dimanche 24 novembre 2019

Le président aurait dit que ceux qui ferons la grève le 5/12 sont ceux qui veulent qu'on ne touche pas aux régimes spéciaux, pas totalement faux, mais pas seulement !


EXCLUSIF. Retraites : vers un enterrement de la « clause du grand-père »

Lors d'un dîner à l'Élysée, les pontes de la macronie ont dézingué le dispositif destiné à faire avaler la réforme, même en le limitant à une seule profession.

Mardi 10 novembre à l'Élysée. Il fait nuit. Emmanuel Macron accueille ses invités triés sur le volet pour un de ces dîners discrets ouverts aux seuls poids lourds de son entourage. Autour du président, ce soir-là, s'attablent les ministres en charge des retraites, Agnès Buzyn et Jean-Paul Delevoye, mais aussi celui des Comptes publics, le très politique Gérald Darmanin. À leur côté, deux figures du MoDem, les alliés politiques de Macron, Marielle de Sarnez et François Bayrou. Mais aussi les cadres de la majorité : Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale et Stanislas Guerini, le jeune patron de La République en marche, accompagnés de Gilles Le Gendre, à la tête des troupes macronistes au Parlement.
Outre le plan d'urgence pour l'hôpital qui sera présenté le lendemain matin, les présents abordent un point crucial : comment faire face à la fronde sociale qui s'annonce contre la réforme des retraites à partir du 5 décembre avec la grève reconductible à la SNCF et à la RATP ? « Il fallait vérifier et consolider l'alignement de la majorité sur la réforme des retraites », explique un participant.
Sous les ors de la République, les convives mènent une discussion très politique. Une question centrale finit par s'imposer : faut-il accorder la fameuse « clause du grand-père » à tout le monde pour mieux faire avaler la grande réforme du système actuel de retraite promise par le chef de l'État pendant sa campagne ? Cela signifierait que le nouveau régime universel par points promis par Emmanuel Macron ne s'appliquerait qu'aux nouveaux entrants sur le marché du travail à la date de sa mise en place. Autrement dit, aux jeunes nés à partir du début des années 2000 si le nouveau système voit le jour en 2025 comme prévu jusqu'à présent. Il viendrait alors s'ajouter aux 42 régimes de retraite existants jusqu'à l'extinction de tous les autres, une fois le dernier actif parti à la retraite, plus de 40 ans plus tard.
Ce n'est pas la clause du grand-père, c'est la clause de la Saint-Glinglin
Rapidement, un consensus se dégage. Cette piste, pourtant soumise à la concertation avec les syndicats et le patronat quelques semaines auparavant, n'est pas une bonne idée. « Ma position est très simple, et elle n'est pas éloignée de celle des uns et des autres, je n'y suis pas très favorable, témoigne Stanislas Guerini. Sincèrement, c'était un mauvais débat parce qu'il nous a éloignés de celui qui devrait avoir lieu sur les grands principes de la réforme. » Une version confirmée par plusieurs participants. « Ce n'est pas la clause du grand-père, c'est la clause de la Saint-Glinglin. On ne peut pas attendre la Saint-Ginglin pour que la réforme produise ses effets », commente un autre. « L'idée de faire une clause du grand-père généralisée validerait l'idée que la réforme n'est pas une réforme bénéfique pour les Français », renchérit le député du nord de Paris, Stanislas Guerini.
Une position similaire à celle qu'avait exprimée le haut-commissaire chargé de la réforme, Jean-Paul Delevoye, qui n'avait pas pu s'empêcher d'exprimer son opposition publiquement avant d'être recadré par Emmanuel Macron et Édouard Philippe.
On va pas faire une réforme spéciale des régimes spéciaux !
Le haut-commissaire semble même avoir gagné sur toute la ligne : il n'y aura pas de clause du grand-père non plus pour quelques professions comme les cheminots de la SNCF ou les salariés de la RATP. « On va pas faire une réforme spéciale des régimes spéciaux ! » s'exclame un des convives. En revanche, ce qui va être soumis aux partenaires sociaux, c'est un éventuel décalage de l'entrée en vigueur de la réforme pour tout le monde. En clair, la génération de 1963 ne serait plus la première à intégrer le nouveau régime, comme cela était évoqué dans le rapport Delevoye de juillet. « La borne pourrait être un peu plus tardive que 1963 », expliquent plusieurs participants, mais si l'année exacte n'est pas encore fixée.

