À bord du Charles de Gaulle, par temps
de guerre
Le
porte-avions français a tourné la page de l’opération Chammal – la lutte contre
Daech au Moyen-Orient. Il fait désormais pièce à la Russie en Méditerranée.
La
meute des « chiens jaunes » prend place sur le pont du Charles de Gaulle.
Parmi les nombreux personnages multicolores qui peuplent la piste du
porte-avions français, on comprend vite que ce sont eux qui dirigent les
opérations. Le chef des « jaunes », ce matin d'avril, est Christophe,
dit Chris. Jambes écartées, bras le long du corps, il observe le ballet des
Rafale dans le ciel. Cinq d'entre eux rentrent de mission et s'apprêtent à
apponter. Le « Charles », qui remonte la côte occidentale du
Péloponnèse, s'est mis face au vent : la phase d'approche est lancée. Les
chasseurs forment une ronde autour du navire, puis, un à un, se présentent,
train ouvert. La crosse d'appontage du premier attrape le brin d'arrêt, ses
pneus couinent, les bras de Chris se dressent au-dessus de son casque : « Dès qu'il est accroché, je lui fais signe qu'il passe
sous ma responsabilité. »
Les « chiens jaunes » sont appelés ainsi car ils sont
connus pour gueuler. Mais sur le pont, la communication se fait par un ensemble
de gestes. Chris guide le pilote, le transfère à un autre « jaune »
et prend quelques secondes pour respirer l'air du large. « J'ai passé plus de ving ans dans l'armée, dont seize
avec les avions et les hélicos, et c'est toujours un bonheur pour moi. »
La Marine a fait du Toulousain d'origine un Toulonnais d'adoption. Il a quitté
sa cité du Mirail pour la Côte d'Azur, où se trouve la base de l'unique
porte-avions français. Des Rafale, il en a catapulté et fait apponter des
centaines. Peu importe qu'ils reviennent d'un exercice ou d'une opération à
proximité de l'Ukraine. « Bien sûr,
j'ai été surpris par la nouvelle de l'invasion russe et je sais qu'en France
les familles de mes équipiers se font du souci. Mais sur le pont, on a toujours
la même concentration et la même rigueur. »
Changement de cap
Quand il a quitté Toulon début février, Chris pensait, comme tout
l'état-major français, que le Charles de Gaulle allait se positionner en
« Medor » (Méditerranée orientale) dans le cadre de l'opération
Chammal – la lutte contre Daech au Levant. Tout a changé le 24 février. « On a appris la nouvelle de l'invasion russe en
Ukraine au milieu de la nuit, et on a tout de suite su que notre mission allait
être modifiée », se rappelle le commandant du
porte-avions, Sébastien Martinot. En poste depuis neuf mois, l'ancien pilote du
Charles de Gaulle est
monté dans l'îlot, au-dessus de la piste, pour rejoindre la passerelle de
commandement, « la plus
belle de la Marine française ».
Désormais, c'est d'en haut qu'il regarde les avions décoller et qu'il dirige le
navire. Sur l'un de ses écrans de contrôle, on voit que le porte-avions est
bien entouré : l'escorte comprend trois frégates françaises, deux frégates
alliées (une américaine et une grecque), ainsi qu'un bateau ravitailleur et un
sous-marin. Trois jours après l'offensive russe en Ukraine, l'ensemble du
groupe aéronaval (GAN) a mis le cap vers la Méditerranée centrale, à proximité
de la Grèce. De là, il sécurise le flanc est de l'Otan, grâce aux
Rafale que Chris fait décoller et qui vont jusqu'en Roumanie et en
Bulgarie.
Responsabilité de l'Otan : démêler le vrai du faux
Pour assurer sa défense, le mastodonte de l'armée française compte
notamment sur le Forbin, une
frégate antiaérienne chargée de lui établir une bulle de protection. Équipée de
puissants radars, cette dernière voit très loin. Son « pacha », le
commandant Nicolas Molitor, a assisté aux premières loges à la montée en
puissance des Russes. « Moscou a
mené un exercice majeur début février en Méditerranée et en mer Noire, faisant
venir pour l'occasion des bâtiments de sa flotte du Pacifique, basée à
Vladivostok. Sauf qu'ils ne sont jamais repartis… Était-ce
prémédité ? » fait-il mine de s'interroger
dans un sourire. « Ce qui
est certain, c'est que la Russie a toujours voulu avoir un port ou une base en
Méditerranée. Durant la guerre en Syrie, elle a consolidé ses positions
portuaires à Tartous et les aériennes à Lattaquié. Depuis, à chaque fois que le
GAN est dans le secteur, Moscou envoie des renforts dans ses bases syriennes.
L'an dernier, on a vu des bombardiers Tu-22 voler à proximité de la flotte
française. »
Depuis le centre de contrôle de la frégate, le chef de la lutte
antiaérienne du GAN supervise une armée de jeunes officiers. C'est le centre
névralgique du bateau. Pas la moindre fenêtre, mais, de jour comme de nuit, les
écrans donnent une vision claire de la situation en Méditerranée. Des points
verts marquent les appareils identifiés et amicaux, des points blancs, les non
identifiés, et des points orange, ceux dits dignes d'intérêt. Comme l'ensemble
du groupe aéronaval, son navire est passé en WP 2 (Weapon Posture 2).
