« La
deuxième armée au monde a été stoppée en Ukraine »
ENTRETIEN.
Ambassadeur d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko souligne la multiplication des
revers des forces russes, signe selon lui d’un tournant dans la guerre.
Des roses jaunes et bleues ont
été déposées devant la façade de l'ambassade d'Ukraine à Paris. Mais elles sont
déjà submergées par les trombes d'eau de cette morose journée de pluie. La
représentation diplomatique est encore sous le choc du nouveau drame qui a
frappé l'est de l'Ukraine en guerre. À peine quelques heures plus tôt, un
missile a visé la gare ferroviaire de Kramatorsk, tuant au
moins 52 personnes, dont 5 enfants, qui tentaient de fuir
la région du Donbass. Si la Russie a démenti être à l'origine du tir,
sa culpabilité ne fait aucun doute, selon l'ambassadeur d'Ukraine à
Paris.
Refusant de se laisser abattre, Vadym Omelchenko souligne dans un
entretien au Point les récentes libérations par les forces
ukrainiennes de villes situées dans la région de Kiev, et le retrait de
l'armée russe du nord de l'Ukraine, signes selon lui d'un tournant dans la
guerre. Entretien.
Vadym Omelchenko : Je commencerai par la citation du
président Zelensky à la suite des événements : « Si le mal n'est pas
puni, alors il continuera. » On sait objectivement qu'un missile
balistique s'est abattu sur la gare civile de chemin de fer de Kramatorsk qui
comptait à ce moment-là 4 000 personnes, selon nos estimations, pour la
plupart des femmes et des enfants qui attendaient l'évacuation. On sait, à
l'heure où je vous parle, que 52 personnes ont été tuées et des dizaines
gravement blessées. C'est abominable. Il est important de préciser que
l'agence de presse russe Ria Novosti a rapporté l'information environ cinq
minutes avant qu'elle ne se produise réellement. Il s'agit donc bien d'actions
délibérées de la part de la Russie.
Ces frappes visaient des civils ukrainiens qui tentaient de fuir
l'est du pays. Comportent-elles d'après vous un message spécifique ?
Personne n'est surpris qu'ils [les Russes] prennent les
civils pour cibles. Ce sont des tactiques de lâches et de barbares, que l'on a
déjà observées à Kharkiv, Tchernihiv ou dans les villes de la région de
Kiev. Ce que je vois aujourd'hui, c'est que les Russes ont changé de tactique.
Ils évitent désormais les affrontements directs avec les troupes ukrainiennes.
Ils se sont rendu compte qu'ils souffraient de pertes très graves et que
l'armée ukrainienne était mieux préparée que ce qu'ils pensaient. Rendez-vous
compte, en un mois et demi ils ont subi des pertes comparables à ce qu'a
enregistré l'Union soviétique en dix ans de combat en Afghanistan. Désormais,
les Russes utilisent des armes lourdes et des missiles balistiques pour
détruire à distance les grandes villes ukrainiennes. L'objectif recherché est
de provoquer une crise humanitaire, mais également de semer la peur et la
panique. On avait déjà observé cette tactique en Tchétchénie et en Syrie.
Le récent retrait russe de Kiev et du nord de l'Ukraine correspond-il, selon vous, à ce changement de tactique ?
La propagande russe change de communication chaque jour. Mercredi, ils
disaient qu'il s'agissait « d'un geste de bonne volonté ».
Aujourd'hui, ils affirment qu'il s'agit d'un « regroupement
tactique ». En ce qui nous concerne, nous sommes d'avis qu'il s'agit en
réalité d'une défaite. Dans la région de Kiev, leurs forces se sont retrouvées
quasiment encerclées et elles se sont par conséquent retirées vers le
territoire biélorusse. La totalité de cette zone a été libérée, de même que les
régions de Tchernihiv, de Jitomyr et de Soumy.
Guerre en Ukraine : « L'escalade est dans
l'intérêt de la Russie »
Le monde entier se rend compte aujourd'hui que Poutine est quelqu'un
d'irrationnel. Par ailleurs, je pense qu'il est très peu informé, comme tout
dictateur. Poutine est enfermé dans une bulle et il est clair que son entourage
a peur de lui dire la vérité. Il vit dans sa propre réalité qu'il a lui-même
créée il y a fort longtemps. Celle-ci comporte certaines choses totalement
lunaires. Par exemple, l'Ukraine doit juste être détruite car elle n'a pas
droit d'existence. L'Europe est très faible et désunie. L'Otan n'existe pas.
Les États-Unis sont sur le point d'échouer, et la Chine voit la Russie comme un
partenaire d'égal à égal. D'après sa réalité parallèle, il serait donc en train
de gagner la guerre et il serait en mesure de s'emparer bientôt de Kiev. Je ne
serais donc pas surpris d'apprendre qu'il a donné ce genre d'ordre à son armée
dans le but de parader dans la capitale de l'Ukraine le jour de l'anniversaire
de la victoire dans la Grande Guerre patriotique.
Poutine et le cercle des irréductibles
Dès lors, un retrait de l'armée russe ne semblerait pas possible
dans un avenir proche ?
Je pense que Poutine ne va pas reculer, mais il est bien probable que ce
soit l'armée russe qui recule.
Voulez-vous dire qu'elle pourrait désobéir aux ordres de son
président ?
Pensez-vous que c'est Poutine qui les a autorisés à fuir de Kiev comme ils
l'ont fait ?
Où en sont les négociations politiques entre Russes et
Ukrainiens ?
Il y a pour le moment une pause dans les pourparlers. Je pense qu'elle est
liée au fait que, de jour en jour, la position de la Russie s'affaiblit et
qu'elle a besoin d'une victoire quelconque, même tactique, pour pouvoir revenir
aux discussions avec une position plus ferme. Pour le moment, ils n'y arrivent
pas. La délégation ukrainienne a fait un certain nombre de propositions lors
des dernières négociations d'Istanbul, et nous n'avons toujours pas reçu de
réponse.
Sur le plan international, que change la suspension de la Russie du
Conseil des droits de l'homme de l'ONU ?
Il s'agit d'un geste très important de la part de la communauté
internationale, mais ce n'est d'après moi que le début. Je pense que cette
guerre doit s'achever par un tribunal international contre tous les
responsables de ce massacre contre le peuple ukrainien.
Comment jugez-vous le soutien européen à l'Ukraine, l'Union ayant
adopté jeudi une cinquième série de sanctions contre la Russie ?
Il faut dire une chose : l'Ukraine unit et rassemble. On assiste
aujourd'hui au second souffle des institutions et structures telles que l'Union
européenne et l'Otan. Ce n'était pas le cas il y a à peine un mois, mais la
communauté démocratique a été si choquée par le comportement de la Russie que
la donne a changé. Nous constatons aujourd'hui un phénomène nouveau où le monde
commence à privilégier les principes aux intérêts matériels. Rendez-vous
compte, il y a un mois, certains pays européens ne voulaient pas entendre
parler du durcissement des sanctions contre la Russie, et nous en sommes déjà à
la cinquième et, croyez-moi, elles fonctionnent.
Ces mesures ne pénalisent-elles pas l'ensemble du peuple
russe ?
L'objectif principal de ces sanctions n'est pas uniquement
d'affaiblir la Russie, mais surtout de faire en sorte qu'elle cesse
d'alimenter la campagne militaire russe contre l'Ukraine. Je pense que les
dirigeants du monde entier sont en train de comprendre que Poutine a déclaré la
troisième guerre mondiale le 24 février dernier [en lançant l'invasion du
pays ]. C'est la première personne dans l'histoire récente à utiliser
l'arme nucléaire comme moyen de menace et de chantage, et non comme un outil de
dissuasion. L'autre levier de pression de Poutine est l'énergie. Bien sûr que
les pays européens, dont la France, ressentent les conséquences de ces
sanctions, mais les dirigeants responsables sont conscients qu'il existe un
prix que l'humanité devra payer pour en finir avec ce nouvel Hitler. Car si
l'humanité continue à accepter son chantage, alors cela pourrait se finir comme
en 1940, lorsque les troupes allemandes ont occupé l'Europe.
Mais on voit bien que certains pays européens ne sont pas prêts à
couper le robinet du gaz, comme l'Allemagne et surtout la Hongrie de Viktor
Orban ?
Le constat est très simple. Plus un pays est dépendant de la Russie et de
son énergie, plus il la soutient et demeure réticent à imposer des
sanctions contre elle. La France a bien fait de diversifier ses sources
d'énergie. C'est moins le cas pour l'Allemagne, mais on constate qu'elle a
récemment pris des décisions en vue de minimiser cette dépendance, même si cela
va encore prendre du temps. En ce qui concerne Viktor Orban, on voit bien qu'il
ne s'agit pas là uniquement de liens économiques avec la Russie, mais aussi
d'une certaine proximité idéologique, et c'est un signal
préoccupant, car si Poutine l'emportait, alors l'Europe se retrouverait en
quelques années désintégrée en de multiples forces nationales. Mais je
suis convaincu, pour ma part, que cela n'arrivera pas.
Comprenez-vous que l'Occident augmente d'un côté ses livraisons
d'armes à l'Ukraine et refuse de l'autre d'intervenir militairement, de peur
d'être vu comme un cobelligérant par la Russie ?
Je comprends d'un côté cette attitude, car Poutine a ce qu'on appelle
le bouton rouge [nucléaire, NDLR] et il faut être très prudent avec cela.
Mais vous voyez bien de l'autre comme les choses évoluent rapidement. Il y a
encore un mois, on nous répondait qu'il était impossible d'introduire des
sanctions contre la banque centrale russe ou de déconnecter la Russie du
système bancaire international Swift, or cela a changé lorsque le monde a
observé les bombardements de grandes villes ukrainiennes. Les hésitations sur
l'embargo contre le gaz russe ont disparu après la tragédie qui a frappé
la ville ukrainienne de Boutcha. Par conséquent, je n'exclus rien à ce stade
quant à l'idée que l'Otan et le monde civilisé n'interviendront pas aux côtés
des Ukrainiens.
