dimanche 22 mars 2020

Pas étonnant en France prévoir n'est pas la 1ere qualité que l'on a dans notre pays !


Covid-19 : « Nous ne nous trouvons pas face à une surprise stratégique ! »

Une crise majeure semblable à celle du Covid-19 était prévue depuis 2002. Les gouvernements le savaient et n'ont pas suffisamment agi, explique le directeur de l'Irsem.

Directeur de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (Irsem), qui dépend de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer vient de publier Théories des relations internationales (Que sais-je ? PUF, 127 pages, 9 euros). L'occasion de revenir avec lui sur les conséquences internationales de la crise du Covid-19. Elle avait été prévue par les experts. Les gouvernements ne les ont pas entendus et n'ont pas préparé la riposte.
Le Point : Une pandémie touche la planète entière. En quoi est-elle originale, de votre point de vue d'expert des relations internationales ?
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer : Cette crise sanitaire a éclaté dans un contexte très particulier : celui d'une économie mondialisée et très dépendante de la Chine. Là précisément où le virus est apparu. La population mondiale est aussi très mobile, avec le tourisme de masse, le commerce et les migrations. Par ailleurs, le multilatéralisme est fragilisé par les replis nationalistes et populistes. Et la population, hyperconnectée, est abreuvée d'informations souvent fausses ou biaisées. La défiance à l'égard des institutions internationales, des autorités et des élites est manifeste. Mondialisation exacerbée, multilatéralisme fragilisé et population désinformée : cette combinaison est explosive, permettant au virus de se propager d'autant plus facilement. La pandémie met au jour ces vulnérabilités.
Les événements actuels avaient-ils été anticipés par les chercheurs travaillant sur l'anticipation stratégique ?
Je me suis replongé dans les différents exercices de prospectives publiés depuis les années 2000. L'épidémie de Sras (2002-2003) avait déclenché l'alerte. Les rapports successifs du National Intelligence Council américain anticipent assez précisément ce risque depuis 2004. Celui de 2008, par exemple, élabore le scénario d'une pandémie causée par « l'émergence d'une maladie respiratoire virulente, nouvelle et très contagieuse contre laquelle il n'y aurait pas de traitement » et qui serait née dans une zone « à forte densité et où il y a une proximité entre humains et animaux, comme dans certains endroits de Chine ». En France, le risque pandémique figure dans le Livre blanc de 2008, qui juge « plausible » l'apparition d'une « pandémie massive à forte létalité » dans « les quinze années à venir ». On en parle aussi dans le Livre blanc de 2013. La Revue stratégique de 2017 n'emploie pas le mot de « pandémie », mais prend bien en compte « le risque d'émergence d'un nouveau virus ». Nous ne nous trouvons donc pas face à une surprise stratégique.
Si l'anticipation a été convenablement effectuée, depuis près de vingt ans, pourquoi donc les gouvernements se trouvent-ils dans un tel désarroi, sans aucune préparation devant la pandémie pourtant prévue ?
Parce que, même anticipée, une catastrophe crée forcément un choc lorsqu'elle arrive. Et parce que la difficulté est moins d'anticiper – on y arrive pas si mal – que d'avoir de l'influence. Une fois écrits, ces documents doivent être lus et susciter des décisions. Le problème est qu'ils anticipent des dizaines de risques plus ou moins probables et plus ou moins graves. Les moyens sont forcément limités, donc, il faut faire des arbitrages. Certains risques sont jugés prioritaires, d'autres moins. On peut espérer que cette pandémie, qui n'est pas la dernière ni peut-être la plus létale, fasse remonter les crises sanitaires dans l'ordre des priorités à l'avenir.

« L'exode des habitants des grandes villes et la généralisation du télétravail pourraient laisser des traces »

À l'heure où nous sommes, quelles leçons initiales tirez-vous de la crise ? Comment voyez-vous le premier jour de l'après-crise, en termes de relations internationales ?
L'après-crise sera graduel, on en sortira progressivement, mais on voit déjà la remise en cause de certains aspects de la globalisation. En premier lieu, le besoin de mieux contrôler les flux mondiaux (migratoires, touristiques, économiques), qui sont autant de vecteurs de la pandémie. Un deuxième aspect concerne l'interdépendance économique, et notamment la dépendance à l'égard de la Chine. À l'époque du Sras, la Chine assurait 8,5 % de la production mondiale. On en est à 20 %. Le besoin de reprendre le contrôle dans les secteurs stratégiques est indiscutable, quitte à nationaliser certaines chaînes de production pour garantir l'autonomie nationale. Une autre remise en cause pourrait concerner nos modes de vie, en particulier l'urbanisation galopante. L'exode des habitants des grandes villes et la généralisation du télétravail pourraient laisser des traces et encourager de nouvelles formes d'organisation.
La solidarité internationale a-t-elle perdu son sens dans cette période troublée de repli et de fermeture ?
Cette crise confirme ce que dit le réalisme en théorie des relations internationales : les principaux acteurs restent les États, qui cherchent à maximiser leur intérêt national. C'est chacun pour soi, aux dépens de la coopération et des institutions internationales. Les recommandations de l'OMS, par exemple, n'ont pas été prises au sérieux au début et continuent de ne pas l'être par certains pays.
De là à dire, comme Edgar Morin, que cette crise nous montre que « la mondialisation est de l'interdépendance sans solidarité », il y a un pas que je ne franchirai pas. Le vrai test de la solidarité internationale arrivera lorsque l'Afrique sera touchée, ou des zones de guerre au Moyen-Orient, ou des camps de réfugiés. Nous verrons alors comment nous, qui ne sommes pas les plus vulnérables, réagirons face à un risque qui pourrait conduire, dans certaines zones, à des actes de violence, voire à l'effondrement des États les plus fragiles. En attendant, la solidarité s'exprime tous les jours en Europe, avec les mesures prises par la Commission et la Banque centrale, et aussi à l'échelle nationale, entre voisins, à l'égard du personnel soignant, etc. La crise révèle au contraire une vraie envie de solidarité.
Les attitudes de certains leaders populistes (Bolsonaro, Trump, Orban, etc.) peuvent-elles aggraver la situation ?
Sans le personnaliser, je pense que le populisme en tant que tel est un facteur aggravant. Il contribue à la défiance entre le « peuple » et les élites. Donc aussi à la défiance envers les autorités sanitaires. Les populistes manipulent l'information, font circuler les théories du complot. Ils entretiennent un climat anxiogène, qui encourage les gens à avoir un comportement irrationnel, comme dévaliser les rayons de papier toilette dans les magasins ou, aux États-Unis, ceux des armes à feu… comme si on se préparait à une invasion de zombies !

« La Chine a très mal géré le début de l'épidémie »

La Chine va-t-elle tirer son épingle du jeu ?
Oui et non. Elle dépense beaucoup d'énergie à contrôler son image. Elle tente d'imposer le récit d'une crise qu'elle aurait contrôlée très tôt et très efficacement. Et sur le plan international, elle veut projeter l'image d'une puissance responsable et capable de venir en aide aux pays en difficulté, quand Américains et Européens s'isolent et font preuve d'égoïsme. Cette « diplomatie du masque » est surtout une opération de communication.
En réalité, la Chine a très mal géré le début de l'épidémie, en dissimulant les premiers cas, apparus dès novembre, et en réprimant les lanceurs d'alerte. La censure, la falsification des diagnostics dans certains hôpitaux, ont fait perdre un temps précieux dans une phase critique pour contenir le virus. Et cela a permis à de nombreux observateurs de comparer la Chine à ses voisins pour en déduire qu'une démocratie comme Taïwan, en permettant la libre circulation des informations, avait été plus efficace.
Sur le plan intérieur, et alors que le contrat entre la population et le Parti communiste chinois repose essentiellement sur l'efficacité gestionnaire du parti, la confiance est sans doute entamée. C'est ce que craignent le plus les autorités, et c'est pourquoi elles tentent d'imposer un autre récit des événements avec cette histoire de virus introduit à Wuhan par l'armée américaine. Cette théorie conspirationniste est d'abord une mesure de politique intérieure, une diversion, pour tenter de regagner la confiance de la population.
Cela rappelle d'ailleurs l'opération Infektion du KGB dans les années 1980. Les Soviétiques avaient voulu faire croire que la CIA était à l'origine du virus du sida. Même démarche ici, mais avec la viralité des réseaux sociaux qui permettent de toucher des millions de personnes dans le monde en quelques heures. Cela confirme d'ailleurs la « russification » des tactiques chinoises de désinformation.
Y a-t-il d'autres risques à considérer, d'éventuels dommages collatéraux de la crise actuelle ?
Absolument, et c'est un point sur lequel il faut insister. Nos ressources et notre attention sont très largement consommées par la pandémie. C'est un moment de double vulnérabilité : non seulement à cause du virus et de ses conséquences économiques et sociales, mais aussi à cause des acteurs mal intentionnés qui en profitent. On le voit déjà avec les nombreuses infox et cyberattaques (campagnes de hameçonnage, rançongiciels, etc.). Nous devons, plus que jamais, prendre des mesures de « défense informationnelle », c'est-à-dire de et par l'information, en commençant par s'informer aux bonnes sources. L'information est, en ce moment, l'une des meilleures armes contre le virus.
Il faut aussi penser aux effets d'aubaine que la pandémie peut susciter : de quoi le Covid-19 pourrait-il être la diversion ? Quels acteurs étatiques et non étatiques pourraient tenter d'en profiter, pour faire quoi, où ? Réfléchissons davantage aux crises susceptibles d'apparaître « à l'ombre du virus », élaborons des scénarios. On peut aussi se demander quel impact cette pandémie aura sur la prolifération des armes biologiques. La manière dont nous gérons la crise donne beaucoup d'informations à des acteurs qui voudraient à l'avenir « armer » certains virus. C'est une phase d'apprentissage pour nous, mais aussi pour eux.
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Et si on veut parler trivialement : « c’est n’est pas quand on a le nez dedans que l’on dit que ça pue !»

Car quand des problèmes importants ou autres touchant notre pays ou notre société en général nos dirigeants, notre gouvernement, nos élus politiciens de tous bords et nos administrations kafkaïennes lourdes palabrent avant de se décider à agir vraiment et surtout rapidement !

Ne parlons pas d’anticiper ces problèmes et même s’ils ont été avertis avant, quelque fois dans le passé longtemps avant on ne prend pas au sérieux les informations de personnes sensées scientifiques ou autres qui ont averti ou alerté des risques et ce même si dans ce cas, ce genre d’épidémie ont eu lieu ailleurs ou près de chez nous et faits de victimes que l’on comptabilise sans trop en parler et que l’on oublie après , d’ailleurs, on les minimise peut-être pour ne pas effrayer le bon peuple gogo !

Par contre préparer la guerre pour se protéger des autres depuis nos dernières guerres mondiales avec l’arme atomique on sait fait faire même si cela coûte des fortunes sans garantie de paix, car bien sur avec cette pandémie cela risque de mettre l’économie mondiale par terre et son argent roi, plus que la crise de 1929 !

Là en France on vient de se rendre compte de la faiblesse intellectuelle et autres de ces politiciens que nous avons élus dont certains continuent à polémiquer avec leurs politiques débiles de bavards qui nous gouvernent mis « cul par-dessus tête » par un virus microbien !

Donc si on s’en sort, après il faudra revoir drastiquement la façon de gouverner notre pays pour être mieux servi et mieux dirigé, voire mieux protégé, car rien ne va plus « mais les jeux ne sont pas fait » !

Jdeclef 22/03/2020 08h37LP

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