mercredi 15 août 2018

Les italiens feraient mieux de le démolir totalement !


Catastrophe de Gênes : le prix de l'immobilisme

C'est au nom du refus idéologique des grands travaux que le pont Morandi, dont les dangers étaient connus, n'avait pas été abattu.


« Quand, d'ici une dizaine d'années, le pont Morandi s'écroulera nous nous souviendrons de ceux qui se sont opposés à son remplacement. » Président des industriels de la Ligurie, Giovanni Calvini, avait péché par optimisme en faisant en 2012 cette prédiction pourtant funeste. Le pont s'est écroulé six ans, et non dix ans plus tard.
À 24 heures de la tragédie qui a provoqué un bilan provisoire de 37 morts, les archives révèlent que des dizaines d'ingénieurs et responsables politiques avaient tiré la sonnette d'alarme sur « le pont de Brooklyn », le surnom que les Génois avaient donné au viaduc qui reliait l'est à l'ouest de la ville. « Depuis quarante ans, nous savions que nous vivions sous une bombe à retardement », explique aujourd'hui Ennio Guerici, président du comité d'habitant de Via Porto, un des quartiers enjambé par le pont Morandi.

Des infrastructures au bord de la rupture

L'écroulement du pont de Gênes était donc une tragédie annoncée et la justice devra identifier les responsables. Mais l'Italie incrédule découvre aujourd'hui qu'une grande partie de ses infrastructures autoroutières est au bord de la rupture. Depuis 2015, quatre ponts se sont écroulés à Himera (en Sicile), prés de Milan, à Cuneo et Fossano. Le quotidien la Stampa a identifié dans la péninsule dix-sept ponts ou viaducs « qui font peur ».
« L'Italie s'est construite dans les années 1960, elle s'est laissée aller à partir des années 1990, elle s'écroule aujourd'hui », explique l'éditorialiste du Corriere della Sera, Antonio Polito. Davantage qu'un problème de ressources financières, l'abandon des infrastructures est devenu une question culturelle et politique. Les années 1990 correspondent au scandale « mani pulite », la révélation d'une corruption généralisée. Il n'est pas rare de trouver en Italie des hôpitaux jamais inaugurés et abandonnés, des salles de sport inachevées, des ponts qui ne mènent nulle part. Autant d'ouvrages publics inutiles et uniquement conçus pour permettre de partager des pots-de-vin de fonds publics entre constructeurs et administrateurs locaux.

Le Mouvement 5 étoiles contre les grands travaux

Par réaction, une partie de la population a pris fait et cause pour la myriade de comités, associations et partis politiques qui s'opposent aux grands travaux et aux grandes industries. Dans un pays où le concept de puissance publique est inexistant, les recours devant les tribunaux ont permis aux tenants du « non » systématique de bloquer des centaines de grands projets. Dans cette bataille, la péninsule a renoncé à la pétrochimie et à l'énergie atomique, son réseau ferroviaire et autoroutier ne s'est pas adapté à la croissance du trafic.
Le Mouvement 5 étoiles aujourd'hui au pouvoir est l'expression de cette culture. Actuellement, il se bat contre la réalisation de la ligne TGV Lyon-Turin, pour la fermeture du pôle sidérurgique de Tarente qui emploie 14 000 personnes et, d'une façon générale, contre tous les grands travaux, y compris ceux qui auraient permis à Rome d'accueillir les Jeux olympiques.

Beppe Grillo embarassé

Au nom de la même logique, le M5S est opposé à la vaccination obligatoire des enfants. Quelques minutes après la catastrophe de Gênes, le blog de Beppe Grillo a supprimé un post datant de 2013 qui dénonçait « la fable d'un possible écroulement du pont Morandi ». En 2014, Beppe Grillo, lui-même génois, avait promis de bloquer « avec l'armée » le projet de remplacer le pont par un tracé alternatif.
Danilo Tonino, le ministre des Transports issu du M5S, promet de conduire les responsables de la catastrophe de Gênes en prison et il a annoncé un plan Marshall de contrôle et de manutention de tous les grands ouvrages d'infrastructure de la péninsule. C'est oublier que le pont Morandi était, comme un grand malade, contrôlé en permanence et perpétuellement en réparation.
Comme avait prédit le président des industriels Ligure en 2012, c'est à ceux qui se sont opposés à son abattage qu'il faut demander des comptes.
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Se serait (enfin une mesure de prudence) qui aurait dû l’être fait depuis longtemps !

Car il est à douter que les italiens et génois veuillent repasser sur ce pont même s’il est reconstruit ?!

Mais cela montre le laxisme des autorités et administrations toujours lentes qui tergiversent en faisant des réparations de fortune provisoires et inutiles pour faire des économies qui coutent bien plus chères après, surtout quand cela se termine par des morts innocents et des dégâts considérables !

Sans compter le fait que les familles des victimes peuvent normalement porter plainte contre l’état italien ou le constructeur du pont, mais ça c’est une autre histoire !

Mais ce n’est pas un cas isolé dans nos pays démocratiques libres avec une justice en principe égale pour tous et en France pour d’autres problèmes divers publics ou l’état est indirectement impliqué, les victimes ont hélas souvent que « leurs yeux pour pleurer » !

C’est désespérant car bien sur les italiens paient des impôts pour leurs infrastructures routières comme quoi…

Jdeclef 15/08/2018 15h06

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