« Le
logiciel idéologique de Marine Le Pen n’est pas l’extrême droite »
ENTRETIEN.
Pour le spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus, l’étiquette politique
collée à Marine Le Pen n’est pas la bonne.
Marine
Le Pen est-elle d'extrême droite ? C'est la question qui agite la sphère
intellectuelle à l'approche du second tour de la présidentielle, opposant la
candidate du Rassemblement national (RN) au président sortant Emmanuel
Macron. Nombreux sont les sémiologues, politologues, élus politiques et
journalistes à classer Marine Le Pen dans le camp de l'extrême droite.
À rebours de ce « mainstream » de la pensée, une voix
détonne. Celle de Jean-Yves Camus, le codirecteur de l'Observatoire des
radicalités politiques, une structure rattachée à la Fondation Jean-Jaurès, un
groupe de réflexion de gauche. Selon cet expert de l'extrême droite, Marine Le
Pen a remodelé depuis bien longtemps la doctrine du Rassemblement national
(RN). Né à l'extrême droite sous Jean-Marie Le Pen, l'ancêtre du Front
national est aujourd'hui un parti de droite radicale qui regarde vers les
démocraties illibérales.
Jean-Yves
Camus : La science
politique débat depuis plusieurs dizaines d'années de la définition de ce
qu'est l'extrême droite. Et il n'en existe pas de canonique. Ces définitions
sont nombreuses et varient selon les contextes nationaux et juridiques. Au-delà
des définitions du fascisme et du nazisme, l'extrême droite est une vision du
monde – et j'insiste sur le terme « vision du monde » – qui repose
sur le nationalisme. L'extrême droite rêve d'une société fermée, dans laquelle
« les nôtres passent avant les autres », pour reprendre une
expression frontiste. Dans cette vision du monde, l'ordre juridique consacre
cette supériorité des nationaux sur les étrangers. L'extrême droite a aussi une
vision organiciste de la société.
Pourriez-vous préciser ?
Dès lors qu'un corps étranger pénètre le corps humain, il
introduit, naturellement, de la maladie. Et donc, il faut soigner le corps
humain de cet élément étranger. Les partisans d'extrême droite estiment que la
société fonctionne comme le corps humain et que, lorsque quelque chose vient
interférer avec sa marche harmonieuse et naturelle, il faut extirper ce qui est
la cause du mal. Il y a une recherche permanente de l'harmonie du corps social
qui passe par la mise à l'écart, sans nécessairement passer par la violence.
Les racines du parti qu'elle dirige le sont. Marine Le Pen ne
pourra jamais s'en défaire. Le Front national – l'ancêtre du RN – a été
créé en 1972 incontestablement à l'extrême droite. Il suffit de
regarder quelle était l'origine militante des gens qui trônaient à la
tribune du congrès de fondation… Et jusqu'à ce que Jean-Marie Le Pen, son
fondateur, quitte la présidence, ce parti était d'extrême droite. Difficile de
qualifier autrement la formation de quelqu'un qui croit en l'inégalité des
races et considère que les chambres à gaz sont « un détail de
l'histoire »…
Et Marine Le Pen, l'est-elle ?
À LIRE AUSSIMarine Tondelier : « Le RN
est un parti vautour »
Pourquoi, dès lors, ce consensus dans la presse
pour classer Marine Le Pen à l'extrême droite ?
Ce consensus dans la presse est inexistant dans les universités.
Je trouve qu'il y a un défaut de référence à la littérature scientifique dans
les arguments qu'utilise la presse pour qualifier Marine Le Pen. Prenons la
définition de l'extrême droite, selon l'historien français Michel Winock. La
haine du présent, considéré comme une période de décadence ? Beaucoup
moins chez Marine Le Pen que chez Éric Zemmour. La nostalgie d'un âge
d'or ? Pas beaucoup chez Marine Le Pen. L'éloge de l'immobilité,
conséquence du refus du changement ? Non, au contraire, une volonté de
bouleverser l'ordre juridique et politique. L'anti-individualisme ?
Compliqué : elle est, à la fois, l'apôtre de l'unité nationale et
sensible aux libertés individuelles. L'apologie des sociétés
élitaires ? Non, son discours anti-élite est extrêmement présent. La
nostalgie du sacré ? Je n'ai pas l'impression que cela la travaille
particulièrement. La peur du métissage et l'effondrement démographique ?
Oui. La censure des mœurs ? Non, pas tellement.
L'anti-intellectualisme ? Oui, même si elle explique que son mouvement est
désormais rejoint par des personnalités qui apportent de la substance.
Dans l'imaginaire collectif, l'extrême droite
c'est le fascisme…
Assurément. Qu'on le veuille ou non, l'extrême droite renvoie dans
nos sociétés d'Europe occidentale à la période des années 1920-1930 et
à l'Occupation dans les années 1940. Dans cet entre-deux-tours
présidentiel, on entend encore que Marine Le Pen est fasciste. Cela n'a
pas grand sens. Le Rassemblement national n'est pas un parti milice. Il ne
promeut pas la violence de rue comme moyen de conquête de l'État. Il ne veut
pas créer un « homme nouveau » comme le souhaitait Adolf Hitler. Il n'est
pas corporatiste.
