Cohn-Bendit :
« Seule Pécresse peut battre Macron »
ENTRETIEN. L’ex-député
européen juge sans langue de bois la campagne présidentielle, l’Allemagne
post-Merkel et les tensions entre Europe et Russie.
Pourquoi soutenir Emmanuel Macron et pas Yannick Jadot, le
candidat écologiste ?
Je n'ai pas dit que je soutenais l'un ou l'autre. Aujourd'hui, la
coalition que je juge la plus nécessaire pour la France serait une
coalition réformiste qui serait composée des écologistes et d'En marche !.
La France a besoin aujourd'hui d'idées politiques qui poussent les partis à
organiser des coalitions.
Malheureusement, tout adversaire
politique est traité comme un ennemi.
C'est désespérant. Jadot aurait dû dire – ce qu'il a dit depuis –
qu'il est pro-européen, comme Macron, et que l'avenir de la France ne peut se
jouer que dans un renforcement de l'Union européenne. Mais en France,
malheureusement, tout adversaire politique est traité comme un ennemi.
Macron à Strasbourg : un moment
de violence politique
Pourquoi réclamez-vous une coalition, dans un pays où le mode de
scrutin facilite au contraire la formation d'une majorité ?
Quel que soit celui qui est élu, le ou la présidente n'aura
convaincu avec son programme qu'une minorité des Français. Si on suit les
sondages, Macron fera environ 25 % au premier tour, et ses concurrents
encore moins. Personne ne pose cela comme le problème fondamental de la
politique en France. La classe politique actuelle est incapable de penser
coalition car, pour elle, coalition veut dire compromis et compromis se traduit
en France par compromission. Or, une coalition serait nécessaire pour les
réformes. La grande faiblesse de Macron depuis 2017 se démontre dans
son incapacité à trouver des alliés dans la société. Le meilleur exemple en est
la manière dont lui et Édouard Philippe ont braqué la CFDT de Laurent Berger
contre la réforme des retraites.
Est-ce la principale faiblesse du président de la
République ?
C'est une faiblesse fondamentale : le fait d'avoir des idées
mais de ne concevoir leur mise en œuvre que d'une manière technocratique.
La gauche traditionnelle ne compte plus à vos yeux ?
Prenons Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Christiane Taubira :
il faut vraiment être dans la tambouille politique pour distinguer les
différences entre eux. Les écologistes aujourd'hui sont écolo-socialistes, les
socialistes sont socialo-écologistes et Christiane Taubira est
humano-écolo-socialiste. Si ces forces politiques avaient un brin de jugeote,
elles auraient uni leurs forces. Maintenant, c'est trop tard. Leur seule chance
de peser est d'essayer de se retrouver pour les législatives.
Anne Hidalgo : la présidentielle
peut-elle lui coûter Paris ?
Le gaz ou le nucléaire n’ont rien
de vert
L'Allemagne est opposée à l'inclusion du nucléaire dans les
énergies dites « vertes » en Europe. Cette pomme de discorde
ternit-elle les débuts du couple Macron-Scholz ?
À mon avis, l'Allemagne finira par s'abstenir, ce qui permettra à
la proposition de passer.
Mais sur le fond ?
Sur le fond, le gaz ou le nucléaire n'ont rien de vert : on
n'a pas réglé le problème des déchets atomiques, et le gaz est une énergie
fossile. Mais on doit défendre la nécessité de les inclure comme énergies
transitoires, afin d'accompagner le passage aux énergies renouvelables. Le
nucléaire est nécessaire, par exemple, pour la Pologne : celle-ci dépend à
plus de 75 % du charbon et on ne peut pas lui demander de se mettre à la
merci des Russes en achetant leur gaz. L'Allemagne, pour sa part, a besoin du
gaz pendant encore au moins 15 ans, même si elle progresse à rythme
soutenu sur les énergies renouvelables. Elle a fait l'erreur de privilégier la
sortie du nucléaire sans penser que le charbon était beaucoup plus nuisible du
point de vue du climat. Le gaz pose en outre un problème politique grave de
dépendance à la Russie. Je plaide pour qu'on sorte à la fois du catéchisme
pro-nucléaire, en France, et du catéchisme antinucléaire, en Allemagne.
Nucléaire : « Emmanuel
Macron a poursuivi la même politique que François Hollande »
La dépendance française au nucléaire pose-t-elle problème ?
Si on réduit de manière raisonnable la part du nucléaire de
75 % aujourd'hui à 50 %, comme déjà décidé par François Hollande, il
reste que va se poser le problème de la modernisation du parc nucléaire. La
France a compris la nécessité de la transition écologique, elle a compris que
le climat redéfinissait complètement la politique. Mais les Français ne veulent
pas que ce changement les affecte personnellement. Par exemple, imaginons un
instant que Jadot soit président de la République, s'il voulait mettre en œuvre
son projet d'énergies renouvelables comme en Allemagne, cela voudrait dire
2 % du territoire consacré aux éoliennes et aux panneaux solaires. Il y
aurait immédiatement 4 millions de Français dans les rues !
En Allemagne, comment expliquer que les Grünen
(Verts), pourtant très méfiants et critiques vis-à-vis de la Russie, préfèrent
le gaz au nucléaire ?
Cela vient de l'idéologie fondatrice des Verts allemands, qui est
le mouvement antinucléaire. En même temps, la ministre des Affaires étrangères,
l'écologiste Annalena Baerbock, est très en pointe contre la Russie. Elle est
contre la mise en service de Nord Stream 2, le nouveau gazoduc qui doit
acheminer encore plus de gaz russe vers l'Allemagne. Les Grünen sont pris
aujourd'hui dans leurs propres contradictions. Mais je salue le fait que dans
sa rencontre avec son homologue russe Lavrov, Baerbock n'a fait l'impasse sur
aucun sujet. Elle lui a fait comprendre que malgré la dépendance au gaz,
l'Allemagne ne reculerait pas.
Bruit de bottes autour de
l'Ukraine
En revanche, le chancelier, Olaf Scholz, semble prisonnier de la
dépendance au gaz.
La social-démocratie allemande est traditionnellement philorusse,
pour des raisons héritées de l'histoire. Elle est coincée face à la Russie,
comme l'est aussi la droite en France. Mais je crois qu'Olaf Scholz va être
obligé d'évoluer sur la question.
Le front des frugaux en Europe est
affaibli
Sur l'Europe, le couple Macron-Scholz est-il prometteur ?
La coalition allemande est divisée sur l'hypothèse d'un deuxième
plan de relance européen, qui ne servirait pas simplement à soutenir l'économie
après la pandémie mais à accélérer la transition énergétique. Les libéraux
qui participent à la coalition Scholz avec le SPD et les Verts ne veulent pas
d'un deuxième grand plan européen mutualisé au niveau européen. Je note
cependant que le front des « frugaux » en Europe est affaibli par
l'évolution des Pays-Bas, où la nouvelle ministre des Finances est ouverte à un
compromis. En Allemagne, les libéraux, qui dirigent le ministère des Finances,
sont disposés à mettre 50 milliards d'euros par an dans la transition
écologique. Au niveau européen aussi ils vont évoluer. Trouver les compromis
nécessaires en Europe pour accélérer et financer la décarbonation de l'économie
sera le grand défi de la France et du couple franco-allemand dans les années
qui viennent, que l'hôte de l'Élysée s'appelle Emmanuel Macron ou Valérie
Pécresse.
Les autres candidats à la présidentielle n'ont-ils aucune
chance ?
Valérie Pécresse, j'en suis persuadé, est la seule capable de
battre Emmanuel Macron. L'extrême droite est, certes, très forte en France,
autour de 40 % des intentions de vote exprimées dans les sondages, mais je
ne crois pas qu'elle puisse gagner l'Élysée. Par parenthèse, imaginons un
instant que l'AfD en Allemagne soit à 40 % ! Qu'entendrait-on dans la
planète politique !
Sur l'Ukraine, on n'entend pas beaucoup Olaf Scholz et Emmanuel
Macron…
Ils ont un problème objectif. L'ambition de Macron de renforcer la
souveraineté et l'autonomie de l'Europe par le développement d'une défense
européenne est un processus très lent. Encore aujourd'hui, qui sinon l'Otan
peut signifier à la Russie qu'une incursion dans le territoire ukrainien serait
un défi non seulement politique mais aussi militaire ? Les Européens
doivent se souvenir de ce que disait Angela Merkel : ne rien attendre de
Poutine, mais toujours lui parler.
Mais Poutine ne tient pas compte des Européens et discute
uniquement avec les Américains…
Les Européens n'ont pas dit leur dernier mot. En particulier, il
ne faut pas sous-estimer l'influence allemande. Un arrêt du gazoduc Nord
Stream 2 poserait des problèmes considérables à la Russie. Cela
gênerait, certes, l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne mais,
économiquement, ce serait un vrai problème pour Moscou. L'Allemagne dépend du
gaz, mais la Russie dépend de l'argent du gaz. Le deuxième argument en faveur
des Européens est Swift, le système international de transactions financières.
Sortir la Russie du système, pour la sanctionner d'une action qu'elle mènerait
contre l'Ukraine, serait un problème non seulement pour Poutine et les
oligarques, mais aussi pour toute l'économie russe. La force économique de
l'Europe pèse plus en ce moment que les États-Unis. Et derrière, n'oublions pas
que la Chine observe de près la situation. Si on laisse passer une nouvelle
incursion russe en Ukraine, la Chine se sentira les mains plus libres à Taïwan.
Nous sommes face à une situation qui peut déséquilibrer l'architecture
géopolitique. C'est pour cela que l'initiative d'Emmanuel Macron en faveur
d'une désescalade, même si elle paraît encore faible, peut lentement mais
sûrement replacer l'Europe dans une position d'acteur.
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Car lui
n'a rien à perdre ou gagner dans cette élection et campagne lamentable pour
cette présidentielle française !
Sa double
nationalité ou origine franco-allemande l’a toujours empêché de concrétiser son
choix entre les deux pays alliés mais c’est le faux couple franco-allemand qui
en fait n’a pas marché car A. MERKEL était une maitresse femme qui roulait pour
l’Allemagne ce qui est logique étant elle-même issue de cet Allemagne de l’Est
ou elle était née et où elle avait souffert du totalitarisme de cette URSS soviétique
ex stalinienne !
Et ou les
derniers présidents français depuis qu’elle avait pris le pouvoir en Allemagne fédérale
avec une coalition de partis allemand, ce qui est totalement impossible en France,
à cause du chacun pour soi individualiste borné dont on voit l’image flagrante
déplorable lors dans cette campagne présidentielle la plus médiocre depuis 40
ans avec cette kyrielle de faux jetons de tous bords que l’on subit depuis
trop longtemps !
Donc COHN-BENDIT
a choisi le camp de ce qui le concernait le mieux dans le passé et dit ce qu’il
pense vraiment sans mensonges, ce qui change de nos politiciens de tous bords
hypocrites et trop vieux pour ne faire que çà commenter une situation
déplorable dans un pays qu’il connait !
Jdeclef 29012022
16h19LP
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