« Les
Russes ne semblent pas rechercher activement le combat de contact »
ENTRETIEN.
Alors que l’on commence à parler d’enlisement russe, le stratégiste Benoist
Bihan détaille la spécificité de l’invasion de l’Ukraine.
Stratégiste,
Benoist Bihan est l'auteur de La guerre : la penser & la faire.
Il est aussi le conseiller sur les affaires de stratégie militaire de la revue Guerres et
Histoire. Il est notamment spécialisé dans l'analyse de la pensée
militaire russe. Quatre jours après le début de l'offensive russe en Ukraine,
Benoist Bihan répond aux questions du Point.
Le Point : Comment, après quatre jours, analysez-vous la
stratégie russe de l'invasion de l'Ukraine ?
C'est la stratégie principale : montrer aux Ukrainiens qu'ils
sont seuls, que l'Otan ne pourra pas venir à leur aide. Mais les Russes,
on le remarque sur les cartes, n'ont pratiquement pas touché à la partie ouest
du pays, laissant une énorme zone tampon, à l'ouest du Dniepr, avec la Roumanie
et la Pologne. Certes, c'est à l'Est que se situe le gros des troupes
ukrainiennes, mais cette concentration russe se retrouve dans le faible usage
de l'infanterie, un gros tiers pour l'instant des groupes de bataillons à
disposition. On le remarque aussi à la faible intensité des mouvements russes,
ce qui peut donner l'impression, à mon avis fausse, d'un début d'enlisement. On
le remarque enfin au faible emploi des chars : les Russes n'ont pas
(encore) engagé un combat de très haute intensité, ils ne semblent pas
rechercher activement le combat de contact. En conclusion, la ligne russe
apparaît être de mettre une pression progressive sur les Ukrainiens afin de les
obliger à prendre la porte de sortie de la négociation. D'où les propositions,
émises dès vendredi, de pourparlers.
Guerre
Ukraine-Russie : Washington dénonce une escalade
« inacceptable »
Les pays occidentaux, les médias commencent à parler
d'enlisement. Prend-on nos rêves pour la réalité ?
Pourquoi, si les Russes souhaitent pousser l'Ukraine à négocier,
n'ont-ils pas d'emblée fait usage du maximum de force avec
brutalité ?
Je suis frappé de constater le faible nombre de pertes civiles.
Les Russes, à cet égard, sont prudents, non pas tant pour l'opinion occidentale
que pour les opinions publiques russe et ukrainienne. Les Ukrainiens sont les
cousins des Russes, on s'efforce de ne pas tuer les cousins. En revanche, les
Russes ne feront pas de quartier avec ceux qu'ils appellent les
« nazis », les ultranationalistes, le régiment Azov notamment.
L'Ukraine a beaucoup communiqué sur la liquidation de ses 13 gardes-côtes
sur la petite île des Serpents au large d'Odessa, or, les autorités russes
se sont empressées de démentir en prétendant qu'ils avaient été seulement
capturés. Ce genre de rectification est significative : les Russes veulent
signifier leur retenue – toute relative, bien sûr.
À partir de quand bascule-t-on dans une guerre d'enlisement ?
Dès lors qu'on s'installera dans un combat urbain caractérisé.
C'est du reste le pari que fait l'Otan, ou certains pays, comme l'Allemagne ou
la Belgique, en livrant des lance-roquettes, des mitrailleuses, matériel adapté
à ce type de combat. Ce que débloquent ces pays, c'est un armement
d'infanterie, antiaérien (hélicoptère), antichar. Les jours à venir seront bien
sûr essentiels : les Ukrainiens vont-ils craquer ? Ou vont-ils
entraîner les Russes dans un type de guerre où ceux-ci ne seront pas à l'aise,
une guerre plus longue du type Irak, Afghanistan, avec des zones d'insécurité
permanentes, des patrouilles en danger…
Vladimir Poutine annonce mettre en alerte la « force de
dissuasion » nucléaire russe. Faut-il s'en inquiéter ?