Ni d'extrême droite ni fasciste, mais de quelle
droite alors ?
Marine Le Pen a infléchi le logiciel idéologique de sa formation,
que je préfère placer dans les droites radicales. Il n'y a qu'à voir de
qui elle est proche au Parlement européen : le parti du néerlandais
Geert Wilders, le FPÖ autrichien et la Lega italienne. Et dernièrement,
les formations de Victor Orban et le parti polonais Droit et justice. Ces deux
partis promeuvent l'idéologie de la démocratie illibérale. Dans ce modèle,
la forme démocratique survit, mais l'autoritarisme est beaucoup plus fort, la
séparation des pouvoirs est mise à mal, le nationalisme et le rejet de l'Europe
sont omniprésents. C'est incontestablement vers ce modèle que Marine Le Pen
regarde.
À LIRE AUSSIGernelle – Le lepéno-mélenchonisme,
stade suprême du cynisme
Pourquoi le front républicain
s'essouffle-t-il ?
Le front républicain, c'est le vote par défaut. Dimanche, voteront
pour Emmanuel Macron des électeurs en désaccord avec son programme politique et
insatisfaits par son bilan présidentiel. Ces électeurs auront pour seul
objectif d'empêcher que Marine Le Pen soit élue. Cela a été le cas en 2017.
Tout comme en 2002 lors du duel entre Jean-Marie Le Pen et Jacques
Chirac. C'est toujours frustrant de voter non pas pour une personne, mais
contre une personne. Pour autant, le front républicain n'est pas mort !
Yannick Jadot et Anne Hidalgo ont appelé à voter pour Emmanuel
Macron. Tout le monde, sauf Nathalie Arthaud, a dit « pas une voix
pour Marine Le Pen ».
Nombre d'électeurs n'ayant pas réussi à
qualifier leur candidat au premier tour s'abstiendront ou voteront Le Pen…
C'est exact. Peut-être ne voient-ils pas très bien ce qu'il
adviendrait si Marine Le Pen arrivait au pouvoir. Ils n'arrivent pas à intégrer
le changement complet de paradigme qui en résulterait, d'où cette réaction qui
consiste à dire « finalement risquons-nous autant que cela ? »
Il est vrai qu'il existe des garde-fous : le Conseil constitutionnel, des
élections législatives en juin… Ils considèrent donc que l'élection de Marine
Le Pen est quelque chose sur laquelle ils pourront toujours revenir.
Problème : le programme de Marine Le Pen repose sur l'utilisation
intensive du référendum, quel que soit le type de sujet. Quand on contourne la
démocratie représentative, il est beaucoup plus difficile de revenir sur les
réformes mises en place…
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Troubler
les bas de plafond en les poussant à ne pas réfléchir chez certains Français
qui croient encore aux étiquettes politiques dont s'affichent nos partis
ringards au point qu'ils écoutent les diatribes de leurs leaders à chaque
élection comme des niais ou veaux comme les avait appelé de Gaulle qui connaissait
bien les Français mais qui lui aussi s’est fait avoir justement à cause d’un référendum
sur la suppression de Sénat, que beaucoup réclame sur multiples sujets et qui
ayant été désavoué a perdu le forçant à abandonner cette place de président monarque
et dont M.LE PEN veut utiliser et abuser par ce fameux Référendum d’Initiative
Citoyenne !
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1970 et
la création du FN parti d’extrême droite de J.M.LE PEN qui lui ne voulait pas être élu seulement semer
le désordre dans ces partis ringards « la bande des 4 » comme il les
appelait et qui s’est trouvé en 2002 qualifié par accident électoral propulsé
au 2 eme tour pour être battu avec un écart de + 80% d’écart en faveur de CHIRAC !
Cela a donné des ailes à sa fille M.LE PEN de se lancer dans la course au point de dire qu’elle
n’est pas d’extrême droite en se dédiabolisant et changeant le nom de son parti
hérité de son père de FN en RN (artifice bien connu des partis de droite) mais
elle bien moins douée que son père !
Si les français
faisaient abstraction de ce scénario « LE PENISTE » habituel car si les
autres partis si médiocres et leurs leaders arrivaient à désigner un candidat
valable autre que le RN cela aurait permis de ne pas voir réélu probablement l’opportuniste
E.MACRON et son parti fantôme !
Ce qui
prouve que ce qui compte ce ne sont plus les partis et les étiquettes
politiques instrumentalisés par des appareils ou sondages de médias orientés
mais le programme du candidat et sa stature présidentielle (surtout quand c’est
un récidiviste qui a l’expérience du poste !?)
Mais
faire comprendre cela à des Français craignant le lendemain c’est mission impossible !?
Jdeclef 22/04/2022
13h12 LP
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