samedi 2 avril 2022

Oui Mr BARNIER mais que n'avez-vous pas fait pour la


 

Michel Barnier : « Valérie Pécresse peut créer la surprise »

ENTRETIEN. L’ancien commissaire européen détaille la politique étrangère de la France et revient notamment sur son soutien à Valérie Pécresse.

Un temps favori à droite, Michel Barnier fait désormais office de « mousquetaire » pour sa candidate Valérie Pécresse. Attaché à sa famille politique, ce gaulliste convaincu conseille la présidente d'Île-de-France, à la peine dans les sondages, sur les grands enjeux internationaux du moment. Ukraine, Russie, rôle de l'Europe, Alliance Atlantique… Pour Le Point, il revient sur l'actualité et donne son avis sur le scrutin, à huit jours du premier tour. Emmanuel Macron ? Un président solitaire et arrogant. Les chances de la droite de l'emporter ? Ne jamais désespérer avant le coup de sifflet final. L'ancien commissaire européen explique pourquoi, selon lui, l'alternance démocratique est indispensable et fait mine de croire en un hypothétique ralliement de Nicolas Sarkozy : « Ce que je sais, c'est que sa famille politique est importante pour lui. »

Le Point : La guerre en Ukraine a bouleversé les équilibres du continent. L'Europe est-elle à la hauteur de l'enjeu ?

Michel Barnier : Il y a beaucoup de leçons à tirer d'ores et déjà de cette guerre terrible et délibérée. La première, c'est qu'il s'agit d'un électrochoc et qu'il en va de notre sécurité. Le simple fait que la guerre revienne sur notre continent doit nous encourager à être capables d'assurer notre propre défense, avec nos propres forces et aussi en bonne intelligence avec l'Alliance Atlantique (Otan). C'est toute la question d'une défense européenne commune alors que plusieurs pays comme le Danemark, l'Allemagne, la Suède ou la Finlande prennent désormais la mesure de la menace. Quelle part de notre effort national peut-on accorder à une défense européenne ? La deuxième leçon est celle de notre indépendance énergétique. Il faut que nous réduisions notre dépendance multiple à toutes les sources d'énergie et que nous diversifiions nos approvisionnements au-delà de la Russie. C'est là que le pouvoir sortant, celui d'Emmanuel Macron et de son gouvernement, a une lourde responsabilité après avoir baissé la garde sur l'énergie nucléaire pour finir par nous expliquer, à la veille des élections, qu'il s'était trompé. C'est beaucoup de temps perdu.

Qu'est-ce que les Européens n'ont pas voulu voir que les Américains avaient compris ?

Est-ce que les Américains ont compris la gravité de la situation avant nous ? Je ne le crois pas. Il faut revenir en arrière pour remettre en perspective cette guerre incompréhensible et injustifiable dans le contexte plus ancien de l'effondrement de l'URSS. C'est, au fond, le grand regret de Vladimir Poutine, qui en veut, à coup sûr, aux anciens dirigeants soviétiques d'avoir laissé ce système péricliter. Contrairement à ce qui a été dit, au lendemain de l'effondrement de l'URSS, les Occidentaux – américains et européens – ont tendu la main de façon sincère au peuple russe. Je peux même vous rappeler quelques dates : l'entrée de la Russie dans le FMI en 1992, le partenariat pour la paix signé entre l'Alliance Atlantique et la Russie en 1994, l'entrée de la Russie dans le Conseil de l'Europe en 1996 et enfin son intégration au G8… Toutes ces étapes ont été réalisées avec notre accord, tant du côté européen qu'américain. Ce qui a sans doute été sous-estimé, c'est cette rancœur nostalgique de la Grande Russie de la part du premier dirigeant russe. Mais Poutine est aussi à la tête d'un régime autoritaire. Il a un problème avec la démocratie et donc avec l'Union européenne, parce qu'il se méfie de l'attractivité des valeurs et des libertés individuelles sur les peuples en Europe centrale, et sans doute en Russie aussi.

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Paradoxalement, toutes ces crises successives n'ont-elles pas renforcé l'Union européenne, affaiblie par le Brexit ?

L'Europe a toujours avancé à travers des crises. On peut le regretter, c'est dommage, mais c'est comme ça. Depuis quinze ans, il y a eu d'abord la crise financière de 2008, venue des États-Unis, qui a violemment impacté l'Union européenne alors que nous avions baissé la garde en matière de régulation dans un grand vent inconscient d'ultralibéralisme. Les banquiers ont fait ce qu'ils voulaient parce qu'on les a laissés faire. Comme commissaire européen, j'ai moi-même contribué à reconstruire, avec les ministres et le Parlement européen, cette régulation, entre 2010 et 2014, à travers 41 lois européennes. Et puis, il y a eu la crise migratoire et plus récemment la crise sanitaire. Évidemment, je n'oublie pas le Brexit. C'est la volonté délibérée d'un pays membre de l'UE de s'isoler à ses risques et périls. C'est aussi un échec de l'Union européenne. Objectivement, je pense que de toutes ces crises, dont le Brexit, nous sortons plus lucides, unis et renforcés.

L'activisme du gouvernement britannique sur la guerre en Ukraine, associé de près aux sanctions contre la Russie, n'est-il pas la preuve que le Brexit était avant tout une négociation commerciale qui a échoué plus qu'une remise en cause du projet européen ?

Ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées. Pour ses protagonistes, Farage ou Johnson, le Brexit était clairement une remise en cause du projet européen, mais cette remise en cause a échoué. Les Britanniques ne sont pas parvenus à remettre en cause le marché unique. D'abord, parce que nous avons été unis, je peux en témoigner, et c'est ainsi que nous avons su préserver le marché unique de toutes les tentatives de détricotage de la part des Britanniques. La négociation commerciale a abouti puisque nous avons conclu un accord de commerce original dans bien des aspects. C'est la première fois, en effet, que nous avons instauré des barrières plutôt que de les réduire. La négociation a atteint son but. Pour la Russie et pour d'autres pays, le Royaume-Uni a toujours été historiquement très actif sur le sujet des sanctions économiques. Il a une diplomatie très active. Tout cela me fait regretter que Boris Johnson n'ait pas voulu négocier, contrairement à ses premières intentions, un accord sur la politique étrangère et la défense que nous lui avions proposé en 2019 pour finalement réduire la négociation à son seul volet économique. Il y a des grands défis globaux comme le climat, la pauvreté en Afrique, le terrorisme, la maîtrise des grands flux financiers qui exigent de notre part une coopération de tous les instants avec notre partenaire outre-Manche.

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Tous les candidats qui se revendiquent gaullistes, dont Valérie Pécresse, plaidaient, avant l'invasion, pour une politique d'équidistance avec Moscou dans une sorte de « ni-ni » diplomatique. C'était une naïveté supplémentaire ?

Soyons lucides sur la sincérité des candidats qui se revendiquent, aujourd'hui, du général de Gaulle. Seule Valérie Pécresse est la candidate de la famille politique héritière du gaullisme. C'est pour cela que je suis à ses côtés. Les autres réclament des bouts du gaullisme avec plus ou moins de crédibilité… Quand Éric Zemmour se revendique du gaullisme, je n'oublie pas qu'il a délibérément mis sur un pied d'égalité Pétain et de Gaulle. Ce n'est pas excusable. Maintenant, tant mieux si l'héritage gaulliste est aujourd'hui partagé. La volonté d'indépendance du général de Gaulle ne signifiait pas l'indifférence aux autres ou la neutralité. La France n'a jamais été neutre. Elle se tient aux côtés de son allié américain, mais nous reconnaissons les autres peuples, dont le peuple chinois ou le peuple russe, et voulons dialoguer avec leurs États. Notre ligne reste la même, à la différence des candidats d'extrême droite, mais pas non plus d'allégeance aux Américains. L'alliance ne signifie pas l'allégeance.

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Vous, président de la République, seriez-vous allé à Moscou sachant que Vladimir Poutine mentait délibérément ?

J'ai approuvé, comme Valérie Pécresse, toutes les tentatives de dialogue pour préserver un canal de discussion avec Vladimir Poutine. Je pense, par contre, qu'il aurait été utile d'y aller plus tôt, dès le tout début de cette année, et de s'y rendre à plusieurs, notamment avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, dans une démarche véritablement européenne.

Après avoir été candidat au congrès des Républicains, vous êtes conseiller international auprès de Valérie Pécresse. Au fond, qu'est-ce qui distingue votre projet de celui d'Emmanuel Macron dans ce domaine ?

Il existe bien une ligne permanente de fond dans la politique étrangère de la France, depuis le début de la Ve République. Tant mieux si le président actuel s'est tenu à cette ligne, comme ses prédécesseurs. Cela vaut aussi pour la dissuasion nucléaire, qui est une composante importante de notre indépendance et de notre politique étrangère. Sur le plan extérieur, le président de la République a souvent agi comme il l'a fait à l'intérieur du pays, de façon solitaire et, parfois, arrogante. Je pense que la France n'est pas grande quand elle est arrogante, qu'elle n'est pas forte si elle solitaire. D'expérience, je peux dire que l'influence française dans les affaires du monde ne tombe jamais du ciel, au contraire. Elle se construit patiemment à travers des convictions, des valeurs, de l'attention aux autres, par du jeu collectif. Nous avons, depuis les débuts du quinquennat, plusieurs traces de cette solitude française, d'une « voix singulière » de la France, pour reprendre le mot du général de Gaulle, devenu une voix plus solitaire. On le constate en Libye, au Liban, en Algérie, au Sahel et même dans l'affaire dite des sous-marins australiens. Il faut que la France soit moins arrogante et plus solidaire.

La campagne ne se déroule pas exactement comme prévu, même si rien n'est encore joué. Au vu des mauvais sondages, qu'est-ce qui a manqué à votre candidate pour creuser l'écart ?

Rien n'est joué. Je suis assez sportif et je sais qu'un match n'est jamais terminé avant le coup de sifflet final. Nous allons tout faire pour créer la surprise et Valérie Pécresse a une énergie intacte malgré les coups et les polémiques. Je la trouve remarquable de courage politique et de résilience. Elle démontre dans cette campagne, où rien ne lui aura été épargné, qu'elle possède les qualités pour diriger la France et le sang-froid nécessaire. Ce qui a manqué à tous les candidats jusqu'à maintenant et donc à elle, c'est évidemment un vrai débat. Ce débat est esquivé par le président sortant et ses amis alors même que l'élection présidentielle au suffrage universel est le moment démocratique le plus important de notre vie politique. On peut craindre la réaction en profondeur des Français si ces débats n'ont pas lieu à propos du pouvoir d'achat, de notre endettement excessif, du prix de l'énergie, de la sécurité ou du climat. Les Français ont droit à cette respiration démocratique.

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Vous n'êtes pas sans savoir qu'une partie de la droite lorgne désormais vers Emmanuel Macron en cas de troisième échec successif. Comment jugez-vous ces ralliements tardifs ? Ne s'agit-il pas d'une clarification bienvenue ?

C'est le contraire d'une clarification. Il s'agit en fait d'une grande confusion. Emmanuel Macron, que je connais bien et que je respecte, a fait une erreur en voulant faire le vide entre lui et Marine Le Pen. Il a fait la même erreur au niveau européen en installant l'idée qu'il n'y aurait personne entre ceux qu'il appelle les progressistes fédéralistes, d'un côté, et les populistes nationalistes, de l'autre. C'est faux. Nous sommes là, nous, les partis de la droite et du centre, le PPE, le plus grand groupe au Parlement européen. Et aussi les partis du centre-gauche, nombreux au pouvoir dans des pays comme le Portugal, Malte ou l'Espagne. Ces partis existent alors qu'Emmanuel Macron simplifie les oppositions entre lui et les extrêmes à outrance. Il faut s'en inquiéter pour l'équilibre de la vie démocratique de notre pays. Après la présidentielle, au-delà de cette campagne très singulière, il y a les législatives. Ce sera la deuxième occasion pour les Français de changer de politique et de gouvernement.

Nicolas Sarkozy laisse planer le doute sur un possible soutien à Emmanuel Macron sans faire mystère de son peu d'enthousiasme pour Valérie Pécresse. C'est une faute, de la part d'un ancien président de la République à qui sa famille politique est toujours restée fidèle ?

Lui aussi est toujours resté fidèle à sa famille, comme nous sommes restés fidèles, en retour, à son action. Je fais partie de ceux qui sont restés proches de Nicolas Sarkozy. J'ai été son ministre, mais je ne vais certainement pas parler en son nom. C'est lui qui dira ce qu'il souhaite au moment où il le souhaite. Ce que je sais, c'est que sa famille politique est importante pour lui.

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Soutenir la défendre et l'aider plutôt que de l'ignorer comme l'on fait vos collègues LR peut être parce que c'est simplement une femme à cette primaire débile qui leur a déjà joué un mauvais tour dans la précédente élection !

Par un machisme rétrograde indigne et par des divisions dans leurs rangs se croyant les uns les autres les meilleurs étouffés par leurs orgueils démesurés gonflés comme des baudruches crevées ! 

Qui vont faire disparaitre ce grand parti gaulliste qui a changé maintes fois de noms mais s’est dégradé depuis les derniers quinquennats jusqu’à leur dernier leader N.SARKOZY ex président de la Vème république trainant ces casseroles judiciaires qui n’a même pas voulu soutenir la candidate LR de droite classique désignée dans cette primaire interne de ses adhérents  ou sympathisants de ce parti qui dégringolera comme l’autre grand parti de gauche  PS !

La conséquence c’est que ces partis ringards ne servent plus à rien MACRON l’a bien compris avec son parti fantôme la REM car il faut que les français comprennent que pour l’élection présidentielle les français doivent voter pour élire un homme ou une femme à qui d’ailleurs on donne trop de pouvoir dans cette Vème république monarchique dont la démocratie s’effrite sans cesse  c’est tout, les étiquettes politiques ne sont que des doctrines usées pour cataloguer les français lambda au profit d’un ou d’une seule pour accaparer le pouvoir que ses élus veulent !

Jdeclef 02/04/2022 14h21LP

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