jeudi 16 avril 2020

Quand on ne sait rien, Mr MACRON on ne peut faire plus, alors attendons avec patience au lieu de pérorer en disant tout et son contraire !


Coronavirus : qu'a fait l'État depuis trois mois ?

Début janvier, le Covid-19 n'était pour les Français qu'une très lointaine maladie. Et puis… Enquête sur un trimestre de crise au sein du pouvoir.

3 janvier Paris, avenue de Ségur, ministère de la Santé, étage du cabinet du ministre
Réforme des retraites, réforme hospitalière, passage au Sénat de la loi sur la procréation médicalement assistée, l'agenda du ministère est déjà très chargé. Plusieurs membres du cabinet d'Agnès Buzyn se rassemblent pour évoquer la sécurité sanitaire des Français : on a détecté un excès de salmonelle lié à la consommation d'huîtres pendant les fêtes de fin d'année. Mais un autre sujet s'impose : depuis quelques jours, leurs relais dans la communauté scientifique leur parlent d'étranges cas de pneumonie dans la ville chinoise de Wuhan, découverts autour du marché aux fruits de mer de la ville. Le ministère a évidemment des liens institutionnels ou informels très étroits avec le monde de la recherche. À tous les niveaux. À commencer par le plus haut. Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, est un spécialiste des maladies infectieuses et un ancien de l'Institut Pasteur. La ministre, elle-même médecin, est mariée à Yves Lévy, un immunologiste, ex-patron de l'Inserm. Et, surtout, la France est en pointe. Notamment grâce à l'Institut Pasteur, le fleuron français et mondial de la recherche dans ce domaine, présent en Chine, à Shanghai.
5 janvier Institut Pasteur, rue du Docteur-Roux, 15 e arrondissement de Paris 
Les radars de l'institution se sont manifestés avant les fêtes de fin d'année. Les chercheurs de Pasteur installés en Chine ont remarqué que, depuis mi-décembre, des médecins chinois de Wuhan ont diffusé des messages alarmants sur les réseaux sociaux. À les lire, le service d'urgence de l'hôpital municipal central est en quarantaine. Un communiqué lapidaire des autorités sanitaires de l'agglomération publié le 31 décembre n'a pas non plus échappé aux chercheurs de l'Institut Pasteur. Dès ce moment-là, avec la description lacunaire de quelques cas, ils se mettent en veille active. « On a compris qu'il se passait quelque chose d'important sur place », raconte Arnaud Fontanet, le chef du département épidémiologie. Ce 5 janvier, les choses se clarifient modestement. Les autorités chinoises affirment connaître l'identité du virus responsable de ces cas de pneumonie. « Les Chinois expliquent qu'il s'agit d'un nouveau virus. Mais qu'il n'est pas transmissible d'homme à homme. Je suis assez dubitatif, poursuit Fontanet. Il n'y a plus vraiment de doute, c'est bien un virus émergent, de la même famille que le Sras, responsable d'une première pandémie en 2003, et du Mers, apparu au Moyen-Orient en 2012. » En ce début janvier, Arnaud Fontanet reconnaît pourtant qu'il n'est pas inquiet outre mesure : « Nous sommes à un moment charnière de l'épidémie. L'émergence d'un coronavirus est une menace potentielle pour la santé mondiale. Le génome a été séquencé, mais les Chinois ne veulent pas partager cette information. Or, partager la séquence génétique de ce nouveau venu, c'est permettre de repérer sa diffusion dans d'autres régions du monde pour éviter sa propagation. » À ce moment-là, un peu partout dans le monde, la communauté scientifique met « une pression maximale pour qu'ils publient rapidement les résultats ».
Ce jour-là, les choses s'emballent. Un conseiller de la ministre a été désigné trois jours plus tôt pour suivre le dossier sur ces pneumonies d'origine inconnue détectées en Chine. La séquence génétique du virus a été déposée par la Chine dans la nuit sur un site Internet spécialisé. C'est un tournant. Mais il n'y a toujours aucun mot sur les contaminations d'homme à homme. La contagiosité du virus, qui est pourtant l'élément central pour prévoir sa dissémination dans la population, restera ainsi minimisée pendant une longue semaine encore, même si beaucoup de chercheurs occidentaux ne sont pas dupes. Au ministère de la Santé, Agnès Buzyn organise une conférence téléphonique avec des membres du cabinet de Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères et celui de son collègue aux Transports. « Le risque d'infection est pris très au sérieux », raconte aujourd'hui l'un des participants. En sollicitant le Quai d'Orsay, le ministère de la Santé cherche à mobiliser les diplomates pour qu'ils partent à la recherche d'informations sur place. Il alerte le ministère des Transports pour que celui-ci soit vigilant sur les flux aériens entre la France et la Chine. Le 11 janvier, Agnès Buzyn envoie un SMS à Emmanuel Macron et évoque avec le président cet étonnant virus. Quelques rares journaux dans le monde commencent eux aussi à en parler, dont Le Point, l'un des premiers à publier sur son site Internet un article issu de discussions entamées début janvier avec les chercheurs de l'Institut Pasteur.
Quatre jours plus tard, l'Avenue de Ségur transmet un message aux professionnels de santé, décrivant les symptômes de cette nouvelle maladie. Seize établissements de référence sont retenus pour accueillir d'éventuels malades du Covid-19… L'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont la France est membre et surtout dont l'un de ses ressortissants, Didier Houssin, ancien directeur général de la Santé, siège au comité scientifique, a aussi pris la parole sur le sujet quelques jours auparavant en émettant une « notification ». « L'organisation évoquait alors un risque modéré de propagation du virus, nous étions prêts à identifier d'éventuels cas en France et à les isoler », poursuit aujourd'hui un ex-conseiller d'Agnès Buzyn, resté en poste après son départ. La doctrine retenue est celle qui persistera jusqu'au confinement : il faut bloquer la propagation sur le territoire français en se focalisant sur chaque cas détecté, et en coupant les chaînes de transmission. Les dépistages dans les aéroports, pourtant recommandés par l'OMS, ne sont toutefois pas mis en place.
21 janvier Ministère de la Santé 
Agnès Buzyn tient sa conférence de presse de rentrée. C'est la première fois qu'elle évoque publiquement ce « 2019-nCoV », dont on ne recense alors que 297 cas dans le monde et qui n'a « officiellement » tué « que » 6 personnes. Des malades ont été confirmés en Thaïlande, au Japon, en Corée du Sud, et même à Washington. Tous ont transité par la ville chinoise de Wuhan. Une suspicion de cas, en France, vient d'être démentie. La ministre se veut rassurante : « Le risque de propagation en France est faible mais ne peut pas être exclu. » Le ton est calme : « Notre système de santé est bien préparé », assure-t-elle. Quelques semaines plus tard, cette « petite » phrase sera brandie comme la preuve d'un « mensonge » par l'opposition quand le système de santé commencera à ployer… Ce jour-là, Jérôme Salomon décide aussi de faire un « point de situation Covid-19 » quotidien sur le site Internet du ministère.
22 janvier Jérusalem 
Emmanuel Macron est en déplacement en Israël. Il a été convié avec d'autres chefs d'État par Benyamin Netanyahou au 75 e anniversaire de la libération d'Auschwitz. Mais un rendez-vous téléphonique est organisé avec son homologue chinois, Xi Jinping. Il a été préparé avec soin par Alice Rufo, de la cellule diplomatique de l'Élysée, et les diplomates du Quai d'Orsay spécialistes de la Chine, qui ont épluché les télégrammes diplomatiques de l'ambassade de France à Pékin détaillant la crise sanitaire traversée par la Chine. Il est extrêmement rare qu'un président chinois parle directement aux autres chefs d'État. Les contacts bilatéraux se font d'ordinaire à des niveaux subalternes. Emmanuel Macron souhaite la bonne année à Xi Jinping (l'année du Rat de métal commence trois jours plus tard). Puis il pose quelques questions sur la situation à Wuhan. Il manifeste sa solidarité en proposant de livrer du matériel sanitaire français. L'offre est appréciée : la Chine est en guerre commerciale avec les États-Unis et l'aide européenne est précieuse. Macron évoque aussi la situation des expatriés à Wuhan, la ville où tout a commencé. Xi Jinping laisse entendre que la ville sera en quarantaine dès le lendemain. Macron sait ce que cela signifie : Bercy a fait passer une note au président. PSA et Michelin ont d'importantes filiales sur place et comptent de nombreux expatriés installés avec conjoints et enfants.
25 janvier Bercy 
Sur la boucle Telegram qu'elle partage avec son réseau des anciens Young Leaders de la France China Foundation, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, mesure déjà les conséquences de la crise sanitaire sur les flux commerciaux entre l'Europe et l'Asie : des usines et des pans entiers de l'économie chinoise sont à l'arrêt. À cette époque, elle est fréquemment en contact avec des industriels français qui l'alertent sur le ralentissement. « Matignon nous a demandé d'essayer d'anticiper les impacts que cela pourrait avoir sur l'économie française », dit-elle aujourd'hui. Un étage plus haut, dans l'Hôtel des ministres, Emmanuel Moulin, le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, a lui aussi souvent au téléphone des grands patrons qui l'alertent, comme ceux de PSA et de Michelin, très présents en Chine, ou encore de la CMA-CGM, la compagnie de transport maritime qui ressent en direct l'effondrement des flux commerciaux entre les deux continents.
26 janvier, 17 heures Hôtel de Matignon 
Trois cas de Covid-19 ont été détectés sur le territoire français et Édouard Philippe a demandé à six de ses ministres de les retrouver. Dans le salon bleu, autour de la table : Florence Parly (Défense), Bruno Le Maire (Économie), Jean-Baptiste Djebarri (Transports), Sibeth Ndiaye (porte-parole), Nicolas Roche (directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian). Et Agnès Buzyn, bien sûr. La ministre de la Santé fait un long point d'information. Elle rappelle les précédentes crises sanitaires du Sras et du H1N1. Elle décrit la nature du virus. Elle prévient ses collègues qu'elle déclenchera dès le lendemain le centre opérationnel de crise du ministère de la Santé, le centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales (Corruss). Elle les informe aussi que son ministère a entamé un inventaire des masques destinés aux hôpitaux français et qu'elle en a d'ores et déjà commandé 200 millions supplémentaires par précaution : les informations en provenance de Chine montrent que ceux-ci constituent la matière première des soignants avec les respirateurs artificiels.
Cellule de crise. Le 26 janvier, à l’Hôtel Matignon, Agnès Buzyn prévient Édouard Philippe qu’elle déclenchera, dès le lendemain, le centre opérationnel de crise du ministère de la Santé.
Très vite, le sujet des expatriés de Wuhan est sur la table. Édouard Philippe tranche : il faut les faire rentrer. La mission est confiée à l'armée pour la logistique et au Quai d'Orsay pour la coordination avec les autorités chinoises. Christophe Castaner (Intérieur) est chargé de trouver un lieu pour confiner ces expatriés venus de Wuhan, car il est hors de question de laisser se propager la maladie sur le sol français. Il faut aussi éviter la panique. Déjà, sur les réseaux sociaux, le ministère de l'Intérieur a recensé une hausse des insultes visant les Asiatiques de France. Sibeth Ndiaye évoque aussi la communication politique à tenir sur le sujet. Elle rappelle l'épisode Lubrizol de Rouen ou celui du plomb de Notre-Dame. En matière sanitaire, il faut le maximum de transparence pour éviter les théories complotistes. Mais aussi beaucoup de prudence. Sibeth Ndiaye confesse aujourd'hui qu'en entendant Agnès Buzyn évoquer sa commande de masques, elle s'est demandée si celle-ci n'en faisait pas un peu trop… « Cette fin janvier, la problématique ne concernait encore que les expatriés. Mais la ministre est médecin. Le directeur général de la Santé est épidémiologiste. Je me dis aussi : "Si cela doit déraper, nous avons les meilleurs aux commandes". »  
29 janvier Paris-Wuhan-Paris 
Un Airbus A340 de l'armée de l'air a décollé de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle dans la nuit. À son bord, des dizaines de milliers de masques, une équipe médicale de 40 personnes et Olivier Guyonvarch. Le consul général de France à Wuhan a une mission : ramener en France les expatriés confinés dans la métropole de 11 millions d'habitants. Six jours plus tôt, quand Pékin a décidé de placer la ville de Wuhan en quarantaine pour contenir la propagation du virus, le diplomate se trouve à Paris. Profitant des célébrations du Nouvel An chinois, Olivier Guyonvarch est rentré pour subir deux interventions chirurgicales. Mais après une première opération, il renonce finalement à la seconde, préférant joindre ses efforts à ceux du centre de crise du Quai d'Orsay et des équipes du consulat restées sur place. Il s'active à distance pour permettre le rapatriement des 500 ressortissants français, déjà confinés depuis une semaine. « Ce fut aisé pour les personnes inscrites au consulat, mais plus hasardeux pour les voyageurs de passage raconte-t-il. Il a fallu ensuite obtenir pour toutes les personnes éloignées de Wuhan des laissez-passer pour leur permettre de se rendre au consulat, point de ralliement, où nous avons contrôlé la validité des passeports, délivré quelques documents de voyage d'urgence et quelques visas »*, explique humblement ce diplomate expérimenté de 54 ans, qui a lui-même inauguré le consulat en 1998.
Ce matin du 29 janvier, six bus attendent les passagers pour les conduire à l'aéroport de Wuhan, désormais désert. En l'absence de personnel au sol, les agents du consulat enregistrent les bagages des passagers et délivrent des cartes d'embarquement manuscrites qui ne comportent aucune destination. La France a décidé d'autoriser les conjoints et enfants chinois de ces ressortissants à faire partie du voyage. Avant de monter, les médecins du ministère de la Santé passent chaque voyageur au peigne fin. Lui est resté. Relayé par trois autres diplomates français volontaires, il travaille à distance vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec la quarantaine d'employés chinois, est en visioconférence quotidienne avec Pékin et Paris pour organiser le rapatriement des derniers ressortissants : des Français mais aussi d'autres citoyens de l'Union européenne qui n'ont pas de consulat sur place. Au total, du 30 janvier au 21 février, 4 avions sont spécialement affrétés - trois par la France et un par le Royaume-Uni -, permettant à 533 personnes de quitter Wuhan. Parmi eux, la propre femme d'Olivier Guyonvarch. Lors de l'embarquement du dernier avion, il pose le poing levé, masque de protection sur le visage, en compagnie de ses frères d'armes.
*Le récit et les citations du diplomate sont extraits de son profil LinkedIn, le Quai d'Orsay refusant la demande d'interview du Point.
7 février Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes 
« Cette fois, on y est. » Il est 10 h 38 lorsque le Dr Jean-Yves Grall, qui dirige l'une des plus grosses agences régionales de santé (ARS) de France apprend que le premier foyer français du Covid-19 est apparu sur son territoire. Le Corruss, la cellule de crise du ministère de la Santé, vient de le prévenir que les autorités britanniques sont à la recherche de ceux qui ont pu côtoyer un ressortissant anglais testé positif au virus revenu des Contamines-Montjoie, une station de ski des Hautes-Alpes. « Le passé du malade britannique ne laisse aucun doute. Avant son séjour en France, il assistait à Singapour à une conférence où certains intervenants venaient, eux, de Wuhan en Chine », explique le Dr Grall qui, de 2011 à 2013, a occupé le poste de directeur général de la Santé. Immédiatement, la cellule de crise se met en place. Les ordres fusent. De l'hôpital d'Annecy, une équipe d'infectiologue file avec le Samu 74 vers le petit village de 1 200 habitants en pleine saison de ski. Objectif : tester au plus vite les 11 résidents du chalet fréquenté par le malade, tous britanniques, qui ont été prévenus et, confinés, attendent sur place les équipes soignantes. Les prélèvements doivent ensuite être acheminés à Lyon. À 22 h 15, une conférence téléphonique réunit le ministère de la Santé, le Pr Bruno Lina, virologue à Lyon et responsable du laboratoire associé du centre national des virus des affections respiratoires et patron du centre de référence de Lyon dans le domaine des épidémies, les infectiologues et les urgentistes du Samu de l'hôpital d'Annecy : « Quand le Pr Lina a annoncé que cinq des cas étaient positifs, ce fut la sidération. Un silence de mort s'est ensuivi », raconte le Dr Grall. Les maires des Contamines-Montjoie et de Saint-Gervais, les parlementaires de la région sont prévenus par téléphone durant la nuit. À 5 heures du matin, les 11 Britanniques sont transférés vers les hôpitaux universitaires de Lyon, Saint-Étienne et Grenoble, « l'hôpital d'Annecy restant en réserve, au cas où nous découvririons d'autres cas sur place ». Les équipes de l'ARS et de Santé publique France arrivent dans le village le samedi à 8 heures pour mener l'enquête. Une trentaine d'agents de l'ARS informent la population, les familles, l'école - un enfant d'un couple britannique résidant à l'année fait partie du « cluster » pour retrouver les personnes ayant pu être en contact avec le patient zéro, considéré comme très « infectant ». À 10 heures, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, annonce la situation, en indiquant au sujet des patients que « leur état clinique ne présente aucun signe de gravité ».
Le dimanche 9, les infectiologues et le Samu de l'hôpital d'Annecy installent un centre de dépistage dans le village. Cent douze personnes sont testées, la plupart des résultats seront négatifs. À ce moment-là, tout le monde pense encore que la tragédie peut être évitée en isolant chaque cas avéré et en menant l'enquête pour découvrir ceux avec qui la personne contaminée était en contact.
17 février, 8 h 30 Ministère de la Santé, bureau d'Agnès Buzyn 
« Il y a un risque d'épidémie, mais on a peu de données. Tu vas avoir besoin de matériel, fais attention. Ce sera peut-être ta mission principale… » Agnès Buzyn a démissionné pour se présenter aux élections à la mairie de Paris à la place de Benjamin Griveaux. Elle briefe Olivier Véran en séchant ses larmes. Elle quitte à regret ce ministère. La veille encore, le député de l'Isère pique-niquait avec ses enfants sur la colline de Venon, près de Grenoble, au pied d'un grand chêne… Il a attrapé un train après un coup de fil du directeur de cabinet du président lui demandant de confirmer sa biographie. Emmanuel Macron ne l'a appelé qu'à 20 heures. « Tu es prêt ? » demande Macron. Ce matin-là, au moment de lui laisser son bureau, Agnès Buzyn rassure son successeur, médecin et ancien responsable syndical hospitalier qui connaît très bien Jérôme Salomon. Ensemble, ils ont rédigé des pans entiers du programme Santé du candidat Macron en 2017. Buzyn dit à Véran : « Tu connais déjà tous les grands dossiers. » Pendant vingt-cinq minutes, il n'est presque question que de l'épidémie entre l'ancienne et le nouveau ministre. La Chine concentre alors encore 99 % des 65 000 cas connus de Covid-19 dans le monde… Buzyn répète à Véran ce qu'elle a dit à ses collègues du gouvernement quelques jours plus tôt. Elle a évoqué deux scénarios. L'un, optimiste : hors quelques cas rapidement isolés en Europe, l'épidémie restera chinoise. L'autre, terrible : la pandémie sera internationale et la France ne sera pas épargnée. Elle détaille ses dernières actions dans le domaine à son successeur, qui garde auprès de lui la plupart des membres de son cabinet. Avant de quitter l'Avenue de Ségur, elle a demandé au centre du Pr Lina, à Lyon, ainsi qu'à l'hôpital Bichat, à Paris, d'être des pôles de référence. Agnès Buzyn doit partir. Elle file pour rencontrer les équipes de campagne de La République en marche qui ont besoin d'être rassurées après l'explosion en vol de leur candidat. Le soir même, Olivier Véran rend visite à la fille du premier malade décédé du virus en France, un touriste chinois de 80 ans.
Contacts. Passation de pouvoir entre Agnès Buzyn et Olivier Véran, le 17 février, au ministère de la Santé. 22 février Ambassade de France en Italie, Rome 
Comme il le fait chaque soir depuis le 29 janvier, Philippe Vigouroux adresse le bulletin quotidien qu'il a baptisé « L'Italie face au coronavirus ». C'est la quinzième note sur le sujet qu'il adresse au ministère des Affaires étrangères à Paris. Ce soir-là, au début de sa note, il écrit : « Décédés [ce jour] : 2 morts, un homme de 78 ans à Monselice (Vénétie), une femme de 77 ans, de Casalpusterlengo (Lombardie)… » Quand il est arrivé en octobre 2019 au palais Farnèse, à Rome, siège de l'ambassade de France en Italie, comme nouveau conseiller pour les Affaires sociales, Vigouroux, 64 ans, s'attendait à une fin de carrière « pépère », comme le lui pronostiquaient tous ses amis avec un peu de jalousie. En général, le champ d'investigation d'un conseiller social d'ambassade embrasse plutôt les affaires syndicales, le droit du travail, les questions de retraite de son pays d'accueil. Mais cette fois-ci, Rome accueille un haut fonctionnaire de santé. Un homme qui a dirigé à trois reprises des centres hospitaliers universitaires (CHU) à Limoges, Nancy puis à Bordeaux (où il a d'ailleurs laissé sa place à un collaborateur d'Agnès Buzyn). C'est à ces postes qu'il a affronté les crises du Sras en 2003 et de la grippe H1N1 en 2009-2010. Alors, lorsque l'Italie a été frappée par les premiers cas de Covid-19, il a réagi instantanément après avoir obtenu l'aval de son ambassadeur, Christian Masset, un diplomate très expérimenté qui n'a pas vu comme un crime de lèse-majesté la démarche de son collaborateur. Le 29 janvier, Vigouroux écrit donc sa première note quotidienne sur le sujet qu'il adresse à tous ceux qu'il a croisés un jour ou l'autre. Or il connaît beaucoup de monde. La conseillère santé d'Emmanuel Macron est une amie de trente ans, plusieurs patrons d'ARS sont ses intimes ainsi que, évidemment, plusieurs collaborateurs du ministère de la Santé ou des responsables de la DGS. Jour après jour, il recense donc toutes les informations sur la gestion de la crise par l'Italie. Il n'est pas le seul. L'Institut Pasteur, les chercheurs de l'Inserm et de nombreux professeurs de médecine français entretiennent des liens étroits avec les chercheurs et les médecins italiens. Mais alors que la France se croit à l'abri (aucun décès n'est encore constaté), Philippe Vigouroux est l'une des sentinelles qui surveille cette étrange maladie. La France a onze jours de « retard » sur l'Italie dans le déroulement de l'épidémie. À la lecture de l'ensemble des bulletins de Vigouroux, on ressent comme un effroi. Tout ce qu'il y raconte se produira dix jours plus tard. Le manque de masques, de respirateurs artificiels, de lits de réanimation, les innombrables problématiques liées au confinement, etc.
25 février Ministère de la Santé 
Olivier Véran n'a pas vraiment eu le temps de s'installer dans ses nouvelles fonctions. Il a donné deux jours plus tôt ses premières interviews, dont l'une au journal de 20 heures de France 2, depuis sa cellule de crise. Elles étaient entièrement consacrées au coronavirus. Pour l'opinion publique, le virus qui restait lointain est maintenant aux portes de l'Europe. « Sommes-nous prêts ? » La question revient sans cesse. Ce jour-là, le gouvernement en est persuadé. Un médecin-réanimateur chargé d'anticiper les besoins en lits spécialisés a été recruté au ministère. Le périmètre des événements publics est réduit. Des commandes de masques sont passées. Les gestes barrières - ne plus se serrer la main, tousser dans son coude… - sont martelés inlassablement à la télévision. Et les masques ? Les propos tranchés des ministres laissent sceptiques. Pourquoi les Asiatiques en sont-ils tous couverts ? La réponse fuse : « L'OMS n'a jamais recommandé le port de masque systématique. » Très vite pourtant, il apparaît que la France n'en a pas assez pour que la population en bénéficie. « En temps normal, on utilise 5 millions de masques par semaine. Mais on a été alertés par les Italiens : avec l'épidémie, les services hospitaliers se sont mis à en utiliser 10 fois, et parfois 50 fois plus ! » raconte aujourd'hui un conseiller à Matignon. Les commandes sont passées, se rassure le ministère.
27 février Naples 
Giuseppe Conte, le nouveau président du Conseil des ministres italien est heureux. Il voulait vraiment faire plaisir à Emmanuel Macron qui aime tant Naples. Le matin, avant de s'envoler pour cette ville, le président français était à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'après-midi, Conte et Macron cheminent dans les ruelles aux pavés noirs, ils s'émerveillent devant une église. Sur la terrasse du dernier étage d'un palais, ils prennent le café après un déjeuner de travail. Quelques jours plus tôt, Emmanuel Macron a proposé à Conte d'annuler cette visite. L'Italie se bat contre le virus. Il ne veut pas gêner le chef du gouvernement italien par une visite prévue depuis quelques semaines et qui n'a d'autre but que d'apprendre à mieux se connaître. Mais Giuseppe Conte a insisté. Ils ont convenu ensemble que c'était un signe de solidarité et un message aux Italiens qui croient encore à l'Europe. La France est là, et ce n'est pas un virus qui peut fragiliser une si vieille amitié entre deux peuples voisins. Macron et Conte parlent beaucoup de la pandémie. Évidemment. Macron insiste : il fera tout ce qu'il peut au niveau européen pour aider économiquement Rome à encaisser ce coup dur. À l'Élysée, on a le sentiment que cette lutte contre le virus ne consiste pas à creuser une tranchée en attendant l'ennemi, mais à préparer ses forces. En cette fin février, beaucoup sont convaincus que le système sanitaire et hospitalier français est suffisamment solide pour affronter la vague. Économiquement, en revanche, tout le monde est conscient que les conséquences seront lourdes. La Lombardie, la région italienne la plus touchée, est déjà largement déstabilisée. Or c'est le cœur industriel du pays. Dans la soirée, Emmanuel Macron signe un décret interdisant tout rassemblement de plus de 5 000 personnes dans un lieu confiné.
3 mars, 15 heures Assemblée nationale 
Exceptionnellement, les questions au gouvernement ont lieu un mardi. Olivier Véran, le ministre de la Santé, répond aux députés qui, tour à tour, n'abordent qu'un sujet : le coronavirus. On évoque la trentaine de patients détectés la veille : ils venaient de participer au rassemblement d'une église protestante évangélique de près de 2 000 personnes en Alsace. La stratégie qui prévalait jusqu'alors est en ruine : le virus circule. L'ensemble des cas sera impossible à retracer. Pascal Bois, un élu La République en marche de l'Oise, veut en savoir plus sur la situation dans son département, l'un des principaux foyers avec le Haut-Rhin. Il veut être sûr que l'État met tout en œuvre pour enrayer la progression de l'épidémie depuis qu'un professeur a été testé positif à Creil, que l'on dénombre plus de 60 personnes testées positives autour de la ville et surtout 2 décès (il y en aura 4 de plus dans les soixante-douze heures suivantes). Il veut aussi savoir où en est le stock de masques. Les soignants se plaignent auprès de lui de ne pas en avoir suffisamment. Olivier Véran rassure encore une fois. Mais il sait déjà que la polémique a envahi les réseaux sociaux. Les journaux télévisés diffusent fréquemment des reportages sur le sujet. Une fois de plus, il fait le point sur les stocks et les commandes de l'État. Une cellule de crise a même été constituée quelques jours plus tôt avec cette seule mission.
Assailli. Le 3 mars, Olivier Véran répond aux questions de députés inquiets de la progression de l’épidémie.
Les besoins ont pourtant été sous-estimés. Pour les seuls soignants, il faudrait 40 millions de masques par semaine. Le gouvernement assure que, pour eux, le stock est suffisant, mais qu'il est mal réparti sur l'ensemble du territoire. Véran assure aussi que l'État a pris les choses en main depuis longtemps. Dès le mois de février, les services du Premier ministre ont ainsi envoyé des consignes aux responsables des marchés publics, leur donnant le feu vert pour s'affranchir des règles des marchés publics. « On a souvent payé 30 % à la commande, quand le code des marchés n'autorise que 5 %. Bien sûr que certains fonctionnements administratifs ont du mal à s'adapter à la crise extraordinaire que l'on vit. Mais l'administration a réagi assez fortement ! » s'emporte aujourd'hui un important conseiller de Matignon lorsqu'on évoque la polémique. « La question de la logistique a posé de vraies difficultés », confie aussi aujourd'hui au Point Olivier Véran, qui avoue avoir averti lui-même le représentant du principal syndicat de dentistes en ces termes : « Vous n'allez pas pouvoir conserver une activité normale très longtemps. Combien de masques pouvez-vous nous donner ? » Si la priorité est donnée au stock de masques destinés aux soignants, l'exécutif n'est pas sourd aux attentes de la population, même si la doctrine officielle ne change pas - le port systématique de masque dans la population n'est pas recommandé. « Les masques rassurent la population. Il faut entendre cette attente », tranche Agnès Pannier-Runacher, lancée dès le 13 mars sur la piste des masques alternatifs et qui a reçu les responsables de la filière textile pour trouver des solutions. Dans la soirée du 3 mars, un décret est signé : l'ensemble des masques sur le territoire national est réquisitionné et les prix des gels hydroalcooliques sont plafonnés. Le 13 avril, en s'exprimant devant les Français, Emmanuel Macron reconnaîtra des erreurs dans ce domaine.
4 mars Bercy
Ce matin, Emmanuel Moulin découvre avec inquiétude la dernière note de conjoncture de l'OCDE. Elle confirme tout ce que le Trésor, son administration d'origine, lui laisse entendre depuis plusieurs jours. La propagation du virus a déjà des conséquences majeures sur la plupart des économies nationales, et donc sur la France. La note est encore plus alarmiste pour les semaines à venir : si le confinement est appliqué dans les pays occidentaux, ce sera une récession d'une ampleur jamais connue depuis quatre décennies. Deux semaines auparavant, Moulin était avec son ministre à Riyad, en Arabie saoudite, au G20. Les ministres de l'Économie ne parlaient déjà que d'une chose : le virus et ses conséquences sur l'économie. En matière de crise financière, Emmanuel Moulin n'est pas un débutant. Il a vécu la crise de 2008-2010 à l'Élysée, où il était le conseiller économique de Nicolas Sarkozy. Il sait qu'il doit donc commencer à réfléchir à des outils radicalement nouveaux pour tenter d'amoindrir le choc. Il n'est d'ailleurs pas le seul à avoir déjà traversé la tempête ces dernières années à la tête de l'État. À commencer par le « chef », Emmanuel Macron, qui était le collaborateur de François Hollande à l'Élysée lors de la crise des dettes souveraines. Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, travaillait, lui, pour Pierre Moscovici, à Bercy. Odile Renaud-Basso, l'actuelle directrice du Trésor était, elle, au service de Jean-Marc Ayrault à Matignon tout comme Clément Beaune, l'actuel conseiller Europe du président. À la BCE, Christine Lagarde a, elle aussi, vécu la crise de 2008 aux premières loges puisqu'elle était à Bercy.
Même si le séisme économique s'annonce, un haut fonctionnaire qui a vécu il y a dix ans ces crises financières ne se risque pourtant à aucune comparaison : « La crise de 2008 était d'une violence inouïe. Mais tout le monde savait à peu près ce qu'il fallait faire. La difficulté consistait à mettre tout le monde d'accord pour sauver l'euro. Ce qui se passe aujourd'hui n'a rien à voir. C'est comme une vague lointaine. Elle s'est approchée petit à petit, de très loin. Nous avons eu le temps de la voir venir. Mais ce n'est que lorsqu'elle est arrivée devant nous que nous avons découvert un tsunami ! » 
5 mars, 16 heures Palais de l'Élysée 
Emmanuel Macron a bouleversé son agenda. Il reçoit une trentaine de chercheurs et de médecins. Des virologues, des épidémiologistes, des infectiologues, des chercheurs de laboratoires pharmaceutiques. Son idée et celle d'Olivier Véran : stimuler les collaborations entre des gens qui ne s'entendent pas toujours bien, ainsi qu'entre le secteur public et privé. Et, surtout, se faire une idée précise de la situation. La réunion est animée et Emmanuel Macron constate que les participants sont divisés. Arnaud Fontanet, de l'Institut Pasteur, est le plus alarmiste. Didier Raoult, le célèbre professeur de médecine de Marseille, l'est moins. Il parle déjà de son produit miracle au président : la chloroquine. D'autres sont plus rassurants. Jean-François Delfraissy anime les débats avec diplomatie. Il glisse au président : « Le pays dort. Il a besoin d'un choc. » Sous-entendu, les Français ne se rendent pas compte de l'ampleur de l'épidémie. Lors de ce colloque improvisé, personne ne relativise évidemment l'épidémie. Mais Emmanuel Macron constate qu'il n'y a pas encore de consensus scientifique sur les mesures à prendre pour enrayer la progression du virus. Il a une idée : la création d'un comité scientifique qui pourrait conseiller le gouvernement. Il demande à Olivier Véran de le constituer au plus vite.
État-major. Le 5 mars, Emmanuel Macron réunit chercheurs et médecins des secteurs privé et public, prémices à la création du Conseil scientifique.
Lorsque les scientifiques quittent l'Élysée, Emmanuel Macron rejoint la salle du Conseil des ministres équipée depuis peu d'écrans pour des visioconférences. Il a proposé à Donald Trump d'organiser une réunion des pays du G7 et le président américain, qui préside à ce moment-là l'institution, donne son accord. Macron n'est pas mécontent. Depuis des mois, il s'inquiète de la crise du multilatéralisme et du déclin de la coopération mondiale. Il en a fait la priorité de son action internationale. Et si la crise du Covid-19 permettait de relancer le dialogue entre grandes puissances ? Pas si sûr. Car paradoxalement, cette réunion du G7 est bien plus facile à monter que celle des ministres européens de la Santé. La première se tiendra le 13 février. À l'issue de celle-ci, Olivier Véran confie un peu désespéré à ses collègues français : « J'ai dû passer une heure à leur expliquer combien il était important de se réunir. »
5 mars CHU de Montpellier 
Le directeur général de l'établissement, Thomas Le Ludec, son adjoint, François Bérard, et une vingtaine de représentants des différents services, en première ligne face au Covid-19, sont autour d'une table pour une cellule de crise. Le déclenchement de la phase 3, dictée par l'installation active d'une épidémie dans la majeure partie du territoire, n'est plus qu'une question de jours. Un médecin ironise : « On sait tous que le gouvernement va la déclencher à un moment ou à un autre… C'est comme le 49.3 pour la réforme des retraites. » Sourires amusés dans l'assemblée, mais tension dans la salle lorsqu'on évoque les questions sans réponse. Cas emblématique : le niveau des stocks des fameux masques, ceux qui sont réservés aux soignants au contact des malades infectés ou simplement suspectés de l'être. Thierry Veleine, directeur des investissements et de la logistique, le reconnaît : « On n'en a plus ou presque. » Mélange de consternation et d'incrédulité dans l'assistance. « Des palettes arrivent en provenance des réserves de l'État, mais je ne peux pas vous dire quand elles seront livrées. En attendant, nous avons retrouvé des stocks qui datent de la grippe pandémique de 2009. Ils sont périmés, on les a testés, ils ne sont pas parfaits. Il y a des fuites. » L'ARS, dont le rôle consiste à piloter les établissements sur son territoire, n'est d'aucune aide. « Elle ne nous donne pas d'information et nous adresse simplement des réclamations sur l'envoi de stocks de masques dans des établissements alentour, là où ils font également cruellement défaut. C'est comme si on devait faire le travail à sa place ! » À ce stade, aucun nouveau plan de bataille n'est proposé par l'ARS pour organiser les échanges entre les établissements du secteur. « Tous les malades et les échantillons nous arrivent en direct. Il va falloir s'organiser pour rendre les autres hôpitaux autonomes. Et il va falloir le faire très vite et par nous-mêmes », reprend alors Thomas Le Ludec, avant que le Pr Samir Jabert, chef d'un département d'anesthésie réanimation au CHU, finisse de glacer l'ambiance en évoquant le « désarroi de [ses] collègues italiens » avec lesquels il a échangé le matin même au téléphone. « Ils me disent qu'ils doivent choisir qui intuber entre deux patients. Ils ne disposent pas d'appareils de ventilation artificielle en nombre suffisant. Ils me disent qu'ils sont très surpris par la tournure et la rapidité des choses. » Dans la région Haut-Rhin, où les malades commencent à affluer, la prise de conscience est plus brutale encore qu'à Montpellier. Ce même jour, le président de la région Grand Est, Jean Rottner, lui-même médecin, envoie un SMS à Emmanuel Macron : « C'est pire que ce que tu imagines. Vous ne réalisez pas ! » En réalité, chacun réalise que le système français ne pourra pas affronter cette « grippette », comme l'ont encore qualifiée récemment sur certains plateaux de télévision d'éminents spécialistes. Partout en France, les hôpitaux s'adaptent, des consignes ont été données depuis un mois déjà pour libérer des lits. « Nous étions prêts pour la vague et, dans de nombreuses régions, nous le sommes toujours. Mais nous n'imaginions pas cette magnitude », reconnaît un conseiller du ministre de la Santé, épuisé par des semaines de crise. Cette fois, il ne s'agit plus d'une épidémie lointaine. Tout le monde l'a compris.
12 mars, midi Palais de l'Élysée
Dans la nuit, tout s'est accéléré. Donald Trump a supprimé les vols aériens au-dessus de l'Atlantique. Les chiffres de la mortalité venus d'Italie sont terrifiants. En France, l'épidémie ne se limite plus à quelques foyers dans le Grand Est ou dans l'Oise. Elle se diffuse partout et surtout très vite. Constitué d'une dizaine de chercheurs emmenés par Jean-Francois Delfraissy, le Conseil scientifique créé la veille est reçu par Emmanuel Macron. En cette fin de matinée, les chercheurs et les médecins pensent assister à une réunion assez formelle d'une petite heure avec le président de la République, que la plupart d'entre eux n'ont jamais rencontré. Mais Emmanuel Macron, qui doit prendre la parole dans la soirée devant les Français, pose une question : faut-il annuler le premier tour des élections municipales ? La discussion s'engage. Jean-François Delfraissy demande à plancher avec les membres du Conseil pour rendre un avis le plus détaillé possible. Des plateaux-repas sont commandés. À 16 heures, la réponse tombe. Se rendre dans un bureau de vote, si les barrières de distanciation sont mises en place, n'est pas plus dangereux que de faire ses courses dans un magasin. À 20 heures, Emmanuel Macron annonce qu'il ferme les écoles, les lycées et les universités. Et qu'il maintient les élections.
Généraux. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le Premier ministre Édouard Philippe, le président du Conseil scientifique Jean-Francois Delfraissy et le ministre de la Santé Olivier Véran, le 13 mars. 13 mars Palais de l'Élysée-Commission européenne
Emmanuel Macron est au téléphone avec Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. C'est la panique sur les marchés où les Bourses se sont effondrées. Il faut rattraper une erreur de communication de la BCE qui ne s'est pas fait bien comprendre. La Commission européenne doit préciser les choses et diffuser un message clair, sans aucuns chiffres, pour ne pas brouiller le message. Celui-ci est simple : il se résume en une formule déjà utilisée par Mario Draghi à l'époque de la crise des dettes souveraines. La Commission, la BCE et les États feront ce qu'il est nécessaire, quoi qu'il en coûte, pour affronter la crise économique et financière. Quant au pacte de stabilité, il est tout simplement suspendu. En clair, les États ont carte blanche pour soutenir leur économie. Macron et Von der Leyen s'entendent sur le message : cette dernière doit incarner la solidité et l'unité de l'Europe au moment où certains États commencent à jouer leur carte nationale. Trois jours plus tard, Emmanuel Macron et Angela Merkel, qui se sont longuement parlé auparavant, organisent une réunion de crise par visioconférence avec leurs homologues européens. Le Français et l'Allemande sermonnent ceux qui envisagent de fermer leurs frontières nationales. Paris et Berlin sont sur la même ligne : d'accord pour fermer les frontières extérieures de Schengen. Mais il faut à tout prix laisser ouvert le marché unique. Sinon, ce serait rajouter du chaos au chaos. Macron et Merkel se passent le relais pour faire la leçon à leurs partenaires : cette question des frontières est existentielle, disent-ils. Il y aura un après-virus. Il faut passer cette crise ensemble. Sinon, l'Europe ne survivra pas.
16 mars, 20 heures Palais de l'Élysée 
Emmanuel Macron s'adresse aux Français. En décrétant le confinement et les mesures qui l'accompagnent, il répète à plusieurs reprises : « Nous sommes en guerre. » Lorsqu'il termine son allocution par la formule consacrée : « Vive la République ! Vive la France ! » ces quelques mots ont une gravité inédite
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Dans de la mauvaise communication qui ne fait qu'irriter les français sans les tranquilliser (même un peu) et notamment de la part de nos élus !

Et qu’ils cessent de faire de la politique politicienne seul réflexe, dont qu’ils ne peuvent s’empêcher d’utiliser !

Je veux essayer SVP d’être impartial, car j’ai connu tous les présidents de cette V eme république depuis de Gaulle et ait subi toutes les crises importantes jusqu’à aujourd’hui, alors c’est simple, soit nous sommes vraiment stupides puisque nous les élisons, soit ils sont des médiocres incurables qui font de la politique politicienne à leurs profits ?!

Je précise que je ne suis inféodé, ni encarté à aucun de ces partis ringards, mais étant en fin de vie, de par mon âge, fort déçu pour ne pas dire autre chose et malgré que notre jeune président veuille en plus mettre les personnes âgées de plus de 65 ans, qui semble le gêner, encore plus confinées, cela ne m’empêchera pas de parler et dire ce que je pense de lui et de sa gestion du pays, voire de son imprévoyance !

J’ai honte pour mon pays la France que j’aime !

Jdeclef 16/04/2020 18h14

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