Jean
Glavany : « Le PS est mort depuis plusieurs années »
ENTRETIEN.
L’ancien chef de cabinet de François Mitterrand approuve l’union créée par la
Nupes, mais déplore le sort réservé au PS, imputable à sa direction.
En
bon navigateur, il raffole des croisières à la voile, Jean Glavany garde son
calme dans la tempête. L'ancien chef de cabinet de François
Mitterrand à l'Élysée n'est, certes, plus très impliqué dans la vie politique
nationale ou socialiste, mais il porte un regard distancié sur les
soubresauts qui agitent son parti. En presque cinquante ans de militantisme, il
a tout connu, la SFIO, Épinay, le 10 mai 1981, le tournant de la
rigueur, l'échec électoral de 1993, la lente agonie du PS… L'ex-ministre
apprécié de l'Agriculture est inquiet, très. La catastrophe d'Anne Hidalgo,
suivant celle de Benoît Hamon en 2017, signe à ses yeux aussi la fin du parti
d'Épinay. Il pense que le PS d'aujourd'hui, contraint de signer un accord
électoral avec LFI, est encore plus ectoplasmique que la SFIO en 1969, qui
arrivait encore à réunir 5 % des électeurs. Jean Glavany est sévère
avec Olivier Faure et la direction du parti. Il les juge responsables d'avoir
laissé couler le PS. Ce qui, pour un navigateur, est évidemment tragique.
Le Point : Comment vous, ancien compagnon de route de
François Mitterrand, avez-vous réagi à l'annonce de l'accord signé entre
LFI, le PS, le PCF et les écologistes ?
Mais je désapprouve la façon dont le Parti socialiste a été
traité. Jean-Luc Mélenchon a imposé un contrat léonin. La tradition des
accords électoraux à gauche, c'est le désistement républicain en
faveur du candidat le mieux placé au premier tour. Or, l'accord de la
Nupes met en place l'interdiction pure et simple de se présenter et
de défendre les idées socialistes dans une immense majorité des
circonscriptions.
C'est donc un précédent historique à gauche ?
Oui. Dans toute l'histoire de la gauche, les partis signataires
ne procédaient de cette façon, c'est-à-dire avec un candidat unique dès le
premier tour, que dans les circonscriptions où la gauche risquait d'être
éliminée du deuxième, ou s'il y avait un danger de victoire de l'extrême
droite. La nouveauté, que je condamne, c'est qu'on impose aux socialistes, mais
aussi aux communistes et aux écologistes, de mettre leur drapeau dans la poche.
On en arrive à des situations insupportables comme l'interdiction faite à
Lamia El Aaraje, la députée socialiste sortante de la 15e
circonscription de Paris, de se représenter. Et on argue d'une décision du
Conseil constitutionnel pour prétendre qu'elle n'est pas la députée sortante
(son élection a été invalidée à cause d'un autre candidat)… C'est
choquant, politiquement, démocratiquement, moralement.
Cette absence absolue de travail
et l’obsession de sauver ses places est pathétique
Le PS n'avait guère le choix. Il a négocié en étant contraint, ce
qui n'est jamais bon dans une négociation !
Cela pose même une question morale. Dans ma région, j'entends
les élus et les militants me dire : « Les dirigeants du parti et les
négociateurs se sont bien servis en s'octroyant des circonscriptions
protégées ! Et nous qui sommes sur le terrain, avec la légitimité de nos
élections locales, notre militantisme et notre travail reconnus, on n'aurait pas
le droit de se présenter ? » Ils sont légitimement
révoltés, et il risque d'y avoir beaucoup de dissidences. Mais retirons le
mot « dissidence » : ce seront des candidatures légitimes
face à celles des apparatchiks.
Vous pensez, comme d'autres, que le PS vient de signer
avec Jean-Luc Mélenchon son arrêt de mort ?
Non. Le PS est mort depuis plusieurs années. La
situation actuelle ne fait que confirmer le constat. D'où l'urgence :
construire du neuf.
Michaël
Delafosse sur la Nupes : « Les pires combines du très vieux
monde »
En quoi cet accord précipite-t-il la fin du PS ?
Autrefois, à gauche, on signait des accords électoraux qui ne
gommaient pas les identités de chaque parti. Les socialistes restaient socialistes,
les écologistes, écologistes. Le programme commun de 1972 comme la
gauche plurielle de 1997 n'ont pas signifié la disparition des partis
signataires. D'autant que la désunion suivait souvent l'union. Lorsque François
Mitterrand est élu, en 1981, le PS est en pleine désunion avec le PCF, les deux
partis s'échangent des coups très durs. Le programme commun date de 1972, mais
dès 1975 on assiste à un début de désunion et la rupture survient en
77. Il faut donc toujours prendre un accord électoral avec prudence.
Ce n'est pas une fusion de partis. Mais avec la Nupes, on impose le
retrait des candidats des partis partenaires. Qu'on dise que la maire
communiste de Vénissieux ne peut se présenter, alors qu'elle est une élue de
terrain de qualité, est incroyable. C'est une logique profondément
antidémocratique.
Dans l'histoire des accords à gauche, y a-t-il toujours eu des
désaccords aussi grands entre les partis signataires que ceux qui semblent
exister aujourd'hui, comme la dérogation aux règles européennes, la sortie de
l'Otan ou la conception de la laïcité ?
Autres temps, autres mœurs ! Et comparaison n'est pas
raison. Mais disons que les divergences étaient réelles, profondes, sans
doute d'ailleurs plus encore en 1972 ou 1981 qu'en 1997.
Mais la volonté d'union l'emporte souvent à partir d'un facteur simple :
le respect. On dit trop souvent que la démocratie, c'est le respect du fait
majoritaire. Soit. Mais on oublie son complément indissociable : le
respect des minorités. Il me semble bien que ce dernier ait singulièrement
manqué en la circonstance…
Si le PS est mort, que doivent faire ceux qui veulent
défendre ses idéaux ? Aller chez Macron ?
Ce n'est sûrement pas ce que je propose. Il faut construire
une force de gouvernement réformiste, républicaine, laïque et sociale
face à Emmanuel Macron, à côté du pôle de radicalité que représente LFI. Les
deux éléments, l'accord électoral à gauche et la construction d'une force
d'opposition, doivent coexister.
Dire qu’on dérogera aux règles
européennes, c’est une forme de mensonge.
Vous rangez-vous parmi les éléphants qui, selon les
dirigeants du PS, prospèrent
sur les difficultés actuelles du parti ?
Non. À la différence d'autres, je prends l'accord électoral comme
un signal positif. J'en approuve le principe rassembleur, mais j'en conteste le
contenu antidémocratique. Je ne veux pas rejoindre ceux qui contestent
l'ensemble et qui ne peuvent pas être ceux qui vont reconstruire le PS. Je
reste toutefois optimiste. Il reste un espace pour une force qui, selon la
définition camusienne, allie la défense de la liberté et la lutte contre les
injustices. Ça reste d'une formidable modernité.
Législatives :
Cambadélis espère un front « tout sauf Mélenchon »
L'accord électoral prévoit la possibilité de déroger aux règles
instituées par l'Union européenne. N'est-ce pas, pour un socialiste, l'abandon
d'un idéal, la construction européenne ?
C'est une question essentielle. Les responsables
politiques français, de gauche comme de droite, sont incapables de faire
la pédagogie de l'Europe. Même Emmanuel Macron a péché dans son discours d'il y
a cinq ans, juste mais arrogant, sur l'avenir de l'Union européenne. En France,
il y a toujours cette attitude vaniteuse selon laquelle on fera l'Europe seuls.
Les autres pays nous trouvent évidemment bien arrogants ! L'Europe se
bâtit à 27, à coups de compromis, qui ne sont pas des compromissions. Dire
qu'on dérogera aux règles européennes, c'est une forme de mensonge. On peut et
on doit dire comment on souhaite que l'Europe évolue (et il y a
du travail !), on peut et on doit travailler à la construction d'un
rapport de forces politiques pour ce faire. Mais on ne peut pas laisser croire
aux Français que l'Europe obéira à nos diktats.
Dans un extrait de l'émission 7/7
datant de 1997, on voit Lionel Jospin, futur Premier
ministre, évoquer l'éventuel abandon de la règle des 3 % de déficit
pour éviter d'accentuer la rigueur. Les défenseurs de l'accord électoral de la
Nupes s'en servent comme un argument pour dire qu'il y a déjà eu
des précédents…
Jospin avait dit qu'il pourrait le faire en cas de besoin, et
en discutant avec les autres pays. D'ailleurs, on n'a pas eu à
le faire. Mais affirmer qu'on décidera seul pour 26 autres pays,
c'est d'une arrogance folle doublée d'un mensonge aux Français.
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Dont les
leaders avaient été déjà été rejetés en 2017 par les Français !
Qui après
cette défaite cuisante de 2022 par la réélection de ce nouveau président
bourgeois et son parti fantôme La REM qui avait saisi la balle au bond qui se présentait
en bon opportuniste et a récidivé jusqu’en 2027 sans difficulté avec 58% des
suffrages d’une légitimité largement suffisante malgré certains pisses
vinaigres qui disent le contraire en le disant mal élu !
Mais le résultat
est là, hormis la réélection du président c’est la déconfiture de ces partis
dit classiques par des électeurs qui ont vilipendé les politiciens médiocres
gonflés d’orgueil de tous bords qui lui ont été opposé et surtout de ces droites
ou gauches classiques pour les électeurs et se tourner vers les extrêmes droites
et surtout de ces gauches que le leader de son parti LFI J.L.MELENCHON l’insoumis
a rameuté pour reconstituer une espèce d’union des gauches et même des écolos
sous la bannière NUPES hétéroclite pas encore un vrai parti mais seul constitué
pour l’instant pour les élections des législatives pour élire des députés opposés
à ceux de la REM parti du président qui va changer de nom en RENAISSANCE habitude
des partis politiques pour rebondir !?
Un beau gâchis
de cette classe politique sclérosée et des Français qui ne savent plus voter
depuis 40 ans le reste n’est que du bla-bla politicien sans intérêt !
Jdeclef 14/05/2022
16h30
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