vendredi 17 août 2018

A tirer sur la ficelle ses syndicats bornés, ils ont gagné un PDG canadien !


Air France : Ben Smith, le PDG qui défrise les pilotes

La nomination du Canadien a été présentée comme un « casus belli » par les syndicats d'Air France. Une attitude sévèrement jugée par certains éditorialistes.


En nommant le Canadien Ben Smith à la tête d'Air France, le conseil d'administration de la compagnie a-t-il « placé Air France sous influence nord-américaine » et « renoncé à sa souveraineté aérienne » ? Telle était la crainte de Paul Farges, représentant des pilotes actionnaires au CA d'Air France-KLM dans une tribune publiée dimanche dans Le Journal du dimanche. Une crainte partagée par l'intersyndicale d'Air-France (constituée de la CGT, FO, SUD, le SNPNC, Unsa-PNC, la CFTC, le SNGAF, le SNPL et Alter), qui s'insurgeait à la perspective de cette nomination : « Il est inconcevable que la compagnie Air France, française depuis 1933, tombe dans les mains d'un dirigeant étranger dont la candidature serait poussée par un groupe industriel concurrent », dénonçait un communiqué, qui voyait dans cette candidature la main de Delta Air Lines, un des actionnaires du groupe Air France-KLM.
Il faut dire que le profil du numéro 2 de Air Canada a de quoi inquiéter les pilotes. Ce que la presse ne manque pas de souligner ce vendredi matin, avec plus ou moins de compréhension devant les menaces des syndicats.
Dans Les Échos, Jean-Marc Vittori voit dans cette nomination la dernière (mince) planche de salut pour la compagnie minée par... le corporatisme de ses pilotes : « Un Canadien venu du transport aérien ne garantit évidemment pas le succès. Comme Tom Cruise dans le film Fallout qui fait actuellement un tabac, il est parachuté sur Paris pour une mission impossible. Peut-être aura-t-il plié bagage dans quelques mois. Mais peut-être est-il mieux placé que tous ses prédécesseurs pour réussir le plus grand défi de la compagnie aérienne : remettre les pilotes à leur place. [...] En France, les pilotes se considèrent comme l'élite de la nation. Beaucoup d'entre eux ont fait une grande école. Ils sont persuadés d'avoir toujours raison, y compris et surtout quand ils défendent leurs intérêts particuliers. C'est évidemment faux. Si Ben Smith parvient à le leur faire comprendre, il pourra réussir. Sinon, il échouera. »

« Caricature »

Même tonalité de la part de Gaëtan de Capèle dans Le Figaro, dont la plume se fait encore plus sévère : Pour lui, « le plus gros grain de sable qui empoisonne la vie des voyageurs est une maladie appelée gréviculture. Sans être exclusive, elle présente la caractéristique de particulièrement bien prospérer en France. [...] Chez Air France, les syndicats, notamment de pilotes, ne négocient plus sans recourir à la grève. Caricature de leur dérive, ils en préparent à présent une pour s'opposer à la nomination d'un dirigeant canadien à la tête de la compagnie. Voudraient-ils saper encore davantage le pavillon français, dans un monde aérien de plus en plus compliqué, qu'ils ne s'y prendraient pas autrement. »
Dans La Croix, Guillaume Goubert ne pratique pas l'anathème, mais revient sur les raisons de cette hostilité qui, dit-il, « s'explique facilement. Numéro deux d'Air Canada, Benjamin Smith a développé dans cette compagnie les activités à bas coût, ce qui laisse augurer un dialogue social sans facilités. Sa rémunération risque aussi de fonctionner comme un chiffon rouge. Son salaire s'élèverait au triple de celui de son prédécesseur, alors que le long conflit social du printemps n'a pas atteint son objectif de hausse des salaires des employés d'Air France. »
Dans le Midi libre, Jean-Michel Servant se fait lui aussi l'écho des inquiétudes, légitimes selon lui, des syndicats : « Le problème avec le nouveau PDG ne vient pas de ses origines mais bien de ses méthodes ouvertement libérales. Et, cela va sans dire, de ses prétentions salariales. Une politique qui va amplifier les turbulences sociales du transporteur français. D'autant que le plan de vol fixé par le gouvernement est parfaitement limpide : réussir une conversion vers le low cost. Avec un Anglo-Saxon à sa tête, le personnel d'Air France sait à quoi s'attendre. Face aux prochains trous d'air, il n'aura pas d'autres choix que de boucler la ceinture. »

« Air France ne peut plus s'offrir le luxe d'un énième psychodrame »

Mais Nicolas Beytout n'en démord pas dans L'Opinion. « Certes, les syndicats catégoriels brillent rarement par leur sens de l'intérêt général : c'est même leur fonction première de se focaliser sur leurs seuls intérêts particuliers. Mais dans une entreprise comme Air France, leur défense obsessionnelle d'un statut a fini par dépasser le cadre de leur secteur pour impacter tout un pays. [...] Quelle étrangeté de voir ces professionnels baignés dans un univers par définition mondialisé se crisper sur une vision nationaliste du métier ; mais peut-être cela cache-t-il la crainte d'être bientôt vraiment dirigés, la peur de la fin de la récré ? »
Pour Christophe Lucet, dans Sud-Ouest, quoiqu'on pense de ce casting, c'est bel et bien la survie d'Air France qui est en jeu. « C'est un fait que les actionnaires, dont l'État français, proposent au pompier canadien un pont d'or pour réussir son plan de vol : la fin des grèves et, surtout, une stratégie pour subsister dans un univers de plus en plus concurrentiel. S'il y parvient, la polémique s'éteindra. Mais la tâche est lourde, le travail sera long, et la réussite n'est pas garantie. Après tant de trous d'air, d'embardées et de plans de la dernière chance, Air France est toujours là mais ne peut plus s'offrir le luxe d'un énième psychodrame. Il fallait un nouveau pilote dans l'avion, canadien ou pas, pour donner la chance à cette très belle compagnie d'écrire une nouvelle page, plus sereine, de son histoire. » Un appel à la sérénité qui a pourtant peu de chances d'infléchir les syndicats.
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Bon maintenant qu'ils assument, car cela aurait pu être pire !

C’est un spécialiste de l’aviation ce PDG d'AIR CANADA qui a un certain courage de vouloir remettre en ordre AIR FRANCE et ses Syndicalistes frondeurs et surtout leurs pilotes !

Qu'ils ne se plaignent pas trop, car ils s'acheminaient vers faire capoter la Cie nationale, mais ils feraient bien de mettre de « l'eau dans leur vin » et atterrir enfin en essayant déjà ce nouveau patron !

Jdeclef 17/08/2018 13h28 LP

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