Comprenez-vous que le président Macron continue à parler fréquemment
au téléphone avec le président Poutine, même si cela ne semble pas suivi
d'effets ?
Cela me désole beaucoup de voir dans les médias français le président Macron
être pointé du doigt parce qu'il continue à échanger avec Poutine. Parce que
chacun de ces entretiens a lieu soit à la demande de notre président
Volodymyr Zelensky, soit en concertation avec lui. Pour nous, la mission
du président Macron est extrêmement importante. Je sais de source sûre qu'il
tient durant ces conversations un discours assez ferme. Et nous n'avons aucun
doute sur le fait que le président Macron appelle les choses de leur nom.
Enfin, imaginez un instant un criminel réalisant une prise d'otages. Il faut
bien faire appel à un négociateur pour jouer à la fois le rôle d'avocat, de messager
et de psychologue dans le but ultime de préserver la vie des civils. Y
aurait-il dès lors des critiques sur le fait que cet homme fasse simplement son
métier ?
On ne ferait pas qu’adhérer à l’Otan mais on
deviendrait un contributeur actif, en mesure d’apporter beaucoup sur le plan
militaire.
Comprenez-vous ceux qui, en France, continuent à mettre dos à dos
l'Ukraine et la Russie de Poutine, en affirmant que l'Otan n'a fait que
s'étendre vers l'est au cours des trente dernières années ?
Il faut constater que notre attitude par rapport à notre adhésion à l'Otan a
aussi évolué. Notre président par exemple a déclaré que l'Otan n'était pas
l'urgence absolue du moment, mais que si un jour nous étions appelés à la
rejoindre, nous y réfléchirions. En ce qui me concerne, j'ajouterai que l'on ne
ferait pas qu'adhérer à l'Otan, mais que l'on deviendrait alors un
contributeur actif, en mesure d'apporter beaucoup sur le plan militaire.
Qu'entendez-vous par là ?
Quand nous sollicitions notre adhésion à l'Otan, l'idée derrière était que
nous cherchions une sorte de protection. Aujourd'hui, nous constatons que c'est
nous qui sommes capables aussi de protéger l'Otan et de constituer un apport
significatif. Notre président le répète : regardez la façon dont notre
armée fait la guerre et vous n'aurez plus aucun doute sur son respect des
standards requis par l'Otan.
Ne craignez-vous pas que ce genre de discours encourage davantage
Poutine à poursuivre le combat ?
Cela m'est égal, vous savez. C'est la vérité que je constate et non un
discours d'euphorie. Demandez donc aux militaires français leur avis
aujourd'hui sur l'armée ukrainienne. Elle n'a échoué dans aucun combat. La
deuxième armée au monde a été stoppée en Ukraine.
Lorsque l'Ukraine a souhaité adhérer à l'UE et à l'Otan en 2008,
certains pays occidentaux, dont la France, s'y étaient opposés. Le
comprenez-vous ?
Lorsque la France disait qu'il
n'était peut-être pas conforme à ses intérêts que nous rejoignions l'Otan, et
qu'il restait un long chemin à parcourir pour l'Ukraine, je comprends bien que
cela correspondait au contexte de l'époque. Mais comme vous le voyez, la
situation évolue tous les jours. Et si le monde change, alors les politiques
doivent également changer.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
L'armée russe frappe sans discontinuer commet
des exactions et ravages partout en UKRAINE rasant à peu près totalement des
villes importantes partout !
Ce dictateur russe fait une guerre totale contre
l’Ukraine qu’il veut voir disparaitre et l’inclure à la fédération de Russie
il faut cesser de bavarder pour rien nous les occidentaux et l’Europe !?
En notamment en plus avoir déplacé ses
troupes sur la région du DONBASS semblant leur prochain objectif mais pour
autant n’ayant pas arrêter leur bombardements sur d’autres régions ou villes d’UKRAINE
en n’hésitant pas à terroriser et tuer des civils innocents comme dans cette
ville de BOUTCHA malgré des annonces de retrait vers l’est de l’état-major
Russe qui ment tout comme le fait POUTINE depuis le début en bavassant avec le
président Français (qui hésitait à le designer comme criminel ou boucher comme
l’a fait le président BIDEN ou notre ministre des affaires étrangères LE DRIAN
l’accusant de crimes contre l’humanité) avec ce bombardement de cette gare de
KRAMATOSK ou des civils attendaient le
train pour fuir ces bombardements et ont été massacrés !
Alors voire comparaitre V. POUTINE à ce
tribunal international de LA HAYE pour ces crimes est un vœu pieu irréaliste et
utopique dans notre monde de bisounours ou tout le monde n’est pas beau et gentil !
(Quand on voit le nombre de dictateurs qui
meurt tranquillement dans leurs lits que d’hypocrisie de politiquement correct !)
Jdeclef 09/04/2022 12h22
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire