lundi 6 mai 2019

L'Europe est un rêve hypothétique car les pays la composant sont trop différents !


Pourquoi l'Europe du Rassemblement national est une fiction

ANALYSE. L'Europe des « coopérations librement consenties » prônée par Marine Le Pen et Jordan Bardella peut-elle fonctionner ?


C'est le cœur du programme du Rassemblement national (ex-Front national) : une Europe dans laquelle chaque État serait libre d'appliquer ou non la règle communautaire. Une Europe des « coopérations librement consenties », selon la formule qui figure à la page 19 du programme publié sous l'autorité de Marine Le Pen et que Jordan Bardella défend dans les meetings. Mais comment cela pourrait-il fonctionner ? Passons à la pratique.
L'œuvre principale de l'Union européenne est le marché unique qui a supposé l'adoption, à la fois par le Conseil européen (celui des gouvernements) et le Parlement européen, de très nombreuses directives en vue d'abattre les barrières à la concurrence et d'aplanir les difficultés des entreprises à travailler en dehors de leur territoire national. Si toutes les règles sont harmonisées, les entreprises sont supposées mieux armées pour exporter leurs services ou leurs biens. Dans le système prôné par le Rassemblement national, un État qui voudrait protéger les rentes des entreprises nationales pourrait décréter que telle directive ne lui convient pas et renoncer à l'appliquer.
Mais, alors, un État voisin pourrait se considérer comme lésé et, en représailles, renoncer à appliquer telle autre directive qui avantage les entreprises de son voisin... Et petit à petit, chacun retricoterait une législation nationale qui protégerait ses secteurs industriels contre ses concurrents européens. Pour les patrons, c'est tout bénéfice. Pour les consommateurs et l'innovation, le système prôné par l'ex-Front national n'augure rien de bon. Dès lors que la concurrence serait moindre, les prix des biens et services repartiraient à la hausse, tout comme les marges patronales. D'un parti qui prétend défendre le peuple nous arriverions à la défense du capitalisme pantouflard, à l'abri d'une réglementation protectrice. Le RN entend ni plus ni moins renoncer au marché unique. Et donc à l'Union européenne qui s'est construite sur cette notion.

Le parti de Marine Le Pen met en avant l'exemple d'Airbus. Voilà bien une « coopération librement consentie ». En effet, mais la situation qui a présidé à la constitution d'Airbus était tout autre. Il faut revenir à ce qu'était l'aviation européenne dans les années 1960. À l'époque, trois constructeurs américains – Douglas, Boeing et Lockheed – dominent. Les Européens sont fragmentés en une quinzaine d'avionneurs de petite taille, incapables de lutter. Parmi eux, Sud-Aviation, Shorts, Hawker Siddeley, Bölkow… Air France a certes créé la Caravelle à partir de 1955 à 260 exemplaires, mais les Américains de Boeing surpassent tout le monde avec 1 000 exemplaires de leurs 707, 727 et 737, tout comme le DC9 de McDonnell Douglas. La Caravelle n'est pas rentable.
Les Européens créent Airbus pour atteindre la masse critique. Le marché commun permet ensuite la fluidité de l'assemblage des différentes pièces d'Airbus à travers plusieurs sites européens sans être entravé par les barrières douanières... Les deux éléments ici se complètent. C'est ce schéma que la France et l'Allemagne, et avec elles plusieurs pays européens, reprennent aujourd'hui pour créer un « Airbus de la batterie électrique »... C'est toujours la même idée : créer une entreprise de taille critique, cette fois contre l'industrie asiatique qui pèse 85 % du marché. Autrement dit, l'Union européenne n'interdit pas la coopération industrielle, ne serait-ce que pour créer les conditions d'une concurrence...

Le procès de la Commission

L'une des obsessions du Rassemblement national est la suppression de la Commission européenne qui symbolise à ses yeux les « errements et les dérives inacceptables des institutions européennes ». Il faut aborder la question sans tabou. De quoi est accusée la Commission ? De concentrer trop de pouvoirs : le monopole de l'initiative des directives, la réglementation, le contrôle de l'application de celle-ci et des traités. Pour Marine Le Pen, il faudrait redonner l'initiative législative au Conseil européen qui en aurait l'exclusivité. C'est assez cohérent avec le premier point : la possibilité pour chaque État d'accepter ou non la nouvelle règle commune.
Dans les faits, le Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement n'est pas inerte. Quand il formule des « conclusions » à la fin des sommets, il donne en vérité instruction à la Commission de préparer une législation européenne. Et elle s'y conforme ! Le pouvoir en Europe est bel et bien entre les mains des chefs d'État et de gouvernement... En revanche, un État ne peut se dérober à une directive européenne dès lors qu'elle a été adoptée selon les textes auxquels il a adhéré. Sinon, ce serait la foire ! Et bien vite, plus aucune coopération ne serait possible.

Les crises exigent une réponse politique

La Commission n'est pas exempte de travers. Comme tout organe technocratique, elle pense résoudre tous les problèmes par le droit. Or, lorsqu'une crise surgit, seule la création que permet la politique parvient à dépasser l'obstacle. C'est donc aux chefs d'État et de gouvernement d'inventer une solution. Quand ils s'y dérobent, la Commission remplit le vide par du droit, de la norme... C'est bien évidemment insuffisant. À la fin, tout est politique.
Si bien que la Commission est vraiment dans son rôle quand, se situant au-dessus des intérêts particuliers des États, elle sert de stimulateur, de catalyseur de l'intérêt général européen. Comment le définir ? Ce ne peut être l'intérêt des Allemands, puissance économique majeure ; ce ne peut être l'intérêt des Français, puissance militaire supérieure. Ce ne peut pas être non plus l'intérêt des petits États qui spolieraient les grands. Et il n'est pas concevable que l'intérêt géographique des États du Nord surpasse celui des pays du Sud, et réciproquement. Même chose pour l'axe Est-Ouest. Au milieu de ces contraintes, la Commission navigue, parfois à vue. Elle tombe juste quand elle tente de préserver les opportunités de l'avenir ou quand elle prévient les périls.
Toutes les fois que l'Union européenne a manqué à son devoir d'anticipation, les États membres ont fini par le payer. Lorsqu'on a créé l'euro, on a improvisé une monnaie sans tenir compte de la coordination des politiques économiques qu'appelait de ses vœux Jacques Delors. Résultat : à la première crise financière venue, l'euro fut en danger et il a fallu compléter l'euro de plusieurs instruments à toute vitesse, le dos au mur, et encore, de façon incomplète... Idem s'agissant de l'espace Schengen : la libre circulation au sein de frontières communes impliquait, de facto, que les frontières extérieures soient protégées en commun et que les politiques d'asile soient harmonisées. Faute de l'avoir anticipé, la crise migratoire de 2015 a créé un conflit majeur entre les Européens et les déchirements de cette époque n'ont toujours pas été recousus quatre ans plus tard...

Sans juge du droit, pas de coopération loyale

La Commission ne peut pas résoudre ces crises politiques à la place des États membres. Son rôle est d'aiguiller les dirigeants afin qu'ils anticipent et décident avant que les catastrophes ne surviennent. Son meilleur rôle consiste à préparer l'avenir. Mais la décision reste entre les mains des élus, qu'ils soient chefs d'État, chefs de gouvernement ou parlementaires européens. Envisagée de cette façon, l'urgence de supprimer la Commission apparaît moins nette...
Le RN conteste également son rôle de « gardien des traités ». Mais alors que se passerait-il si un État manquait à sa signature ? Aucune conséquence ? Ce n'est pas sérieux. On pourrait alors considérer que tout État pourrait saisir la Cour de justice lorsqu'il estime qu'un autre manque à sa parole ? La Commission serait exonérée de ce rôle de « procureur ». Pourquoi pas ? Mais le RN est également opposé au « pouvoir des juges » européens qu'il accuse d'amplifier les dérives des institutions. Dans ce cas, il n'y aurait plus d'organe pour départager les litiges entre les États européens... Ce n'est ni plus ni moins qu'une destruction de l'Union européenne.
Ce qui revient à dire que, sans le dire, sans le reconnaître, Marine Le Pen et Jordan Bardella, sa tête de liste aux européennes, poussent la France au Frexit. Car aucun de nos voisins n'acceptera le principe d'une coopération s'il n'a pas les moyens de faire valoir ses droits auprès d'un organe de règlement des conflits. C'est la base d'un droit international équilibré. Et si, au nom de la « primauté du droit national », chaque État membre peut revenir sur une décision européenne, il n'y aura aucune loyauté dans les rapports entre les États membres. C'est la fin garantie de l'Union européenne.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Et ne peuvent s'entendre voulant toujours « tirer la couverture à eux rattrapé par leurs vieux démons » de puissance perdue !

L’union européenne régresse :

Car s'enfermant dans des nationalismes désuets ne voulant pas partager leurs avantages de l’union pourtant !

Et ce qui est plus grave, c’est que les peuples ont déjà oublié les 75 ans de pseudo paix fragile pourtant pas si ancienne et du chaos des deux guerres mondiales, car ils ont la mémoire courte !

(Ou parce que la mémoire collective disparait, car les anciens qui ont subi ces conflits deviennent plus âgés et disparaissent...)

Quant aux extrêmes droite/gauche, car elles aussi sont différentes, selon ces pays d’Europe, elles renaissent quand des crises économiques ou identitaires voire religieuses que l’on croyait oubliées, reviennent et augmente la colère des peuples lambdas qui ont de plus en plus de mal à vivre, et favorisant comme toujours les plus riches en répartissant moins les richesses, quand il y en a, car eux s’enferment dans leurs tours d’ivoire de leurs castes en se protégeant !

Nos dirigeants, quelque soit les pays de l’UNION EUROPENNE ne font rien pour améliorer la vie de leurs peuples et pour certains hypocritement joue les donneurs de leçons bien-pensants, en parlant de démocraties qui ne protègent plus assez le mieux vivre et la paix, mais les peuples n’y croient plus et se rebellent de plus en plus par des protestations ou mouvements insurrectionnels ou anarchiques limite révolutionnaire !

Le plus bel exemple est ce « brexit » anglais et qui malgré son soi-disant référendum divise les britanniques et l’Union Européenne en tournant en rond sans solution de cette Angleterre qui voulait « le beurre et l’argent du beurre » !

Jdeclef 06/05/2019 09h34LP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire