Entre
confessions et volonté de protection, Le Pen se rêve en « mutti »
française
À Reims,
la candidate du RN a créé la surprise en livrant pour la première fois un
discours très personnel, destiné à ancrer son lien privilégié avec les
Français.
Elle
sera « la candidate du peuple », pas celle des concepts. La candidate
« des solutions », pas celle des « folles promesses ». La
candidate qui réconciliera une nation « fracturée », quand d'autres
la divisent… À Reims, ce week-end, Marine Le Pen est allée plus
loin qu'elle ne l'avait jamais osé pour incarner ce rôle de « mutti »
protectrice d'un pays laminé, auquel elle serait – par nature et à
l'inverse de ses opposants – structurellement connectée.
Avant que son discours ne s'achève sur la scène du parc des
expositions, devant plus de 4 000 militants agitant pancartes et drapeaux,
la voilà qui lâche son pupitre et s'avance, tandis que les lumières se
tamisent. « Je vais prendre quelques minutes pour vous parler de
moi… » Et la voix parfois vacillante, celle qui a « escaladé la
politique par la face nord » se jette dans le vide. Évoque la
« violence politique » découverte quand elle était « petite fille »,
rejetée par ses camarades – « des persécutions qui me font honnir
aujourd'hui toute idée de discrimination ». Parle de l'attentat de la
Villa Poirier quand elle avait 8 ans – vingt kilos d'explosifs
soufflent alors une partie de son immeuble, visant Jean-Marie Le Pen. Du
divorce parental « ultra-médiatisé » qui blesse l'adolescente, de sa
carrière d'avocate, des trois enfants élevés seule – « trois en un an, je
prends les paris dans la salle » –, de la politique qui l'a « tirée
par le bras ».
« J'ai beaucoup appris, j'ai tâtonné, j'ai parfois échoué…
Mais si je suis tombée, je me suis toujours relevée », défie la candidate,
qui assure ne plus craindre aucune « trahison », aucune
« manœuvre ». La stupeur dans la salle précède un tonnerre
d'applaudissements… « Il y a un parallèle entre la France qui souffre
depuis trente ans, et Marine qui sait ce qu'est la souffrance. Sur le terrain,
les gens sentent qu'elle les comprend… » décrypte, à l'arrière-scène,
le directeur adjoint de sa campagne Jean-Philippe Tanguy, qui la presse depuis
des mois de s'ouvrir davantage, pour briser enfin le fameux « plafond de
verre ». « Elle s'est libérée de toutes les influences des
précédentes campagnes, et a senti que c'était le moment, avec les coups, les
trahisons encaissées depuis un mois… »
Marine Le Pen aurait décidé seule, en milieu de semaine, de
modifier son discours… travaillé jusqu'à la dernière seconde, dans un salon
privé du parc des expositions. Personnellement, l'étape est symbolique :
jamais Marine Le Pen n'avait osé mêler aussi directement intime et stratégie.
Et politiquement, l'audace paie : alors que les médias s'apprêtaient à
compter les points entre elle et Éric Zemmour au soir d'une journée de double
meeting, la démonstration de force de son concurrent, à Lille, repasse à
l'arrière-plan. « Marine est en train d'écrire un nouveau récit politique,
commente l'un de ses fidèles. C'est brillant… »
Un récit qu'elle s'est attaché à construire tout au long du
week-end, multipliant les symboles destinés à mettre en lumière le gouffre qui
la sépare de ses concurrents. Emmanuel Macron, d'abord, qu'elle veut désigner
comme son principal adversaire, et qu'elle éreinte dans son discours : un
président qui a « méthodiquement saccagé la France », et dont
« le quinquennat fut un immense chaos, avec des crises à répétition »
qu'il a lui-même « provoquées et entretenues. […] Notre société se
retrouve fracturée comme jamais ». Elle se promet de soigner une France
« polytraumatisée ».
Mais sans que son nom ne soit jamais prononcé, c'est aussi Éric
Zemmour qui était visé… Ce concurrent, avec lequel elle partage nombre de
propositions, devenu un adversaire résolu à briser son élan, pour récupérer les
voix de cette droite nationale qu'il prétend intégrer avec la droite classique
dans un grand parti conservateur. Éric Zemmour, répète-t-elle en privé,
« veut sauver la droite, pas la France. […] Il ne connaît pas le
peuple dont il parle ». Et quand lui poursuit une campagne émaillée
de meetings monstres et de propositions-chocs, elle s'attache à labourer le
terrain, se répétant l'adage : « Patience et longueur de temps font
plus que force ni que rage... »
À Reims ce samedi, le contraste était poussé à l'extrême, dans le
vaste hall où les militants venus de toute la France avaient dressé des stands
régionaux, partageant rillettes et pâtés locaux dans une ambiance
familiale, avant de repartir sillonner les marchés à bord
de 13 bus, floqués d'un portrait géant de leur candidate.
