jeudi 9 avril 2020

Pauvre président totalement dépassé et est-il compétent pour juger le bien fondé des recherches de ce professeur ?


Coronavirus : Didier Raoult, professeur rebelle

PORTRAIT. Citées par Donald Trump et Elon Musk, les recherches de l'éminent infectiologue suscitent désormais plus d'espoir que d'agacement.

Coronavirus : Macron va rencontrer le professeur Didier Raoult à Marseille (dernière information)

Lors d'une visite dans la cité phocéenne, ce jeudi après-midi, le chef de l'Etat doit s'entretenir avec le directeur de l'IHU-Méditerranée, qui publie une étude sur l'usage de l'hydroxychloroquine.

En ce mois de février, alors que la Chine est en guerre contre un nouveau virus qui ne semble pas encore faire trembler l'Europe, l'un des meilleurs infectiologues de la planète se penche sur la littérature scientifique chinoise. Didier Raoult, qu'aucun virus n'a jamais fait trembler, remarque une donnée majeure en explorant les travaux d'un spécialiste chinois des coronavirus, l'éminent Zhong Nanshan, pneumologue, épidémiologiste et surtout l'un des découvreurs du virus du Sras en 2003. Selon ce dernier, la chloroquine a permis de contrer le SARS-CoV-2 (le coronavirus actuel) chez 100 patients en réduisant le portage viral, soit la période pendant laquelle le virus est détectable dans l'organisme. De son propre aveu, Raoult n'a rien inventé sur ce coup-là, tout chef du grand institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée-Infection de Marseille qu'il soit. L'homme voue une grande admiration aux scientifiques chinois : « Ce sont les premiers producteurs de science au monde. Ils sont passés devant les Américains. Le monde a basculé. On n'a pas fini d'avoir des surprises avec la Chine, ils sont les seuls à investir massivement dans le domaine de la virologie. »
EXCLUSIF - Les extraits du prochain livre du professeur Raoult
Pour lui, l'évidence est là, la chloroquine est la piste à explorer au plus vite. D'autant que cette chloroquine, il la connaît bien. Cette molécule antipaludéenne date de Mathusalem. « Elle a été avalée des milliards de fois, je l'ai moi-même prescrite à des milliers de patients », assure-t-il. En effet, voilà trente ans qu'il s'en sert pour la fièvre Q et la maladie de Whipple, causées par des bactéries qui s'introduisent dans les cellules à la manière des virus. Ni une ni deux, il alerte le monde pas assez curieux pour « s'intéresser suffisamment à la littérature scientifique chinoise, peut-être parce qu'elle est chinoise, je ne sais pas ».

Repères

13 mars 1952 Naissance à Dakar.
1984 Crée le laboratoire des rickettsies, qui a isolé 20 % des bactéries connues chez l'homme.
1991 Dirige le laboratoire de bactériologie-virologie de l'hôpital de la Timone, à Marseille.
2003 Découverte du premier virus géant.
2007 Nommé directeur de l'IHU Méditerranée infection, à Marseille.
2010 Grand Prix Inserm.
2016 Découverte chez des virus géants d'un système de défense inédit.
Savant fou. Évidemment, il le fait à la façon Raoult. Tonitruante. Une vidéo est mise en ligne le 25 février sur le site de son institut avec un titre choc : « Fin de partie ! », devenu depuis : « Coronavirus : vers une sortie de crise ? » Sur l'écran, il apparaît force tranquille, avec son allure de savant fou, barbe indisciplinée et cheveux longs, mi-druide mi-chanteur de ZZ Top, pour annoncer « une nouvelle très importante, un scoop de dernière minute » : la chloroquine fonctionne sur le nouveau coronavirus, « il y a une amélioration spectaculaire sur tous les cas cliniquement positifs (…), c'est une excellente nouvelle, c'est probablement l'infection respiratoire la plus facile à traiter de toutes ». Et de conclure, sous les rires de ses étudiants : « Faites attention, il n'y aura bientôt plus de chloroquine dans les pharmacies. » Le ton est donné. Sa prestation devient virale (un comble !). Voilà enfin le monde alerté sur son intuition. Que n'avait-il fait ? Une partie de la communauté scientifique s'arc-boute, crie au scandale… Les spécialistes dans la presse, les chercheurs sur les réseaux sociaux se retrouvent tout à coup plus occupés à démolir l'homme et ses méthodes qu'à parler du fond de son propos. Il a secoué « les Parisiens qui sont tous en train de parler du vaccin et d'on ne sait quelle autre multitude d'antiviraux à l'essai et hors de prix sur les plateaux télé. Ceux qui s'autoproclament experts et que les journalistes admettent comme tels… Mais regardez leurs publications ! » nous martèle-t-il.
Pourquoi la chloroquine du professeur Raoult les rend-elle tous fous ?
Fake news ! C'est ainsi que sa piste de la chloroquine sera estampillée partout, y compris sur le site du ministère de la Santé, avant que la mention ne disparaisse très vite. « Souvent, on me prend pour un fou, j'ai l'habitude, je les laisse parler. » N'empêche qu'il n'a plus vraiment le choix, il doit prouver ce qu'il avance. Cela tombe plutôt bien, car il n'est pas du genre à lâcher
son os - les défis, c'est son dada. Malgré ses frasques, et sans doute grâce à son CV hallucinant, il retrouve l'oreille du ministère de la Santé avec le départ d'Agnès Buzyn. Personne n'a encore parlé de la chloroquine au nouveau ministre. Une ignorance vite réparée par Raoult, lui-même, qui échange régulièrement avec Olivier Véran au téléphone. En dépit de l'agitation de ses confrères autour de ses méthodes, le Marseillais est invité à rejoindre le comité d'experts scientifiques du ministre, ces 11 apôtres chargés d'éclairer la décision publique face à la propagation de la maladie Covid-19. Et force est d'admettre que, au milieu de cette brochette de scientifiques bien sages et de belle tenue, Raoult fait quand même figure d'ovni.
Franc-tireur. Si la chloroquine n'avait pas encore obtenu les faveurs de l'OMS - ni celles de l'Europe, ni celles de la France - pour figurer parmi les molécules à tester en priorité, elle était depuis des semaines recommandée dans les protocoles chinois, iraniens, coréens… Début mars, Raoult obtient le feu vert du ministère pour réaliser un premier essai clinique. S'il veut être suivi, il doit produire des résultats, des vrais, des solides. La France exige de la bonne science et ne se contentera pas de ses élucubrations en vidéo, si enthousiasmantes soient-elles. « Raoult, c'est le Gérard Depardieu de la science, on l'adore, c'est un génie dans son domaine, mais il peut aussi faire hurler avec des prises de position sans nuances, parfois sans arguments, qui, toujours, le mettent en avant », nous confie un chercheur. « Il est capable du meilleur comme du pire », relève un autre. Une chose est sûre, l'homme semble avoir beaucoup d'influence. Il peut vite rendre la vie difficile à ceux qui le critiquent. Voilà qui explique sans doute pourquoi les chercheurs et les médecins que nous avons contactés n'ont pour la plupart accepté de témoigner qu'à condition de rester anonymes.
Depuis des années, ses prises de position tapageuses hérissent le petit monde confiné de la science - et pas que. Au Point, on en sait quelque chose. Nous avons publié dans nos colonnes pendant plusieurs années des dizaines de tribunes du Pr Raoult, et les courriers enflammés de lecteurs mécontents nous l'ont appris. Jouer les francs-tireurs, y compris en dehors de son périmètre, c'est aussi sa spécialité. Comme lorsqu'il monte au créneau sur le réchauffement climatique, en 2013, dans une chronique du Point, déclarant que « la planète ne se réchauffe plus depuis 1998. Jusqu'à cette date, le réchauffement brutal était lié à un phénomène météorologique : El Niño ». Une vision en totale opposition avec les données du Giec, le groupement de chercheurs internationaux qui élabore en toute transparence et avec le plus grand sérieux un consensus scientifique sur le climat. Giec ou pas Giec, lui, il s'en fiche !

Ses ouvrages aux titres évocateurs

La Vérité sur les vaccins, avec Olivia Recasens (Michel Lafon, 2018).
Mieux vaut guérir que prédire (Michel Lafon, 2017).
Arrêtons d'avoir peur ! (Michel Lafon, 2016), aussi au format poche (J'ai lu, 2019).
Votre santé. Tous les mensonges qu'on vous raconte (Michel Lafon, 2015).
Dépasser Darwin (Plon, 2010).
Épidémies. Vrais dangers et fausses alertes (Michel Lafon, parution le 25 mars 2020).
Indomptable. Naviguer à contre-courant, il le fait depuis toujours. À l'école, c'était un cancre, ses bulletins étaient pitoyables. Le petit génie né à Dakar, au Sénégal, est rentré en France à 10 ans. Pendant cette première décennie, il a avalé, comme bon nombre de Français des colonies, justement, de la chloroquine à gogo, histoire de se protéger du paludisme. Rentré pour s'installer à Marseille, ce fils d'un médecin militaire et d'une infirmière n'était-il pas destiné à devenir médecin ? Pensez-vous. À l'heure où l'on jette des pavés dans le Paris de 1968, l'indomptable s'en va voguer sur un navire de la marine marchande. De retour à terre, voilà qu'il se met enfin en tête de passer son bac, en candidat libre, évidemment, mais surtout il ne choisit pas un bac scientifique… mais littéraire. Après avoir bourlingué pour étancher sa soif de connaissances, il se décide enfin à faire médecine sous la pression de son père. Ses études réussies, un post-doc aux États-Unis, brillant, remarqué, lui vaut une proposition de poste au CDC, le prestigieux centre de contrôle des maladies américain. Un poste absolument impossible à refuser ! Alors, bien entendu, il décline. C'est Raoult.
Nous sommes au début des années 1980. Il veut travailler en France, au pays de Pasteur, lui, le grand « pasteurien de la première heure », tel qu'il aime à se décrire. Le rouleau compresseur Raoult est en marche. Il use les paillasses de Marseille et écrase tout sur son passage. Il s'intéresse aux rickettsies, une famille de bactéries dont certaines peuvent déclencher le typhus, et devient en moins de temps qu'il ne faut pour le dire le grand spécialiste mondial du sujet. Des bébêtes pour lesquelles il crée son premier labo - il a 32 ans. Ses équipes grossissent. Aujourd'hui, l'IHU Méditerranée-Infection, qu'il dirige, rassemble 700 collaborateurs. Chaque année, plus d'une centaine d'étudiants étrangers venus de partout - surtout d'Afrique, continent qu'il affectionne - arrivent pour compléter ses bancs. Il s'entoure de jeunes équipes qu'il envoie inlassablement à la conquête des mondes engloutis des microbes. « C'est l'époque de Christophe Colomb, on est en train de découvrir l'Amérique », fanfaronne-t-il.
S'amuser. La méthode paie. Le Guinness Book marseillais se remplit. La découverte du premier virus géant, c'est lui. Le premier virus virophage, c'est lui. La plus grosse bactérie, c'est lui. La plus grosse archée, c'est encore lui. Le premier à cultiver la bactérie à l'origine de la maladie de Whipple, ce que personne n'était parvenu à faire en un siècle, c'est encore et toujours lui. Enfin, pas seulement lui : les quelques autres brillants esprits avec qui il collabore y sont pour quelque chose…. Et, son palmarès flamboyant, il le doit aussi aux machines. Car Didier Raoult, c'est un fou de technologie. Constamment, il fait la course à l'armement. Les meilleurs instruments, il remue ciel et terre pour les obtenir. « J'ai eu le premier séquenceur automatique du monde dans un laboratoire clinique en 1992. J'aime les nouveaux outils. À chaque fois que je les utilise, je vois une partie du monde qu'on ne voyait pas avant. » Et c'est ainsi qu'il est aujourd'hui à la tête du laboratoire le mieux équipé de France. « 40 % des bactéries chez l'homme ont été découvertes chez nous. On était tout seuls, mais maintenant les gens ont compris », s'amuse-t-il.
Car c'est aussi cela, la méthode Raoult : s'amuser. « Dans la recherche, il faut s'amuser. Il faut de la créativité, de l'inventivité, découvrir ce que personne n'a jamais découvert, c'est ce qui est jouissif. Si on n'invente pas, si on ne s'amuse pas, si on commence à faire des choses répétitives, à regarder ce que font les autres, on finit avec une cravate dans les commissions en tout genre », prévient celui qui a reçu le Grand Prix de l'Inserm en 2010.Mais il existe un revers bien moins reluisant à la médaille. Si lui semble s'amuser, certains membres de son équipe en ont plein les bottes. « Son laboratoire est une caricature de mandarinat, avec des pressions et des brimades terribles », confie un scientifique qui l'a beaucoup côtoyé. En 2017, une lettre rédigée par 12 ingénieurs de recherche - qui resteront anonymes - dénonce une situation « insupportable et dégradante » qui « provoque un mal-être au travail ». « Nous sommes cantonnés à un rôle d'exécutants devant réaliser des expériences commandées par la hiérarchie, même quand nous les savons vouées à l'échec ou inadaptées à la problématique scientifique posée (…). Aucun droit ne nous est reconnu quant à la paternité du travail réalisé », écrivent-ils encore. En effet, Raoult signe avec ses équipes des centaines de publications chaque année, et nombre de ses collègues se demandent comment il est possible qu'elles soient toutes réalisées dans les règles de l'art ou comment il a le temps de toutes les lire. En 2006, son laboratoire a même été rattrapé par le col pour des erreurs grossières dans certaines publications. Fraude scientifique ou manque de rigueur ? Malgré ses justifications et celles de ses cosignataires, Didier Raoult se retrouve interdit de publication pendant un an par l'American Society for Microbiology, une société de recherche qui contrôle les journaux scientifiques les plus prestigieux du domaine. Chez Raoult, visiblement, on ne fait pas de recherche sans casser des éprouvettes.
Mécréant. Revenons à son tout dernier coup d'éclat. Peut-être le plus retentissant de sa carrière. Retentissant en France, évidemment. Mais pas seulement. Le 16 mars, une nouvelle vidéo est mise en ligne sur le site de son institut. Le « Depardieu de la science » continue son cinéma. Silence, on tourne : il annonce les résultats de son étude sur 24 patients. Bonne nouvelle : la chloroquine, ça marche !  Coupez. Le jour même, un tweet de l'homme aux 32,5 millions d'abonnés, le milliardaire patron de Tesla et de Space X, Elon Musk, apparaît : « Il va peut-être falloir prendre la peine d'envisager la chloroquine pour traiter le Covid-19. » Et les labos pharmaceutiques de commencer à s'agiter. Sanofi annonce qu'il offre aux autorités françaises du Plaquenil (médicament à base d'hydroxychloroquine, une molécule cousine de la chloroquine) pour soigner 300 000 malades, le géant du générique israélien Teva suit le mouvement et enchérit en proposant 10 millions de doses aux hôpitaux américains. Qui dit mieux ? Le ministre de la Santé, Olivier Véran, indique qu'on accélère le rythme en France : « J'ai pris connaissance des résultats et j'ai donné l'autorisation pour qu'un essai plus vaste par d'autres équipes puisse être initié dans les plus brefs délais sur un plus grand nombre de patients. »
Le 19 mars, invité dans une des émissions phares de la chaîne américaine controversée Fox News, Gregory Rigano, chercheur à Stanford, enjoint au président Trump d'autoriser illico l'utilisation de l'hydroxychloroquine contre le nouveau coronavirus. Citant les résultats de l'essai d'un professeur du sud de la France, un certain Didier Raoult. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Trump s'empresse d'annoncer lors d'une conférence de presse : « Nous allons pouvoir rendre ce médicament disponible quasi immédiatement ». Et paf ! Promesse un peu rapide que la Food and Drug Administration (FDA), l'agence qui supervise la commercialisation des médicaments outre-Atlantique, s'empresse de tempérer. Stephen Hahn, le dirigeant de la FDA, appelle à ne pas donner de « faux espoirs » aux patients avant que le médicament ne soit complètement testé et validé, et confirme la mise en place d'un essai clinique étendu. Mais la vague Raoult a déjà noyé les États-Unis. Le twittos le plus frénétique de l'Amérique surenchérit le 21 mars dans deux messages présidentiels : « HYDROXYCHLOROQUINE & AZITHROMYCINE, prises ensemble, ont une réelle chance de changer le cours de l'histoire de la médecine. La FDA a déplacé des montagnes. Merci ! J'espère qu'elles seront toutes les deux (…) mises à disposition IMMÉDIATEMENT. LES GENS MEURENT, IL FAUT FAIRE VITE ET QUE DIEU VOUS BÉNISSE TOUS ! » Notre chercheur, qui ne croit en rien, ne sera pas particulièrement touché par les derniers mots. « Je suis sans doute l'homme le plus mécréant que vous connaissiez », nous confiait-il.
Tsunami. Dans le détail, qu'est-ce que cette fameuse chloroquine, qui a créé un tsunami ? Bon marché, cette molécule utilisée depuis la Seconde Guerre mondiale est dérivée de l'écorce d'un arbre, Cinchora officinalis, comme la quinine, un antipaludéen vieux de plusieurs siècles. Officiellement, la chloroquine et son dérivé (l'hydroxychloroquine) ne sont autorisés que pour le traitement curatif et préventif du paludisme, mais aussi dans certaines maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus…). Par quel truchement biologique ce vieux remède pourrait-il donc être efficace sur le tout neuf coronavirus ? En agissant sur l'acidité du milieu dans lequel le virus prospère. « Quand le virus va rentrer dans la cellule, il va utiliser un processus qu'on appelle la fusion. Cette fusion a lieu si le milieu est acide. Or la chloroquine empêche cette acidification et donc la fusion. Cela a été montré, en labo, sur des cellules mises au contact du virus Sars-CoV-2. En présence de chloroquine, pas de fusion donc pas d'infection », détaille Bruno Canard, directeur de recherche au laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques (CNRS, université d'Aix-Marseille).
Voilà pour la théorie. Cela n'empêche pas de faire bondir nombre d'infectiologues qui voient resurgir cette chloroquine à chaque épidémie. On leur a fait le coup avec la dengue, le zika, le chikungunya. « En laboratoire, cela fonctionne, mais, quand on a essayé sur des modèles animaux ou sur des malades, le traitement n'a pas montré d'efficacité phénoménale », continue Bruno Canard. « Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne marchera pas sur ce nouveau virus », reconnaît-il.
Précisément, quelles sont les données disponibles sur le Sars-CoV-2 à la sauce chloroquine ? Il faut admettre que les données chinoises sont très parcellaires. Publiée le 19 février par le département de pharmacologie de l'université de Qingdao, elle affirme que 500 milligrammes d'hydroxychloroquine deux fois par jour pendant dix jours suffisent pour lutter contre la pneumonie provoquée par le Sars-CoV-2. Rien en revanche sur la toxicité et les effets secondaires potentiels (troubles ophtalmologiques, cardiaques, neuropsychiatriques, gastro-intestinaux, hépatobiliaires, hématologiques et dermatologiques). C'est ennuyeux, d'autant que l'étude ne comporte pas de données cliniques précises, ne mentionnant que la taille de la cohorte, « plus de 100 patients ». Impossible sur cette base de conclure !
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Pionnier. Et l'étude marseillaise sur 24 patients, qu'est-ce que ça donne ? Au bout de six jours de traitement par Plaquenil, à raison de 600 milligrammes par jour (deux fois moins que la dose employée en Chine), seulement 25 % des patients sont encore porteurs du virus, la proportion étant de 90 % pour ceux qui n'ont pas reçu de traitement. Des données encourageantes a priori. Mais si on entre dans le détail, ça coince. Tout d'abord, et avant tout, il s'agit d'un essai sur un tout petit groupe. Ensuite, les patients ont été traités avec de la chloroquine seule ou avec de la chloroquine associée à un antibiotique, l'azithromycine, qui semble améliorer l'effet, mais face à un groupe témoin non traité et non face à un groupe ayant reçu un placebo. Ce n'est donc pas un essai dit « en double aveugle », le graal d'une bonne évaluation clinique.
Le Pr Jean-Paul Stahl, chef du service de médecine infectieuse au CHU de Grenoble, pointe d'autres biais méthodologiques. « On ne sait pas si la charge virale baisse grâce au traitement ou si elle aurait de toute façon baissé naturellement chez ces patients. » Surtout, Didier Raoult observe certes une baisse de la charge virale, mais semble-t-il à partir de prélèvements dans le nez. « Mais pour les malades les plus graves, il est de plus en plus clair que le prélèvement nasal n'est plus approprié pour chercher le virus. Il faut le chercher dans les poumons. Ce qui n'a visiblement pas été pratiqué dans l'étude. »
Qu'en pense Jean-Michel Claverie, du laboratoire information génomique et structurale (CNRS et université d'Aix-Marseille), mondialement reconnu pour son travail de recherche fondamentale sur les virus ? Il est peut-être l'un de ceux qui connaissent le mieux Raoult, à la fois l'homme et le scientifique. Deux fortes têtes ayant passé une grande partie de leur enfance en Afrique et réputées pour leur caractère bien trempé. Ils ont été collaborateurs, amis, concurrents, puis ils se sont « terriblement » fâchés pour d'obscures raisons de pratiques scientifiques. Comme des frères ennemis, ils gardent cependant un œil sur leurs travaux réciproques, s'envoyant de courts mails à l'occasion de leurs publications, comme pour compter les points. Lorsque Jean-Michel Claverie entend les attaques proférées à l'encontre son vieux rival, il ne peut s'empêcher de prendre la parole : « Sa réputation sulfureuse est bien connue, mais il a démontré à plusieurs reprises une grande intuition scientifique. On ne peut pas balayer d'un revers de main les propos d'un des meilleurs microbiologistes de France. » Et d'ajouter : « On oublie comment le virus de la rage a été découvert. On a perdu le sens du risque et l'esprit pionnier. Didier Raoult, lui, non. Il ose. Si les données qu'il a présentées sont bonnes, on le saura très vite. Les patients ne manquent pas, la chloroquine ne manque pas, donc il faut se lancer », insiste l'ami-ennemi.
Contrebandier. Et il n'est pas le seul de cet avis. Le Pr Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (92), qui pourtant s'est pris quelques baffes affectueuses façon Obélix de la part du Marseillais au sujet de la maladie de Lyme, soutient lui aussi son confrère. « Oui, il faut vérifier l'efficacité de l'hydrochloroquine dans des études bien menées, oui, elle peut avoir des effets secondaires. Mais c'est la plupart du temps très bien toléré. J'ai l'habitude de l'utiliser, les accidents graves sont rarissimes, même avec une prise à long terme. Je n'en ai jamais vu ! Nous sommes en pleine épidémie, si cette molécule peut aider dès maintenant à réduire le nombre de morts, soulager les cas graves, ce serait criminel de ne pas s'en servir ! On est en temps de guerre, on ne va pas attendre une étude randomisée contre un placebo », tonne-t-il.
De l'aveu d'un autre médecin, il soigne un membre de sa famille ayant une pneumonie due au Sars-CoV-2 à la maison et lui donne de l'hydroxychloroquine et de l'azithromicine depuis des jours. Il peut sortir de l'ombre, il n'est plus considéré comme un contrebandier. Les hôpitaux eux-mêmes la prescrivent désormais en traitement compassionnel. Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière (Paris), s'en est fait l'écho dans un tweet le 12 mars : « Chers tous, pour être transparent, j'ai dit il y a deux semaines que les données disponibles sur chloroquine étaient "bullshit". À l'époque c'était vrai. De nouvelles données venant de Marseille contredisent ce que j'ai dit et ce que je pensais. » Et d'ajouter, dans un second tweet : « Nous allons débuter le traitement par Plaquenil chez nos Covid + à la Pitié. (…) Je pense avoir eu suffisamment tort pour devenir chloroquiniste ascendant raoultien. »
Le nouveau Pasteur. En plus des nombreux essais cliniques en cours en Chine, un essai baptisé Discovery et coordonné par l'Inserm dans le cadre du consortium européen Reacting, visant à tester quatre molécules antivirales, dont, à présent, l'hydroxychloroquine, vient de démarrer. Il inclut plus de 3 200 patients en l'Europe (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Royaume-Uni, Allemagne et Espagne), dont au moins 800 en France (Paris, Lille, Nantes, Strasbourg, Lyon). Mais Raoult n'a pas juré au ministère d'attendre des résultats cliniques plus fiables. Le seul serment auquel il se conforme, c'est le « serment d'Hippocrate », précise le communiqué dans lequel lui et quatre autres médecins de Marseille (les PPhilippe Brouqui, Jean-Christophe Lagier, Matthieu Million, Philippe Parola et le Dr Marie Hocquart) annoncent ce 22 mars faire « bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d'une maladie ». Ils ont donc décidé de pratiquer des tests diagnostiques sur tous les malades fébriles et de proposer à ceux qui sont positifs (dont un grand nombre, peu symptomatiques, ont des lésions pulmonaires au scanner), un traitement associant hydroxychloroquine et azithromycine.
Au vu de ces annonces en cascade, les stocks de Plaquenil (hydroxychloroquine) de la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris sont déjà très sollicités. Gageons que les traitements pour les malades chroniques nécessitant cette molécule toute l'année ont été anticipés… La machine est lancée et devrait fournir rapidement la réponse à la question qui est sur toutes les lèvres : la chloroquine est-elle une arme de destruction massive du Covid-19 ? Si les résultats font un flop complet, Raoult ira sucrer les fraises avec le Nobel Luc Montagnier et sa mémoire de l'eau. Mais, si ça marche, on pourra le considérer comme le nouveau Pasteur - et il ne l'aura vraiment pas volé 
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Car en matière de choix divers, il s'est tellement trompé notre président monarque notamment dans le choix de ces collaborateurs ?

Enfin comme on dit, « ne jetons pas l'eau du bain avec le bébé » quand déjà on voit les inepties de nos administrations gouvernementales et essayer un remède s'il peut sauver des vies, cela vaut mieux que de ne rien faire ou de jeter des masques périmés à la poubelle !

Car pour l'instant l'organisation de l'état pour lutter contre cette pandémie est médiocre pour pas dire nulle, car manque de prévoyance alors que ces corona virus n'étaient pas les 1ers et çà ce n'est pas pardonnable est un des principaux défauts de la France et de ses dirigeants de tous bords politique est de ne pas anticiper, ni prévoir, car on ne gère pas un pays au jour le jour (car gouverner c'est prévoir...)

Jdeclef 09/04/2020 18h22

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