jeudi 7 juin 2018

Dire ce que l'on pense est de plus en plus difficile, car il y a trop de bien-pensant hypocrites partisans du politiquement dit correct !

La tyrannie des susceptibles

Ces censeurs se sentent offensés par toute opinion divergente. Contrôlant le langage, hermétiques au second degré, ils malmènent la liberté d'expression.

D'emblée, cet avertissement : l'auteur de cet article n'a pas eu recours à l'écriture inclusive ; il s'autorise, en outre, l'usage de mots sulfureux comme « mâle blanc » ou « identité », cite des auteurs politiquement incorrects et s'engage, naturellement, à ne pas diffuser de fake news. Ainsi sommes-nous conforme à l'air du temps : précaution, transparence et vérité, afin de ne pas heurter les sensibilités. Nous nous imposons nous-mêmes cette discipline, en attendant, peut-être, qu'elle ne devienne une norme professionnelle, le petit carré blanc préventif qui se situera au début de chaque papier. Qu'est-ce qui nous fait dire cela ? L'époque, d'abord. Puis un souci constant de liberté. Liberté dont la définition même est aujourd'hui discutée, biaisée. Libre à vous de dire une énormité, mais quelqu'un se lèvera pour restreindre votre liberté, car elle heurte sa liberté de ne pas entendre d'énormités…
Conformisme. A ce titre, connaissez-vous le programme «anti-rumeurs» financé par le Conseil de l'Europe ? L'intention est plus que louable : lutter contre les préjugés et les discriminations. C'est le préambule du « Manuel anti-rumeurs », destiné aux villes «interculturelles», qui interpelle : «La stratégie anti-rumeurs, ou "SAR", est un processus de changement social. Elle vise à prévenir la discrimination, à améliorer la coexistence et à exploiter tout le potentiel de la diversité en suscitant un changement de perceptions, de mentalités et de comportements au sein du grand public et de certains groupes cibles.» L'idée, ici, n'étant pas de miser sur l'intelligence et l'éducation, d'être indifférent à la bêtise ou, quand celle-ci outrepasse les lois, d'avoir recours à la justice, mais de plaider la surveillance et la rééducation. Cette méthode, dirigée par Daniel de Torres Barderi, spécialiste de l'interculturalité, consiste à «peser sur l'ordre du jour politique et social» et à ce que des «agents anti-rumeurs», partout vigilants, dans l'entreprise comme dans le cercle familial, «contestent les récits négatifs autour de la diversité». Le manuel précise que «les résultats dépendent de l'état d'esprit et des prédispositions de la personne que vous cherchez à sensibiliser, mais aussi de la maîtrise que vous afficherez. Pour cela, la seule solution, c'est de pratiquer. Pratique et persévérance vous aideront à affiner votre technique et vos compétences». 
Pour comprendre les rouages de ce conformisme, qu'il soit porté par une institution, un Etat ou une société, on s'est tourné du côté de la littérature. Et, naturellement, on a pensé au « 1984 » de George Orwell (qu'on ne cite que trop). Dans la veine dystopique, il y a aussi Aldous Huxley et son « Meilleur des mondes », tableau d'une société qui fabrique des fœtus et détermine leurs futurs goûts, aptitudes et comportements. Les « agents anti-rumeurs » du Conseil de l'Europe nous font davantage penser aux sbires du BIM (Bureau d'identification de la menace), qui sévissent dans le « Globalia » de Jean-Christophe Rufin. La quête d'une société parfaite conduit des êtres, isolés du reste du monde, à mettre en application ce slogan : «La surveillance, c'est la liberté.» 
Contre la nature, le pluralisme et la haine, on réclame donc décrets, interdictions et hashtags. On invoque «un destin de couveuse» - Claude Imbert, le fondateur du Point, a inventé cette formule dans ces années 1990 soucieuses de précaution, et nous en sommes encore là, aujourd'hui, et peut-être de manière plus prononcée puisqu'il ne s'agit plus seulement de prévenir mais d'interdire. Alliance étrange de néojdanovisme et de puritanisme, de féminisme et de conservatisme religieux. Les campus américains ne fabriquent plus de la matière grise, mais rédigent des codes universels du savoir-vivre et du savoir-parler. On pleure Philip Roth, parce que c'est aussi une contre-représentation de cette Amérique qui s'éteint. Dans « La tache », il désigne ainsi les fautifs : « Au Congrès, dans la presse, à la radio et à la télé, les enfoirés à la vertu majuscule donnaient à qui mieux mieux des leçons de morale, dans leur soif d'accuser, de censurer et de punir. »
Pensée hygiéniste. En France, des discours, jugés jadis folkloriques, se propagent de plus en plus et font des émules. Les récents blocages d'écoles et d'universités, et surtout la vie qui s'y est organisée, ont montré l'obsession de ces étudiants, élites de demain, pour les particularismes ethniques ou de genre. Au nom de la lutte contre le racisme, leurs aînés prônaient la mixité ; au nom de ce même combat, on promeut aujourd'hui la non-mixité. L'Intersection, une association de Sciences po, invite les étudiants à « checker [leurs] privilèges », afin d'avoir conscience d'appartenir « à un groupe social dominant ». De même débat-on désormais de la création de safe spaces (zones sécurisées) pour ceux qui, dans l'espace public, se sentent ostracisés. Le contrat social et républicain vole en éclats, l'individu est ce qu'il veut être - et c'est son droit -, mais il revient à la société de lui faire une place et de ne surtout pas l'offenser en lui rappelant un ordre ancien, une chronologie, un genre non assumés. C'est le règne du ressenti contre l'établi. Aux Etats-Unis, des éditeurs ont inventé le métier de sensitivity reader, soit un « démineur de polémiques », chargé de traquer dans les manuscrits « les projets intériorisés et le langage connoté négativement ». Une pensée hygiéniste qui avait déjà donné, dans le passé, une version inclusive du Nouveau Testament et des Psaumes (le « fils de l'Homme » devenait « de l'Humain » et le fameux « Notre Père », « notre Père-Mère »). A Lille, en 2015, la lecture du texte de Charb intitulé « Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes » a été annulée à la demande du syndicat étudiant Solidaires. Comme si un musulman était incapable d'ouverture critique et de discernement. Céline ? On ne republie pas. Maurras ? Honte à ceux qui banalisent les écrits de ce théoricien antisémite. Puisque le racisme, pour ceux qui le subissent, est « une mort prématurée », comme nous l'indique l'écrivain Edouard Louis, il est donc vital de ne rien laisser passer, y compris dans le registre du second degré.
Alors quand Blanche Gardin, humoriste, moque le politiquement correct qui sévit dans le milieu du cinéma et du théâtre, et que l'on voit dans la salle telle actrice secouer la tête de dépit, on rit d'un rire transgressif, et c'est toujours ça de pris au CSA. On pense aussi à Tex, l'animateur, dont la blague - de mauvais goût - sur les violences conjugales lui a coûté sa place à France Télévisions. Au moins, nous avons la garantie qu'il ne recommencera pas, puisqu'il n'est plus là. Dans ce monde de périphrases et de jargons sociologisants, un Français d'origine étrangère est un « racisé », une personne qui assume son sexe de naissance est un « cis-genre ». On croirait ces vocables tirés du « Politiquement correct » de James Finn Garner, une réécriture de contes populaires, qui décrit les nains comme des « hommes à la verticalité contrariée » et les vieux comme des « adultes rayonnant de maturité ».
Manipulation. Et on aurait tort de croire que les susceptibles sont uniquement à gauche. La droite, certes dans des proportions moindres, est aussi prise de bouffées hystériques quand il s'agit de défendre sa conception du bien. Dans le débat, nombre d'éditorialistes reprennent les tares de l'adversaire : sectarisme, dogmatisme, établissement de listes, victimisation et bannissement de certains mots. Prononcez devant eux et de bonne foi « vivre-ensemble », « amalgame », « mâle blanc », « stigmatiser » - des notions qui objectivement existent - et vous passerez pour un affreux gauchiste. L'appel à l'éviction est également devenu un réflexe. Rokhaya Diallo (écartée du Conseil national du numérique) et Yassine Belattar (pression est faite pour qu'il quitte le Conseil des villes) ne devraient jamais siéger dans des organismes officiels. La cohérence est du côté de la journaliste Elisabeth Lévy, qui, sur Twitter, a demandé à la foule de préférer le débat au couperet.
Il y a ce qui relève de la société, de l'université et des médias, et il y a ce qui relève de l'Etat. Avec sa loi sur les fake news - qui s'appliquera durant les périodes préélectorales et électorales pour des scrutins nationaux -, le gouvernement semble vouloir tenir les rênes courtes. « L'intention est louable, la démarche hasardeuse, les bénéfices nuls », résume l'avocat Richard Malka, qui pointe des risques de « non-conformité constitutionnelle ». Après le vote en Commission des lois, « toute allégation ou imputation d'un fait dépourvue d'éléments vérifiables de nature à la rendre vraisemblable » est considérée comme une fausse information. Courage au juge qui devra dire si une info est vraie ou non. Rendons grâce, au passage, à ce député qui eut l'idée de déposer un amendement afin de modifier l'intitulé de la proposition de loi : « fausses informations » devient « manipulation de l'information » afin d'exclure les informations « diffusées à des fins humoristiques ou satiriques, ou par erreur ». Mêmes doutes s'agissant de l'introduction dans le Code civil de la responsabilité sociétale des entreprises prévue dans la loi Pacte. Une réforme qui fait dire au philosophe Gaspard Kœnig : « Une maison d'édition publiant Céline ou Houellebecq respecte-t-elle les enjeux sociétaux ? » Un juge civil, le cas échéant, délivrera son verdict. Ou, « à qui mieux mieux », sa leçon de morale

