Covid :
la revanche de Vladimir Poutine
Considéré
pendant plusieurs mois comme un vaccin de seconde catégorie, le Spoutnik V
affiche d’excellents résultats.
Nous
sommes le 30 novembre 2020. La journaliste de RT, une télévision russe proche
du Kremlin, est particulièrement remontée contre l'Hexagone : « Les médias français racontent n'importe quoi. »
Quelques jours plus tôt, l'hebdomadaire Challenges a dévoilé le contenu d'une
conversation téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Sous un
titre sans ambiguïté - « Vaccin :
Poutine demande de l'aide à Macron » -,
l'article avance que le Kremlin a appelé l'Élysée à la rescousse pour
crédibiliser son vaccin Spoutnik et pour assurer sa production. Haussement
d'épaules de la journaliste russe : « La Russie n'a pas besoin de la France. »
La polémique s'invite ensuite au Parlement européen. Josep
Borrell, le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères,
s'enflamme contre la Russie et surtout contre le porte-parole du Kremlin,
Dmitri Peskov, qui vient de parler du vaccin d' Astra Zeneca comme d'un « vaccin de singe ».
Arme diplomatique. Depuis
l'été, le vaccin russe est au cœur d'innombrables polémiques. En cause, une certaine
condescendance - voire méfiance - envers la Russie. Mais aussi l'attitude de
Poutine, qui a fait de son vaccin une arme diplomatique. Le 11 août, le
président russe annonce que Spoutnik sera utilisable à l'automne alors que les
laboratoires occidentaux n'ont rien dévoilé de leurs recherches. Poutine
fanfaronne. Son vaccin sera le « premier » à être enregistré dans le monde
devant ceux des Occidentaux et des Chinois. Le nom lui-même, Spoutnik V, est un
pied de nez censé rappeler l'exploit soviétique de 1957 (le premier satellite
dans l'espace). Pour bien se faire comprendre, Poutine révèle que sa fille va
être vaccinée.
L'Organisation mondiale de la santé se fend d'un communiqué pour
rappeler que le respect des protocoles et réglementations en vigueur est
indispensable. Et qu'il faut respecter les phases de test avant de mettre un
vaccin sur le marché. L'immunologue Anthony Fauci, « le » spécialiste américain
du Covid (il a tenu tête à Donald Trump), émet lui aussi des doutes : « J'espère vraiment que les Chinois et les Russes testent
leurs vaccins avant de les administrer. »
Au début de septembre, plusieurs scientifiques s'enflamment et critiquent le
passage en force des Russes. Ils s'interrogent sur les premiers résultats
publiés dans la très sérieuse revue scientifique The Lancet. Dans l'opinion occidentale, les
fantasmes sur la Russie aidant, le vaccin russe est donc considéré comme un
sérum de seconde catégorie.
Invitation du Kremlin. À
la mi-novembre, pourtant, alertés par leurs experts, qui connaissent la valeur
de leurs homologues russes (jusqu'à la chute de l'URSS, le pays était un
champion mondial dans le domaine vaccinal), les responsables politiques
européens, notamment en France et en Allemagne, commencent à surveiller
sérieusement ce qui se passe en Russie. Lorsque, le 13 novembre, Emmanuel
Macron rassemble autour de lui les spécialistes de la vaccination, il insiste
pour « ne pas négliger la piste russe ». Fin
novembre, une délégation scientifique française est officiellement envoyée à
Moscou, sur invitation du Kremlin. Ces experts sont les premiers à rencontrer
les inventeurs de Spoutnik V à l'Institut Gamaleya. Sur place, ils consultent
les résultats préliminaires du vaccin. Et le constat de Marie-Paule Kieny,
présidente du Comité analyse, recherche et expertise auprès de Matignon et
ex-directrice adjointe de l'OMS, est très clair : « Le vaccin russe vaut la peine d'être considéré dans la
course internationale. » Si le principe du Spoutnik V leur
inspire confiance, son développement industriel semble, lui, plus aléatoire. « Les bonnes pratiques de fabrication des vaccins n'ont pas
la même signification en Russie et dans la Communauté européenne », indique
Bernard Fanget, expert de l'industrie du vaccin et membre de la délégation.
Jeu
égal. Au début de février, coup de
théâtre : les études sont formelles, le Spoutnik V est efficace à plus de 91 %.
Il fait donc jeu égal avec les « grands » vaccins occidentaux. Pour beaucoup de
scientifiques, ce n'est pas une surprise. « La Russie est l'un des premiers partenaires scientifiques
du CNRS, insiste Chantal Kahn-Malek, sa directrice adjointe pour l'Europe.
Je suis toujours très irritée lorsque l'on
regarde de haut la recherche russe. Dans de nombreux domaines, aussi bien en
physique et en mathématiques qu'en biologie, les chercheurs russes sont
excellents. Je n'ai pas été surprise d'apprendre qu'ils avaient développé si
vite leur propre vaccin. » Il y a quelques jours, l'Agence
européenne des médicaments a lancé le processus pour homologuer l'utilisation
du vaccin russe. En cas de succès, celui-ci sera vraisemblablement produit par
un fabricant allemand. Deux pays européens ( la Hongrie et la République
tchèque) ont déjà reçu des doses du Spoutnik V. Et Jean-Yves Le Drian, le
ministre de la Défense, explique désormais que « les vaccins, comme les virus, n'ont pas de nationalité
». Les sceptiques se font discrets… et Vladimir Poutine savoure sa
revanche §
Faisant cavalier seul sont
plus libres de décider pour ce type de problèmes sanitaires !
Et ne se noient pas dans les péroraisons de leurs dirigeants englués dans leurs
discours stériles sous prétextes de libertés mal gérées pour leurs peuples !
Un camouflet à nos démocraties bien pensantes donneuses de leçons !
Car les russes sont attachés à des chefs ou un chef qui les dirigent et surtout
les protègent, c'est une autre mentalité, même s'ils ont subi après leurs stars
monarques absolus et après des dictateurs !
Jdeclef 12/03/2021 14h22LP
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