dimanche 14 mars 2021

Inutile de palabrer pour ne rien dire comme on le fait trop en France : avec EELV les verts (pas murs...)

 

François de Rugy : « L’écologie n’est pas la propriété d’EELV»

ENTRETIEN. OGM, nucléaire… L’ancien ministre dynamite les totems et annonce la création d’un think tank pour nourrir le programme écologique de LREM.

On pensait sa rupture avec EELV, actée en 2015, essentiellement stratégique : aspirant à gouverner, il refusait l'alliance des Verts avec le Front de gauche et leur choix de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls. Elle était en réalité plus profonde. Le Marcheur François de Rugy, contraint à la démission du ministère de l'Écologie en juillet 2019 après la tempête de « l'affaire des homards » lancée par Mediapart, redevenu depuis simple député, a pris « de la hauteur », et le temps de la réflexion.

Au Point, il confie avoir beaucoup appris de l'exercice concret du pouvoir. Alors qu'Emmanuel Macron peine à définir un programme qui lui soit propre en matière d'écologie, piochant ses idées dans l'escarcelle des Verts, l'ancien ministre lance aujourd'hui un think tank destiné à alimenter le futur programme présidentiel, pour construire une écologie « de progrès » basée sur la science, sans tabou sur le nucléaire ou la génétique des plantes. Entretien qui explose les totems.

Le Point : Vous avez milité dix-huit ans chez EELV avant de créer un petit parti, puis de rejoindre La République en marche. Vous dites ne plus reconnaître votre ancienne famille politique. Pourquoi ?

François de Rugy : J'ai toujours pensé que les positions d'EELV étaient déconnectées des réalités économiques, et j'étais mal à l'aise avec certaines positions sur la sécurité, l'immigration, la laïcité. Mais le plus problématique est leur rapport à la science. J'ai vu les choses évoluer. Quand je me suis engagé pour l'écologie au début des années 1990, les Verts avaient tendance à valoriser l'expertise scientifique, autant pour analyser les problèmes du climat, de la biodiversité ou de l'épuisement des ressources que pour y apporter des solutions. Puis, au fil du temps, j'ai vu une lente déconnexion s'opérer, jusqu'à atteindre un point de bascule sur la question des OGM. Cela a marqué le divorce entre les écologistes et les scientifiques, qui ont très mal vécu que les Verts s'en prennent aux recherches sur la génétique, détruisent leurs essais en plein champ, et pour certains aillent jusqu'à saccager un laboratoire à Montpellier. J'ai compris progressivement que je ne partageais plus grand-chose avec ce parti. Leur vision de l'écologie, articulée autour du « c'était mieux avant », rejette l'idée même de progrès. Elle est antitechnologique, antiéconomique, nourrit des tendances régressives… En réalité, toutes leurs prises de position sont motivées par ce projet de décroissance, qui n'est jamais avoué parce que s'il était explicite, il aurait évidemment moins de succès électoral. Mais pour contrer ce courant, En marche ! n'a jamais su développer sa propre vision de l'écologie, et c'est à quoi je veux m'atteler. Aujourd'hui, la majorité est enfermée dans le piège politique qu'ont façonné les Verts, en préemptant littéralement les questions écologiques et en installant l'idée que, comme eux seuls détiennent les tables de la loi écologique, ou le « petit livre vert », eux seuls décident de qui est pour ou contre l'écologie.

Audrey Pulvar : « La loi climat est une vaste blague »

Le think tank que vous lancez promet de bousculer les tabous. Êtes-vous, comme une partie des Verts allemands, en train de changer d'avis sur certains sujets ?

J'ai une conviction : ce n'est pas une « révolution écologiste » qui permettra de résoudre les problèmes, mais le progrès technologique et économique. Pour le bien-être de l'être humain, on ne peut pas les dissocier alors qu'on cherche à combattre la pauvreté dans le monde, à avoir un niveau de vie qui continue à progresser et à financer des changements qui seront indispensables à la transition. Le prêt-à-penser d'EELV est un prêchi-prêcha où rien n'est jamais remis en cause, et où les avis sont fondés sur des certitudes qu'on ne réinterroge jamais. En exerçant la responsabilité de ministre de l'Écologie, j'ai pu aller au fond d'un certain nombre de réalités. Dans le domaine de l'énergie, la France est en train d'inventer un nouveau modèle, dans lequel les énergies renouvelables associées au nucléaire pourraient nous permettre de nous passer totalement des énergies fossiles, quand tous les autres pays conservent des centrales thermiques pour faire face à l'intermittence de la production électrique renouvelable ou pour compléter le nucléaire pour les pointes de consommation. Pour être viable, ce modèle exigera encore des progrès technologiques, notamment sur le stockage de l'électricité. Dans le combat pour le climat, le fait d'avoir une production d'électricité de base en grande quantité décarbonée est un formidable atout pour la France. Or c'était impossible à dire à EELV !

Sur le nucléaire ou les OGM, nos politiques publiques ne doivent pas relever de la foi.

Lorsque vous vous êtes présenté à la primaire socialiste en 2017, vous promettiez pourtant « 100 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2050 ». Comment, en quatre ans, devient-on pro-nucléaire ?

Dès que j'ai été nommé ministre, j'ai dit dans une interview : « Sortons des guerres de religion sur l'énergie. » J'ai regardé au fond des choses et j'ai approfondi les dossiers. J'ai pu vérifier que l'enjeu de sécurité nucléaire – le risque d'un accident est le premier sujet – était extrêmement maîtrisé en France, avec des outils de contrôle de sûreté extrêmement resserrés. Ce qui se passe à Flamanville le montre, d'ailleurs, et EDF se plaint beaucoup des mesures que lui impose l'Autorité de sûreté du nucléaire. Et sur l'autre sujet majeur des déchets, j'ai acquis au ministère une conviction que je n'avais pas avant : le stockage en grande profondeur, tel qu'il est préparé à Bure, est une solution sûre. J'étais même favorable, lorsque j'étais ministre, à ce qu'on le dise publiquement… Je n'ai pas été suivi. Nous allons maintenant devoir définir ce qu'on fait avec le nucléaire et le renouvelable. Nous avons des autorités de sûreté très exigeantes, qui garantissent que le prolongement des centrales existantes se fera de façon sûre.

Les Français soutiennent de plus en plus le nucléaire

Vous souhaitez aussi rouvrir le débat sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) en Europe. Vous bousculez un tabou suprême, une écrasante majorité de Français y restant opposés. Pourquoi ?

Là aussi, il faut absolument sortir d'une approche religieuse, et en parler avec précision, car nos décisions politiques ne devraient pas relever de la foi. J'ai suivi en tant que député les lois de bioéthique, et je constate que la recherche génétique nous fait continuellement progresser dans la prévention et le traitement des maladies humaines. Elle nous a apporté les vaccins à ARNm contre le Covid-19 ! Mais on refuse cette recherche pour les plantes. Les scientifiques savent pourtant que la génétique végétale peut apporter des solutions à des problèmes environnementaux essentiels. Les techniques d'édition du génome permettraient, par exemple, d'accéder beaucoup plus vite à des variétés de betterave résistantes à la jaunisse, ce qui permettrait de nous passer totalement d'insecticides néonicotinoïdes, plutôt que de passer dix ans à obtenir le même résultat par une sélection variétale classique. Les laboratoires de recherche sont entravés parce qu'ils n'ont pas de débouchés. Je propose de travailler avec les scientifiques (et le monde économique) pour voir comment la législation peut évoluer. La recherche génétique, autre nom de la sélection variétale, est le plus grand espoir pour réduire l'utilisation des pesticides, et faire face au réchauffement climatique. La forêt dépérit en France à cause du réchauffement climatique. Sans croire aux miracles, nous pouvons nous adapter à ces changements. Vingt pays dans le monde cultivent des OGM depuis plus de quarante ans, et nous avons en France des laboratoires de pointe dans le domaine de la génétique. Le moment n'est-il pas venu de faire un état des lieux des connaissances et d'évoluer ?

L’idée qu’il faudrait en revenir aux pratiques agricoles d’antan est absurde, car l’écologie, c’est améliorer le rendement pour moins puiser dans les ressources naturelles !

Ne craignez-vous pas d'être désigné comme « anti-écolo » ?

François de Rugy, ancien ministre de l'Écologie.

Encore une fois, l'écologie n'est pas la propriété d'EELV ou d'une poignée d'associations, et nous n'avons pas à nous déterminer par rapport à leurs vues. Il existe plusieurs écologies. Réduire l'écologie à des symboles, c'est la faire régresser. Or le débat public se cristallise souvent autour de symboles. Des réseaux militants ont agité la question du glyphosate pendant des années, avec les fameux pisseurs volontaires, qui redécouvrent que les urines sont faites pour éliminer les déchets du corps humain, et des relais médiatiques puissants, qui écrasent complètement le débat. Nous sommes sommés d'arrêter le glyphosate définitivement et le plus rapidement possible. Mais pendant ce temps-là, on ne parle ni des autres pesticides, ni des autres produits chimiques. Quand on est vraiment dans l'action de fond, les choses ne se font pas en un tweet ou une émission de télé. On est sur des objectifs chiffrés ! Le « small is beautiful » peut être romantique et plaire aux médias, il ne résoudra pas les problèmes. Pour ma part, j'ai la conviction que pour faire réellement progresser la cause de l'environnement, nous devons changer d'échelle. Pour cela (c'est totalement étranger à la culture des Verts), la question du rendement est centrale. L'idée qu'il faudrait en revenir aux pratiques agricoles d'antan est absurde, car l'écologie, c'est améliorer le rendement pour moins puiser dans les ressources naturelles ! Si l'on veut avoir moins de pression sur les terres, augmenter la surface forestière pour faire des puits de carbone et nourrir une population en augmentation, il n'y a pas d'autre solution. On ne peut pas résoudre l'équation autrement, sauf à renoncer à nourrir le monde. C'est le progrès technologique qui permet d'améliorer le rendement ! Et la réflexion vaut pour tous les sujets. Les voitures électriques ou hybrides se développent parce que nous avons négocié au niveau européen des perspectives de baisse des émissions de CO2 à dix ans, et que les industriels, voyant qu'on ne dérogerait pas, se sont mis au travail. Cela produit des résultats concrets, et massifs. L'écologie crève depuis des années de la marginalité, visant des niches, des produits écologiques très marginaux. Cela ne résout pas les problèmes de fond.

​​​​​On a fait croire aux gens que le chauffage des terrasses de café est un enjeu majeur pour le climat, et donc un symbole extrêmement important. C’est à côté de la plaque !

Le projet de loi issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, dont vous aviez soutenu la création, est en cours d'examen à l'Assemblée. Pourtant vous avez choisi de ne pas faire partie de la Commission spéciale qui travaille sur le texte. Est-ce que le texte vous déçoit ?

Étant un peu l'un des « pères » de cette CCC, je ne regrette pas d'avoir innové sur le plan démocratique, mais je suis déçu par le résultat. Notamment par le fait que des sujets essentiels ont été écartés, alors que nous souhaitions justement une réflexion sans tabous. Les « conventionnels » ont écarté d'emblée la question du prix du carbone et de la fiscalité écologique, alors que c'était l'une des raisons pour lesquelles nous les avions rassemblés ! Évidemment, on ne peut pas mener de politique efficace et de grande ampleur sur le climat sans donner un prix au carbone. La question intéresse le monde entier, et si vous l'écartez, vous vous condamnez à manquer votre cible. Du coup, on a vu de petites surenchères sur quelques points symboliques. Par exemple, se focaliser sur le transport aérien n'a aucun sens, ni écologique, ni économique, ni scientifique. C'est du symbole. Les émissions de CO2 de l'aviation, en temps normal, c'est-à-dire avant la crise qui a conduit à une baisse de 60 % du trafic aérien, représentent moins de 5 % des émissions des transports ! Cette loi permettra peut-être quelques progressions, mais elle n'est qu'un élément d'une politique. De la même manière, on a fait croire aux gens que le chauffage des terrasses de café est un enjeu majeur pour le climat, et donc un symbole extrêmement important. C'est à côté de la plaque ! Avec un chauffage électrique, cela n'a plus aucun impact CO2, en France. Si le sujet est le climat, ce n'est pas un problème ! Ma conviction, c'est que si on dit « notre combat, c'est le climat », la bataille no 1 en Europe et dans le monde, c'est de sortir du charbon et des énergies fossiles. Cet objectif doit guider toutes nos politiques.

Peggy Sastre – Les oubliés de la Convention citoyenne sur le climat

Tout porte à croire, même si vous n'êtes pas encore déclaré, que vous affronterez aux élections régionales dans les Pays de la Loire deux autres écologistes : Matthieu Orphelin, pour EELV, et Hervé Juvin, pour le Rassemblement national. Ce sera la première campagne où s'opposeront, justement, trois visions de l'écologie. Un laboratoire pour la présidentielle ?

Les électeurs pourront juger et trancher. Certains sont dans la politique des symboles et la course à la radicalité. Il faut qu'en face on puisse opposer une vision claire qui cherche à transformer les choses durablement, avec des progrès pour les gens. Le numérique a une empreinte écologique, mais permettra des progrès écologiques considérables, dans les transports ou le pilotage de la consommation d'énergie. Si certains veulent stopper son développement en s'opposant à la 5G pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'écologie, ils devront le dire. Quant au localisme, nous avons vu ce que cela donnait face au Covid. Lorsque nous avons fermé les frontières, de nombreuses filières économiques ont été assommées, d'autres ont cessé d'exporter. Et comment aurions-nous pu avancer aussi vite dans la recherche d'un vaccin sans la coopération mondiale ?

Soutiendrez-vous Emmanuel Macron à la prochaine présidentielle ?

Bien sûr. Je souhaite qu'il soit candidat pour un deuxième mandat en assumant une écologie de progrès, et qu'il soit réélu. Je ferai tout pour que cela se produise

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

EELV est un parti politique avant tout (dit écolo), mais surtout sectaire et extrême avec ces politiciens illuminés bornés !

L'écologie est à la mode bobo, bien qu'utile sur le fond, mais si mal gérée, car ne faisant à cause de ce parti qui fait comme d'autres tout pour avoir le pouvoir de la mauvaise politique politicienne « d'empêcheurs de tourner en rond » et qui n'arrive déjà pas à s'entendre jusqu’à dans ces propres rangs !

Et ce n'est pas la solution une écologie politique bien que l'écologie doive être soutenue, mais maitrisée autrement que de façon extrême, sans oublier de devenir une charge trop lourde à supporter par les français et la France qui n'est pas un grand pays et ne peut assumer tous les efforts demandés alors que d'autres plus puissants ne font à peu près rien !

C'est une affaire européenne et surtout mondiale !

Jdeclef 14/03/2021 17h14

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire