jeudi 27 avril 2017

Oui et alors, qui écoute la France à peu près personne ?!

Attaque chimique en Syrie : les preuves de la France contre Bachar el-Assad

Un rapport des services de renseignements français conclut à l'implication des forces du président syrien dans l'attaque de Khan Cheikhoun. Analyse.

Jean-Marc Ayrault l'avait promis la semaine dernière. Il publierait rapidement les preuves de l'implication du régime syrien dans l'attaque chimique de Khan Cheikhoun qui a fait 88 morts, dont 31 enfants, le 4 avril dernier, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. C'est désormais chose faite. Dans une « évaluation nationale » de six pages, composée de notes déclassifiées de ses services de renseignements, la France attribue l'attaque au sarin aux « forces armées et de sécurité syriennes ».
Jean-Marc Ayrault, à l'issue d'un conseil de défense réuni autour du président François Hollande.  © STEPHANE DE SAKUTIN AFP
Jusqu'ici, la Grande-Bretagne et la Turquie (des pays soutenant l'opposition syrienne), ainsi que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), avaient conclu à l'utilisation de gaz sarin à Khan Cheikhoun en se basant sur des échantillons médicaux prélevés sur des victimes de l'attaque. Si les pays occidentaux, France et États-Unis en tête, n'ont pas attendu d'enquête internationale pour incriminer Bachar el-Assad, ils n'avaient pas encore publié leurs preuves. À l'issue d'un conseil de défense restreint organisé ce mercredi à l'Élysée, Jean-Marc Ayrault a indiqué que « la France (avait) décidé de partager avec ses partenaires et avec l'opinion publique mondiale les informations dont elle dispose ».

Quelles preuves ?

Des « échantillons environnementaux », prélevés par des experts français à l'un des points d'impact de l'attaque de Khan Cheikhoun, révèlent la présence de gaz sarin, mais aussi de diisopropyl méthylphosphonate (DIMP), un produit issu de la synthèse de sarin (à partir d'isopropanol et de difluorure de méthylphosphonyle,DF), ainsi que d'hexamine, un stabilisant. Or, d'après les services de renseignements français, ce « procédé de fabrication du sarin est celui développé par le Centre d'études et de recherches scientifiques (CERS) (de Damas, NDLR) au profit du régime syrien »
« Il existe une vingtaine de façons de synthétiser du gaz sarin », explique Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques, associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). « La méthode syrienne entraîne la production de sous-produits sous forme d'acides. Pour que la molécule de sarin soit stabilisée et conservée, les Syriens utilisent de l'hexamine, un stabilisant conservateur qui neutralise les acides et permet d'inhiber la corrosion sur les métaux et ainsi stocker plus longtemps l'agent dans les munitions. »
La France a alors comparé ces échantillons à ceux recueillis lors d'une autre attaque au gaz sarin, confirmée par l'ONU, le 29 avril 2013 à Saraqeb (nord-ouest). D'après le rapport français, un hélicoptère a survolé la ville à haute altitude avant de larguer trois objets non identifiés diffusant une fumée blanche. Or, comme le rappelle Paris, qui incrimine formellement le régime de Damas, « seule l'armée syrienne était en possession d'hélicoptères » et « pouvait donc être à l'origine des trois largages ».
Au troisième point d'impact, les services français ont récupéré dans un cratère une grenade non explosée et ont procédé à des analyses. Celles-ci ont révélé que la munition contenait « un mélange solide et liquide d'environ 100 millilitres de sarin », ainsi que de l'hexamine, du DF et du DIMP, soit exactement les composés chimiques retrouvés dans les échantillons du 4 avril 2017. « La présence d'hexamine signe de manière mécanique le mode de synthèse utilisé par le régime syrien », souligne l'expert Olivier Lepick. « Il existait déjà un faisceau de présomptions suffisamment important pour incriminer le régime de Bachar el-Assad dans l'attaque de Khan Cheikhoun. L'hexamine est la cerise sur le gâteau. »

Quel intérêt pour Bachar el-Assad ?

S'il a reconnu avoir été l'auteur des bombardements aériens du 4 avril à Khan Cheikhoun, le régime syrien a expliqué, comme son allié russe, que la frappe avait visé un entrepôt rebelle contenant des « substances toxiques ». Si cette théorie a été massivement rejetée par les experts, de nombreuses voix à Damas ont rappelé que Bachar el-Assad n'avait aucun intérêt à utiliser l'arme chimique alors que son armée est en position de force dans le pays.
Attaque chimique : « Il n'y avait pas d'entrepôt dans les zones frappées par l'aviation syrienne »
C'est oublier que la rébellion venait de mener dans la région voisine de Hama une importante offensive anti-régime. Le 21 mars, Tahrir al-Cham – une alliance de groupes rebelles dominée par les djihadistes de Fatah al-Cham – a lancé depuis son fief d'Idlib une offensive-surprise en direction de la ville de Hama (centre), qui a été repoussée par l'armée syrienne et ses alliés. En représailles, l'aviation syrienne a massivement pilonné les forces rebelles, qui l'accusent notamment d'avoir utilisé du chlore, gaz qui est autorisé en cas d'usage industriel. Quelques jours plus tard, l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, dans la région rebelle d'Idleb, était perpétrée.
« Les services français ont connaissance en particulier d'un Soukhoï 22 (qui reste l'apanage de l'armée syrienne, NDLR) qui a décollé de la base de Chayrat le 4 avril au matin et a effectué jusqu'à six frappes sur la localité de Khan Cheikhoun », affirme le rapport français. C'est cette même base militaire qui a été bombardée le 7 avril par 59 missiles Tomahawk américains, en représailles à l'attaque chimique imputée par Donald Trump à Bachar el-Assad. Si certaines voix ont évoqué l'hypothèse que le président syrien ait pu ne pas être au courant du raid aérien mortel, Paris rappelle que « seuls Bachar el-Assad et certains des membres les plus influents de son entourage sont habilités à donner l'ordre d'utiliser des armes chimiques ».

Bachar el-Assad n'a-t-il pas démantelé son arsenal chimique ?

Parrain régional du régime syrien, l'Iran a rappelé que Bachar el-Assad avait démantelé son arsenal chimique (1 300 tonnes) après l'attaque chimique de la Ghouta, qui avait fait plus de 1 400 morts en août 2013. Pourtant, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui n'a démantelé que le stock qui lui a été signifié par Damas, a noté des incohérences dans la liste fournée par le gouvernement syrien. Pire, elle a constaté la présence de dérivés de gaz sarin sur plusieurs sites sur lesquels aucune activité n'avait pourtant été déclarée.
Dans son rapport, la France estime que « la Syrie, malgré l'engagement pris de détruire l'ensemble de ses stocks et capacités, a maintenu une capacité de production ou de stockage de sarin ». Selon un décompte fourni avec le rapport, les services français de renseignement affirment avoir « prouvé » cinq attaques au gaz sarin en Syrie depuis avril 2013. Depuis le démantèlement officiel de l'arsenal chimique syrien, la commission d'enquête ONU-OIAC a pour sa part enquêté sur neuf allégations d'emploi d'armes chimiques dans le pays en 2014 et 2015. Dans un rapport publié en octobre 2016, elle accuse le régime syrien de trois de ces attaques (au chlore, bien moins toxique que le sarin), mais pointe également la responsabilité de Daech, dans une attaque au gaz moutarde, à Marea, près d'Alep, le 21 août 2015.
« Interdit par l'OIAC, le gaz moutarde fait figure d'ancêtre par rapport aux gaz neurotoxiques de type organo-phosphoré (famille à laquelle appartient le sarin) et possède une toxicité 7 000 fois inférieure à celui-ci, explique Olivier Lepick. Il est beaucoup moins complexe à fabriquer que le sarin, et il est totalement envisageable qu'il soit entre les mains d'entités subétatiques présentes sur le territoire syrien. »

Et quid des rebelles ?

Comme le rappelle le rapport français, l'organisation État islamique n'est pas présente dans la région d'Idlib, où se situe Khan Cheikhoun. En outre, « les services de renseignements français n'ont au demeurant pas constaté que Daech disposait de sarin ni de capacités aériennes ». Quant à la coalition rebelle Tahrir al-Cham, active dans la région d'Idleb, elle ne possède pas les capacités aériennes nécessaires pour répandre le neurotoxique dans les airs et faire autant de victimes civiles. En effet, comme le rappelle Olivier Lepick, « une arme chimique est la conjonction d'un gaz toxique et d'un mode de dissémination, indispensable pour être efficace ».
Rejetant le rapport français, le Kremlin a indiqué qu'il était impossible d'établir une responsabilité dans l'attaque de Khan Cheikhoun sans une « enquête internationale », et exprimé son incompréhension quant à l'absence d'une telle démarche par l'OIAC. Pourtant, Moscou a opposé le 12 avril son veto à une résolution de l'ONU demandant la coopération du régime syrien à une enquête de l'OIAC sur l'attaque de Khan Cheikhoun.
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Et que va-t-on faire, en plus on change de dirigeants plus de F.HOLLANDE et de J.M.AYRAULT grands bavards sans pouvoir pour protester et dénoncer, ce que tout le monde savait !?

Quant à HASSAD et les russes, le mensonge et la mauvaise foi de les étouffe pas !

Mais nos dirigeants bien-pensants se sont fait plaisir, car pour la crise syrienne depuis le début, ils n’ont pas été à la hauteur de cette petite France qui pérore beaucoup en pure perte à L’ONU entre autres !


Jdeclef27/04/2017 13h05

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