Nathalie Loiseau : « Pour une Europe des solutions,
pas des idéologies »
GRAND ENTRETIEN. La tête de liste LREM dévoile son programme
pour les européennes. Convergence sociale par le haut et transition écologique
en sont les deux piliers.
« L'Europe des solutions » qu'elle préconise se démarque très nettement des propositions souverainistes de son principal concurrent, Jordan Bardella. Dans les sondages, la liste du RN est parfois donnée devant celle des LREM. Un match franco-français qui ne se traduit pas au niveau européen, où le clivage entre la gauche et la droite demeure, le plus souvent, la matrice du débat politique. La Liste LREM entend constituer un nouveau groupe politique au Parlement de Strasbourg, avec d'autres partis européens d'essence centriste. Ce sera le deuxième volet de l'action de Nathalie Loiseau. Un pari risqué dans une enceinte jusqu'ici dominée par les démocrates-chrétiens du PPE (dont les LR de François-Xavier Bellamy) et les sociaux-démocrates.
Le Point : Votre projet pour l'Europe décline, précise et amplifie la lettre d'Emmanuel Macron aux européennes. Il est marqué par le souci de l'écologie, des droits sociaux et de l'homme, de l'Europe érigée en puissance. Comme si vous projetiez sur l'Europe une France idéalisée. Or le paysage politique de l'Europe n'est pas celui-là actuellement. Comment faire passer ce message ?
Nathalie Loiseau : Ne nous trompons pas, cette élection est historique. Je sais qu'on le dit à chaque fois, mais cette fois-ci, j'ai la conviction que jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Europe n'a été aussi nécessaire. Et pourtant, jamais l'Europe n'a été autant en danger. La question qui est posée, c'est choisir entre ceux qui veulent détruire l'Europe, ceux qui gèrent l'Europe en cogestion depuis 20 ans et qui sont donc responsables du statu quo, et ceux qui, comme nous, aiment l'Europe et veulent la changer.
Ce que nous voulons, c'est peser au Parlement européen pour porter la voix de la France et appuyer l'action d'Emmanuel Macron. Il faut convaincre, d'abord les électeurs français, mais aussi nos partenaires européens. Ce que nous voulons, c'est peser en Europe pour que l'Europe réponde aux attentes des Français. Nous les avons écoutés à plusieurs reprises, lors de la grande marche sur l'Europe, lors des consultations citoyennes et pendant le grand débat. La philosophie générale du projet que nous avons élaboré à partir des aspirations qui se sont exprimées consiste à tirer l'Europe vers le haut, qu'il s'agisse de justice sociale et fiscale. L'Europe, ce n'est pas la mondialisation par le bas, mais par le haut. C'est une Europe plus efficace, plus humaine et qui maîtrise son destin dans le XXIe siècle. L'Europe doit protéger nos choix de société, protéger la planète, protéger l'avenir de nos enfants.
Votre priorité se détache assez nettement : la transition écologique. Vous parlez de mobiliser 1 000 milliards d'euros d'ici à 2024. Où les trouver ?
Mille milliards d'euros, c'est le montant estimé par l'UE pour faire face au défi climatique. Nous voulons faire de l'Europe une puissance verte, c'est-à-dire un continent neutre en carbone, à la pointe de l'innovation durable, avec un modèle agricole et de consommation respectueux de la nature. De la Banque centrale à la Commission, toutes les institutions européennes doivent avoir le climat pour mandat. Nous investirons massivement dans la transition écologique et solidaire. Mais attention, la transition écologique ne peut pas reposer uniquement sur de l'argent public. Si nous veillerons à ce qu'au moins 40 % du budget européen y soit consacré, nous proposons aussi de créer une Banque du climat pour orienter l'épargne des Européens vers la croissance verte. Elle financera la rénovation des logements, le développement des transports et des énergies propres et accompagnera la reconversion des travailleurs des secteurs en transition. En parallèle, nous proposons de taxer le carbone des produits importés en Europe.