La mise en alerte des forces nucléaires russes s'inscrit, me
semble-t-il, dans la même logique de pression graduelle et d'isolement
politique de l'Ukraine : c'est une réaction à l'annonce de livraison
d'armes, mesure visible de soutien des pays de l'Otan et en particulier des
pays européens. Les Russes rappellent qu'ils ne tolèreront pas d'ingérence plus
directe dans le conflit ; ils soulignent qu'ils peuvent empêcher l'Otan
d'aider l'Ukraine directement, car la confrontation intègrerait alors une
dimension nucléaire. Le message est toujours destiné en premier lieu à
Kiev : accédez à nos demandes tant qu'il en est encore temps… Quant aux
Occidentaux, Moscou leur signifie que l'affaire est trop sérieuse pour que
leurs efforts d'assistance à l'Ukraine aient une chance d'altérer l'issue.
Comment analysez-vous l'engagement de l'Otan ?
Si elle avait voulu marquer le coup, elle aurait anticipé un
déploiement avant l'invasion de jeudi matin. Les Américains n'avaient déplacé
qu'une brigade de parachutistes, quelques avions, et repositionné des forces
depuis l'Allemagne et l'Italie : mouvements symboliques, pas très
sérieux face au déploiement russe. Depuis, il est question de la force
d'intervention rapide, qui regroupe du terrestre, de l'aérien, de la
logistique. Cette force peut monter à 30 000 hommes sur un mois – c'est
bien peu vu le contexte. Trois cents
Belges, 500 Français viennent de partir dans les pays
baltes ; en Roumanie, les Américains sont en train de mettre en place une
brigade blindée : tout cela relève de la gesticulation diplomatique, sans
grand effet militaire.
Pour l'heure, la seule arme de l'Occident, ce sont les sanctions.
Depuis quand déploie-t-on ce type de représailles ?
Le tournant récent a été paradoxalement le lendemain d'une
opération militaire très réussie, après la guerre du Golfe en 1991. Les
Américains n'ont pas voulu aller jusqu'à Bagdad, laissant Saddam Hussein
massacrer les Kurdes et les chiites révoltés : l'Occident a sanctionné sur
le plan économique. Par la suite, dans l'administration de Bill Clinton, des
théoriciens libéraux, internationalistes, persuadés que les États tiers ne
pouvaient se passer de la richesse occidentale, ont eu l'idée d'une contrainte
qui passait par des leviers économiques. Cela a duré jusqu'en 2003 et
cela a eu zéro effet sur le régime de Saddam Hussein. On reprenait la vieille
idée du blocus, réanimée par Roosevelt en 1940, quand il a gelé les avoirs
japonais et leurs approvisionnements, notamment d'hydrocarbures, afin de les
pénaliser dans leur guerre contre la Chine. Or la conséquence a été Pearl
Harbor !
Cela fait trop longtemps que les Occidentaux n'ont que cette arme
dans leur jeu et, depuis 2014, la Russie s'est mithridatisée, a entrepris de se
débrancher en partie du réseau Swift, en régionalisant la mondialisation,
notamment avec la Chine. Cela vaut notamment pour les constructions navales ou
l'aéronautique. Autre exemple : depuis 2014, la Russie a entrepris de
relocaliser toute la production de turbines pour les navires de guerre, située
jusque-là en Ukraine. Elle cherche depuis à diversifier ses approvisionnements.
Comme dans tout blocus, les réseaux économiques se réarticulent et, par
ailleurs, il se met en place une économie grise, voire illégale ; comment
croit-on que la Corée du Nord soit parvenue à l'arme nucléaire alors qu'elle
est le pays le plus sanctionné au monde ? Il y a une internationale des
pays victimes de sanctions : ces dernières sont donc soumises à la loi des
rendements décroissants.
On commence à parler de la guerre numérique que mène la Russie
depuis des semaines ? Faut-il la redouter ?
C'est une crainte qu'ont brandie les Américains qui parlaient
encore il y a peu d'un possible « Cyber Pearl Harbor ». On joue à se
faire peur. Ce type d'attaque est efficace si elle est très ciblée, on l'a vu
avec Stuxnet mis au point par les Américains et les Israéliens pour
désorganiser le nucléaire iranien. Les Ukrainiens, depuis 2014, sont l'objet de
cyberattaques, or, le bilan de celles-ci est très mitigé. Une cyberattaque ne
décide pas de l'issue d'une guerre, les Russes sinon n'auraient pas attaqué.
Cela nous fait fantasmer, en même temps, cela nous rassure, car une
cyberattaque est ennuyeuse, mais un black-out électrique ou une panne de
système ne tuent pas.
Cyberguerre :
« Pour l'instant, la Russie n'a pas mobilisé l'ensemble de ses
capacités »
Vous évoquiez les pourparlers.
Leur préalable est évidemment un cessez-le-feu. Peut-on anticiper les demandes
russes ?
Tout dépendra d'elles. Remarquons d'abord que Poutine ne s'adresse
plus diplomatiquement à l'Occident, comme il l'a fait pour tromper son monde
avant jeudi. Il est trop tôt pour dire si Poutine, ou ses stratèges, comme Valeri
Guerassimov, le chef depuis 2012 de l'état-major général, ont une
stratégie gagnante, mais l'effet de surprise a été parfaitement
réussi malgré des mois de préparation au vu du monde entier. Désormais,
Poutine ne s'adresse plus qu'aux Ukrainiens, une autre manière, diplomatique,
de leur montrer qu'ils sont seuls. On peut prévoir qu'ils demanderont les
« néonazis » ukrainiens, une satellisation des zones du Donbass, sur
le modèle de l'Ossétie du Sud ou de la Biélorussie, une reconnaissance par
l'Ukraine de l'annexion de la Crimée, et une finlandisation de l'Ukraine, à
éloigner à jamais de l'Otan. C'est beaucoup…
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Le maitre
du KREMLIN semble peut-être moins sûr de lui, c'est pourquoi il menace à
demi-mot d’utiliser la dissuasion nucléaire.
Car l’armée
russe si puissante n’est pas rentrée comme dans une porte ouverte dans KIEV et
ne semble pas très motivée pour se battre dans les rues ils ont déjà été stoppés
car les Ukrainiens se défendent c’est logique et dans d’autres villes de leur pays !
Ils ont mobilisé
tous les hommes en âges de se battre et voient bien que la communauté européenne
et occidentale fait bloc pour les aider en matériel militaire et aides
logistiques diverses même si elle ne veut pas s’engager à envoyer des soldats pour
se battre contre l’armée russe pour éviter une guerre qui deviendrait mondiale
avec les conséquences induites de tous les pays y ayant participé !
Mais
attention aux fausses négociations à engager avec l’armée russe car c’est surtout
POUTINE qui décide de tout il ne faut pas que les Ukrainiens ne tombent pas dans
un piège de négociations qui ne profiteront qu’a la Russie Poutinienne
En , Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de
sécurité nationale et de défense de l'Ukraine, affirme que « le respect des accords de Minsk signifie la
destruction du pays. Lorsqu'ils ont été signés sous la menace armée des Russes
- et sous le regard des Allemands et des Français - il était déjà clair pour
toutes les personnes rationnelles qu'il était impossible de mettre en application
ces documents »
Donc POUTINE
fait comme HITLER qui disait que les traités n’étaient que des chiffons de papier
signés à l’époque qui a déclenché la 2eme guerre mondiale par l’invasion de la Pologne
malgré les signataires des 1ers ministres de la France DALADIER et de l’Angleterre
CHAMBERLAIN !
L’histoire
se répétera tant qu’il y aura des dirigeants dictateurs et de gouvernements
autoritaires partout dans le monde et ces genres de personnages ou individus
instables que doivent surveiller nos dirigeants occidentaux des pays libres et
démocratiques !
Et çà on
ne le fait plus sérieusement de la part de nos dirigeants bienpensants qui ne
pratiquent que le politiquement correct hypocrite et avec cette ONU inutile et inefficace
car ils se croient dans un monde en paix depuis la fin de la guerre froide une
erreur impardonnable !
Jdeclef 28/02/2022
14h39
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire