Comment
l'Iran s'est embrasé
D'importantes
manifestations ont éclaté ce week-end à travers le pays contre l'augmentation
du prix de l'essence. La répression a été sanglante.
Totalement inattendue, l'annonce du président iranien a fait
l'effet d'une bombe. Vendredi, à peine la nuit tombée, Hassan Rohani a annoncé une
baisse drastique des subventions gouvernementales sur les prix de l'essence.
Dès le lendemain, les tarifs à la pompe ont augmenté de moitié, atteignant les
1 500 toumans par litre (onze centimes d'euro). Détenteur des quatrièmes
réserves de pétrole au monde, l'Iran propose à sa population l'un des
carburants les moins chers de la planète. Mais cette dernière hausse en cache
une autre de bien plus grande ampleur. Au-delà de soixante litres consommés par
mois, les conducteurs devront cette fois débourser la bagatelle de 3 000
toumans par litre, soit 22 centimes d'euros. Officiellement, il
s'agit pour le gouvernement de reverser les 2,3 milliards d'euros
d'économies réalisées chaque année aux couches sociales les plus défavorisées
de la population.« En Irak, les chiites rejettent l'ingérence de l'Iran
Or, dans un pays frappé de plein fouet par les sanctions américaines,
où l'inflation dépasse les 40 % et l'économie est en récession
(- 9,5 % prévus cette année par le FMI), la mesure a mis le feu aux poudres.
Dès vendredi soir, de nombreux usagers sont descendus manifester dans une
dizaine de villes pour exprimer leur mécontentement, fait rare dans une
République islamique où les manifestations, pourtant autorisées par la
Constitution, sont sévèrement réprimées. À Ahvaz, dans la région pétrolifère du
Khouzestan, qui est paradoxalement l'une des plus pauvres du pays, des
conducteurs en colère ont bloqué des rues et scandé : « Fier Ahvazi,
éteins ta voiture ! », avant que les forces de l'ordre n'exhortent la
foule à évacuer les lieux.
Loin de s'apaiser, le mouvement de colère a repris de plus belle
dès le lendemain, se propageant dans une cinquantaine de villes, dont Tabriz (Nord-Ouest),
pourtant peu familière des manifestations. À Téhéran, sous la neige samedi, les
manifestants ont eux aussi bloqué d'importants axes routiers. Fustigeant tout
d'abord la hausse du prix de l'essence, les manifestants ont ensuite étendu leurs
slogans à la politique régionale de la République islamique, aux cris de
« L'argent du pétrole a été perdu, il a été dépensé pour la
Palestine ! » Une critique à peine voilée au soutien financier et
militaire de Téhéran aux groupes palestiniens islamistes Hamas et Djihad
islamique dans la bande de Gaza alors que la population iranienne connaît une
crise économique sans précédent.
Une répression violente
Étonnamment, les revendications économiques sont également au cœur
des mouvements de contestation au Liban et en Irak, deux pays où les
manifestants déplorent l'ingérence de la République islamique, aujourd'hui
également dénoncée par des contestataires en Iran. Après avoir fait usage de
gaz lacrymogènes pour disperser les rassemblements, la police antiémeute s'en
est violemment prise aux frondeurs, n'hésitant pas à les attaquer à l'intérieur
de leurs véhicules avec leur matraque, comme à Tabriz.
Si certaines manifestations sont restées pacifiques, à Behbahan,
dans le sud de l'Iran, les contestataires n'ont pas hésité à mettre le feu à
plusieurs bâtiments appartenant à des banques locales, provoquant un important
incendie. D'après l'agence de presse Fars News, proche des Gardiens de la
révolution, au moins cent bâtiments publics ont été incendiés à travers le
pays. Les heurts se sont parfois changés en véritable bataille rangée entre
manifestants et forces de l'ordre, qui n'ont pas hésité à faire usage de tirs à
balles réelles. Ce fut notamment le cas à Shiraz, boulevard Maliabad, où un
manifestant s'écrie : « Ils ont visé le peuple avec des tirs ! »
en filmant un corps ensanglanté.
Une scène similaire s'est produite à Ispahan (centre), où un
contestataire s'égosille : « Ils l'ont tué ! » devant un
corps inerte. Ces images tragiques rappellent les dernières manifestations de
masse contre la vie chère qui ont frappé l'Iran en décembre 2017 et dont
la répression sévère a fait 25 morts. Cette fois, seuls deux décès
sont officiellement à déplorer – un manifestant vendredi à Sirjan (centre)
ainsi qu'un policier dimanche à Kermanshah. Pourtant, plusieurs sources en Iran
évoquent la mort d'au moins une dizaine de contestataires, si ce n'est plus.
La police a eu beau déclarer que ses forces n'ont pas obtenu
l'autorisation de tirer, plusieurs vidéos montrent des agents visant
délibérément les manifestants avec leur arme, comme dans le quartier de
Tehranpars, samedi, à Téhéran. Du côté des contestataires, les slogans lancés,
après avoir tout d'abord ciblé le gouvernement du président « modéré »
Hassan Rohani, ont peu à peu visé l'ensemble du régime iranien et notamment sa
plus haute figure, l'ayatollah Khamenei. À Islamshahr, dans le sud de Téhéran,
des manifestants sont allés jusqu'à brûler son portrait.
Une « coupure quasi totale d'Internet »
Ali Khamenei, véritable chef de l'État iranien, a sifflé le
lendemain la fin de la partie. Dans un discours cité par la télévision d'État,
le Guide suprême a indiqué qu'il soutenait la décision du gouvernement
d'augmenter le prix de l'essence. « Je ne suis pas un expert et il existe
des opinions différentes, mais j'ai dit que si les chefs des trois branches
prennent une décision, je la soutiens », a-t-il déclaré au sujet de la
mesure décidée en catimini par le président Hassan Rohani, le président du
Parlement Ali Larijani et le chef de la Justice Ebrahim Raïssi, et dont le
Parlement iranien n'a visiblement pas été informé. « Certaines personnes
seront assurément contrariées par cette décision […], mais endommager et mettre
le feu n'est pas [une réaction] de personne normale, mais de hooligan »,
a-t-il ajouté, ouvrant la voie à une répression accrue du mouvement.
Dès lors, le porte-parole de la police, Ahmad Nourian, a prévenu
dimanche que les forces de sécurité n'hésiteraient « pas à faire face à
ceux qui perturbent la paix et la sécurité ». En parallèle, le pouvoir
iranien a entièrement privé le pays d'Internet, coupant l'herbe sous le pied
des manifestants, qui utilisent massivement les réseaux sociaux pour se
rassembler et communiquer entre eux, malgré la censure gouvernementale déjà
existante. D'après l'ONG NetBlocks, spécialisée dans la cybersécurité,
l'Iran a été victime ce week-end d'une « coupure quasi totale
d'Internet ».
Pourtant, dimanche, des vidéos indiquaient que le bazar de Téhéran,
poumon économique du pays, était fermé en raison de la crise, alors que
d'autres images montraient la poursuite de manifestations dans le pays. À
Shiraz, au troisième jour de la révolte, une foule impressionnante
lançait : « Fier Shirazi, soutiens-nous !
Soutiens-nous ! », tandis qu'à Téhéran, rue Lalezar, on
scandait : « Mort au dictateur ! » À Abadan, des
manifestants, assis en nombre, prévenaient : « Nous prendrons nos
droits et n'accepterons pas l'indignité. »
Ce rare mouvement de contestation en Iran a reçu le soutien –
attendu – de la Maison-Blanche qui, dans un communiqué, a estimé que le régime
iranien avait « abandonné son peuple ». Washington est en effet à la
tête de la stratégie de « pression maximale » infligée à la
République islamique depuis que Donald Trump s'est unilatéralement retiré en
mai 2018 de l'accord sur le nucléaire iranien, que respectait néanmoins
Téhéran, et a prononcé plusieurs vagues de sanctions visant à étouffer
l'économie iranienne. Pourtant, il semble bien que les manifestants de ces deux
derniers jours en Iran dénoncent avant tout l'incurie des dirigeants de la
République islamique plutôt que l'effet, pourtant dévastateur, des sanctions
américaines.
Dix ans après le mouvement vert de contestation contre l'ancien
président Mahmoud Ahmadinejad, des Iraniens ont montré que le mécontentement
était encore vif en Iran. Ce lundi, les Gardiens de la révolution iraniens,
l'armée idéologique de la République islamique, responsable avec les miliciens
bassidjis de la répression en 2009, sont sortis de leur réserve en menaçant
dans un communiqué les contestataires d'une « action décisive » s'ils
ne cessaient pas leurs actions. D'après un rapport des renseignements iraniens
cité par Fars news, 87 000 personnes ont pris part aux manifestations
dans une centaine de villes du pays, principalement dans les provinces du
Khouzestan (Sud), de Fars (Sud), de Téhéran et de Kerman (centre). Près d'un
millier de personnes auraient été arrêtées à travers le pays. Dans la matinée,
le porte-parole du gouvernement iranien a assuré que le pays ne faisait plus
face qu'à « quelques problèmes mineurs », mais que la situation était
« à 80 % plus calme » que la veille.Pour apaiser les manifestants, le gouvernement a indiqué que les premiers versements d'aides à 18 millions de familles à faible revenu, fruit de l'augmentation des prix à la pompe, débuteraient dès ce lundi. À en croire l'exécutif, le montant devrait osciller entre 55 000 toumans (environ 4,20 euros) pour les couples et 200 000 toumans (15,80 euros) pour les foyers de cinq personnes et plus. Ce geste sera-t-il suffisant pour calmer leur profonde colère ?
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La jeunesse de ce pays
importante a besoin de liberté et si on leur ajoute de la précarité déjà
présente en plus, cela fait beaucoup trop !
Mais, ils ne se débarrasserons
pas aussi facilement des ayatollahs, car la religion islamique chiite est encore
puissante bien que rigide et obscurantiste !
Parallèlement à cela
étrangler ce pays comme l'on fait les USA par des rétentions économiques
importantes encore augmenté par TRUMP est une erreur, car ce peuple peut se
révolter car comme dit le proverbe « quand il n'y a plus de foin au
râtelier les chevaux se battent » !
Et les ayatollahs vont
monter leur peuple en l'unissant contre les USA et l'occident qu'ils rendent
responsables de leurs problèmes économiques, et ils savent porter le terrorisme
chez leurs ennemis, et faire ce type de guerre, ils l'ont déjà fait dans le
passé !
Car là,ce n'est plus la
possession de l'arme nucléaire, c'est un pays qui veut survivre !
Cela pourrait être pire
que DAESH et son état islamique, car l'IRAN est un grand pays pas
sous-développé, loin de là, descendant des Perses et de DARIUS et son grand
empire avec une histoire ancienne qui a marqué cette région remontant à
l'antiquité !
Jdeclef 19/11/2019 14h00