Élargissement
de l'UE : Emmanuel Macron a-t-il trahi les électeurs ?
Durant la
campagne des européennes, la liste Renew assurait que les négociations
d'adhésion avec l'Albanie et la Macédoine du Nord ne seraient pas ouvertes.
« Sur les pays des Balkans, je me suis battue et j'ai gagné
pour qu'on n'ouvre pas les négociations d'adhésion à l'Albanie et à la
Macédoine du Nord. » Les propos de campagne de Nathalie Loiseau, tête de
liste Renew lors des européennes, sonnent étrangement aux oreilles des
électeurs français puisque, le 24 mars, Emmanuel Macron a finalement
accepté l'ouverture des négociations d'adhésion avec ces deux pays. La décision
a été avalisée par le Conseil des affaires générales, à Bruxelles, qui s'est
tenu par visioconférence. Amélie de Montchalin représentait la
France ce jour-là. Et, selon son entourage, le tour de table des pays n'a
fait l'objet d'aucun débat particulier puisque les deux autres pays rétifs, le
Danemark et les Pays-Bas, n'ont pas non plus soulevé d'objection.« Quand je me souviens que Nathalie Loiseau nous accusait de mensonge pendant la campagne quand nous mettions en doute la position d'Emmanuel Macron, réagit, avec ironie, François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes et chef de la délégation des eurodéputés Les Républicains au Parlement de Strasbourg. Si les macronistes n'avaient pas menti, peut-être que le résultat des élections aurait été différent. Je rappelle qu'un tiers des ressources de l'Albanie sont issues des revenus de la drogue. » L'eurodéputé français, membre du groupe PPE, exprime et assume une position minoritaire au sein des chrétiens-démocrates européens. Les Allemands, comme la plupart des pays de l'Est et d'Europe centrale, sont, au contraire, très favorables à l'adhésion des Balkans à l'UE pour des raisons un peu différentes selon les États.
Une Europe plus large, mais à plusieurs vitesses
Les électeurs ont-ils été trahis par le président de la
République ? Pour comprendre, il faut rembobiner le film et repartir de la
position de départ du chef de l'État. Depuis son élection, il ne fait pas
mystère de sa volonté que l'Europe s'approfondisse, décide plus vite, plus
efficacement, et qu'un certain nombre de décisions puissent se prendre à la
majorité qualifiée plutôt qu'à l'unanimité. Il est partisan d'une Europe à
plusieurs vitesses avec un premier noyau de pays volontaires pour aller plus
loin. Ce qui n'empêcherait pas les pays moins allants de rejoindre le premier
cercle plus tard, à leur convenance, quand ils s'estimeront prêts. « Sur
tous nos grands défis, nous devons avancer en accélérant le rythme et en
élevant nos ambitions, proclamait-il lors de son fameux discours de la Sorbone
de septembre 2017. Aucun État ne doit être exclu de cette dynamique, mais
aucun pays ne doit pouvoir bloquer ceux qui veulent avancer plus vite ou plus
loin. »Cette crise sanitaire le conforte, du reste, dans l'idée qu'une Europe à 27 n'est pas efficace pour décider dans l'urgence. Récemment encore, son entourage faisait part sans détour de son constat lucide : « L'Europe n'a aujourd'hui ni lieu ni format de décision. » Alors, pourquoi, dans ce cas, accepter de lancer des négociations d'adhésion qui, à terme, conduiront l'Union européenne à fédérer la totalité des Balkans, portant l'ensemble européen à plus de 30 États membres ? Sur cette route (longue), la Serbie et le Monténégro sont les deux pays les plus avancés.
Les Albanais déjà demandeurs d'asile
Il faut d'ailleurs exhumer les alarmes du chef de l'État en
octobre dernier, lorsque la question d'un élargissement à l'Albanie et à la
Macédoine du Nord s'était posée une première fois lors du Conseil européen
des 17 et 18 octobre. Le président français soulignait les
anomalies de la procédure d'adhésion, comme celle qui, avant même l'ouverture
des négociations, permettait aux Albanais de bénéficier de la libre circulation
sans visa. Résultat : en 2017, 7 630 demandes d'asile ont été
déposées par des Albanais en France, selon l'Ofpra. L'Albanie est considérée
comme un « pays sûr », mais la pauvreté et le chômage ont déjà poussé
un tiers de sa population sur les routes de l'exil. « C'est bizarre comme
type de relation, observait Emmanuel Macron. Comment voulez-vous que
j'explique à mes concitoyens que le deuxième pays qui demande le plus l'asile
en France, ce sont des gens qui viennent d'Albanie, mais que tout se passe
tellement bien qu'on va ouvrir les négociations pour les faire entrer dans
l'Union européenne ? Quand je ne sais pas l'expliquer aux gens, c'est
qu'il y a un problème. »À ce problème, le président français proposait une solution : réformer la procédure d'adhésion pour que son pilotage soit plus politique, que les progrès accomplis par les candidats soient récompensés par des coopérations intermédiaires et qu'en revanche le processus soit réversible si un pays candidat commençait à rompre avec les valeurs de l'Europe ou à remettre en cause les réformes accomplies. Et, sur ce point, Emmanuel Macron a été écouté et suivi. La Commission a très largement repris ses propositions. « À partir du moment où on peut, à tout moment, appuyer sur les boutons "stop" et "retour en arrière", il n'y avait plus de problème pour nous », explique-t-on au Quai d'Orsay. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'ouverture des négociations avec la Macédoine du Nord et l'Albanie ne fait plus débat et que le Conseil des affaires générales du 24 mars n'a soulevé aucune difficulté entre les États membres. Chacun se sent en sécurité. »
Élargissement de l'UE : la Commission reprend les idées de Macron
Le commissaire Warhelyi, responsable du voisinage et de l'élargissement, a allégé la bureaucratie et la longueur des étapes vers l'adhésion (plus de détails ici). Plutôt que d'ouvrir successivement plus d'une trentaine de chapitres de négociation, le processus sera dorénavant rendu plus « dynamique » par le regroupement des chapitres autour de quelques grands thèmes fondamentaux : marché intérieur, compétitivité et croissance inclusive, programme environnemental et connectivité durable, ressources, agriculture et cohésion, relations extérieures. La Commission se donne pour objectif de limiter à un an le délai entre l'ouverture et la clôture d'un chapitre selon l'avancée des réformes.
: « Si l'Europe joue petit bras, elle finira comme un vieux vase sur une étagère »
Des questions identitaires
Pour le Rassemblement national, le problème de l'élargissement de
l'Union européenne pose des questions plus profondes de nature identitaire. Où
commence et où finit l'Europe ? Les racines chrétiennes doivent-elles en
dessiner le contour et y poser des bornes ? Dans un entretien au Point,
le 23 janvier dernier, Nicolas Bay, eurodéputé RN, avait pressenti que
Macron changerait d'avis : « Ces pays sont gangrenés par la
corruption et largement infestés par les courants islamistes. L'Albanie est
depuis plusieurs années, encore en 2019, parmi les premiers pays d'origine des
demandeurs d'asile en France, et ce, alors qu'elle n'est pas en guerre :
son intégration provoquerait une immigration encore plus massive, et facile,
vers l'Europe de l'Ouest. Il serait irresponsable d'envisager son adhésion
à l'UE. »En vérité, le processus d'adhésion sera quand même très long et la situation des Balkans aura sans doute évolué d'ici à 10 ans, tout comme l'Union européenne pour le meilleur ou pour le pire. Qui peut dire où en sera la construction européenne si, à l'issue de la crise du coronavirus, l'Italie estime qu'elle a été une fois de plus abandonnée à son propre sort du fait de divergences profondes avec l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche et la Finlande quant à l'entraide économique pour la relance de nos économies ?
Pourquoi Macron et Merkel s'opposent sur les « coronabonds »
Pas d'aval du Parlement pour Emmanuel Macron
Une dernière chose, tout de même, mérite d'être dite. Le chef de
l'État estime que sa position est cohérente, qu'il n'a pas varié sur
l'élargissement et que les conditions qu'il a posées ont été entendues et
acceptées par les autres chefs d'État et de gouvernement et reprises par la
Commission européenne. La grande différence tient dans le fait qu'Emmanuel
Macron, contrairement à Angela Merkel, ne rend absolument aucun compte des
positions qu'il prend à Bruxelles. Le Parlement français n'est jamais consulté
avant un Conseil européen. Le président français suit sa propre logique, pose
lui-même les termes du rapport de force avec ses partenaires.À aucun moment la représentation nationale n'entre en ligne de compte. Angela Merkel, elle, doit absolument recevoir l'appui du Bundestag. C'est plus compliqué, mais c'est plus démocratique. Le président français se plaint d'ailleurs que l'Allemagne soit souvent empêchée par son système parlementaire qui entrave les marges de manœuvre de la chancelière allemande. C'est encore vrai ces jours-ci à propos des coronabonds (ou, plus largement, du recours à l'endettement commun) : Angela Merkel sait bien qu'elle fera très difficilement admettre à sa majorité au Bundestag de mutualiser en partie les dettes des États membres liées à la crise du coronavirus. Les députés CDU-CSU n'ont jamais envisagé que le contribuable allemand puisse payer pour les Italiens, les Espagnols, les Grecs, et certainement pas les Français… On peut trouver cela regrettable, mais c'est la démocratie parlementaire. Et l'Allemagne, de ce point de vue, a hérité d'institutions plus équilibrées que celles de la Ve République née de la guerre d'Algérie… « Quand je ne sais pas l'expliquer aux gens, c'est qu'il y a un problème », disait Emmanuel Macron. Or, le 24 mars, tout affairé à la crise du coronavirus, il n'a rien expliqué de son changement de pied sur l'élargissement à l'Albanie et à la Macédoine du Nord.
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Cette Europe désunie qu’ils n’arrivent pas à construire à cause de leurs
différences nationalistes ou souverainistes bornées et incurables !
C’est la raison pour laquelle beaucoup de français ne croient pas à une
Europe unie étatique bruxelloise engluée dans des règlements kafkaïens, et quand
ils votent se servent des élections européennes pour sanctionner leurs
dirigeants dans le domaine intérieur de leurs pays !
Car quand certains disent tout et son contraire comme MACRON sur ce
sujet d’élargissement de cette Europe déjà trop grande qui n’arrive déjà à pas
s’entendre entre les pays la composant et même entre les deux plus grands l’Allemagne
et la France !
Cette Europe unie était une très bonne idée sur le papier, mais depuis
le traité de Rome de 1957 et celui de Maastricht en 2005 pour cette constitution
européenne qu’un certain président français a contournée, malgré le refus des français
pour celui-ci, beaucoup d’européens n’y croient plus !
Donc cet énième écueil sur cet élargissement de cette Europe refusé par
MACRON pour une fois justifié est un
échec de plus de cette Union Européenne vieux continent incurable, car dirigé
par des technocrates kafkaïens bornés, ce qui prouve que notre président n’a
aucun pouvoir européen, qu’il se contente de celui qu’il a en France jusqu’en
2022, il a beaucoup plus à faire, surtout en ce moment où il est dépassé
par plus grave !
Jdeclef 02/04/2020 10h05LP
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