Vous parlez de créer une Banque européenne du climat. Vos opposants se demandent pourquoi créer un « machin » de plus alors qu'existe déjà la Banque européenne de l'investissement (BEI)…
Face à l'urgence et à l'importance du défi climatique, il nous faut un instrument à la hauteur. En 1989, quand le Rideau de fer est tombé, on a été capables de créer la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) pour soutenir les pays qui sortaient du giron soviétique. C'était une bonne intuition avec une mission claire. Il faut aujourd'hui un outil qui ait une vraie puissance de feu pour financer la transition écologique.
Taxer le carbone des produits importés en Europe, le président Macron en parle depuis longtemps. Mais comment passer aux modalités concrètes ?
La taxe carbone aux frontières est une bonne chose pour l'environnement, pour nos entreprises et nos emplois. Elle créera une concurrence loyale entre les entreprises et les agriculteurs européens qui respectent des normes environnementales exigeantes et leurs concurrents du bout du monde qui ne respectent ni les mêmes normes ni les mêmes choix. L'Europe est un marché attractif. Quand on est attractif, on doit s'en servir pour imposer ses conditions. Cette taxe va de pair avec la directive « Éthique des entreprises » que nous porterons pour interdire l'accès au marché européen à toute entreprise ne respectant pas nos exigences sociales et environnementales fondamentales. Une multinationale pourra perdre son accès au marché européen si elle a eu recours au travail forcé, au travail des enfants, si elle s'est rendue coupable de déforestation illégale, de trafic d'espèces protégées ou de déchets, de pêche non durable, etc.
Sauf que certains sont réticents à développer des ressources propres et préféreraient sacrifier la PAC pour financer de nouvelles priorités...
Il est hors de question que la Politique agricole commune soit sacrifiée au profit des nouvelles priorités de l'Europe. Nous défendrons le budget de la PAC. Nous sommes la première puissance agricole au monde et c'est en Europe que les scandales alimentaires sont les moins nombreux même si, hélas, il y en a. L'Europe, ce n'est pas remettre en cause ce qui est un succès. Les enjeux sur la sécurité alimentaire sont primordiaux. Nous nous battrons pour que la PAC soit simplifiée et modernisée afin que les aides soient orientées vers les exploitations à taille humaine et vers les modèles propres et respectueux du bien-être animal partout en Europe. Les objectifs sont clairs : augmentation massive du verdissement, doublement des surfaces en bio, zéro bête nourrie aux OGM, zéro pesticide au-dessus des zones d'eau potable. Les agriculteurs doivent pouvoir compter sur un fonds de réserve suffisant pour faire face aux risques croissants liés au réchauffement climatique. Et je le répète, l'agriculture européenne, comme les autres secteurs, doit être protégée de ceux qui ne respectent ni les normes sanitaires ni les normes sociales fondamentales.
Certains au sein
de la Commission européenne se méfient de cette approche dure à l'égard des
partenaires qui ne respectent pas nos canons sociaux et écologiques. Ils
préconisent un soft power, plus efficace à leurs yeux…
Cela
fait 20 ans qu'ils le disent et cela fait 20 ans que les
choses ne bougent pas. Je les connais… Ils sont parfois enfermés dans un
dogme : l'idée que le libre-échange serait bénéfique par nature. Tous les
États membres prennent conscience que l'ouverture systématique de nos marchés
trouve ses limites. Il ne s'agit pas de tomber dans un protectionnisme
mortifère, mais d'en finir avec la naïveté qui a trop souvent dominé en Europe.
Nous croyons à l'exigence de réciprocité dans l'accès au marché. Il y a deux
ans, parler de réciprocité était impossible.… les Allemands bloquaient
Les Allemands bloquaient. Aujourd'hui, ils participent activement à la réflexion. Ils ont pris conscience que lorsque nos partenaires ne jouent pas avec les mêmes règles que nous, nous sommes forcément les perdants du jeu.
Le budget européen actuel ne permet pas de réaliser votre programme…
C'est pourquoi nous proposons, à travers la taxe carbone et la taxe sur les transactions financières, d'allouer à l'Union des ressources propres sans augmenter les contributions des États. Il faut bien comprendre que nous ne voulons pas créer un impôt de plus sur le dos des contribuables européens. Grâce à de nouvelles ressources propres, nous pourrons mener une vraie politique industrielle en définissant les secteurs d'avenir sur lesquels nous allons investir, financer des champions mondiaux dans l'intelligence artificielle, les réseaux 5G, le renouvelable… Ce qui exige de revoir aussi notre droit européen de la concurrence. Il a été conçu au XXe siècle dans un esprit de protection des consommateurs sur le mode « small is beautiful ». Sans abandonner la protection des consommateurs, on ne peut plus se contenter d'une « économie de bonzaïs ». Nos champions industriels doivent pouvoir atteindre la taille critique, d'autant que d'autres, ailleurs dans le monde, financent leurs entreprises à coups d'aides publiques…
Toutefois, je note que les choses évoluent. Avec les Allemands, nous nous sommes battus comme des lions pour faire émerger un « Airbus de la batterie électrique ». Il a fallu convaincre la Commission d'autoriser les aides publiques dans ce domaine. C'est fait depuis quelques jours ! L'Europe doit être le continent à la pointe de la technologie. Nous avons besoin d'environ 300 000 personnes par an qui soient familières des nouvelles technologies dans toutes les branches de ces nouveaux métiers.
Beaucoup de nos cerveaux sont partis dans la Silicon Valley…
Ce n'est pas une raison pour se résigner. Si nous créons les conditions favorables, si nous rémunérons correctement les talents, si nous osons financer des innovations à risque, nous pouvons reprendre la main. Nous voulons créer une agence européenne pour l'innovation de rupture, sur le modèle de ce qui existe aux États-Unis. Car il ne faudrait pas croire qu'entre le « garage californien » d'origine et le géant mondial qu'est devenu, par exemple, Amazon de Jeff Bezos, il n'y a aucune intervention publique aux États-Unis. Dans ce domaine, il s'agit de ne plus être naïf et de croire en nous.
N'est-ce pas, d'une certaine manière, un saut fédéral que vous proposez aux Européens ?
Nullement ! Nous sommes pour une Europe des solutions, pas pour une Europe des idéologies.
Sur les sujets régaliens – frontières, armée, monnaie… –, vous leur demandez pourtant d'abandonner une partie de leur souveraineté pour gagner en efficacité…
Non, quand c'est efficace, nous sommes favorables à plus d'intégration ; quand ça ne l'est pas, coopérer entre gouvernements suffit largement.
Aujourd'hui, la monnaie unique est le saut fédéral le plus important qu'une partie des Européens a consenti. Il faut consolider cette monnaie unique pour lui éviter les aléas qu'elle a rencontrés pendant la crise et la dépendance à un monde encore très « dollarisé ». Aujourd'hui une PME européenne ne peut pas nécessairement commercer avec l'Iran par peur de sanctions américaines. Ce n'est pas aux États-Unis de décider si nos entreprises peuvent commercer ou non avec l'Iran.
Dans d'autres domaines, bâtir sur nos compétences nationales et favoriser une coopération intergouvernementale est la solution la plus efficace. Prenons la lutte contre le terrorisme. Vous ne trouverez nulle part dans ce projet l'idée d'une CIA européenne. Simplement parce que ce serait moins efficace qu'une coopération entre services nationaux. Nous, Français, avons à partager notre connaissance de la menace, en particulier la menace djihadiste en provenance du Moyen-Orient ou du Sahel avec d'autres. D'autres partagent avec nous leurs connaissances de la menace russe par exemple.
En matière migratoire, notre approche suit la même logique : efficacité et pragmatisme.
C'est-à-dire ?
Prenez l'exemple de Frontex, l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Elle ne se substitue pas aux polices nationales, mais sans elle, quelle certitude avons-nous que le contrôle des frontières est renforcé là où c'est nécessaire ? Un pays comme le nôtre a un intérêt tout particulier à ce qu'une agence européenne soit présente avec des effectifs et des moyens suffisants dans les pays qui font face à des flux migratoires. Eh bien, le RN y est opposé, la Ligue de Matteo Salvini tout autant. Leur idéologie de la souveraineté nationale l'emporte sur une réponse efficace au défi migratoire.
Sous la présidence autrichienne de l'Union européenne il y a quelques mois, un compromis semblait en bonne voie pour réformer la politique européenne de l'asile. Il abandonnait les « quotas obligatoires » rejetés par le groupe de Visegrad (République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne) et consistait à mettre en place une entraide entre pays. Vous reprenez cette idée dans votre projet. Pourquoi le compromis autrichien n'a-t-il pas été adopté à l'époque ?
Le compromis autrichien n'a pas abouti parce que les gouvernements nationalistes n'ont cherché aucune solution. Mais notons aussi qu'à l'époque Angela Merkel n'en a pas voulu pour des enjeux de politique intérieure. Comme ministre chargée des Affaires européennes, j'en avais parlé au groupe de Visegrad à l'époque, ils n'étaient pas fermés à l'idée. J'avais passé un week-end dans les Tatras et, à la suite de cet échange, ils ont contribué pour la première fois, à hauteur d'une trentaine de millions, à un fonds de développement de l'Afrique. Je leur avais dit : « Commencez par montrer que ce n'est pas un sujet sur lequel vous regardez systématiquement ailleurs. » Dans notre projet, nous conservons le principe que, face à la migration, l'entraide entre les États membres est obligatoire, mais elle peut prendre diverses formes : une contribution financière, des effectifs de gardes-frontières, des moyens matériels et, bien sûr, l'accueil de demandeurs d'asile.
Les Républicains, sur ce sujet des migrants, veulent réformer le droit de la mer pour renvoyer les bateaux qui arrivent dans les pays d'origine et rétablir une double frontière européenne et nationale. Qu'en pensez-vous ?
Ont-ils vu ce qui se passe en Libye ? Nous portons des valeurs et celles-ci consistent à ne pas renvoyer dans un pays en guerre civile des gens qui y seront maltraités. Je ne transigerai pas avec ces valeurs-là. Commencer à vouloir abattre la Convention européenne des droits de l'homme, c'est une détérioration de notre civilisation. Quant à l'établissement d'une double frontière, il faudra que les Républicains nous expliquent comment ils évitent de porter atteinte à la libre circulation des personnes, que ce soit celle des travailleurs frontaliers – il y en a au moins 200 000 en France – ou celle des entreprises, des PME qui vont, au jour le jour, commercer, livrer, travailler avec d'autres pays européens… Ce que nous souhaitons, c'est à la fois protéger nos valeurs et nos frontières, en construisant une politique européenne de l'asile et en remettant à plat Schengen. Il faut tout d'abord distinguer les réfugiés, qui fuient la guerre, la persécution et qui sont en besoin de protection, des migrants économiques. Accueillir les premiers fait la grandeur de l'Europe et de la France. En revanche, concernant les migrants économiques, chaque pays doit décider de qui il souhaite accueillir. Pour relever le défi migratoire, nous proposons une action en trois points : renforcer les frontières extérieures de l'Europe en portant les effectifs de Frontex à 10 000 hommes dès 2020 ; venir en aide aux pays d'origine des migrants et lutter plus efficacement contre les passeurs ; renforcer la coopération intra-européenne.
Qu'entendez-vous par
« la remise à plat » de l'espace Schengen ?
La liberté de
circulation est un atout formidable, mais elle a comme contrepartie que chacun
exerce ses responsabilités, contrôle sa frontière extérieure de l'UE
sérieusement en acceptant, dès que cela est nécessaire, d'être aidé par Frontex
et chacun doit participer à l'entraide. Si on ne fait ni l'un ni l'autre, on
doit pouvoir être suspendu et ne plus bénéficier de la liberté de circulation.
Parlons de l'Europe
sociale. Comment parvenir à élever le niveau à l'Est sans baisser celui de
l'Ouest ?
Merci de rappeler que
nous n'avons jamais proposé de baisser ni les salaires ni la protection sociale
de notre pays. Ce que nous proposons, c'est une convergence par le haut, la
réduction des inégalités à l'intérieur de l'Europe et la fin du dumping social.
Le patronat de l'Est,
lui, résiste à la hausse des salaires…
Les patronats à l'Est
vivent aujourd'hui quelque chose de nouveau. Leurs pays connaissent des
situations proches du plein emploi. Ces pays souffrent en outre de la fuite des
cerveaux. Des dizaines, des centaines de milliers de gens plutôt formés et
plutôt jeunes vont tenter leur chance ailleurs. C'est vrai d'une partie des
pays de l'Est, ça a été vrai de la Grèce, c'est vrai de l'Italie aujourd'hui. À
l'Est, le sujet devient : comment garder de la main-d'œuvre qualifiée et
répondre aux commandes ? La compétitivité par le coût du travail le plus
bas possible devient une impasse. Dans cette conjoncture nouvelle, nous devons
avoir plus d'ambition sociale. Ce n'est justement pas le moment de baisser les
bras ! C'est le moment d'exiger que la convergence économique entre l'Est
et l'Ouest s'accompagne d'une convergence sociale par le haut. Les fonds de
cohésion doivent servir à cela. On ne peut pas condamner les travailleurs de
l'Est à être éternellement des travailleurs de deuxième classe.
Après
la directive sur le travail détaché qui établit le principe du « salaire
égal sur le même lieu de travail », quelle est la prochaine étape ?Nous nous engageons à réaliser l'acte II de la réforme en instaurant le principe « à travail égal, coût égal » pour l'employeur afin d'en finir avec le dumping social.
Concrètement, nous proposons que l'employeur paie les cotisations sociales les plus généreuses entre celles du pays d'origine et du pays d'accueil des travailleurs détachés. L'employeur d'un travailleur roumain en France paiera le niveau de cotisation français. Et le montant des cotisations sociales retournera en Roumanie, dans un fonds européen qui aidera ce pays à avoir une vraie protection sociale de ses travailleurs.
C'est une démarche incitative. Cela ne veut pas dire qu'on ne veut plus de travailleurs étrangers en France. Il y aura toujours besoin de travailleurs détachés parce qu'ils ont une spécialité que nous n'avons pas ou parce que les besoins en main-d'œuvre sont très tendus temporairement. Mais nous voulons mettre fin à une concurrence déloyale. Nous voulons combattre un système où, comme je l'ai vu à La Réunion, on fait venir un travailleur portugais – en lui payant le billet d'avion – pour construire une route plutôt que d'employer un travailleur réunionnais qui vit sur place.
Lire aussi Europe : ce que dit la nouvelle directive sur le travail détaché
Le Rassemblement national avait voté contre la directive régulant le travail détaché…
Le Rassemblement national ne veut pas contribuer à des solutions, car il prospère sur les problèmes. Sur le dumping social, leur seul argument électoral, nous voir commencer à apporter une réponse leur est insupportable. Nous, nous aspirons à la convergence sociale. L'Europe, ce n'est pas le grand bond en avant chaque matin ni le « grand soir ». Mais, avec le président de la République, nous prenons nos responsabilités pour emmener l'Europe dans la bonne direction.
L'Europe sociale que vous proposez remet en cause le modèle économique des Allemands qui se servent de la sous-traitance à l'Est pour ne pas augmenter leur coût et gagner des marchés à l'export… Même Viktor Orbán s'en plaint !
Viktor Orbán va jusqu'à dire que les pays de l'Ouest ne veulent pas augmenter les salaires à l'Est. Mais la réalité a déjà changé. Même les entreprises allemandes vous disent qu'elles peinent à recruter et qu'il faut qu'elles paient plus cher pour garder la main-d'œuvre. Les sous-traitants automobiles se volent la main-d'œuvre à coups de primes, d'augmentation de salaires et de protection sociale. Ils sont en train de montrer le chemin de la convergence sociale. Reste un pays comme la Pologne, qui fait appel non plus seulement à de la main-d'œuvre ukrainienne, mais désormais aussi à de la main-d'œuvre philippine et indonésienne, tout en se disant hostile à l'immigration…