Antiterrorisme : pour le Burkina, l’heure de la
diversification partenariale ?!
TOURNANT.
La visite à Bamako du colonel Damiba, chef de la junte burkinabée, est une
forte illustration d’un redéploiement stratégique déjà engagé à Ouagadougou.
L’ex AFRIQUE COLONIALE S’ALLIE POUR REJETER CES
SOLDATS EUROPEENS QU’ILS CONSIDERENT COMME DES OCCUPANTS ?!
Question d'un journaliste au chef du gouvernement burkinabé, Albert
Ouédraogo, lors d'un grand entretien accordé à la télévision d'État sur le
bilan de six mois passés à la tête du gouvernement : « Monsieur le
Premier ministre, on a un partenaire [militaire] classique qui est la France.
Il y en a qui pensent à la Russie et à bien d'autres pays. De plus en plus de
Burkinabés estiment qu'il faut rompre définitivement avec la France, est-ce que
vous pensez que ces derniers ont raison ? »
Réponse d'Albert Ouédraogo : « Je comprends leur revendication
parce que la France est le partenaire historique et même le premier partenaire…
Si, depuis des années, cette coopération n'a pas permis d'assainir l'aide, il
faut se poser des questions. Et je suis tout à fait d'accord, qu'aujourd'hui,
il faut la revoir. Nous, en tant que dirigeants, nous ne pouvons pas continuer
à rester sourds à ces revendications de composantes importantes de notre
peuple. » Et le chef du gouvernement d'indiquer au passage
qu'« il n'y a aucun problème entre les peuples français et burkinabé »,
ajoutant que « le problème se pose en termes de politique et de relations
de coopération ». Une déclaration qui a retenu l'attention d'une
partie de l'opinion autour de la question de savoir comment les autorités
actuelles du Burkina envisagent de déployer leurs partenariats militaires et
politiques.
Un changement de pied amorcé…
Au-delà des mots choisis, c'est une tendance de fond en termes de pensée
stratégique qui se fait ainsi jour. Plus que jamais, les autorités issues du
coup d'État de fin janvier semblent donc résolues à multiplier les pistes de
solution pour faire face aux violences terroristes qui ont, en sept ans, causé
la mort de plusieurs milliers de civils et militaires, et causé le déplacement
de 10 % de la population burkinabée, soit deux millions de personnes.
Ainsi, lors du même entretien accordé à la télévision nationale, le chef du
gouvernement burkinabé a défini quatre principes pour guider cette
diversification : d'abord, « la liberté de choisir le partenaire qui
nous arrange […] quitte à froisser certains partenaires
historiques » ; ensuite, « la sincérité pour un partenariat
gagnant-gagnant » ; puis, « l'indépendance territoriale afin
qu'aucune troupe étrangère ne mène le combat à la place de l'armée
burkinabée » ; enfin, « l'optimisation des atouts de chaque
partenaire à la seule fin de bénéficier de la spécificité de chacun ».
À LIRE AUSSIOpération Barkhane : la France a quitté le Mali
De telles affirmations conduisent inéluctablement à se demander
si Ouagadougou est prêt à desserrer ses liens de coopération militaire
avec un partenaire historique tel que la France, qui a fortement participé,
avec Barkhane, à des opérations qui ont débouché sur des succès sur le sol
burkinabé comme celle menée fin mai dernier à Bourzanga, dans le nord du pays.
« Elle a permis de faire échouer [une] attaque majeure et d'infliger
de lourdes pertes aux terroristes », avait d'ailleurs indiqué un
communiqué de l'état-major des armées françaises. À coup sûr, ce serait
exagéré de le penser, car ce serait un non-sens stratégique. Cela dit, elles
ouvrent la voie à d'autres approches avec des armées de la sous-région au
moment où le G5 Sahel s'est enlisé dans les sables de la fracture entre le Mali
et la France.
Antiterrorisme : l'Afrique de l'Ouest vers plus de
solutions endogènes ?
… pour mieux s'adapter au contexte actuel
Pour de nombreux observateurs et analystes, ces initiatives
sont guidées par la nécessité de relever les défis géopolitiques et
stratégiques de l'heure. Le contexte sous-régional s'y prête. Le G5 Sahel
s'étant désagrégé avec le retrait du Mali avec lequel le Burkina et le Niger
partagent la zone dite « des trois frontières »,
où les actions djihadistes sévissent fortement, Ouagadougou et Niamey ont
convenu que « le Mali est aujourd'hui le grand absent de la coopération
dans le domaine de la défense », comme l'a dit Alkasoum Indatou qui en a
profité pour inviter Bamako à revenir dans le cadre conjoint et à
« assumer ses responsabilités ».
Pour Mahamoudou Savadogo, chercheur sur les questions de l'extrémisme
violent et de la radicalisation, « cette coopération
entre États voisins du Sahel s'impose plus que jamais comme une nécessité au
regard d'abord de la forte organisation des deux importants
groupes armés qui agissent dans cette zone sahélienne, à savoir l'État
islamique au grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux
musulmans (GSIM), ensuite du caractère transfrontalier de leurs incursions.
« Malheureusement, nos États sont aux abonnés absents ou l'ont toujours
été jusqu'à ce qu'ils soient touchés », déplore l'expert en sécurité pour
qui « les pays sont condamnés à la coopération bilatérale ».
Et quand un ancien ambassadeur du Burkina en Algérie, Bachirou Sanogo,
demande, lors d'une conférence publique à Ouagadougou, pourquoi cette coopération
bilatérale renforcée entre États voisins a pris du temps à se concrétiser, pour
certains pays, ou peine encore à décoller, pour d'autres, le colonel Auguste
Denise Barry, ancien ministre de la Sécurité et enseignant-chercheur sur les
questions sécuritaires et géopolitiques, lui répond que « l'audace a
souvent manqué à nos politiques ». « Or »,
estime l'éminent administrateur civil Kalifara Séré face à des défis
sécuritaires colossaux, « il n'y a plus de tabou en matière de
partenariat ».
Entre réconciliation et poussée djihadiste, le Burkina Faso
dans l'impasse
Comment mieux tirer profit de la coopération sous-régionale ?
Pour tirer meilleur profit de la coopération sous-régionale, la coopération
sud-sud, « les États du Sahel devront parvenir à une autonomie
stratégique », conseille Kalifara Séré. « Les malentendus
doivent être enrayés par cette autonomie stratégique au nom de laquelle les
États doivent travailler, par exemple, à l'implantation d'usines d'armement sur
place pour remédier au problème du sous-équipement de nos armées »,
explique-t-il. « Mais, par-dessus tout, il faudra dans cette coopération
bilatérale une confiance entre les pays », estime le colonel Auguste
Denise Barry. « S'il n'y a pas cette confiance, la coopération sera
difficile », soutient-il.
À ce propos, Mahamoudou Savadogo estime que la tâche pourrait se révéler
plus ardue en raison de différends historiques entre États voisins. Et de
rappeler le cas du Bénin qui dispute au Burkina la forêt de Koualou, laquelle
constitue aujourd'hui une zone de non-droit. « La cupidité des deux pays
protagonistes fait qu'aujourd'hui cette zone n'appartient ni au Bénin ni au
Burkina et constitue plutôt une base logistique des groupes armés »,
soutient l'analyste des questions sécuritaires. Autant dire qu'il convient de
prendre en main la coopération militaire sous-régionale pour mieux avancer
ensemble. Ce à quoi les autorités militaires en place à Ouagadougou se sont
employées en multipliant les contacts avec les voisins.
Frédéric Lejeal : « L'Afrique ne souhaite plus un
tête-à-tête avec la France »
S'investir dans une diversification partenariale
Début août, une délégation conduite par le ministre de la Défense burkinabé,
Aimé Barthélémy Simporé, avait effectué une visite en Égypte. Presque dans le
même temps, le chef d'état-major général des armées, le colonel-major David
Kabré, s'était rendu au Nigeria puis en Côte d'Ivoire à la rencontre de ses
homologues dans ces deux pays. Plus tôt dans l'année, fin juillet, des membres
d'une mission militaire de la République fédérale de Russie en fin de mission –
d'instruction de soldats burkinabés, selon des indiscrétions – au Burkina
avaient été décorés à Ouagadougou. « Ces décorations témoignent de la
reconnaissance des Forces armées nationales pour les efforts consentis dans
l'amélioration de la coopération militaire entre la Russie et le Burkina
Faso », avait indiqué l'état-major général des armées, sans plus de
précision sur ces « efforts ». Sur un plan strictement
sous-régional, la manifestation la plus concrète de la volonté de coopération
militaire a été l'acte officiel de rapprochement concrétisé le 21 août
dernier entre les ministres burkinabé et nigérien de la Défense. Un cas
emblématique.
Le Mali se retire de l'organisation régionale G5 Sahel
Un axe Ouagadougou-Niamey renforcé
Avec ce voisin également confronté aux groupes armés, le Burkina a conduit
plusieurs opérations antiterroristes dans le passé. Beaucoup se rappellent
encore la plus récente, l'Opération Tanli 3, du mois d'avril dernier sur la
frontière est du Burkina. Elle avait permis de neutraliser une centaine de
terroristes selon les états-majors des deux pays. D'ores et déjà, le
Burkina et le Niger ont convenu de construire une « alliance stratégique
forte contre la menace terroriste » visant à terme une stratégie
commune de lutte qui tiendra compte des évolutions sur le terrain et des
impératifs stratégiques.
« Nous envisageons de faire d'une manière plus régulière et permanente
des opérations sur le terrain entre les différentes forces armées pour faire en
sorte qu'elles occupent le terrain, prennent le contrôle et ne puissent laisser
un seul centimètre aux terroristes », affirmait à Ouagadougou le ministre
nigérien de la Défense, Alkassoum Indatou. À Abidjan et à Abuja, le chef
d'état-major général des armées burkinabé est allé chercher « de nouvelles
pistes d'amélioration de collaboration dans les domaines opérationnel et
technique », tandis qu'avec l'Égypte, « un Protocole de coopération
militaire et un partage d'expériences dans des domaines divers, dont celui de
la lutte contre le terrorisme », a été signé.
Alors que les cartes sont fortement
rebattues au niveau international avec l'Afrique comme terrain d'affrontement,
il convient désormais de scruter au plus près comment les militaires au pouvoir
dans le Sahel vont composer entre eux mais aussi avec les autres régimes civils
également confrontés au terrorisme dans la sous-région.
Mais que faudrait il à nos dirigeants de tous
bords depuis le début de notre Vème république pour comprendre de tourner enfin
définitivement la page de cette décolonisation Française de cette Afrique ex
AOF/AEF et Maghreb car ce continent n’a plus de citron à presser ni de jus à
donner pour ceux qui en ont profité !?
Ces opérations dites extérieures militaires
françaises coutent des fortunes à notre pays qui n’en n’a plus les moyens et les
Africains ne veulent plus de soldats européens ou autres étrangers qui les
dirigent en sous-main sur leur sol !
Ils sont déjà indépendants en moyenne depuis +
de 60 ans !?
Avec cette guerre aux portes de l’Europe
occidentale en Ukraine et ses dictatures ou démocratures qui perdurent et prospèrent
dans ce monde instable en ébullition la France comme d’autres réarme en augmentant
son budget militaire mais cela ne se fera pas fait assez rapidement à cause de
de nos dirigeants passés imprévoyants qui ne nous ont pas protégés encore assez !
D’ailleurs l'ALLEMAGNE responsable de ses
guerres européennes passées devenues mondiales traine les pieds en ne voulant
pas fournir ces chars léopards aux alliés occidentaux ?!
(Car ne croyant plus à des guerres de hautes
intensités et mondiales une utopie hasardeuse plutôt dangereuse ?!)
Donc il ne faut pas se disperser ailleurs qu’en
Europe occidentale pour se protéger et se défendre il n’a fallu que 34 ans après
la chute du mur de berlin 1989 et fin de la guerre froide pour revenir à la case
départ à cause d’un dictateur illuminé nostalgique de son ex empire Russe ou ex
URSS !
Car d’autres dictateurs ou autocrates de même
acabit menace aussi la paix mondiale !?
(Sans compter ces crises économiques
inflationnistes énergétiques internationales induites car « quand il n’y a
plus de foin au râtelier les chevaux se battent » et cela accélère
les conflits !)
Car le simple bon sens en France n’existe plus !?
Jdeclef 22012023 11h01
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