mercredi 1 mai 2019

La grande peur de black block crispe les autorités et leurs forces de l'ordre usées par de longs mois de lutte !


Les errements du maintien de l'ordre

Des débordements sont encore à craindre ce 1er mai. Le gouvernement promet « la plus grande fermeté ». Côté forces de l'ordre, on est fatigué et déboussolé.


Acte ultime : Paris, capitale de l'émeute ». Sur les réseaux sociaux, les appels à un « 1er mai jaune et noir » se multiplient. Épuisés par un mouvement qui n'en finit pas, désorientés par des stratégies erratiques, traumatisés par une série d'épisodes extrêmement violents, policiers et gendarmes se retrouvent une fois de plus sous tension. Le gouvernement et le haut-commandement promettent une réponse « extrêmement ferme », mais les incitations à l'insurrection qui crépitent et se répandent dans la « black-blocsphère » leur font craindre un nouveau « 1er décembre ».
Petit retour en arrière. Ce samedi-là, à Paris, le brigadier-chef Jessy Castane et ses collègues sont sur le pont. Au sens propre du terme puisque ordre a été donné à la 44e compagnie de CRS de Joigny (Yonne) de protéger en garde statique les riches décorations en bronze doré du pont Alexandre-III. « On était là, plantés comme des piquets depuis l'aube, pour empêcher les manifestants de rejoindre l'Assemblée nationaleraconte ce fonctionnaire de 44 ans, dont la moitié de sa vie en service de maintien de l'ordre. Sur les quais, on voyait défiler des types encagoulés. On a tout de suite senti que l'ambiance était électrique. »
Le contre-ordre tombe vers 10 h 30. Rétropédalage : la 44e compagnie est sommée de rejoindre en catastrophe les Champs-Élysées. Paris brûle. Pris d'assaut par un petit groupe de casseurs, le saccage de l'Arc de Triomphe a commencé. Les manifestants maltraitent ses ornements, le monument est tagué, puis pillé, certains parviennent à se hisser jusqu'à son sommet. « Ils étaient à quelques mètres de nous, on les entendait hurler dans les nappes de gaz lacrymogène : "Le premier qu'on chope, on le crève !" Des tirs de mortier, des morceaux de bancs publics découpés à la disqueuse, des boules de pétanque… On a reçu et dégusté comme jamais, jusqu'à 23 heures, relate Jessy. Ils nous attaquaient, on les repoussait, ils revenaient à la charge, on recommençait. L'armurier est venu nous réapprovisionner à même les barricades, je n'avais encore jamais vu ça. On s'en est tiré avec cinq blessés, mais ça aurait pu être pire. » Il ne craint pas de le dire : « On a fait, ce jour-là, les frais de graves erreurs de commandement. » Des erreurs ? « Comme les deux samedis précédents, on nous a maintenus en point fixe, en protection de bâtiments sensibles. » Dans le jargon policier, on appelle ça faire du garde-barrière. « Ça nous a tout de suite semblé absurde, car nous sommes des forces mobiles. On n'a pas compris ce qu'ils faisaient… »
Flottement. « Ils », ce sont les « têtes pensantes » de la préfecture de police de Paris, la PP. Derrière les pupitres de la salle de commandement de la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), sur l'île de la Cité, il y a ce jour-là comme un léger flottement. Son patron, Alain Gibelin, n'est pas à son poste. Sous le coup d'une enquête de la police des polices dans l'affaire Benalla, ce fonctionnaire zélé, en poste depuis huit ans, est sous la menace d'un avertissement. Il s'est fait porter pâle. Sur le terrain, c'est la Berezina. Sur l'un des écrans, on voit un policier des compagnies d'intervention de la PP traîné au sol par des black blocs, sans casque et seul à terre, place de l'Étoile ; des Gilets jaunes volent à son secours et lui évitent le lynchage. « On nous a envoyés au casse-pipe, confiera un membre de cette unité. Les CRS gazaient les manifestants, mais on en prenait autant qu'eux. J'avais encore jamais vécu une violence pareille. J'ai vu des collègues prendre la fuite ; certains étaient au bord de la crise d'hystérie. Sur les ondes, on entendait supplier "Venez nous aider, on est encerclés !" sans aucune réponse durant une minute. Autant dire une éternité… »
Le colonel Michael Di Meo commandait les escadrons de gendarmerie mobile déployés dans la capitale. « En concentrant énormément de forces autour des lieux de pouvoir, on avait beaucoup moins de possibilités de manœuvrer pour les exactions », a-t-il expliqué à BFM TV. « Il a tort, lui répond Laurent Nuñez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur. Nous n'avons pas eu affaire, ce jour-là, à une manifestation classique, mais à une série d'émeutes et d'attaques dispersées. Nous avions besoin de mobilité pour contenir l'ensemble des points chauds, une centaine au total », explique-t-il au Point.

Les victimes des manifestations

1 mort
261 blessures à la tête
23 éborgnés
5 mains arrachées
698 signalements
Il n'empêche… Les scènes de chaos survenues ce samedi 1er décembre sur la « plus belle avenue du monde » mettent au jour les limites et les inconséquences du maintien de l'ordre à la française : cafouillage dans les ordres donnés, confusion des missions d'ordre public et de police judiciaire, hétérogénéité des pratiques… Censée codifier les techniques de « gestion de la foule » et réglementer l'usage de la force, la « doctrine » française paraît aussi fatiguée que les unités chargées de la mettre en pratique. Face à l'irruption d'un nouveau profil de manifestants violents, qui se fondent dans des cortèges eux-mêmes désorganisés, les tenants d'un dispositif plus musclé l'estiment « dépassée ». Les apôtres des principes fondateurs de la « mise à distance », de l'« évitement » du contact physique et de la riposte « strictement proportionnée » se désolent au contraire de la voir ainsi « dévoyée ». Ils défendent la stratégie de « pacification » esquissée dès la fin du XIXe siècle par le ministre de l'Intérieur Waldeck-Rousseau, qui recommandait de ne « recourir à la troupe qu'à la dernière extrémité ». Et citent à l'envi le préfet Grimaud, qui, pour éviter tout bain de sang, en Mai 68, mettait ses hommes en garde dans une circulaire restée fameuse : « Frapper un homme à terre, c'est se frapper soi-même. »
Doctrine. Deux jours après le siège de l'Arc de Triomphe, à l'Assemblée nationale, Christophe Castaner, lointain successeur de Waldeck-Rousseau à l'Intérieur, déclare en bombant le torse : « Nous avons des doctrines qui ne sont plus adaptées à la réalité. »« Doctrine ? Quelle doctrine ? », s'étonne Sébastian Roché, spécialiste de la police et directeur de recherche au CNRS. « La gendarmerie a édicté des principes généraux, les CRS ont les leurs, mais ils ne sont pas précisément articulés. La police me paraît intellectuellement sous-équipée », souligne-t-il. « Faux », conteste à nouveau Laurent Nuñez. « La semaine qui a suivi les événements du 1er décembre, nous avons réuni policiers et gendarmes pour leur présenter les changements de doctrine. Le maître mot et la nouveauté, c'est l'interopérabilité avec des forces lourdes en barrage et des unités plus mobiles, pour plus de réactivité et des capacités d'interpellation plus grandes. On pourra formaliser les choses par écrit, mais la stratégie d'ensemble est maintenant calée. » L'emploi des armes intermédiaires - lanceurs de balles de défense (LBD), grenades de désencerclement ? « La question des sommations méritera peut-être d'être reprécisée, mais les règles d'usage sont claires face à de telles situations de violence urbaine », assure encore le secrétaire d'État.
Pour l'opinion, les médias, comme pour le Défenseur des droits, cette question est devenue centrale. Dans son dernier rapport, le gardien de la « déontologie de la sécurité » prône l'interdiction des LBD sur le théâtre des manifestations. Leur usage est « dangereux » et les risques de mutilation et d'infirmation sont « disproportionnés », écrivait-il dès 2017. Sur un fil Twitter, « Allô, Place Beauvau ? C'est pour un signalement », le journaliste David Dufresne tient un décompte aussi glauque que clinique des manifestants mutilés ou malmenés dans les cortèges de Gilets jaunes : 1 mort(1), 261 blessures à la tête, 23 éborgnés, 5 mains arrachées, 698 signalements. « Depuis les émeutes de 2005 dans les banlieues, on assiste à une remilitarisation des forces et, de fait, à la fin de la spécificité du maintien de l'ordre à la française. Les tirs tendus de LBD n'ont plus rien à voir avec l'ancienne doctrine, qui consistait à montrer sa force pour ne pas s'en servir. C'est une véritable rupture qui ne dit pas son nom et qui mutile », accuse Dufresne, bête noire des syndicats de policiers. Alors que Jacques Toubon, le Défenseur des droits, pointe dans son dernier rapport un « renforcement de la répression », l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) écrit dans le sien : « On sait combien de personnes sont victimes des guêpes. Les violences policières, on ne sait pas. »
Ces considérations font bondir Jessy Castane, le CRS de la 44e compagnie de Joigny : « Sans les armes, il y aurait eu des morts. Les black blocs veulent casser du flic, ces types sont sans foi ni loi… » Selon le ministère de l'Intérieur, le mouvement des Gilets jaunes a fait 1 630 blessés chez les gendarmes et les policiers. Le mouvement des Gilets jaunes est « extrêmement fragmenté, durable et destructeur, mais il n'a tué personne ; il ne me semble pas que nous soyons dans une situation paroxystique », relativise Sébastian Roché. « Entre 1908 et 1910, Paris et sa banlieue sont le théâtre de manifestations violentes. Les émeutiers attaquent des bâtiments, saccagent le mobilier urbain, brûlent trams et bus, élèvent des barricades et tirent sur les policiers à coups de browning », rappelle l'historienne Anne Steiner dans « Le goût de l'émeute » (L'échappée). Les grèves insurrectionnelles de 1948, les jacqueries de 1961, les marches des sidérurgistes du début des années 1980, le conflit des marins-pêcheurs et l'incendie du Parlement de Bretagne en 1994… La France a connu d'autres accès de fièvre. Plus que son degré de violence, ce sont la durée et la répétition du mouvement des Gilets jaunes qui interpellent le secrétaire national de l'Unsa-Police, le syndicat auquel appartient le brigadier-chef Castane. « Les attaques en règle de 6 heures du matin à 11 heures du soir, on n'avait encore jamais vu ça. On en est au 24e épisode et les Blacks nous promettent un 1er Mai très chaud, puis un acte exceptionnel le 14 Juillet… Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Combien de temps allons-nous pouvoir tenir à ce rythme ? » se demande David Michaux, patron des CRS à l'Unsa. « Depuis le 18 décembre, j'ai passé trois week-ends à la maison. On n'en peut plus », illustre un agent de la 23e compagnie (Charleville-Mézières).
Limogé. Le samedi 16 mars, à Paris toujours, Jean-Marie (2), de la 33e compagnie de CRS (Reims), a suivi le saccage du Fouquet's « à la radio ». Il était pourtant en mission. Il se souvient : « On nous avait cantonnés derrière un barre-pont de la gendarmerie, rue Royale, près de l'église de la Madeleine. À aucun moment nous n'avons été appelés en renfort alors que c'est notre cœur de métier. On s'est privés ce jour-là des capacités opérationnelles de 1 000 professionnels. D'où l'incompréhension et la frustration de nombreux collègues. Les mêmes erreurs que celles du 1er décembre ont été commises et le commandement n'en a tiré aucune leçon », fulmine cet agent, vingt-quatre ans de service derrière le bouclier. « Tout ce qu'on avait prévu et mis en place après le 1er décembre n'a pas été appliqué, tente d'expliquer Laurent Nuñez. Les ordres donnés sur le terrain devaient être appliqués sans avoir à repasser par la salle [de commandement]. Ça n'a pas été respecté, on avait pourtant été très clairs là-dessus. »
Michel Delpuech sera limogé deux jours plus tard ; Didier Lallement, main de fer dans un gant de crin, lui succède à la tête de la préfecture de police de Paris. Pour marquer son arrivée, le préfet Lallement fait entrer dans le dispositif les brigades de répression antiviolences (BRAV), symbole d'une gestion plus « dynamique ».« Au cœur de l'événement », quatre groupes de 20 motards transportent un policier des compagnies ou des brigades d'intervention. Aussitôt, certains y voient la résurgence des « voltigeurs motorisés » de Charles Pasqua, démantelés après la mort de Malik Oussékine durant les manifs étudiantes de 1986. « En réalité, rien n'est plus dissemblable, dément un policier des BRAV. Les interpellations ou dispersions se font à terre, aucun coup ne doit être échangé sur les motos. Les brigades d'intervention sont en relation avec le renseignement de la police parisienne (RDPP), qui leur indique les profils fichés ou interdits de manif ; les brigades d'intervention vont alors au contact pour les exfiltrer. » Pour l'heure, « on a raclé les fonds de tiroir côté véhicules, souffle ce fonctionnaire. L'équipement pèse encore trop lourd et on a encore besoin d'entraînement, mais pour les prochaines manifs, de nouvelles motos plus adaptées seront en service », espère-t-il.
Expérimenté pour la première fois le samedi 20 avril, « l'ADN synthétique » sera généralisé le 1er mai. Ces marqueurs chimiques indétectables permettent de retrouver les casseurs, même plusieurs semaines après leurs méfaits. Mélangés aux gaz lacrymogènes ou à l'eau des canons, les peintures mouchardes se déposent sur la peau, les vêtements, et deviennent fluorescentes lorsqu'elles sont exposées à la lampe à ultraviolet.
La nomination de Didier Lallement, réputé pour sa poigne et son tempérament polaire, et ces nouvelles techniques scellent-elles un durcissement de la doctrine d'emploi ? « Oui, clairement », assume Laurent Nuñez. « Face à ces nouvelles formes de violences urbaines, on s'est adaptés tout de suite », plastronne-t-il. « Je n'ai pas vu de changement majeur dans la gestion des opérations, modère pour sa part Sébastian Roché. Le fait que le nouvel homme fort de la PP ait convoqué dans son discours de prise de fonctions Clemenceau, l'homme qui avait fait ouvrir le feu sur la foule, plutôt que l'humaniste préfet Grimaud, illustre une sensibilité certes plus répressive », observe le chercheur.
Dans sa note de service diffusée à la veille de l'acte 23, rebaptisé « ultimatum 2 » par ses inspirateurs en référence à la journée du 16 mars, marquée par l'incendie du Fouquet's, le patron de la PP annonce un renforcement « très significatif » du maintien de l'ordre. Les Champs et le secteur de Notre-Dame bouclés, 227 interpellations rien qu'à Paris, plus de 20 000 contrôles préventifs, une soixantaine de policiers blessés et les nerfs des forces de l'ordre soumis à rude épreuve face aux « Suicidez-vous ! » lancés par quelques « ultra-jaunes », place de la République : ce samedi 20 avril, le dispositif s'est incontestablement durci. « Mais l'idée que l'on ne tire pas sur la foule et qu'il faut protéger la vie des citoyens continue à s'imposer. On reste sur cette ligne même si la pratique est devenue plus instable », analyse Sébastian Roché.
Curseur. Laurent Nuñez a beau annoncer la mise en œuvre d'une nouvelle doctrine, plus dure, en coulisse, on continue à explorer d'autres voies. Entre le modèle de la « police qui fait peur » tel qu'il transpire des discours politiques, et la « théorie de la désescalade », éprouvée dans des pays voisins comme l'Allemagne, où l'on combine renseignement, différenciation des manifestants et nouvelles techniques de communication pour la dispersion des foules (grands écrans lumineux, réseaux sociaux, officiers de liaison…), la France semble ne pas savoir où placer le curseur. « Face aux casseurs, il n'est pas question de désescalade. On ne peut pas laisser les exactions se commettre, point. Les gens qui soutiennent le contraire sont des incompétents, balaie Laurent Nuñez. Des appels extrêmement inquiétants ont été lancés pour le 1er Mai. On n'attendra pas les exactions pour disperser, on ne laissera pas les black blocs se constituer. La réponse sera extrêmement ferme », promet-il.
Des questions subsistent cependant : qu'apportent les grenades explosives et les LBD ? Quelle marge d'autonomie laisser aux unités sans risquer une grosse bavure ? Comment faire évoluer les équipements, disposer d'un renseignement plus affûté ? Elles sont d'abord politiques et le gouvernement se devra d'y répondre§
1. Atteinte par des éléments d'une grenade lacrymogène en fermant ses volets, le 1er décembre, à Marseille, une octogénaire est décédée le lendemain à l'hôpital d'un arrêt cardiaque, sur la table d'opération. L'autopsie a révélé que l'impact facial n'était pas la cause directe du décès.
2. Le prénom a été modifié.
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Ce 1er mai 2019 va être un test, en principe (fête) du travail ..!

Nos gouvernements et leurs dirigeants n'ont pas eu assez de fermeté depuis de long mois et même avant, pour stopper radicalement ces « black block » trublions violents vandales et pillards voyous divers qui ne sont là que pour s’en prendre aux forces de l’ordre et se défouler !

Car en plus, ils s’insinuent en polluant les déroulements des manifestations de contestations diverses autorisées ou non et en ce mélangeant aux manifestants qui ne font que protester régulièrement, comme ils en ont le droit (mais dans le calme !)

Nos dirigeants gouvernementaux jusqu’au plus haut de l’état n’ont pas une fois de plus prit la mesure de ce problème déjà présent le 1er mai 2018 et qui s’est accru jusqu’à maintenant !

Ils ont retenu leurs forces de l’ordre en les empêchant de se défendre et bien qu’ils aient revus leurs erreurs partiellement dernièrement, avec l’arrivée des gilet jaunes, mais tardivement ce n’est pas encore assez efficace, car cela ne suffit pas pour se débarrasser de ces malfaisants, il faut resserrer bien plus les boulons pour se débarrasser de cette plaie et voyoucratie !

Pour cela, il faudrait pour nos dirigeants ne fasse plus de la politique de bien-pensant hypocrite et ne considère pas que nous vivons dans un monde où « tout le monde est beau et ou vive de gentil de bisounours » !

Il faut que notre justice laxiste gagne en sévérité et que notre code pénal inadapté soit revu pour garantir nos libertés de vivre sereinement en sécurité dans nos grandes villes et en province !

Jdeclef 01/05/2019 10h16LP

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