lundi 19 mars 2018

Avec ces primes et avantages divers très très nombreux on comprend mieux que les cheminots ne veulent pas que l'on touche à ceux-ci et à leur statut actuel !


Nouailhac - SNCF : l'invraisemblable maquis des primes des cheminots

VIDÉO. Chacun peut consulter la liste exhaustive des primes des agents de la SNCF sur le site de SUD-Rail. Accrochez-vous : elles tiennent sur 18 pages !


Une incongruité de plus pour la SNCF. SUD-Rail, l'un des deux membres du bloc contestataire avec la CGT, n'a pas hésité à mettre en ligne pour ses « camarades syndiqués » un « guide pratique » dont le titre est à la fois racoleur et explicite : « Indemnités, allocations et gratifications » (PDF). Chacun peut donc le consulter à la SNCF ou ailleurs, syndiqué ou non à SUD-Rail, alors que la CGT est beaucoup plus prudente et ne propose pas ce genre d'informations confidentielles en open-bar. Pour les données sensibles en général, il existe en effet d'autres réseaux fermés (intranet) ou semi-fermés (extranet), mais à SUD-Rail, manifestement, on n'a peur de rien et on ne s'interdit rien.
On peut donc ainsi consulter et télécharger les 18 pages du catalogue complet de tous les avantages dont peuvent bénéficier les cheminots. Un « guide pratique » divisé en trois chapitres, « indemnités », « allocations » et « gratifications », auxquels on a ajouté une annexe sur les « primes spécifiques du personnel de conduite des engins moteurs », les fameux conducteurs de train.
Cette brochure éditée par SUD-Rail t'informe sur les taux applicables au 1er janvier 2017 et te servira à vérifier ta fiche de paie.
Sur la première page de ce guide, on peut lire cette adresse aux cheminots : « Tous les mois à la SNCF, de nombreux cheminots constatent que leur rémunération est inexacte, car régulièrement, des indemnités, allocations, gratifications et primes ne sont pas mandatées sur leurs fiches de paie ou, pire, à un taux qui n'est pas celui correspondant à leur grade. En règle générale, ces “erreurs” sont toujours à l'avantage de la direction. Cette brochure éditée par SUD-Rail t'informe sur les taux applicables au 1er janvier 2017 et te servira à vérifier ta fiche de paie. »
C'est à partir de la page 2 que commence la litanie des primes distribuées par la SNCF à ses cheminots, un véritable enfer administratif entre leurs dénominations, leurs différentes affectations, les taux et les montants correspondants, avec, neuf fois sur dix, deux chiffres derrière la virgule : une exigence de précision qui fait honneur aux comptables de SUD-Rail ! L'indemnité forfaitaire pour « panier non utilisé du personnel roulant » par exemple – ceux qui en bénéficient doivent être les seuls sans doute à savoir de quoi il s'agit – n'est pas de 9 ou 10 euros, mais de 9,39 euros.

54 indemnités, 12 allocations, 9 gratifications, une multitude de cas

Commençons par le premier chapitre, celui des « indemnités » : on en trouve 54 différentes avec 152 possibilités chiffrées. Ainsi, pour les « indemnités de caisse (vendeurs) », il existe 6 niveaux pour l'indemnité mensuelle, de 6,59 à 36,49 euros, et 6 autres pour l'indemnité « journalière de remplacement », de 0,36 à 1,97 euro. Autre exemple : les indemnités fixes mensuelles « pour travail dans les tunnels » commencent à 2,44 euros et se terminent huit lignes plus bas à 56,96 euros, selon des indices totalement abscons qui vont de 0,06
Le deuxième chapitre, celui des « allocations », est plus court, mais comporte pas moins de 12 allocations différentes qui vont du « blanchissement des blouses » à l'« utilisation de véhicules à moteur », en passant par « l'allocation de panier des brigades de la voie » ou l'« allocation mensuelle forfaitaire pour défaut de logement ». 12 allocations donc, mais 42 lignes de chiffres dont 30 montants différents pour le seul « défaut de logement ».
Sur cette question du logement, quelques explications : la SNCF, qui est une grande nounou pour ses cheminots, dispose d'un parc de 7 000 logements meublés pour ses nouvelles recrues et ses agents en mobilité. À quoi s'ajoutent 36 000 logements sociaux (sous conditions de ressources, mais on ne sait pas lesquelles…), et 13 000 logements accessibles à tous les cheminots sans aucune condition de ressources. Au total, un somptueux parc de 56 000 maisons ou appartements dévolus à ses salariés. Si l'on comprend bien, ce sont ceux qui sont en attente d'être logés par la SNCF ou qui sont en recherche d'un appartement qui peuvent bénéficier de cette allocation mensuelle « pour défaut de logement », laquelle est très généreuse et peut aller de 1 449,43 euros par mois à 1 689,32 euros pendant les trois premiers mois, en dégressivité chaque trimestre, pour finir à 506,71 euros à partir du 13e mois.
Passons aux « gratifications » : elles sont de 9 sortes et donnent lieu à 25 possibilités financières. Elles peuvent être attachées aussi bien à une « activité tutoriale » (245 euros) qu'à une « découverte d'avaries » (124,26 euros) ou une « invention de mission brevetable » (1 000 euros pour un seul « inventeur », 1 500 euros pour deux, à leur répartir, et 2 000 euros s'ils sont trois).

L'aristocratie cheminote

Enfin, quatrième et dernier morceau, très fourni et très sensible puisqu'il concerne le « barème des primes du personnel de conduite des engins moteurs », autrement dit des conducteurs de train, l'aristocratie des prolétaires de la SNCF, les plus gros salaires, les plus courtes années de travail, les plus belles retraites et sans doute… les primes « spécifiques » les plus somptueuses : il en existe 23 sortes différentes, très complexes et minutieusement présentées. Entrer dans les détails serait ici beaucoup trop fastidieux. Ces 23 primes comportent 56 possibilités financières qui sont cumulables.
Le guide pratique de SUD-Rail se termine par deux tableaux sur les échelons d'ancienneté des « agents de conduite des locomotives » et du reste du « personnel à service continu ». Les uns et les autres voient leurs salaires majorés en fonction de leur ancienneté, de 2 % après deux ans de présence jusqu'à 23,6 % après 28 ans et demi de présence, après 10 étapes intermédiaires. Pour les agents de conduite la progression est plus rapide : 9 étapes et 21 ans de présence pour toucher le maximum.
Toutes ces primes nombreuses rigoureusement codifiées et calculées au centime d'euro près représentent une sorte de code interne qui vient s'ajouter au célèbre Code du travail. À la SNCF, on adore les codes internes et SUD-Rail publie également sur Internet une « liste de textes non exhaustive des référentiels qui peuvent être utiles » : il y en a quarante – le top 40 des codes des cheminots – avec, pour chacun, plusieurs numéros derrière les lettres RH, pour « relations humaines ». Le barème des « indemnités, allocations et gratifications » qu'on vient d'examiner est numéroté RH00372 et il s'agit, soyons précis, de l'annexe 6 du RH00131 ! On peut consulter aussi le RH00143 sur les « congés supplémentaires ayant pour motif des événements de famille » : il en existe 11 différents, du mariage de l'agent (4 jours) au décès du gendre (2 jours), en passant par le mariage d'une belle-sœur ou d'une nièce (1 jour).

Des retraites calculées en tenant compte des primes

Il y a aussi, bien entendu, un code interne sur les retraites, mais, pour faire plus simple, contentons-nous cette fois de citer une note de l'iFRAP du 8 mars sur « les vrais avantages du statut des cheminots » dont voici l'essentiel : « Le régime de retraite de la SNCF, y est-il écrit, est un régime spécial qui sert environ 5,2 milliards d'euros de prestations vieillesse à 264 000 pensionnés pour 147 000 cotisants. Une situation démographique qui le place en déficit, d'où une contribution d'équilibre de 3,3 milliards d'euros, soit 12 800 euros par retraité SNCF. Les cotisations de retraite sont plus élevées pour l'employeur (37,44 %) que pour le salarié (8,52 %). »
Et l'iFRAP de conclure, s'agissant des vrais cheminots de terrain : « Depuis 2008, l'âge de liquidation des droits est relevé respectivement de 55 à 57 ans et de 50 à 52 ans à partir de 2024. […] La formule de liquidation est proche de celle de la fonction publique avec un taux de 75 % du salaire du dernier mois, primes comprises, mais gratifications non comprises. »
Ces cheminots bénéficient donc bien d'un avantage substantiel, celui de pouvoir prendre leur retraite non seulement beaucoup plus tôt que les fonctionnaires, mais avec une pension qui tient compte de leurs primes, ce qui n'est pas le cas des fonctionnaires. On comprend encore mieux ce soin maniaque de collationner ces fameuses primes dans un guide pratique qui permet aux salariés de la SNCF de « vérifier » leurs fiches de paie et plus tard leur retraite.
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Cette usine à gaz de multiples avantages est scandaleuse, car en plus filandreuse et opaque du fait de sa complexité, car elle souligne l’inégalité d'un corporatisme désuet plus en rapport avec la société actuelle et surtout avec le secteur privé !

Et ne parlons pas du système de retraites particulier de la SNCF encore très avantageux ou les primes sont prises en compte pour les calculs des pensions !

C’est effarant et c’est le syndicat SUD RAIL lui-même qui édite un guide pour que les salariés puissent s’y retrouver dans ce méli-mélo de soit disant primes diverses, il ne manque pas d’air !

Et pas le dernier à appeler aussi à la grève bien sûr !

Il faut faire cesser ces corporatismes anachroniques datant d’après-guerre pour le bien des autres salariés, hors SNCF qui travaillent autant, voir plus que certains cheminots pour réduire enfin les inégalités flagrantes avec le privé dans notre pays et aussi pour le bien de la SNCF qui subit une dette pharaonique de 45 milliards que tous les français devront payer !

D’ailleurs en ce qui concerne le syndicat SUD RAIL le plus rigide de ceux qui appellent à la grève pour tout et n’importe quoi : 

Par exemple sur ma ligne de Transilien (D) il y a quelque année il avait été décidé un arrêt utile dans une gare qui n’était pas marqué avant, mais important pour les utilisateurs nombreux d’une ville importante de banlieue, cela faisait un allongement de 5 mn de travail pour les conducteurs et bien ce syndicat SUD a décrété pendant 1 semaine la grève qui a été suivie au détriment des voyageurs sur toute la ligne!


Jdeclef 19/03/2018 09h53LP

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