Djihadisme
: « L’Afrique est devenue l’épicentre de l'EI »
ENTRETIEN.
Wassim Nasr, spécialiste des mouvements djihadistes, analyse la montée en
puissance de Daech au Mozambique et sur tout le continent africain.
Le
monde entier avait été pris d'effroi en 2013 et 2014, en assistant
aux prises de Raqqa (Syrie) puis Mossoul (Irak) par les djihadistes de
l'organisation État islamique. Le groupe terroriste, rompu aux attentats et à
la guérilla, comptait sur ces territoires conquis pour prouver sa capacité à
administrer des régions. Sept ans plus tard, les combattants de Daech ont été
chassés des villes d'Irak et de Syrie, ils sont contraints de se terrer dans
des zones reculées du Levant, d'où ils mènent des attaques de moindre
envergure.
Mais ils restent actifs sur d'autres fronts, notamment en Afrique.
Mercredi 24 mars 2021, des combattants se proclamant de l'organisation EI
ont investi Palma, une ville du nord du Mozambique. Un fait
d'armes revendiqué de manière « officielle » ce lundi par
l'organe de propagande de Daech. La ville est stratégique, elle servait de base
à Total, en vue d'exploiter les gisements de gaz situés au large de la région
du Cabo Delgado. L'entreprise pétrolière française a été contrainte de
rapatrier à la hâte certains de ses employés, car la situation est confuse à
Palma, comme dans toute la zone frontalière avec la Tanzanie. Wassim Nasr, journaliste
à France 24, spécialiste des mouvements djihadistes et auteur du livre État islamique, le fait accompli
(Plon, 2016), fait le point sur la force de frappe de l'EI en Afrique, au
Moyen-Orient, mais aussi dans le reste du monde.
Wassim Nasr : Depuis
2007, il existe des groupes de prédicateurs au Mozambique, avec des
ramifications en Tanzanie. Ils prônent l'instauration de la charia. Ils ont
commencé leurs actions violentes contre l'armée et les forces de l'ordre
en 2017 puis ont prêté allégeance à l'EI en 2018. Ils se sont emparés
de la ville de Mocimboa de Praia en août 2020, située à 80 kilomètres
au sud de Palma. Mercredi dernier, ils ont attaqué cette ville, où sont basés
des employés de Total, qui a un immense projet offshore au large du Mozambique.
Ils ont prêté allégeance à Daech. Est-ce une alliance de
circonstance ou existe-t-il des liens entre eux et les arcanes du groupe
djihadiste ?
Ils sont liés, c'est certain, même s'il n'y a pas eu de
« cérémonie officielle ». Al-Baghdadi, ou son successeur, ne s'est
pas réveillé un matin en se disant « Tiens, je vais reconnaître les
djihadistes du Mozambique ». Il y a eu un travail en amont qui porte ses
fruits depuis 2019. Pas besoin de contact physique ou de poignée de main entre
chefs. Mais l'EI leur a fourni une charte « clé en main » comme il
l'avait fait avec Boko Haram au Nigeria, pour leur permettre d'améliorer leurs
« performances » sur les plans militaire, administratif et
idéologique. On le voit d'ailleurs dans la prise de Palma. Les djihadistes se
sont attaqués à l'armée sur la route de Mocimboa. C'était un leurre pour leur
permettre d'entrer dans la ville par l'ouest et le nord, tout en investissant
rapidement les plages, afin d'empêcher les opérations d'exfiltration. Voilà une
manœuvre militaire comme sait les enseigner l'EI. La maison mère apporte un
savoir-faire immatériel. Autre exemple de transmission de savoir, des
combattants sur les bords du lac Tchad ont trouvé un drone mais ne savaient pas
le faire fonctionner. L'EI leur a montré comment s'en servir.
Même le département d'État américain a fini par le reconnaître. Le
10 mars dernier, il a classé les groupes de République démocratique du
Congo et du Mozambique sur la liste des organisations terroristes en lien avec
l'EI. D'ailleurs, il vient de revendiquer, ce lundi, la prise de Palma via
son organe de propagande habituel. Seule la commission montée par le Conseil de
sécurité de l'ONU continue de douter des liens qui unissent l'EI et les
djihadistes du Mozambique.
Conquérir un territoire est une
chose, l’administrer en est une autre
Difficile à dire. Les populations fuient les villes du Mozambique
qui passent sous le joug des djihadistes, contrairement à une partie de la
population de Mossoul ou Raqqa. En Syrie et en Irak, l'EI avait même fait
travailler les fonctionnaires qui souhaitaient rester. Surtout, le Mozambique
est un pays majoritairement chrétien, moins de 20 % de la population est
musulmane. Conquérir un territoire est une chose, l'administrer en est une
autre.
Où Daech contrôle-t-il des territoires aujourd'hui dans le
monde ?
L'Afrique est devenue l'épicentre de l'EI. Ce n'est plus le
Levant. Pour s'en rendre compte, il suffit de lire leur journal, c'est le
continent africain qui fait désormais le plus souvent la une. Sur les bords du
lac Tchad, l'EI en Afrique de l'Ouest est sa branche la plus puissante, elle a
levé une armée de professionnels, pas de simples locaux qui se battent de
manière sporadique. Au Nigeria, ils contrôlent des points de contrôle et font
du racket pour amasser de l'argent. La situation rappelle celle de la Syrie en
2013-2014. Placée sous sa tutelle se trouve la branche au Sahel, qui parvient à
nouveau aujourd'hui à attaquer l'armée malienne et les milices touaregs. Il y a
la filiale en Afrique centrale : Mozambique, Congo, Tanzanie, puis celle
au Sinaï, qui résiste à l'armée égyptienne malgré le soutien des Israéliens.
L'EI est toujours présent en Syrie et en Irak, mais il ne parvient
plus à monter des opérations d'envergure. En Afghanistan, il a aussi des
combattants, mais les Talibans, un temps menacés d'être débordés, ont
finalement repris le dessus. Aux Philippines, ils ne contrôlent plus de
territoire à proprement parler depuis 2017 et la bataille de Marawi.
Guerre
en Syrie : comment tout a (vraiment) commencé
Qui dirige l'EI depuis la mort d'Al-Baghdadi ?
C'est Abou Ibrahim al-Hashimi qui a pris sa suite. Mais on ne l'a
jamais vu depuis. Pour des raisons de sécurité, sans doute. Malgré cela, son
autorité n'est pas tellement contestée. Un mois après l'annonce de sa
« promotion », les groupes affiliés lui avaient tous prêté
allégeance.
« Al-Baghdadi
est plus important mort que vivant »
L'EI a-t-il toujours les moyens
d'organiser des attentats d'envergure en Occident – et notamment en
France ?
Il n'a plus les moyens logistiques
pour monter une cellule comme celle du 13 Novembre, car il n'a plus de
territoire à proximité de l'Europe depuis qu'il a été battu en Syrie et en
Libye et que la Turquie bloque désormais le passage et retient les afflux de
réfugiés. Il n'y a plus d'Européens aguerris prêts à revenir frapper
leur pays comme lors du 13 novembre. La dernière cellule d'ampleur
démantelée était celle de Reda Kriket, qui est jugé en ce moment même à Paris.
Mais la volonté est toujours là, preuve en est l'attentat de novembre 2020
à Vienne, en Autriche.
Quoi
de plus simple que de laver l’esprit de populations faibles pauvres et pas
éduquées ?
Exemple
nos soldats qui sont englués dans ce Mali et Sahel subsaharien immense à courir
après ces djihadistes depuis 2013 (et après que la coalition occidentale est dite
avoir vaincu DAESH EI !?)
Avec
en plus que ce bon gros Hollande tout mou est crié victoire à Tombouctou en
disant que c'est le plus beau jour de sa vie alors que l'on a subi les
printemps dit arabes avec la Lybie ou Daesh s’est implanté et la Syrie qui
subit 8 ans de guerre civile !
A
ça, il faut ne faut pas oublier d’ajouter ces attentats islamiques qui
perdurent en Europe et partout dans le monde jusqu’à ce jour, comme au
Mozambique presque quotidiennement à cause des dirigeants occidentaux qui ne
veulent pas frapper avec vigueur jusqu’à même chez eux pour extirper ces vers
qui sont dans leurs fruits de nos sociétés et qui pourrissent la vie d’innocents
qui vivaient en paix avant, mais surtout en sécurité, qu’ils ont perdus par des
laxismes de bienpensant qui pratiquent le politiquement correct hypocrite !
Ce
qui est une erreur de pleutres, car ses malfaisants lâches n’ont aucun respect
de la vie humaine dans sa totalité envers hommes/femmes/enfants innocents !
Et
pourtant on a eu plein d’exemple depuis 20 ans en France et de par le monde de
cette infestation qui tuera encore aussi bien que la covid, après, car là il n’y
a pas de vaccin, il faut simplement volonté et rigueur sans failles de nos autorités
dirigeantes en ne cachant rien et nommant les responsables !
Jdeclef
30/03/2021 11h57
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