« Zemmour ? Il m'a séduit au début, mais je ne l'écoute plus »,
rigole Michel-Pierre, militant venu de Haute-Garonne. « Marine dit des
choses sensées, elle a les pieds sur terre. » « C'est sa
meilleure campagne, et de loin ! » appuie Soufiane Achchtoui,
militant à Moisac. « En 2017, je n'y croyais pas vraiment, mais cette fois
le regard des gens a changé, je pense qu'elle a une chance… Elle a tellement
travaillé. »
EXCLUSIF. La campagne Pécresse recense les « sympathies
nazies » de l'équipe Zemmour
Dans les allées se presse le cœur de l'électorat mariniste,
issu de ces classes populaires hantées par le déclassement et les fins de mois
difficiles. « Il en connaît quoi Zemmour, des
problèmes ? » lance Lucie, une jeune femme en collants léopard,
venue avec ses deux filles. « Donner 10 000 euros aux gens pour
qu'ils fassent des bébés à la campagne, c'est insultant », siffle cette
mère célibataire, qui vit en zone périurbaine « parce que c'est là qu'il y
a du travail ». Fendant la foule, Marine Le Pen embrasse, prend des
photos, avant de détailler longuement, sur une scène bleue turquoise encadrée
d'un M lumineux, son programme sur l'immigration, la justice, la sécurité,
l'hôpital, la famille… Et sur le pouvoir d'achat.
« Il ne suffit pas d'aller dans le Nord pour montrer qu'on a une fibre sociale », griffe l'eurodéputé Thierry Mariani, rappelant qu'Éric Zemmour a longtemps jugé ce sujet « secondaire. » À 64 jours du premier tour, Marine Le Pen n'entend pas se laisser supplanter sur ses thèmes de prédilection par « un intellectuel hors-sol » et « un président-Jupiter déconnecté des réalités ». « La France des oubliés, c'est moi qui l'ai théorisée et construit un programme autour », tempête-t-elle en privé. Au fond du hall, entre les stands, l'orchestre qui fait rouler des chansons populaires entame le chant de révolte antifasciste « Bella Ciao ». La « normalisation » rencontre sa limite… Quelqu'un le fait poliment taire[
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Elle ne fait plus peur à personne et au bon
peuple gogo, bien qu'étant la vraie représentante de cette extrême droite en peaufinant
la légitimité de son parti politique RN ex FN changement de noms habituels que
l’on trouve aussi dans la droite classique LR dite normale après de multiples
noms depuis des décennies dans ce cinéma médiato politique pour faire croire
aux gogos d’électeurs que ces leaders que ces droites changent ce qui n’est pas
le cas !
Et pour M. LE PEN leader de cette droite pourtant
extrême, mais édulcorée pour essayer gommer l’héritage de la marque indélébile
de son père J.M. LE PEN !
Car ayant surement conscience qu’elle ne sera
jamais élue, (mais elle a mis du temps à le comprendre) que les Français n’étant
pas murs pour les extrêmes droite ou gauche et que ces partis ne servent qu’à
protester contre les pouvoirs en place !
Pour résumer ces genres de partis sont inutiles
et pollue la démocratie dans cette V eme république monarchique qui donne trop
de pouvoir à un seul homme par ces 2 tours de scrutins !
Donc automatiquement, surtout depuis les
derniers quinquennats le président sortant (ou nouveau venu voire d’un parti
classique droite ou gauche) sont forcément élus par défaut pour éviter l’élection
d’un candidat de cette extrême droite ou équivalente qui se trouve opposé à n’importe
quel autre comme MACRON l’opportuniste sorti de nulle part en 2017 ?!
Et tant que l’on ne changera pas ce système électoral
et cette Vème république obsolète ce mauvais scénario se reproduira (avec en
plus la multitude de candidats médiocres dans des campagne électorales
lamentables comme celle-ci de 2022 !)
C’est cela qu’il faut changer et c’est aux français
de le demander en agissant entre autres sur les élections législatives pour
désigner leurs députés !
Jdeclef 07/02/2022 14h48
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