Des jeunes moins tolérants ?




Longtemps, on a cru que les enfants se montraient automatiquement plus ouverts d’esprit que leurs parents face à des opinions divergentes, accompagnant ainsi l’extension des libertés civiques aux minorités et la mondialisation. Mais, selon la politologue américaine April Kelly-Woessner, professeure à l’université Elizabethtown (Pennsylvanie), les jeunes sont aujourd’hui moins tolérants sur le plan politique que la génération précédente, ce qui marque une inversion de la tendance que l’on observe depuis soixante ans. Elle définit la tolérance politique par la capacité à reconnaître à ses adversaires le droit de s’exprimer et de participer au débat démocratique. En 2012, une étude montrait par exemple que seuls 43 % des quadragénaires américains pensaient qu’on devrait censurer un religieux musulman prêchant contre l’Amérique. Ils sont 52 % chez les trentenaires et 60 % chez les jeunes de 20 à 29 ans. Ces derniers sont aussi moins enclins que leurs aînés à laisser s’exprimer quelqu’un qui défend des points de vue militariste ou communiste. Alors que les personnes âgées de plus de 40 ans voient en la liberté d’expression une valeur en soi qu’il faut préserver, les plus jeunes lui préfèrent l’idée de justice sociale. 
April Kelly-Woessner relève notamment le rôle précurseur du théoricien de la nouvelle gauche Herbert Marcuse, qui, en 1965, développait la notion d’une tolérance « émancipatrice » et écrivait qu’il fallait être « intolérant contre les mouvements de droite » et « tolérants pour les mouvements de gauche ». Bref, une tolérance à deux visages. La politologue assure aussi que, dans le cocon progressiste d’universités idéologiquement homogènes (seuls 12 % des étudiants américains se déclarent politiquement conservateurs), les jeunes ne se confrontent plus à des opinions différentes. « Cela a créé un environnement qui privilégie l’indignation et l’orthodoxie plutôt que l’enquête et le débat », conclut April Kelly-Woessner§ T. M. 





Les mots qui fâchent
« Vous ne pouvez pas dire ça ! » Dans le débat, à gauche comme à droite, l’injonction est de plus en plus courante. La chasse aux mots censés porter ou masquer une idéologie est ouverte. Petit lexique des termes qui vous exposent aux pires accusations.
A gauche, certains voient rouge quand ils entendent :
« Identité » : la défense de l’identité mène au pire, notamment à la défense de la pureté de la race, ce qui, évidemment, rappelle les-heures-les-plus-sombres-de-l’Histoire. 
« Roman national » : conception de l’Histoire qui vise notamment à l’assimilation des Français d’origine étrangère et à l’exaltation d’un passé glorieux. Insupportable pour une gauche adepte de la repentance. 
« Autorité » : notion, supposément de droite, rejetée car, en son nom, on opprime, on humilie et on entrave les libertés. 
« Nation » : on le sait depuis Mitterrand : « Le nationalisme, c’est la guerre. »
« Immigration » : poser la question de sa régulation vous fait passer pour un xénophobe faisant le jeu du Front national. 
A droite, certains se braquent quand ils entendent :
« Mâle blanc » : l’expression, récemment employée par Emmanuel Macron, appartient au vocabulaire des Indigènes de la République. A bannir, donc… 
« Vivre ensemble » : prônez cet objectif – pourtant de bon sens – et vous serez qualifié de « bobo » ou de Bisounours. 
« Pas d’amalgame » : le refus des généralités et des amalgames serait un moyen de taire des réalités gênantes. 
« Ouverture » : encouragez-la et on vous traitera au mieux d’irresponsable, sinon d’immigrationniste en puissance. 
« Stigmatiser » : ce mot, en dépit de ce qu’il recouvre objectivement, serait la preuve d’un discours victimaire.

Liberté sous pression

Février 2007 

Ouverture du procès opposant Charlie Hebdo à l’Union des organisations islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris. L’hebdomadaire est accusé d’avoir publié des caricatures de Mahomet jugées blasphématoires. 

Avril 2011

« Immersion (Piss Christ) » et « Sœur Jeanne Myriam », deux œuvres d’Andres Serrano, sont vandalisées à la Collection Lambert, à Avignon, après une manifestation de Civitas. 

Février 2012 

Jugées obscènes et objet de plaintes d’associations féministes, les affiches du film « Les infidèles » ont été retirées. 

Octobre 2014 

Le West Australian Opera annule « Carmen », de Bizet, au motif que des acteurs fument sur scène. Un opéra jugé incompatible avec le message antitabac. 

Novembre 2014

L’œuvre du Sud-Africain Brett Bailey se veut une critique de la période coloniale. Présentée au Cent quatre, à Paris, elle est accusée par un collectif d’artistes de reproduire le racisme de l’époque. 

Novembre 2017 

Le syndicat SUD Education déclenche une controverse en proposant des ateliers de formation non mixtes destinés aux seules victimes de discriminations ethno-raciales. 

Novembre 2017

L’animateur Tex est évincé de France Télévisions après une blague sur les femmes battues. 

Décembre 2017 

A New York, une pétition s’élève contre un tableau de Balthus érotisant une très jeune fille. Une pétition demandant son retrait du Metropolitan Museum of Art rassemble plus de 10 000 signatures.
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Et surtout des kyrielles d’intellectuels qui se regardent le nombril dans notre société de bobos !

Dans les médias selon leurs bords politiques avec des pseudos censeurs souvent à petit esprits bornés qui décortiquent et dissèquent la libre pensée et tue à petit feu la liberté d'expression, pourtant le plus grand de nos droits fondamentaux en termes de liberté !

Qu'il faut défendre à tous prix, cette liberté d'expression, il y a assez de pays totalitaires ou elle a disparue et n'existe plus qui mènent certains de ceux qui parlent ou écrivent des commentaires qui n'entre pas dans le moule établi par état rigides, démocrature ou pire, dictatures finissent en prison sans autre forme de procès !

C'est même un devoir quand on aime son pays de garantir cette liberté !

J'aime mon pays pour cela, mais il ne faut pas gâcher cela à cause de politique rétrograde pour autant, il ne faut pas se laisser entraîner dans trop de libertés débridées mal encadrées, mais avoir un juste milieu pour ne pas tomber dans l'anarchie, car bien sûr car dans nos démocraties on ne peut plaire à tout le monde et notamment en France plus que dans d'autres pays !

Jdeclef 07/06/2018 15h03 LP

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