« WP 1 signifie être prêt à faire
feu immédiatement ; WP 2 : à deux minutes d'ouvrir le feu ; WP
3, à quinze minutes et WP 4 à deux heures de faire feu »,
détaille un gradé du Forbin, tout en
inspectant des torpilles qui ont été sorties de leur lieu de stockage et
placées dans les tubes de lancement. « On devrait revenir en WP 3 après avoir
passé le détroit de Messine, prédit le commandant Molitor, c'est la nouvelle frontière qui sépare la zone de tensions
de celle de relative tranquillité. »
La troisième guerre mondiale a-t-elle vraiment
commencé ?
Sur le Charles,
le carré des officiers est l'endroit où se retrouvent les gradés après le
service. Quatre pilotes boivent un café au comptoir devant une télé branchée
sur une chaîne d'information. Au-dessus de leur tête, des images de Marioupol,
de Kharkiv puis de réfugiés ayant fui en Roumanie. Dans sa combinaison ocre,
Dave, pas encore 30 ans, revient justement de la zone. Humilité ou fougue
de la jeunesse, il assure ne pas ressentir de tension particulière. Des
interactions avec des chasseurs russes, il confie en avoir assez régulièrement.
« Mais, jusqu'ici, tout le monde respecte
les distances et les codes de procédure. » Pendant
qu'il se détend au carré, son Rafale a été descendu au hangar.
Collaboration inédite
Heureusement, la France n'est pas seule face aux Russes en
Méditerranée. En dézoomant sur les cartes du Forbin, on constate que l'USS Harry S. Truman n'est
pas loin de là, en mer Adriatique. Le porte-avions américain et son groupement
aéronaval ont été placés sous commandement de l'Otan, une situation inédite
depuis la fin de la guerre froide. Les deux « PA » (porte-avions) se
répartissent les zones à contrôler et ont fait montre de leur coopération en
effectuant des cross-deck :
des F-18 américains ont apponté sur le navire français pendant que des Rafale
faisaient de même sur le navire américain.
Gérard Araud – Pourquoi la perspective de paix s'éloigne en
Ukraine
« Pendant longtemps, on a eu le sentiment
que la Marine américaine fuyait l'Europe »,
observe le commandant Molitor, qui ne se rappelle pas avoir vu un groupe
aéronaval américain en Méditerranée depuis au moins une dizaine d'années. Selon
lui, les seuls qui passaient par là étaient en transit, via le canal de Suez,
pour aller dans la zone Indo-Pacifique ou au Moyen-Orient. « Vladimir Poutine a ressuscité la 6e flotte
américaine [celle dévolue à la
Méditerranée, NDLR] »,
ironise un gradé. Russes et Américains sont à nouveau bord à bord au sud de
l'Europe et se marquent de près : un bateau de renseignement russe
grenouille entre l'Albanie et le talon de botte italienne pour tenter de glaner
des informations sur le Truman,
quand celui-ci ressortira de la mer Adriatique.
Biden, un pacifiste en temps de guerre
Plus au sud, en mer Ionienne, le Charles fait cap vers l'Ouest. Avant
de rentrer à la base, Chris continue d'envoyer des Rafale aux frontières
de l'Ukraine. Depuis le bureau des responsables du pont d'envol, il déplace des
modèles réduits d'avions sur un plan de la piste pour établir l'ordre de la
prochaine fournée. Puis ce sera Toulon, et quelques jours de repos bien
mérités. Sauf si le maître du Kremlin lui réserve une nouvelle surprise.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
armes
sophistiquées notamment ces missiles hypersoniques que possède la Russie!
C'est
simplement un aérodrome maritime mobile pour faire décoller rapidement des
avions de combat et ce type de bateau qui devient facile à couler !
Même si
les Américains qui en ont onze en ont détaché un le SS TRUMAN pour appuyer
cette force maritime alliée française coïncidence de nom de celui-ci porté par
le président des États-Unis ayant utilisé le 1er l'arme nucléaire contre le
JAPON pour stopper la guerre contre ce pays en 1945 !
Et surtout
si la RUSSIE s'en prenait à ce bateau de guerre français, fleuron de notre marine
bien diminuée en matériel et effectifs par nos gouvernements de tous bords
divers depuis des décennies !
Cela
sonnerait le départ d'une guerre mondiale !
Je plains
mes camarades car ayant été pendant mon armée dans la marine étant âgé on en
avait deux porte-avions pourtant la situation internationale n'était pas si
tendue et explosive !
Car hélas
nos dirigeants de tous bords incompétents boutiquiers affairistes avec cette
mondialisation et culture du profit et de l'argent roi ont cru à une paix
fragile après la chute du mur en 1989 et la fin de l'URSS en oubliant tous ces
dictateurs et leurs doctrines totalitaires et croyant à un monde de bisounours
ou tout le monde est beau et gentil !?
Après la
dernière guerre mondiale, on est presque revenue à la case départ en espérant
qu'une troisième ne se rallume pas jusqu’à l’oublier !?
Et nous en
France ont se crêpent le chignon pour probablement réélire le même président
sortant qui ne changera rien si ce malheur arrive avec déjà d’autres déjà en place
économiquement inflationnistes !?
Jdeclef 07/04/2022 10h48
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire