Le retour des jeunes loups du macronisme
Ceux que l’on surnomme les « Mormons » et qui ont porté Emmanuel
Macron au pouvoir pourraient reprendre du service en 2022.
On
les appelle les « Mormons ». Ismaël Emelien, Sibeth Ndiaye, Stéphane Séjourné,
Benjamin Griveaux traînent cette image depuis quinze ans. Ils doivent ce
sobriquet à Jean-Christophe Cambadélis, peu avare de bons mots. Quand Dominique
Strauss-Kahn se préparait à exercer le pouvoir, ces militants, déjà, se
coupaient du monde pour se consacrer à leur chef, ce qui ne manquait pas
d'amuser l'ex-dirigeant du Parti socialiste. « Ils ont un côté "totalement dépendants les uns des
autres". Leur étoile Polaire, ce n'est ni le peuple, ni le pays, ni la
gauche. C'était DSK, c'est désormais Macron », cingle Cambadélis.
Les « Mormons » disent ne pas aimer ce surnom. Par coquetterie. Car tous savent
que l'étiquette confère, en macronie, un statut d'intouchable.
Ce groupe secret, une bande d'amis au départ, a forgé l'épopée
macronienne. Aux avant-postes au cabinet de Bercy ou en première ligne aux
prémices de l'aventure d'En marche !, ces jeunes stratèges ont porté l'ancien
ministre de l'Économie au pouvoir, déjouant tous les pronostics. On se souvient
de la photo de leur arrivée triomphante en rang serré sur le tapis rouge de la
cour d'honneur de l'Élysée, le jour de l'investiture d'Emmanuel Macron, avec
Jean-Marie Girier et Sylvain Fort, les plus récents du clan. Les mousquetaires
d'Emmanuel Macron vont-ils reprendre du service pour faire réélire leur
champion ? Officiellement, ceux que l'on décrit comme les cerveaux de la
macronie ont pris leurs distances, mais leur goût exacerbé du secret et leur
mutisme collectif aiguisent les rumeurs sur leur retour.
Survivant. Certes,
Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, est l'unique survivant du club
des historiques au cœur du pouvoir, le seul à gravir régulièrement les marches
de l'Élysée, les jours de Conseil des ministres. À défaut d'avoir récupéré les
rênes de La République en marche comme il l'aurait souhaité, l'eurodéputé
Stéphane Séjourné creuse son sillon à Strasbourg et vient d'être élu président
du groupe centriste. Les autres ont pris le large dans le privé. Sylvain Fort,
l'ex-plume du président, vit entre Londres et Paris et travaille pour un cabinet
d'intelligence économique.
Sibeth
Ndiaye, ancienne conseillère en communication d'Emmanuel Macron puis
porte-parole du gouvernement, est secrétaire générale du groupe Adecco.
Benjamin Griveaux, qui l'a précédée au même poste au sein de l'exécutif, a
monté son cabinet de conseil après le fiasco de la campagne parisienne.
Jean-Marie Girier, le plus discret de la bande mais non le moins influent, a
été nommé préfet à Belfort après avoir occupé des postes clés auprès de Gérard
Collomb à Beauvau et de Richard Ferrand à la présidence de l'Assemblée.
Coup de main. Leur boucle Telegram, baptisée «
Commando 2017 », tourne toujours en permanence. Mais sous le vernis d'un clan
soudé et uni à jamais, depuis la belle image de la victoire, des failles sont
apparues. Les tensions inhérentes au pouvoir ont laissé des traces, notamment
entre Sylvain Fort et les anciens strauss-kahniens . La relation de ce
passionné d'opéra - qui s'apprête à publier un livre sur les femmes de
L'Odyssée d'Homère - est devenue plus distanciée avec le président, d'autant
que son actuel employeur, Matthieu Creux, président d'Avisa Partners, est un
ancien du cabinet Pécresse au ministère de l'Enseignement supérieur.
Le seul qui voit assidûment le chef de l'État, c'est Ismaël
Emelien. Mais tous disent espérer « donner un coup de main » - c'est une litote - pour
la campagne. Ils n'attendent qu'un signe du « boss » pour rappliquer tôt le matin ou tard le soir
autour d'un whisky. « On est liés jusqu'à la fin, et on a envie que ce qu'on a initié
puisse se poursuivre », confiait Benjamin Griveaux, quelques mois
avant sa démission de son mandat de député, cet été.
Anonyme. Tout passe
donc par Ismaël Emelien, aussi discret qu'actif. Quand il ne gère pas ses
affaires - cet ancien de Havas a créé plusieurs entreprises -, il interroge des
sondeurs, échange avec les conseillers actuels ou passés du chef de l'État,
avec son ami Stanislas Guerini, qu'il a aidé à s'installer comme patron de la
REM. Le même Guerini, justement, a confié à Sibeth Ndiaye des responsabilités
au sein de la cellule idées du parti présidentiel. L'ancienne porte-parole du
gouvernement, disparue des écrans depuis les ratés de communication en pleine
première vague de Covid-19, ne manque jamais un événement avec les Marcheurs et
mène des réflexions souterraines sur les inégalités scolaires, qu'elle pourrait
bien souffler au futur candidat.
Dans cette phase de précampagne, c'est David Amiel, 29 ans, sorte
de petit frère spirituel de la bande, qui occupe le rôle le plus central et
visible (lire ci-dessous). L'ancien bras droit du secrétaire général de
l'Élysée, Alexis Kohler, pilote, sans aucune attribution officielle, toute la
préparation programmatique. À la manière de l'économiste Jean Pisani-Ferry en
2017, ce parfait anonyme à la tête bien faite dirige, dans l'ombre, les groupes
de travail à la recherche de quelques réformes qui pourraient faire mouche.
Nouvelle histoire. Le
président garde une affection particulière pour cette jeune garde rapprochée
inconnue des Français qui lui a permis d'incarner la révolution vis-à-vis des
vieux partis. «
La force des "Mormons", c'est d'avoir réussi à faire croire qu'ils
étaient incontournables », griffe un conseiller influent du
pouvoir. Toujours en alerte, ils ne se privent jamais de faire passer des messages
en haut lieu, par l'intermédiaire d'Alexis Kohler, dont ils sont proches. Mais
ils savent que, pour se faire réélire, Emmanuel Macron aura besoin de raconter
une nouvelle histoire. « Aucun des "Mormons" ne manquera, mais tous auront un
rôle différent. 2022 ne peut pas être le pont d'Arcole de 2017 »,
prévient un fidèle du chef de l'État.
Comme tous les présidents, le locataire de l'Élysée multiplie les
cercles d'influence autour de lui. Et plus il y a de cercles, plus il a
l'impression de les maîtriser, jouant parfois les uns contre les autres. Voué à
occuper les premiers postes, Sébastien Lecornu, transfuge des Républicains, l'a
bien compris. Le ministre des Outre-mer, rompu à la politique à l'ancienne,
l'anti-« Mormon » par excellence, compose avec eux. Il est en lien avec Ismaël
Emelien, encore lui.
Sectarisme. Pourtant, dans les allées du
pouvoir, les « Mormons » restent jalousés autant qu'ils sont conspués. « Le risque
pour Emmanuel Macron, c'est lui-même et surtout le retour des petits marquis
qui ont fait 2017 », s'affole un ami du président. On leur reproche
une attitude pas franchement chaleureuse, parfois sectaire. Ces chevau-légers
n'ont d'ailleurs pas laissé que de bons souvenirs à l'Élysée. En particulier du
côté de l'« aile Madame », où sont installés les bureaux de l'épouse du
président et de ses équipes.
Au début du quinquennat, la mise en scène de la présidence
jupitérienne théorisée par Ismaël Emelien éloigne le chef de l'État des
Français. Brigitte Macron s'en inquiète. Même les enfants de la première dame « ne
reconnaissaient plus Emmanuel ». Pis, l'épouse du président semble
mise de côté, n'apparaissant sur aucune image, leur mariage est carrément passé
sous silence sur sa biographie du site Internet du Palais. « Les
"Mormons" voulaient une relation exclusive avec le président, que
tout passe par eux. Ils ont contribué à façonner l'image d'un chef de l'État
sans attaches, déconnecté, alors que sa famille est très présente »,
déplore un proche du couple présidentiel.
Idées « létales ». Pour tenter
de protéger le président, les journalistes sont tenus à l'écart. Autour du chef
de l'État, ils sont de plus en plus nombreux à le lui dire : Ismaël Emelien a
des idées certes géniales, mais certaines sont « létales ». Cet
adepte de scénarisation à l'américaine a fabriqué le slogan « Make our planet
great again ». On lui doit aussi le « pognon de dingue » au sujet des aides sociales qui
reste un sparadrap, trois ans après. « Comme on dit au tarot : misère d'atout ! peste
un allié du président. Ils l'ont poussé à faire des conneries. »« Ils n'entendent pas
les choses telles que les Français peuvent l'entendre. Pour eux, c'était un
super coup », se remémore un conseiller encore ulcéré. Recruté il y
a un peu plus d'un an, l'actuel conseiller spécial du chef de l'État, le
communicant Clément Léonarduzzi, se donne du mal pour corriger cette réputation
d'arrogance et de manque d'empathie que subit encore Emmanuel Macron.
«
Moi, j'aime bien les historiques, tranche
Jean-Marc Dumontet, homme de théâtre et ami du couple présidentiel. Parce
qu'ils ont justement fait l'histoire. La campagne en mode commando a été galvanisante,
ils avaient toujours le candidat sous la main. Rien ne vaut l'adrénaline d'une
campagne. Avec la victoire, grisé, vous pouvez mettre du temps à embrasser de
nouvelles fonctions et, surtout, vous avez en partie perdu cet accès privilégié
et permanent au président, happé par ses écrasantes fonctions. On les a trouvés
arrogants, c'est faux. Ils savouraient juste cette victoire insensée et
ouvraient une nouvelle page, avec leur lot de maladresses et leur jeunesse
», excuse-t-il.
Hors-sol. Premier accroc : l'affaire
Benalla. Les jeunes loups, sidérés, ne savent pas comment réagir et se voient
reprocher de chercher à protéger l'ancien garde du corps. La crise des Gilets
jaunes scelle la fin de l'état de grâce. Les « Mormons » sont catalogués comme
des technocrates hors-sol. Emmanuel Macron se lance dans le grand débat
national, en dépit de la franche hostilité de son secrétaire général, Alexis
Kohler, et d'Ismaël Emelien, qui prétexte la publication du Progrès ne
tombe pas du ciel, coécrit avec David Amiel, pour déserter l'Élysée
. L'ouvrage, pensé comme le manifeste du macronisme, fait un flop et amplifie
les critiques à leur endroit. Petit à petit, l'histoire leur échappe. Les
ministres venus de la droite montent en puissance, font des yeux de biche au
président, lui rapportent des élus locaux. Les « Mormons » sont démonétisés.
Alors qu'ils tentent de faire contrepoids, militent dans la coulisse pour que
le chef de l'État ne dévie pas de ses fondamentaux, le remaniement de l'été
2020 est annoncé dans la douleur. Jean Castex à Matignon, Gérald Darmanin au
ministère de l'Intérieur… Les « Mormons » ne comprennent pas les choix du
président. Ils se sentent maltraités.
L'aventure fusionnelle et sacrificielle, les erreurs au Château,
les doutes, les blessures… « J'ai tourné la page », lâche une figure de la bande.
Comme s'il tentait de se convaincre d'avoir pris du recul. Se vanter d'avoir
fait un pas de côté et de se maintenir à distance du système ne permet-il pas
de conserver toutes les chances de pouvoir y replonger ? Les « Mormons » le
savent. «
On ne parle plus du tout de chômage aujourd'hui. C'est un hommage à ce qu'on a
fait », se rengorge l'un d'eux. Ils prédisent un nouveau duel entre
Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour puis la victoire de leur
champion. Ensuite, il n'est pas exclu que l'un ou l'autre du clan sollicite une
investiture pour devenir député… Que serait la macronie sans eux ?§
David
Amiel, la boîte à idées
Pour ceux qui
aiment les jeunes bobos bon chics bon genre donneurs de leçons dédaignant le
peuple d’en bas !
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Et qui
veulent remettre en lice cette clique et surtout leur seigneur et maitre
E.MACRON qu’ils n’hésitent pas, surtout s’ils aiment le coups de pieds aux culs
qu’il réélisent ce président opportuniste si beau parleur qui les a roulé dans
la farine malgré son quinquennat médiocre ce qui n’était pas difficile avec les
français qui râlent beaucoup mais en fait sont des conservateurs niais qui font
le bonheur de tous ces politiciens que l’on subit depuis 40 ans !
Malgré leur
couleur politique neutre droite/gauche car soi-disant ce Monsieur bourgeois
parvenu n’en n’avait pas avec ce mouvement nouveau la REM et ses députés
serviles novices et médiocres et d’autres connus que l’on a revu qui ont été
absorbé par cette macronie pseudo monarchique comme cette Vème république qui l’est
devenue enfin pour 5 ans pas plus s’il est réélu (ce qui ne semble pas se
présenter si mal pour lui par les derniers sondages dont il faut prendre et
laisser à 3 mois 1/2 !)
Les Français
auront ce qu’ils mériteront comme d’habitude !
Jdeclef 06/01/2022
13h02
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