Michel
Barnier : « Valérie Pécresse peut créer la surprise »
ENTRETIEN.
L’ancien commissaire européen détaille la politique étrangère de la France et
revient notamment sur son soutien à Valérie Pécresse.
Un
temps favori à droite, Michel Barnier fait désormais office de
« mousquetaire » pour sa candidate Valérie Pécresse. Attaché à sa
famille politique, ce gaulliste convaincu conseille la présidente d'Île-de-France,
à la peine dans les sondages, sur les grands enjeux internationaux du moment. Ukraine,
Russie, rôle de l'Europe, Alliance Atlantique… Pour Le Point, il revient
sur l'actualité et donne son avis sur le scrutin, à huit jours du premier
tour. Emmanuel Macron ? Un président solitaire et arrogant. Les
chances de la droite de l'emporter ? Ne jamais désespérer avant le
coup de sifflet final. L'ancien commissaire européen explique pourquoi, selon
lui, l'alternance démocratique est indispensable et fait mine de croire en un
hypothétique ralliement de Nicolas Sarkozy : « Ce que je sais, c'est
que sa famille politique est importante pour lui. »
Le Point : La guerre en Ukraine a bouleversé les équilibres
du continent. L'Europe est-elle à la hauteur de l'enjeu ?
Qu'est-ce que les Européens n'ont pas voulu voir que les
Américains avaient compris ?
UE-Chine : comment empêcher
Pékin de basculer vers Moscou
Paradoxalement, toutes ces crises successives n'ont-elles pas
renforcé l'Union européenne, affaiblie par le Brexit ?
L'activisme du gouvernement britannique sur la guerre en Ukraine,
associé de près aux sanctions contre la Russie, n'est-il pas la preuve que le
Brexit était avant tout une négociation commerciale qui a échoué plus qu'une
remise en cause du projet européen ?
Ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées. Pour ses
protagonistes, Farage ou Johnson, le Brexit était clairement une remise en
cause du projet européen, mais cette remise en cause a échoué. Les Britanniques
ne sont pas parvenus à remettre en cause le marché unique. D'abord, parce que
nous avons été unis, je peux en témoigner, et c'est ainsi que nous avons su
préserver le marché unique de toutes les tentatives de détricotage de la part
des Britanniques. La négociation commerciale a abouti puisque nous avons conclu
un accord de commerce original dans bien des aspects. C'est la première fois,
en effet, que nous avons instauré des barrières plutôt que de les réduire.
La négociation a atteint son but. Pour la Russie et pour d'autres pays, le
Royaume-Uni a toujours été historiquement très actif sur le sujet des
sanctions économiques. Il a une diplomatie très active. Tout cela me fait
regretter que Boris Johnson n'ait pas voulu négocier, contrairement à ses
premières intentions, un accord sur la politique étrangère et la défense que
nous lui avions proposé en 2019 pour finalement réduire la
négociation à son seul volet économique. Il y a des grands défis globaux
comme le climat, la pauvreté en Afrique, le terrorisme, la maîtrise des grands
flux financiers qui exigent de notre part une coopération de tous les instants
avec notre partenaire outre-Manche.
Tous les candidats qui se revendiquent gaullistes, dont Valérie
Pécresse, plaidaient, avant l'invasion, pour une politique d'équidistance avec
Moscou dans une sorte de « ni-ni » diplomatique. C'était une naïveté
supplémentaire ?
Soyons lucides sur la sincérité des candidats qui se revendiquent,
aujourd'hui, du général de Gaulle. Seule Valérie Pécresse est la candidate
de la famille politique héritière du gaullisme. C'est pour cela que je suis à
ses côtés. Les autres réclament des bouts du gaullisme avec plus ou moins de
crédibilité… Quand Éric Zemmour se revendique du gaullisme, je n'oublie pas
qu'il a délibérément mis sur un pied d'égalité Pétain et de Gaulle. Ce n'est
pas excusable. Maintenant, tant mieux si l'héritage gaulliste est
aujourd'hui partagé. La volonté d'indépendance du général de
Gaulle ne signifiait pas l'indifférence aux autres ou la neutralité. La
France n'a jamais été neutre. Elle se tient aux côtés de son allié américain,
mais nous reconnaissons les autres peuples, dont le peuple
chinois ou le peuple russe, et voulons dialoguer avec leurs États. Notre
ligne reste la même, à la différence des candidats d'extrême droite, mais pas
non plus d'allégeance aux Américains. L'alliance ne signifie pas l'allégeance.
EXCLUSIF. Ralliements à
Macron : rififi chez les députés Les Républicains
Vous, président de la République, seriez-vous allé à Moscou
sachant que Vladimir Poutine mentait délibérément ?
J'ai approuvé, comme Valérie Pécresse, toutes les tentatives de dialogue pour
préserver un canal de discussion avec Vladimir Poutine. Je pense, par contre,
qu'il aurait été utile d'y aller plus tôt, dès le tout début de cette année, et
de s'y rendre à plusieurs, notamment avec le chancelier allemand, Olaf Scholz,
dans une démarche véritablement européenne.
Après avoir été candidat au congrès des Républicains, vous êtes
conseiller international auprès de Valérie Pécresse. Au fond, qu'est-ce qui
distingue votre projet de celui d'Emmanuel Macron dans ce domaine ?
Il existe bien une ligne permanente de fond dans la politique
étrangère de la France, depuis le début de la Ve République.
Tant mieux si le président actuel s'est tenu à cette ligne, comme ses
prédécesseurs. Cela vaut aussi pour la dissuasion nucléaire, qui est une
composante importante de notre indépendance et de notre politique étrangère.
Sur le plan extérieur, le président de la République a souvent agi comme il l'a
fait à l'intérieur du pays, de façon solitaire et, parfois, arrogante. Je pense
que la France n'est pas grande quand elle est arrogante, qu'elle n'est pas
forte si elle solitaire. D'expérience, je peux dire que l'influence française
dans les affaires du monde ne tombe jamais du ciel, au contraire. Elle se
construit patiemment à travers des convictions, des valeurs, de l'attention aux
autres, par du jeu collectif. Nous avons, depuis les débuts du quinquennat,
plusieurs traces de cette solitude française, d'une « voix
singulière » de la France, pour reprendre le mot du général de Gaulle,
devenu une voix plus solitaire. On le constate en Libye, au Liban, en Algérie,
au Sahel et même dans l'affaire dite des sous-marins australiens. Il faut que
la France soit moins arrogante et plus solidaire.
La campagne ne se déroule pas exactement comme prévu, même si rien
n'est encore joué. Au vu des mauvais sondages, qu'est-ce qui a manqué à votre
candidate pour creuser l'écart ?
Rien n'est joué. Je suis assez sportif et je sais qu'un match
n'est jamais terminé avant le coup de sifflet final. Nous allons tout faire
pour créer la surprise et Valérie Pécresse a une énergie intacte malgré les
coups et les polémiques. Je la trouve remarquable de courage
politique et de résilience. Elle démontre dans cette campagne, où rien ne lui
aura été épargné, qu'elle possède les qualités pour diriger la France et
le sang-froid nécessaire. Ce qui a manqué à tous les candidats jusqu'à
maintenant et donc à elle, c'est évidemment un vrai débat. Ce débat est esquivé
par le président sortant et ses amis alors même que l'élection présidentielle
au suffrage universel est le moment démocratique le plus important de notre vie
politique. On peut craindre la réaction en profondeur des Français si
ces débats n'ont pas lieu à propos du pouvoir d'achat, de
notre endettement excessif, du prix de l'énergie, de la sécurité ou du climat.
Les Français ont droit à cette respiration démocratique.
« On dirait une campagne de
présidente de région » : la magie Stefanini n'opère plus
Vous n'êtes pas sans savoir qu'une partie de la droite lorgne désormais
vers Emmanuel Macron en cas de troisième échec successif. Comment jugez-vous
ces ralliements tardifs ? Ne s'agit-il pas d'une clarification
bienvenue ?
C'est le contraire d'une clarification. Il s'agit en fait
d'une grande confusion. Emmanuel Macron, que je connais bien et que je
respecte, a fait une erreur en voulant faire le vide entre lui et Marine Le
Pen. Il a fait la même erreur au niveau européen en installant l'idée
qu'il n'y aurait personne entre ceux qu'il appelle les progressistes fédéralistes,
d'un côté, et les populistes nationalistes, de l'autre. C'est faux. Nous sommes
là, nous, les partis de la droite et du centre, le PPE, le plus grand groupe au
Parlement européen. Et aussi les partis du centre-gauche, nombreux au
pouvoir dans des pays comme le Portugal, Malte ou l'Espagne. Ces partis
existent alors qu'Emmanuel Macron simplifie les oppositions entre lui et les
extrêmes à outrance. Il faut s'en inquiéter pour l'équilibre de la vie
démocratique de notre pays. Après la présidentielle, au-delà de cette
campagne très singulière, il y a les législatives. Ce sera la deuxième occasion
pour les Français de changer de politique et de gouvernement.
Nicolas Sarkozy laisse planer le doute sur un possible soutien à
Emmanuel Macron sans faire mystère de son peu d'enthousiasme pour Valérie
Pécresse. C'est une faute, de la part d'un ancien président de la République à
qui sa famille politique est toujours restée fidèle ?
Lui aussi est toujours resté fidèle à sa famille, comme nous
sommes restés fidèles, en retour, à son action. Je fais partie de ceux qui
sont restés proches de Nicolas Sarkozy. J'ai été son ministre, mais je ne
vais certainement pas parler en son nom. C'est lui qui dira ce qu'il souhaite
au moment où il le souhaite. Ce que je sais, c'est que sa famille politique est
importante pour lui.
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Soutenir la défendre et l'aider
plutôt que de l'ignorer comme l'on fait vos collègues LR peut être parce que
c'est simplement une femme à cette primaire débile qui leur a déjà joué un
mauvais tour dans la précédente élection !
Par un machisme rétrograde
indigne et par des divisions dans leurs rangs se croyant les uns les autres les
meilleurs étouffés par leurs orgueils démesurés gonflés comme des baudruches
crevées !
Qui vont faire disparaitre ce
grand parti gaulliste qui a changé maintes fois de noms mais s’est dégradé
depuis les derniers quinquennats jusqu’à leur dernier leader N.SARKOZY ex
président de la Vème république trainant ces casseroles judiciaires qui n’a
même pas voulu soutenir la candidate LR de droite classique désignée dans cette
primaire interne de ses adhérents ou
sympathisants de ce parti qui dégringolera comme l’autre grand parti de gauche PS !
La conséquence c’est que ces
partis ringards ne servent plus à rien MACRON l’a bien compris avec son parti fantôme
la REM car il faut que les français comprennent que pour l’élection
présidentielle les français doivent voter pour élire un homme ou une femme à
qui d’ailleurs on donne trop de pouvoir dans cette Vème république monarchique
dont la démocratie s’effrite sans cesse c’est
tout, les étiquettes politiques ne sont que des doctrines usées pour cataloguer
les français lambda au profit d’un ou d’une seule pour accaparer le pouvoir que
ses élus veulent !
Jdeclef 02/04/2022 14h21LP
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