lundi 16 mai 2016

Mal ! En toute logique bien qu'en France rien n'est très normal..!

Sarkozy : "Je sais comment ça va se finir"


Sans filtre. L'ancien président se livre. Au gouvernement ou dans son camp, il n'épargne personne. Surtout pas Juppé, qu'il pense battre.

Quand et comment allait-il jeter l'éponge ? C'est dans l'espoir de recueillir ces confidences qu'on a voulu voir Nicolas Sarkozy. Pourquoi vous acharnez-vous ? attaque-t-on dans l'avion Paris-Delhi, le 12 avril. « On se demande », réplique-t-il. Il picore un morceau d'ananas rôti. Sourit. Soupire. Sourit encore. « On se demande, oui, pourquoi je fais ça. » On s'attendait à surprendre une lassitude, à déceler les stigmates du renoncement, à entrapercevoir une ombre incertaine dans son regard, à entendre des points de suspension mourant à la fin de ses réponses, à comprendre qu'il n'irait pas jusqu'au bout, qu'il ne serait pas candidat, il ne prendrait pas le risque de perdre, or il ne pouvait pas croire qu'il allait gagner. C'était la logique de l'histoire. La sienne et la nôtre. Il était devenu le personnage tragique de l'époque, pensait-on. Celui que François Fillon avait décapité devant nous, début avril : « Même les militants ne veulent pas de Sarkozy. Ils ne veulent pas qu'on leur impose le même match. Ma longue fréquentation de Nicolas m'a appris, parce qu'il le répétait tout le temps, que les Français étaient régicides. Une fois que vous avez coupé la tête du roi, c'est difficile de la remettre sur son cou. » Étêté, le Sarkozy ?
Nicolas Sarkozy et  Alain Juppé au Conseil national des Republicains , le 13 février. Selon l'ex-président, Juppé est comme Fillon : "Il n'a pas d'idées. Pas d'originalité." © Bruno Levy
On n'y était pas. « Ce qui est dingue, ce n'est pas de faire de la politique, c'est de vivre à fond. On pense qu'on est propriétaire de la chose la plus fragile : la vie. J'ai la passion et l'énergie, mon Dieu. Je me demande pourquoi ça ne se tarit pas », nous raconte-t-il dans la navette Paris-Nice, le 26 avril - les avions, ça autorise toutes les apesanteurs, toutes les leçons de philosophie à voix haute. Et l'ancien président de poursuivre : « On ne choisit pas d'être comme ça. On est comme ça. » Il est comme ça. Il épuise. Lui, vous, nous, eux. Il fait tout trop. Il opine. « Oui, trop, c'est moi. Je suis obsessionnel, hélas... » Il n'est qu'intensité. Ça brûle, il est cramé, enfin c'est ce qu'on croyait. Ce qu'on a découvert, ces dernières semaines, c'est qu'il était ignifugé. Il va bien. Vraiment bien. « Il y a quelques mois, il était énervé ; là, j'ai été étonné de le trouver serein, patient, le visage décontracté », témoigne Hubert Falco, qui le recevait dans sa chère ville de Toulon le 26 avril et qui ne saurait être suspecté de sarkozysme - les proches d'Alain Juppé assurent d'ailleurs qu'il ne va plus tarder à annoncer son soutien à l'ancien Premier ministre. « Face à la difficulté - les sondages, les problèmes judiciaires -, ou bien Nicolas s'écroulait, ou bien il se dépassait, complète Falco. Il est métamorphosé. Il est gentil avec tout le monde, redoutable, donc. Prudence, il est capable de renverser la table, il a le socle. Ce n'est pas joué. Juppé n'a pas gagné. »

"The world needs you. France needs you."

On n'a pas été déçu du voyage. Alors bien sûr, avec Sarkozy on n'est jamais déçu, parce que l'homme sait donner un spectacle. Et de sa personne, tant et tant. Il est incapable de faire autrement. Aujourd'hui, ça peut paraître fou, mais il est convaincu... qu'il va gagner la primaire. Il n'était que de le voir, lors de son périple mi-avril au pays de Gandhi, parler aux Indiens comme le futur président. Lui demande-t-on en quelle qualité le Premier ministre, Narendra Modi, l'a reçu qu'il plaisante : « Comme il avait du temps à perdre, il s'est dit : « Je vais rencontrer un petit retraité avec ses deux potes'' » [NDLR : les élus Républicains Éric Woerth et Luc Chatel, qui étaient de la virée à Delhi]. Il fallait l'entendre, à la fin de son entretien avec Manmohan Singh, l'ancien Premier ministre, saluer son hôte dans un anglais qui n'a plus grand-chose de ridicule, il faut dire qu'il a bossé : « Unfortunately, we are leaving this evening. I have a lot of work. The politics is not finish for me." A quoi Singh a répondu : "The world needs you. France needs you." Et Sarkozy de jeter un coup d'oeil dans notre direction pour vérifier qu'on avait bien entendu.
« Je sais ce qui va se passer, nous a-t-il juré, dans cet avion pour Delhi. On me dit « si la gauche vient voter »... Mais c'est ne rien comprendre à ce que sont la gauche et le peuple de droite. Vous voyez un électeur de gauche dire qu'il est de droite pour voter à la primaire ? La dynamique, c'est le noyau dur. Ça va se gagner à l'énergie, à l'envie. » Il fait le geste de la conquête avec le poing. On le provoque : « Mais il y a une envie de Juppé, non ? » Il sourit. « Je me souviens de Balladur. J'étais sûr qu'il allait gagner. Les journalistes l'adoraient. Mais vous ne rencontriez personne qui allait voter pour lui en dehors de Paris. Plus on est le candidat des médias, de l'establishment, moins on a de chances. Je vous le signe. Moi, j'ai eu la chance de connaître ça avec Balladur. Je sais comment ça va se finir. »

« Il y a un mouvement tectonique qui ne se voit pas »

Et il dégaine la phrase qui lui sert de leitmotiv, ces temps-ci : « Le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. » L'imbécile, c'est le microcosme médiatique, bien sûr. Impossible de le suivre sans entendre cette maxime au moins deux ou trois fois par jour. Ça reste moins que la question qu'il pose à tout-va, à tout le monde, tout le temps : « Tu as vu ce film ? » Et il vous relate l'histoire, il a tellement souffert qu'on le dise inculte qu'il n'en finit pas d'avoir besoin de faire savoir qu'il voit des films, et des bons, presque tous les soirs, et qu'il s'en souvient. Il ne veut surtout plus passer pour un « plouc », souvent il répète ce mot, à propos des autres. On sent que ça l'obsède de ne surtout pas être un « plouc ». Alors même qu'avant, avant Carla, il disait qu'il était « un gros populaire ». « Vous voulez savoir le dernier film que j'ai vu ? » Comment esquiver ?
L'ancien président dédicace son dernier ouvrage, "La France pour la vie", à Nice, le 26 avril. © Valery Hache
En lui parlant du sage qui montre la lune et de l'imbécile qui regarde le doigt, pardi ! « Il y a un mouvement tectonique qui ne se voit pas », veut-il croire. « Mon livre [NDLR : La France pour la vie, Plon] s'est vendu à 180 000 exemplaires, je passe mon temps sur le terrain devant des salles pleines. » On est toujours dans l'avion pour Delhi. Les hôtesses sollicitent des autographes. Et un selfie par-ci, un autre par-là. Il n'a pas, dans les gestes et dans la crispation du sourire, l'agacement qu'on lui connaissait. « J'aime ça », il nous dit. Et il évoque une rencontre avec les militants, la veille, à Saint-Maur, dans le Val-de-Marne. « Les gens étaient suspendus. J'aime. » Il nous dévisage. « Ça donne de la force. » Il mentionne le serveur du McDo qui lui a demandé une dédicace pour sa petite copine coiffeuse lors d'une séance de signatures au Leclerc de Montargis, le jeudi précédent. Qu'est-ce qu'il signe, Sarkozy ! Il ne se déplace plus sans enchaîner les séances de dédicaces : trois en deux jours lors de son seul déplacement dans le sud de la France, les 26 et 27 avril. Et chaque fois ça dure des heures... « C'est vraiment un honneur, un honneur », lui répète la première demandeuse de paraphe de la journée, une dame aux cheveux noirs qui patiente depuis plus de deux heures dans le jardin Albert-Ier de Nice. Un peu plus tard se présente un jeune Arthur de 14 ans qui veut être « président ». Gloussements des journalistes. Sarkozy : « Laisse-les rire, eux ils ne seront pas président. Tu sais, si tu n'y crois pas, Arthur, personne n'y croira pour toi. » Il prend l'air entendu de celui qui en sait quelque chose. « J'aime les êtres extraordinaires », le congratule une blonde aux yeux gris. Et Pascalou, 36 ans, les cheveux en pétard, le presse : « Faites tout pour revenir ! Il faut nous débarrasser de François Hollande ! » Ce président dont Sarkozy ne nous a guère parlé, sauf pour le juger « faux et froid » et le condamner par ces mots : « Vous vous rendez compte, il ne lit pas de livres ! » Mais ça, il ne le dit pas à Pascalou.
Tous veulent une photo. Noémie pousse l'audace jusqu'à poser le menton sur l'épaule de son héros. A-t-on halluciné ? La tache de fond de teint sur la veste de Sarkozy atteste que non. Une autre, aux anges : « Oh, la chance, notre futur président ! » Une brunette lui embrasse le crâne. Il est un peu surpris. Et terriblement réjoui. Il se tourne vers les représentants des médias : « Ils sont gentils, les gens ! Ça vaut tous les sondages ! Ça, c'est du vrai ! » Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, opine : « Ça traduit quelque chose, quand même, souligne-t-il. On peut dire que ce sont des fans, mais il n'y a pas que des militants. » « Il y en a peut-être un quart d'encartés, pas plus. Les autres, c'est des Aixois », dénombrera Maryse Joissains, le lendemain, à Aix-en-Provence, tandis que 1 500 personnes sont agglutinées dans et devant la Librairie de Provence. Des voix s'élèvent : « Sarko président » et ça dure deux, trois minutes, peut-être plus. « Juppé, je n'en veux pas, il est trop vieux, trop orgueilleux », assène Yvette. Sarkozy pouffe discrètement, mais ne dit rien. À chacun il répond : « C'est sympa, merci beaucoup ! » Variante : « Merci beaucoup de votre gentillesse. » Il a l'air de le penser. Il a l'air heureux.
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Mais essayons d’être juste, si l'ex président et le président actuel ne se présentaient pas ou n'étaient pas élus, beaucoup de français seraient déjà satisfaits...

Car le vrai changement en 2017, il ne faut pas croire au père Noël !
On retrouve hélas toujours les mêmes et nos concitoyens ont de la constante et un manque d'imagination et un conservatisme incurable semble-t-il ?
Jdeclef 16/05/2016 13h21

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