEN. Alors que l’on commence à parler d’enlisement russe, le stratégiste Benoist Bihan détaille la spécificité de l’invasion de l’Ukraine.

Stratégiste, Benoist Bihan est l'auteur de La guerre : la penser & la faire. Il est aussi le conseiller sur les affaires de stratégie militaire de la revue Guerres et Histoire. Il est notamment spécialisé dans l'analyse de la pensée militaire russe. Quatre jours après le début de l'offensive russe en Ukraine, Benoist Bihan répond aux questions du Point.

Le Point : Comment, après quatre jours, analysez-vous la stratégie russe de l'invasion de l'Ukraine ?

Benoist Bihan : Elle ne répond pas exactement au script prévu d'une offensive brutale, massive, qui aurait correspondu au concept central de l'armée russe, en continuité du reste avec l'URSS : agir simultanément sur toute la profondeur d'un terrain opérationnel. On le voit à plusieurs indices. D'abord, le faible usage du complexe reconnaissances-frappes (drones, satellites, radars), dont les Américains se sont inspirés à partir des années 1980. Les Russes n'ont pas fait usage de tout leur arsenal, en particulier, ils ne semblent pas recourir à des bombardements d'artillerie massifs. Ils se sont contentés, les deux premiers jours, d'employer des missiles de croisière de précision très ciblés, auxquels ils ont recouru avec retenue – il est vrai que leur réserve est assez limitée –, à l'encontre des aéroports, des ports, avant tout pour isoler les Ukrainiens au niveau de leur approvisionnement.

C'est la stratégie principale : montrer aux Ukrainiens qu'ils sont seuls, que l'Otan ne pourra pas venir à leur aide. Mais les Russes, on le remarque sur les cartes, n'ont pratiquement pas touché à la partie ouest du pays, laissant une énorme zone tampon, à l'ouest du Dniepr, avec la Roumanie et la Pologne. Certes, c'est à l'Est que se situe le gros des troupes ukrainiennes, mais cette concentration russe se retrouve dans le faible usage de l'infanterie, un gros tiers pour l'instant des groupes de bataillons à disposition. On le remarque aussi à la faible intensité des mouvements russes, ce qui peut donner l'impression, à mon avis fausse, d'un début d'enlisement. On le remarque enfin au faible emploi des chars : les Russes n'ont pas (encore) engagé un combat de très haute intensité, ils ne semblent pas rechercher activement le combat de contact. En conclusion, la ligne russe apparaît être de mettre une pression progressive sur les Ukrainiens afin de les obliger à prendre la porte de sortie de la négociation. D'où les propositions, émises dès vendredi, de pourparlers.

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Les pays occidentaux, les médias commencent à parler d'enlisement. Prend-on nos rêves pour la réalité ?

Dans toute guerre, il y a plusieurs perceptions. Depuis plusieurs décennies domine la perception médiatique, amplifiée par l'information en continu, qui propose un récit linéaire, du déclenchement des opérations à la victoire sans solution de continuité : dès lors, tout ralentissement est vu comme un enlisement. Or, dans une opération militaire, il y a des moments de pause, de réévaluation, d'attente de la réaction de l'adversaire, de redéploiement. Souvenons-nous de l'invasion américaine de l'Irak. Au bout d'une semaine, les Américains, sur la route de Bagdad, ont marqué une pause. Les médias, aussitôt, ont parlé d'enlisement. Or il s'agissait juste d'une décision d'ordre principalement logistique, assumée des Américains. Donc, méfions-nous. Le ministère de la Défense britannique évoque des soucis logistiques des Russes, sur le territoire ukrainien, pour l'acheminement motorisé entre les points d'appui et les unités de pointe, soucis qui seraient notamment provoqués par une guérilla ukrainienne. À voir. Il ne s'est écoulé que quatre jours. Quel rythme les Russes ont-ils prévu ? On l'ignore. Mais une chose est certaine, le tempo médiatique n'est pas le tempo militaire.

Pourquoi, si les Russes souhaitent pousser l'Ukraine à négocier, n'ont-ils pas d'emblée fait usage du maximum de force avec brutalité ?

Je suis frappé de constater le faible nombre de pertes civiles. Les Russes, à cet égard, sont prudents, non pas tant pour l'opinion occidentale que pour les opinions publiques russe et ukrainienne. Les Ukrainiens sont les cousins des Russes, on s'efforce de ne pas tuer les cousins. En revanche, les Russes ne feront pas de quartier avec ceux qu'ils appellent les « nazis », les ultranationalistes, le régiment Azov notamment. L'Ukraine a beaucoup communiqué sur la liquidation de ses 13 gardes-côtes sur la petite île des Serpents au large d'Odessa, or, les autorités russes se sont empressées de démentir en prétendant qu'ils avaient été seulement capturés. Ce genre de rectification est significative : les Russes veulent signifier leur retenue – toute relative, bien sûr.

Si elle avait voulu marquer le coup, elle aurait anticipé un déploiement avant l’invasion de jeudi matin.

À partir de quand bascule-t-on dans une guerre d'enlisement ?

Dès lors qu'on s'installera dans un combat urbain caractérisé. C'est du reste le pari que fait l'Otan, ou certains pays, comme l'Allemagne ou la Belgique, en livrant des lance-roquettes, des mitrailleuses, matériel adapté à ce type de combat. Ce que débloquent ces pays, c'est un armement d'infanterie, antiaérien (hélicoptère), antichar. Les jours à venir seront bien sûr essentiels : les Ukrainiens vont-ils craquer ? Ou vont-ils entraîner les Russes dans un type de guerre où ceux-ci ne seront pas à l'aise, une guerre plus longue du type Irak, Afghanistan, avec des zones d'insécurité permanentes, des patrouilles en danger… 

Vladimir Poutine annonce mettre en alerte la « force de dissuasion » nucléaire russe. Faut-il s'en inquiéter ?

La mise en alerte des forces nucléaires russes s'inscrit, me semble-t-il, dans la même logique de pression graduelle et d'isolement politique de l'Ukraine : c'est une réaction à l'annonce de livraison d'armes, mesure visible de soutien des pays de l'Otan et en particulier des pays européens. Les Russes rappellent qu'ils ne tolèreront pas d'ingérence plus directe dans le conflit ; ils soulignent qu'ils peuvent empêcher l'Otan d'aider l'Ukraine directement, car la confrontation intègrerait alors une dimension nucléaire. Le message est toujours destiné en premier lieu à Kiev : accédez à nos demandes tant qu'il en est encore temps… Quant aux Occidentaux, Moscou leur signifie que l'affaire est trop sérieuse pour que leurs efforts d'assistance à l'Ukraine aient une chance d'altérer l'issue.

Comment analysez-vous l'engagement de l'Otan ?

Si elle avait voulu marquer le coup, elle aurait anticipé un déploiement avant l'invasion de jeudi matin. Les Américains n'avaient déplacé qu'une brigade de parachutistes, quelques avions, et repositionné des forces depuis l'Allemagne et l'Italie : mouvements symboliques, pas très sérieux face au déploiement russe. Depuis, il est question de la force d'intervention rapide, qui regroupe du terrestre, de l'aérien, de la logistique. Cette force peut monter à 30 000 hommes sur un mois – c'est bien peu vu le contexte. Trois cents Belges, 500 Français viennent de partir dans les pays baltes ; en Roumanie, les Américains sont en train de mettre en place une brigade blindée : tout cela relève de la gesticulation diplomatique, sans grand effet militaire.

Pour l'heure, la seule arme de l'Occident, ce sont les sanctions. Depuis quand déploie-t-on ce type de représailles ?

Le tournant récent a été paradoxalement le lendemain d'une opération militaire très réussie, après la guerre du Golfe en 1991. Les Américains n'ont pas voulu aller jusqu'à Bagdad, laissant Saddam Hussein massacrer les Kurdes et les chiites révoltés : l'Occident a sanctionné sur le plan économique. Par la suite, dans l'administration de Bill Clinton, des théoriciens libéraux, internationalistes, persuadés que les États tiers ne pouvaient se passer de la richesse occidentale, ont eu l'idée d'une contrainte qui passait par des leviers économiques. Cela a duré jusqu'en 2003 et cela a eu zéro effet sur le régime de Saddam Hussein. On reprenait la vieille idée du blocus, réanimée par Roosevelt en 1940, quand il a gelé les avoirs japonais et leurs approvisionnements, notamment d'hydrocarbures, afin de les pénaliser dans leur guerre contre la Chine. Or la conséquence a été Pearl Harbor !

Cela fait trop longtemps que les Occidentaux n'ont que cette arme dans leur jeu et, depuis 2014, la Russie s'est mithridatisée, a entrepris de se débrancher en partie du réseau Swift, en régionalisant la mondialisation, notamment avec la Chine. Cela vaut notamment pour les constructions navales ou l'aéronautique. Autre exemple : depuis 2014, la Russie a entrepris de relocaliser toute la production de turbines pour les navires de guerre, située jusque-là en Ukraine. Elle cherche depuis à diversifier ses approvisionnements. Comme dans tout blocus, les réseaux économiques se réarticulent et, par ailleurs, il se met en place une économie grise, voire illégale ; comment croit-on que la Corée du Nord soit parvenue à l'arme nucléaire alors qu'elle est le pays le plus sanctionné au monde ? Il y a une internationale des pays victimes de sanctions : ces dernières sont donc soumises à la loi des rendements décroissants.

On commence à parler de la guerre numérique que mène la Russie depuis des semaines ? Faut-il la redouter ?

C'est une crainte qu'ont brandie les Américains qui parlaient encore il y a peu d'un possible « Cyber Pearl Harbor ». On joue à se faire peur. Ce type d'attaque est efficace si elle est très ciblée, on l'a vu avec Stuxnet mis au point par les Américains et les Israéliens pour désorganiser le nucléaire iranien. Les Ukrainiens, depuis 2014, sont l'objet de cyberattaques, or, le bilan de celles-ci est très mitigé. Une cyberattaque ne décide pas de l'issue d'une guerre, les Russes sinon n'auraient pas attaqué. Cela nous fait fantasmer, en même temps, cela nous rassure, car une cyberattaque est ennuyeuse, mais un black-out électrique ou une panne de système ne tuent pas.

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Vous évoquiez les pourparlers. Leur préalable est évidemment un cessez-le-feu. Peut-on anticiper les demandes russes ?

Tout dépendra d'elles. Remarquons d'abord que Poutine ne s'adresse plus diplomatiquement à l'Occident, comme il l'a fait pour tromper son monde avant jeudi. Il est trop tôt pour dire si Poutine, ou ses stratèges, comme Valeri Guerassimov, le chef depuis 2012 de l'état-major général, ont une stratégie gagnante, mais l'effet de surprise a été parfaitement réussi malgré des mois de préparation au vu du monde entier. Désormais, Poutine ne s'adresse plus qu'aux Ukrainiens, une autre manière, diplomatique, de leur montrer qu'ils sont seuls. On peut prévoir qu'ils demanderont les « néonazis » ukrainiens, une satellisation des zones du Donbass, sur le modèle de l'Ossétie du Sud ou de la Biélorussie, une reconnaissance par l'Ukraine de l'annexion de la Crimée, et une finlandisation de l'Ukraine, à éloigner à jamais de l'Otan. C'est beaucoup…

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Le maitre du KREMLIN semble peut-être moins sûr de lui, c'est pourquoi il menace à demi-mot d’utiliser la dissuasion nucléaire. 

Car l’armée russe si puissante n’est pas rentrée comme dans une porte ouverte dans KIEV et ne semble pas très motivée pour se battre dans les rues ils ont déjà été stoppés car les Ukrainiens se défendent c’est logique et dans d’autres villes de leur pays !

Ils ont mobilisé tous les hommes en âges de se battre et voient bien que la communauté européenne et occidentale fait bloc pour les aider en matériel militaire et aides logistiques diverses même si elle ne veut pas s’engager à envoyer des soldats pour se battre contre l’armée russe pour éviter une guerre qui deviendrait mondiale avec les conséquences induites de tous les pays y ayant participé !

Mais attention aux fausses négociations à engager avec l’armée russe car c’est surtout POUTINE qui décide de tout il ne faut pas que les Ukrainiens ne tombent pas dans un piège de négociations qui ne profiteront qu’a la Russie Poutinienne

En , Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine, affirme que « le respect des accords de Minsk signifie la destruction du pays. Lorsqu'ils ont été signés sous la menace armée des Russes - et sous le regard des Allemands et des Français - il était déjà clair pour toutes les personnes rationnelles qu'il était impossible de mettre en application ces documents »

Donc POUTINE fait comme HITLER qui disait que les traités n’étaient que des chiffons de papier signés à l’époque qui a déclenché la 2eme guerre mondiale par l’invasion de la Pologne malgré les signataires des 1ers ministres de la France DALADIER et de l’Angleterre CHAMBERLAIN !

L’histoire se répétera tant qu’il y aura des dirigeants dictateurs et de gouvernements autoritaires partout dans le monde et ces genres de personnages ou individus instables que doivent surveiller nos dirigeants occidentaux des pays libres et démocratiques !

Et çà on ne le fait plus sérieusement de la part de nos dirigeants bienpensants qui ne pratiquent que le politiquement correct hypocrite et avec cette ONU inutile et inefficace car ils se croient dans un monde en paix depuis la fin de la guerre froide une erreur impardonnable !

Jdeclef 28/02/2022 14h39

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