CRITIQUES DE BON SENS: Commentaires d'articles de presse sur fait de société ou politique du monde
mercredi 11 janvier 2023
Notre Président trop novice ne comprend rien à l’ALGERIE et c’est logique car l’Algérie et les Algériens ne veulent pas être sous tutelle des grands frères Français qu’ils ne considèrent pas comme tels après 60 ans d’Indépendance et de leur rancœur à cette guerre faite contre eux !
EXCLUSIF.
Emmanuel Macron : « Je ne demande pas pardon à l’Algérie et
j’explique pourquoi »
ENTRETIEN. Colonialisme,
repentance, immigration… Le président a confié à l’écrivain Kamel Daoud sa
vision de la relation franco-algérienne.
RERETONS LE TOURNEZ ENFIN LA PAGE DE CETTE
DECOLONISATION AFRIQUE DU NORD ET AFRIQUES EX AOEF/AEF MR MACRON CAR LES FRANÇAIS
ON EN VRAIMENT MARRE ?!
Tous deux sont nés après la guerre de
décolonisation, après 1962 et les accords d'Évian. Tous deux sont des
« enfants des indépendances », selon l'expression poétique de Kamel
Daoud. L'écrivain, également chroniqueur au Point, a su
convaincre le président français de se confier à lui sur la complexe et
passionnelle relation entre la France et l'Algérie. Ils se sont entretenus à
Oran, lors du déplacement officiel du chef de l'État en Algérie, fin
août 2022, puis à l'Élysée dans les jours suivants. Mémoire,
reconnaissance, pardon, droit d'asile, francophonie, port du voile, islamisme… Emmanuel
Macron a longuement évoqué ces sujets qui ont parfois suscité des crispations
entre les deux pays. Animé par le souci de bâtir un avenir apaisé pour les
générations futures, il a, « en même temps », démontré à son
interlocuteur qu'il ne « craignait pas le dossier algérien ».
Entretien.
Le Point : Monsieur le président, quand je vous ai proposé cet
entretien, il m'a semblé percevoir une hésitation, l'exigence d'un temps long
de réflexion. Est-il difficile à un président français de parler de l'Algérie,
de parler avec l'Algérie ?
Emmanuel Macron : C'est toujours difficile. C'est un
champ de tiraillement, si je puis dire. Prendre la parole sur l'Algérie est
potentiellement périlleux mais indispensable. Au fond, c'est difficile parce
que c'est un sujet intime pour chacun. Et par cela je veux dire que c'est
toujours une question intérieure pour beaucoup en France, mais aussi une
question extérieure, vers l'Algérie, vers l'Histoire. Et que parler de
l'Algérie c'est à la fois parler à la France et parler de son histoire, parler
aux Français qui ont été militaires ou appelés du contingent, parler à celles
et ceux qui sont issus de l'immigration algérienne, parler aux binationaux, aux
harkis, aux rapatriés et à leurs enfants et parler à l'Algérie d'aujourd'hui.
Autant de mémoires qui ne sont pas synchronisées. Pourquoi ? Parce que
nous avons eu soixante-dix ans de traumatisme. Et, avant cela, plus d'un siècle
de colonisation. Nous portons un poids sur les épaules qui rend les approches
très compliquées – ce n'est pas à vous, le passionné d'Albert Camus, que je
vais rappeler le mythe de Sisyphe, cet homme qui doit pousser sans cesse et
sans raison un rocher, et quelles que soient les hypothèses camusiennes qui
veulent nous décrire un Sisyphe heureux malgré son sort.
Toute une génération politique française a
participé à l’oubli et s’est construite autour.
Tout cela nous plonge dans une dimension qui nous dépasse. La France a
colonisé l'Algérie par des choix militaires. L'acte d'une génération d'avant
les colonialismes « universalistes », si je puis dire, à l'époque des
luttes contre la piraterie. Ensuite, la France a colonisé d'une manière très
atypique, avec une perspective d'annexion et de peuplement, agissant
différemment de ce qu'elle a fait ailleurs dans d'autres territoires. Ce n'est
pas au président de la République de prétendre au bilan du colonialisme, par
ailleurs déjà largement fait, mais cela participe justement de cette manière
dont chacun joue cette symphonie, interprète l'Histoire, les faits, les récits.
Sauf qu'il y a eu ensuite la guerre, qui a créé une multitude de drames aux
histoires souvent irréconciliables. Puis advint, enfin, le silence après la
décolonisation. Il faut rappeler que durant les dernières décennies, malgré
diverses tentatives, une France s'est construite dans une forme d'impératif
d'oubli, comme après la guerre entre Sparte et Athènes : « Tu dois
oublier ! », et c'est ce qui s'est passé. On s'est refusé le droit
d'évoquer cette période. Toute une génération politique française a participé à
l'oubli et s'est construite autour.
Du côté algérien, l'indépendance s'est faite dans la lutte contre la France,
et le récit de l'Histoire n'a pas été revisité au-delà, refusant toute
réflexion, tout récit différent. Tragiquement, et aussi paradoxal que cela
puisse paraître, soixante-dix ans après, l'oubli parfait n'a pas fonctionné en
France et, pire encore, les refoulés sont venus se greffer et se nourrir sur
cette situation de départ. C'est pour cela que j'évoque ce caractère
d'intimité. C'est un travail politique qui rejoint le travail sur soi, les
siens, les autres.
La guerre d’Algérie constitue une référence du
traumatisme.
Côté algérien, le rapport à la France reste très traumatique. Ce trauma est
perceptible, on le voit, on peut y revenir aussi longtemps qu'on veut, mais je
ne veux pas m'enfermer là-dedans, justement, car, fait encourageant, je pense
qu'il y a une volonté réelle de la part du président, Abdelmadjid Tebboune,
d'entamer une nouvelle étape. Pour moi, il est très important de ne pas cacher
ce qui a été, ce qui a été vécu. Il y a nécessité d'accéder à une nouvelle
étape et de concilier ces récits divergents avec l'histoire contemporaine,
immédiate. Je me dois de rappeler encore que, du côté français, la guerre
d'Algérie est devenue la matrice de tous les ressentiments postcoloniaux à
l'égard de la France. Ce qui me frappe, y compris chez les générations qui
n'ont jamais vécu le fait colonial, qui sont originaires de pays où la
décolonisation s'est faite presque sans conflits, c'est que la guerre d'Algérie
constitue une référence du traumatisme.
C'est pour cette raison que parler de l'Algérie est nécessaire à plus d'un
titre, si on prétend mettre cela à plat, aller de l'avant. C'est ce travail que
les Français doivent avant tout faire pour eux-mêmes. Ce travail ne se résume
pas seulement à l'Histoire mais engage aussi la responsabilité politique. Il
est vital pour la France, pour la relation bilatérale, pour la relation avec le
continent africain. Apaiser ces mémoires diverses et contradictoires, c'est
rendre conciliables ces destins contraires et contrariés dans notre pays. La
capacité à traiter cette histoire dans le cadre d'une relation
franco-algérienne assainie, c'est la possibilité de fonder une relation
bilatérale normale et féconde avec le continent africain. L'avenir, c'est
revisiter autrement ce passé en commun. Ce fut l'un de mes messages durant mon
dernier voyage en Algérie, en août 2022.
Dans votre lettre de mission à Benjamin Stora, auteur du
rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, vous
dites : « Je souhaite m'inscrire dans une volonté nouvelle de
réconciliation des peuples français et algérien. » À partir de quel moment
avez-vous pris conscience de cette nécessité ? Parce que vous pensiez que
pour guérir la France il faut la guérir de l'Algérie ? Ou que pour lutter
contre l'islamisme il faut réparer l'amnésie ?
D'abord, nous avons des millions de concitoyens qui vivent intimement la
relation franco-algérienne : les Algériens vivant en France avec un titre
de séjour, les binationaux, les Français issus de l'immigration ayant un parent
algérien, les harkis et leurs enfants, les rapatriés et leurs familles, ceux
qui se sont battus sur le sol algérien… On dépasse les 10 millions. Il
s'agit de mémoires divergentes, longtemps et sans doute aussi pour partie
irréconciliables, qui ont charpenté la vie politique. Historiquement, la gauche
française s'est structurée avec la « dénonciation » de la guerre
d'Algérie et avec beaucoup d'ambiguïté et de divisions entre communistes et
socialistes. L'OAS et ceux qui se sont retrouvés dans son sillage ont aussi
façonné la vie politique française. L'antigaullisme de l'extrême droite
française procède de la guerre d'Algérie. Cette guerre est une matrice des
familles politiques françaises, de leurs histoires, de leurs origines, de leur
identité et quelquefois de leur pensée politique actuelle. Notre vie politique contemporaine
est encore bâtie autour de cette histoire muette, de ces mémoires cloisonnées.
Cette mémoire désunie pèse aussi sur les liens de certains pays avec la
France. C'est un lieu de refoulé et de violence : je me souviens par
exemple que, pendant la campagne présidentielle en 2017, lors d'un
rassemblement à Toulon, après mon retour d'Algérie et mes déclarations sur la
colonisation, la violence des militants d'extrême droite mais aussi de
plusieurs personnes montrait combien ce sujet touche à une intimité qui fait
mal maintenant, qui n'est pas seulement de l'ordre de la mémoire ou de
l'Histoire mais du vécu présent. Ce sont toujours des blessures. C'est un
moment qui est une matrice identitaire pour beaucoup d'enfants issus de
l'immigration, ou d'origine africaine.
Travailler sur une “mémoire juste”, selon la
formule de Paul Ricœur.
J'ai donc essayé de bâtir un chemin. Et, contrairement à ce qui m'a été
reproché, ce chemin n'est pas celui, caricatural, d'un mauvais film qui
procéderait par des échanges d'otages et de rançons, en demandant aux Algériens
de faire la même progression que nous en France. Et il ne doit pas être
hypothéqué automatiquement, à chaque pas fait ici, par le geste d'un vis-à-vis
de l'autre côté. Ce chemin de reconnaissance et de douleur, nous devons d'abord
le commencer, l'accepter, pour nous-mêmes. Travailler sur une « mémoire
juste », selon la formule de Paul Ricœur. C'est dans cet esprit que le
rapport que j'ai demandé à Benjamin Stora a été pensé. Et c'est dans cet esprit
que j'ai imaginé les gestes accomplis avant ce rapport : reconnaître que
l'armée française avait torturé puis exécuté Maurice Audin, reconnaître la
responsabilité de la France dans la mort d'Ali Boumendjel, organiser la
restitution à l'Algérie des crânes des combattants algériens, rendre hommage à
toutes les victimes, des dizaines de manifestants algériens, au pont de
Bezons, soixante ans après la tragédie [la répression du 17 octobre
1961, NDLR], dire que c'était là une faute inexcusable pour la République.
Certes, il y a une volonté d'avancer de la part des Algériens et du
président Tebboune, mais cette volonté algérienne, parallèle à ce qui
s'accomplit en France, suit son propre chemin et son propre rythme.
Ce chemin suppose d'autres actes encore : avoir une Maison de l'Algérie
et de la France, un musée ; rouvrir la recherche académique sur cette
histoire commune et divisée ; et la décision, prise avec le président
Tebboune, d'ouvrir les archives de part et d'autre, de n'avoir aucun tabou sur
la question des crimes de la colonisation, depuis le début jusqu'aux essais
nucléaires, jusqu'aux disparus de la guerre d'Algérie – un sujet très important
pour beaucoup de familles – et, enfin, d'ouvrir une commission mixte
d'historiens. Ce chemin procède d'une nécessité intérieure, politique et
morale. Ce sont les premiers pas d'une voie commune. Je me souviens de la
rencontre que j'ai eue, fin septembre 2021, avec des jeunes Français, ici
à l'Élysée, qui était marquante et émouvante. Un moment que le rapport de
Benjamin Stora a rendu possible et qui a rassemblé la mosaïque des destins
français avec l'Algérie. J'ai pu entendre que cette génération des
« petits-enfants » de la guerre d'Algérie veut comprendre, veut
savoir mais veut vivre ensemble. Elle veut bâtir un avenir.
Nous sommes français et algérien, missionnés par nos aînés. Notre
rencontre n'échappera pas à une forme de théâtralisation, parce que nous sommes
soumis à un procès en loyauté permanent. Vous êtes, comme moi, né après les
décolonisations. De quoi sommes-nous coupables ? De quoi sommes-nous
innocents ? Sommes-nous les victimes du victimaire des deux côtés ?
[Long silence.] On porte notre passé, qu'on le veuille ou non. Et
la perception qu'en ont les contemporains dépend du récit construit sur ce
passé. Le passé est composé de faits mais aussi du récit que l'on s'en fait,
que l'on retient et auquel on participe. Je peux tenter d'ignorer ces faits,
cela n'empêche pas que la guerre d'Algérie, la colonisation produisent encore
du récit qui nous engage, nous emmêle à ce passé. Parce que ce vent continue à
souffler. Il nous porte et nous impose sa direction. Il me vient cette image de
l'ange qui pousse vers l'avenir mais qui regarde vers l'arrière avec un regard
effrayé. C'est l'Angelus novus, de Paul Klee, que Paul Ricœur avait
mis dans La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli. Cette image me rappelle
qu'on est pris dans le courant, pourtant ignoré, de ce passé. Comme nous tous,
l'ange est pris dans un souffle, et il ne va vers l'avenir qu'en regardant le
passé. La question est de savoir à partir de quel moment on considère que le
passé trame quelque chose de commun qui nous permet de construire ensemble et
de faire acte d'avenir, d'aller vers cette intimité, avec ces pardons
nécessaires ; ou, au contraire, à quel moment on considère que ce passé
est impossible, fait de mémoires irréconciliables, et qu'il nous séparera à
jamais.
Je crois que l'on s'est enfermé dans une théorie sans espérance qui fait
l'éloge de la séparation, de l'impossibilité de penser notre avenir. Une
dangereuse théorie de l'impuissance, de la démission. Le passé nous lie là même
où il nous divise. Je pense que l'Algérie ne peut pas se penser sans son
rapport à la France et que la France ne peut plus se penser sans son rapport à
l'Algérie. Ce lien suppose la confrontation mais est nécessaire à la
délivrance. Je crois qu'on a besoin de mettre cette relation dans un cadre intelligible
et humainement acceptable. Ce n'est pas seulement un cadre politique qui doit
être réfléchi ni une nécessité politique qui incombe à deux chefs d'État. Il
s'agit de plus intime, de plus spectaculaire et de plus immédiat pour tous
ceux-là qui vivent de part et d'autre de la Méditerranée.
Par le simple choix des mots, on est sommé de
choisir son camp ; par un seul adjectif, on colore cette histoire, on se
hasarde.
Une première difficulté est déjà là depuis longtemps : est-ce qu'on
peut qualifier cette relation entre l'Algérie et la France, entre le passé et
le présent, par un seul adjectif ? Cette question me préoccupe et peut
paralyser. Lors de mon voyage en Algérie, cet été, j'ai évoqué, lors d'un
discours à l'ambassade française, une histoire d'amour entre l'Algérie et la
France. Pas entre colonisés et colonisateurs, comme certains ont voulu le
comprendre pour relancer de vieilles et blessantes polémiques. Cela m'a rappelé
encore une fois combien la relation est en fait inqualifiable. Un adjectif ne
suffit pas à l'évoquer. Par ce simple choix des mots, on est sommé de choisir
son camp ; par un seul adjectif, on colore cette histoire, on se hasarde.
D'où l'extrême prudence que j'ai à vous répondre. À chaque mot, on serait
suspecté d'être d'un côté ou de l'autre. Ce lien n'est pas qualifiable, on ne
peut y trancher par l'usage d'une seule sentence. Cette relation se discute,
elle est discursive mais n'est pas qualifiable définitivement ; elle est
analysable mais on ne peut y trancher sans blesser. Pas encore du moins. Et je
ne sais pas si cette relation est normalisable dans l'immédiat.
La relation entre la France et l'Algérie est très méditerranéenne, brassant en
elle de grands mythes, de grands drames de la Méditerranée, faits de polarités.
Je crois beaucoup à l'idée d'une commission d'historiens, à un travail
d'histoire et d'historiographie commun, partagé, car il faut quand même des
faits, de l'objectivité sur ce passé. Le récit scientifique qui en sortira peut
servir de référence et conjurer les fantasmes. Ce rapport à la vérité va
libérer des récits, des imaginaires, de l'appropriation, car je pense qu'il y a
un immense potentiel narratif dans la relation.
Ces histoires, entre la France et l'Algérie, ne se sont pas conjuguées avec
les mêmes verbes, ne se sont pas écrites ensemble depuis 1962. Et la question
est de savoir comment provoquer du récit commun et comment encourager son
appropriation par les nouvelles générations. Vous m'avez beaucoup entendu
parler en Algérie de productions cinématographiques, de traductions ;
c'est parce que je pense qu'au-delà du travail libre et scientifique des
historiens il faut donner la possibilité aux jeunes de fabriquer de la fiction,
du récit et de s'approprier cet espace.
En tant qu'Algérien, je suis coincé entre deux sollicitations
mémorielles : un devoir d'hypermnésie vis-à-vis d'une guerre de
décolonisation que je n'ai pas vécue et une obligation juridique d'amnésie sur
une guerre que j'ai vécue, la guerre des années 1990. Ma question est la
suivante : face à l'Algérie, un président français est-il un historien
empêché par la sanction des urnes et la perspective de sa réélection ?
L'Algérie est-elle un risque politique ?
Oui. Elle l'est. Et le candidat de 2017 que j'étais l'avait sans
doute sous-estimé. Mais, aujourd'hui, je suis détaché de cela. Dans le cas de
l'Algérie, on est sommé de choisir un camp, et pourtant, là, il n'y a pas que
le choix entre le déni et la repentance, la fierté nationale et la repentance.
Beaucoup se sont enfermés dans ces choix supposés indépassables, dans ces
représentations. On l'a vu avec les commentaires frappants sur les images de
mon voyage à Oran chez tous ceux qui répétaient que cela se passait mal et qui
voulaient le croire. Ce petit moment de rencontre avec la foule à Oran, et
comment il a été perçu, en dit long sur ce traumatisme. À Alger et même à Oran,
la foule a été tenue loin du président français parce que les autorités locales
ne voulaient pas prendre de risques. Pourtant, à un moment, je brise ce
protocole et je vais à la rencontre de la foule, qui a une réaction spontanée
et amicale. Les gens sont chaleureux, me lancent :
« Bienvenue ! » Les mots de la foule sont ceux de l'hospitalité.
Après, d'autres personnes rejoignent la foule avec un discours plus politique,
un homme lance une insulte, peut-être deux, et c'est ce détail qui devient
viral, retenu pour signifier toute la séquence.
Le “One, two, three, viva l’Algérie” n’est pas
un rejet mais signifie : “J’ai besoin de te dire qui je suis, d’où je
viens.”
Il y a toujours des gens qui insultent, partout, dans n'importe quel pays,
il y en a dans les rues de France, c'est inévitable quand on est un politique.
D'ailleurs, l'unanimité se conjugue mal avec la démocratie. Pour revenir à
Oran, le « One, two, three, viva l'Algérie » n'est pas un rejet mais
signifie : « J'ai besoin de te dire qui je suis, d'où je
viens. » L'extrême droite française est très vite allée sur le thème de
l'humiliation, répétant : « Il a accepté de se faire
humilier ! » Et encore une fois chacun veut retrouver le confort des
positions traditionnelles. On s'est habitué, dans le malheur, à ces postures.
Reste qu'il y a beaucoup de potentiel derrière ces cris, ces slogans, cette
rencontre et ces réactions. Et ce potentiel est dans cette foule qui ne
s'adresse pas à un colonialiste, qui le relance comme un supporteur soutient
une équipe de foot. Moi, j'ai trouvé ce moment très engageant. Parce que cette
foule voit aussi une autre génération.
C'est pour cette raison que j'ai fait halte à Disco Maghreb, le mythique
label du raï à Oran que DJ Snake a remis au goût du jour. Il faut parler
par d'autres truchements, en parallèle des discours. J'étais surtout très fier,
durant ce voyage, d'être accompagné par plusieurs binationaux de la diaspora.
C'est une reconnaissance, et elle libère un potentiel d'actions, d'imagination,
de pouvoir et d'invention. Parce que cette jeunesse franco-algérienne, on l'a
sommée de ne pas se souvenir pendant longtemps, car un bon Français n'a pas le
droit de parler de son héritage quand cet héritage n'est pas source de fierté.
C'est le combat politique que je mène, ce n'est pas le combat d'un historien,
c'est un combat de reconnaissance, et il est éminemment politique.
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