Recentrer le débat sur l'universalité

Tout le monde semble d'accord : il faut arriver à recentrer le débat sur l'objectif de cette réforme des retraites : l'universalité, c'est-à-dire la solidarité entre tous les actifs et non plus seulement profession par profession ; la justice, avec, notamment une redistribution vers les plus petites retraites, à condition d'avoir cotisé suffisamment longtemps avec le passage du minimum de pension à 1 000 euros par mois (85 % du smic) ; et la responsabilité, en ayant un régime de retraite à l'équilibre.
« L'enjeu, c'est de mettre fin ici à une histoire de notre pays qui fait de chaque réforme des retraites quelque chose d'utile, mais à durée déterminée, et qui nécessite constamment de rouvrir le dossier. On veut faire la réforme pour de bon, une fois pour toutes, la der des ders, explique Gilles Le Gendre. On sait que nous aurons des efforts à produire et ils seront plus faciles dans le cadre du nouveau système que dans l'ancien parce qu'il sera plus juste », ajoute le patron des députés LREM en rappelant les majorations accordées aux femmes dès le premier enfant, et non pas à partir du troisième, ou le caractère favorable du système pour les carrières hachées.
On ne voit pas pourquoi on abattrait une carte de notre jeu maintenant
Cette offensive contre la clause du grand-père sonne comme une critique à peine voilée de la position du Premier ministre, Édouard Philippe. Son entourage a tout fait pour maintenir le sujet sur le devant de la scène après que l'option a été écrite noir sur blanc dans un document de négociation distribué aux partenaires sociaux en octobre. Avec l'espoir de montrer que le gouvernement était réellement à l'écoute de ses interlocuteurs pour bâtir la réforme. « Il faut arrêter de croire que Matignon défend la clause du grand-père, s'énerve-t-on dans l'entourage du Premier ministre. On ne voit pas pourquoi on abattrait une carte de notre jeu maintenant. » Pas question de l'exclure à ce stade, au risque de donner l'impression de se contredire. « Dire qu'elle n'est plus sur la table ne me semble pas être la bonne méthode, puisqu'on garde la discussion ouverte sur le rythme de transition », souligne Stanislas Guérini. Un autre participant insiste : « cela n'a pas été tranché politiquement, mais tous les participants s'y sont opposés, sauf Matignon. » « Ce n'est pas tranché définitivement, pas encore, du moins. Matignon n'est pas arc-bouté, mais veut garder toutes les portes encore ouvertes », décrypte un ministre, qui s'est fait raconter le dîner à l'Élysée.

Trahison envers les générations futures

Emmanuel Macron peut-il entériner une réforme qui ne toucherait que les plus jeunes des Français ? C'est difficilement envisageable, même si, comme d'habitude, un revirement est toujours possible. « Le président arbitre comme toujours, la veille au soir, à 2 heures du matin », soupire un ministre.
Choisir la clause du grand-père reviendrait à reporter le fardeau sur les générations futures. Une décision qui serait contraire à ses engagements passés. Jeune inspecteur général des finances, il avait été le rapporteur d'un rapport sur l'équité intergénérationnelle du Conseil des prélèvements obligatoires, ce qui lui avait forgé des convictions fortes en la matière. Qu'y écrivait-il ? Que « pour le système de retraites, il apparaît bien, compte tenu de l'histoire même du système de retraites français et de sa constitution, que le taux de rendement par génération est structurellement en diminution progressive depuis sa mise en place, mais que ces différences ne produisent pas de situation manifestement inéquitable ni ne conduisent à penser que ce système ne sacrifie pas les générations les plus jeunes ou à venir à la condition que les mesures d'ajustement nécessaires soient prises ». C'est bien la dernière phrase qui est importante : ne pas agir maintenant serait une trahison envers les générations futures alors que le nombre d'actifs par rapport au nombre de retraités ne cesse de diminuer : il va passer de 1,7 cotisant par retraité en 2018 à environ 1,3 d'ici 2070.
Emmanuel Macron et la « génération prince Charles »
« La clause du grand-père, c'est une façon de nier la réalité démographique française, s'exclame l'économiste Jacques Delpla, directeur du think tank Asterion, un brin provocateur. C'est comme si vous niez la réalité du changement climatique. En ce sens, la manifestation du 5 décembre est une manifestation anti-Greta Thunberg. » Après moi, le déluge. « La clause du grand-père pose un gros problème d'équité en génération, c'est vrai », reconnaît-on du côté de Matignon.

Quelle réforme « paramétrique » ?

Pas de clause du grand-père, donc, l'affaire semble – presque – entendue. Il y aura même un volet pour assurer l'équilibre financier du système de retraite, avant la mise en place du système universel. Au moment de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron croyait le problème financier réglé par les réformes intervenues depuis 2008. Le Conseil d'orientation des retraites (COR), composé d'experts, de syndicalistes et de parlementaires chargés d'éclairer le pouvoir sur la situation des retraites, prévoyait alors un déficit mineur. Le candidat avait donc décidé de privilégier une transformation systémique et non une énième réforme d'ajustement financière, « paramétrique ». Objectif : insuffler davantage d'équité au système et favoriser les mobilités d'une profession à l'autre (et d'un régime de retraite à l'autre) qui entraîne des variations du montant de la pension difficilement explicables.
Sauf qu'entre-temps, le COR a revu ses hypothèses visiblement trop optimistes. Comme il l'a rappelé dans son dernier rapport commandé spécialement par le gouvernement en septembre pour remettre la pression sur les syndicats, le déficit des régimes de retraite attendrait entre près de 8 milliards d'euros et plus de 17 milliards en 2025. En prenant les hypothèses les plus réalistes, le trou serait donc de 10 à 12 milliards à combler… C'est ce qui explique les déclarations répétées d'Emmanuel Macron (et de son Premier ministre) : pas question de faire démarrer le nouveau système de retraite universel par points avec un trou de plusieurs milliards.
Pour redresser la situation, il n'y a pas trente-six solutions : baisser les pensions des retraités, augmenter les cotisations ou reculer l'âge de départ. Baisser les pensions ? Il n'en est pas question. Ce serait trop explosif. Les Français n'en veulent pas et les retraités ont déjà subi – pour les plus aisés d'entre eux, du moins – la hausse de la CSG et un décrochage de leur pension par rapport à l'inflation. Augmenter les cotisations ? Ce serait jouer contre la compétitivité des entreprises, les employeurs acquittant à peu près 60 % des cotisations retraite. Cela pourrait aussi baisser le pouvoir d'achat des actifs.
Reste donc l'hypothèse d'un recul de l'âge moyen de départ à la retraite, ce qui peut être obtenu de plusieurs façons. Le recul de l'âge légal paraît exclu, car Emmanuel Macron s'était engagé à le maintenir à 62 ans pendant sa campagne. En revanche, la piste de l'augmentation de la durée de cotisation requise, ou de la création d'un âge pivot en deçà duquel l'assuré subirait une décote sur sa pension est envisageable. Édouard Philippe devait poser la question aux partenaires sociaux, lundi 25 et mardi 26 novembre. Mais personne, au sein de la majorité, ne croit encore possible de s'éviter plusieurs jours de blocage dans les transports. Elle s'apprête simplement à essayer de tenir bon.
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Il y a ceux aussi qui ont peur du lendemain et de l'avenir, car ils n'ont pas confiance pour l'avenir de leurs retraites en ayant peur de plus en avoir du tout !

Ils voudraient plus d'équités ou d'égalité entre tous les français qui travaillent, que ce soit dans le privé ou dans le public et beaucoup pensent que le régime actuel qu'ils ont n’est pas parfait, mais existe et faute de mieux, ils préféreraient le conserver en l'améliorant plutôt que ce nouveau système à point flou, en révolutionnant tout drastiquement par une réforme trop rapide, mal définie etc !

Car c'est très difficile de tout changer dans un pays comme le nôtre encore avec son passé corporatiste de certaines Stés encore gérées ou services publics nationalisés en parti par l'état, sans compter d'autres avec leurs 42 régimes de retraites dont certains très avantageux pour les bénéficiaires salariés !

Parallèlement à cela quand cet état rabâche aux français, l’extrême endettement par la France, dette qui s'établit à 2 358,9 milliards d'euros soit 99,6% du PIB hexagonal, cela ne peut les rassurer !

Parce que notamment, c’est la volonté du président cette réforme des retraites pour que son quinquennat ne soit pas un échec !

Mais, il ne faut pas qu'il dise que les français sont négatifs et se garder de ses réflexions pour les rabaisser, car ça, c’est de la politique de mauvaise communication, car il va s'en rendre compte peut être le 5 décembre et après, car il parle trop, que ce n'est pas ça, ce que nos concitoyens lui demandent, car ils ont été déjà leurrés par d'autres avant lui, alors il n'a plus droit à l'erreur !

Jdeclef 21/11/2019 13h35LP

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