Insécurité
à Nantes : le ras-le bol des habitants
ENQUÊTE.
La hausse des infractions et de l'insécurité dans le centre-ville exaspère les
riverains et fissure la majorité municipale.
Il
est désormais bien délicat, la nuit tombée, de faire la différence entre la
place du Commerce et la cour des Miracles. Parcourez quelques mètres à pied et
vous vous verrez proposer toutes sortes de stupéfiants, comme s'il était
évident que le badaud qui s'aventure seul sur le pavé ne pouvait être qu'un
client en quête de drogue. La place du Commerce n'a décidément jamais aussi
bien porté son nom. Il
flotte dans les nuits nantaises le souvenir d'une insouciance aujourd'hui
disparue. Les ruelles du vieux quartier du Bouffay n'ont certes jamais été des
modèles de quiétude, mais les incivilités potaches ont cédé le pas devant une
insécurité de plus en plus crue et violente. Les nuits sont émaillées de vols,
d'agressions et de faits divers sordides. Et depuis quelques semaines la nuit a
contaminé le jour.
La ville rêvée des cadres serait-elle en train de se transformer
en nouveau Far West ? Signe de gravité de la situation, des collectifs de
professionnels et de citoyens se structurent en association pour partager leur
ras-le-bol. «
À force d'entendre trois fois par jour des récits d'agressions, on a monté un
groupe privé sur les réseaux sociaux », expliquent Guillaume et
Cyril, qui ont fondé l'association Sécurité nocturne Nantes (S2 N). Ces
professionnels utilisent Facebook et WhatsApp pour recenser les agressions et
s'échanger des signalements d'individus qui sévissent dans leur établissement
ou à leur terrasse. Rien que pour la nuit - très ordinaire - du mercredi 16
septembre, le groupe a dénombré 14 faits, principalement des vols avec
violence. «
Hier encore, on m'a informé du viol d'une jeune commerçante qui ne veut pas
porter plainte », raconte Guillaume, qui exerce le métier de vigile
et conserve en mémoire chaque fait signalé par ses 500 membres. Les deux jeunes
professionnels, qui n'ont jamais milité dans aucun parti, décrivent avec force
détails cette heure imprévisible et si particulière où la ville semble basculer
dans un autre monde.
« Coupe-gorge ». Même
Olivier Dardé, président de l'association des commerçants du centre-ville,
d'ordinaire jovial et optimiste, est dépité. Le 4 septembre, à 11 heures, il
s'est fait arracher la chaîne en or qu'il portait autour du cou. « Le gamin
était sorti de garde à vue à 10 heures le jour même pour les mêmes faits, s'agace-t-il.
Il y est
d'ailleurs retourné deux fois dans les jours qui ont suivi. À l'heure qu'il
est, il est toujours dans la nature. » L'auteur des faits se
présente comme mineur, SDF, refuse de donner ses empreintes et refuse de se
laisser prendre en photo… avant de recommencer lors de la garde à vue suivante.
« Je veux
bien admettre que les sous-effectifs de la police sont un problème, mais si on
ne laissait pas ce jeune ressortir trois fois pour commettre tous ces délits,
sans doute les policiers seraient-ils un peu moins occupés »,
pointe-t-il.
« Il n'est effectivement pas rare d'interpeller les mêmes
individus sur des infractions de vol avec violence »,
confirme Benoît Desferet, directeur départemental de la sécurité publique
(DDSP) de Loire-Atlantique, qui précise que pas une journée ne se passe sans
que les policiers ne procèdent à des interpellations pour vol avec violence ou
cambriolage. «
Aucune intervention ne se fait avec facilité, nous avons affaire à des gens,
souvent mineurs et non accompagnés, qui n'ont peur de rien et se rebellent à
chacune de leurs interpellations. Ils se sentent en impunité totale, et cela
peut démotiver les personnels de police », relève-t-il. Si
l'ensemble des délits et infractions constatés à Nantes sur la voie publique
sont en recul de 17 % sur les huit premiers mois de l'année 2020 - un chiffre
qui s'explique par le confinement -, « les cambriolages sont en hausse de 7,5 % et les vols avec
violence de 3 % », relève le DDSP. « J'ai affecté l'essentiel des
nouveaux effectifs à la nuit. La police n'est pas responsable de tout, elle
travaille avec ses partenaires et les réponses pénales doivent être à la
hauteur », résume le fonctionnaire.
« Le centre-ville de Nantes est devenu un coupe-gorge et l'absence
de réponse pénale nous condamne à vider une baignoire à la petite cuillère »,
explique Arnaud Bernard, secrétaire général adjoint du syndicat policier
Alliance. «
Nous, policiers, aimerions que la justice aussi rende des comptes et dise ce
que sont devenus les gens qu'on lui a déferrés », pointe le
syndicaliste. «
La police est débordée et fait son boulot tant bien que mal, mais la justice ne
suit pas », avance Valérie Oppelt, députée (LREM) et élue
d'opposition au conseil municipal de Nantes. Devant cette augmentation des
violences, le ministre de l'Intérieur a affecté 48 policiers supplémentaires à
Nantes, arrivés le 1er septembre. « Ce n'est peut-être pas suffisant, mais c'est déjà un bon début.
Du côté de la municipalité, on voit bien que la maire, Johanna Rolland,
n'assume pas sa compétence en matière de sécurité. Après avoir rejeté la faute
sur l'État pendant des années, le discours change enfin un peu »,
ajoute la députée.
L'équipe municipale autour de Johanna Rolland (PS) se dit consciente du problème et réfute l'idée d'un quelconque angélisme ou d'une conversion récente aux sujets de sécurité. « Lors du précédent mandat, nous avons mis en place la vidéoprotection et changé la doctrine de la police municipale », rappelle Pascal Bolo, adjoint délégué à la sécurité et tranquillité publique, qui promet que les questions de sécurité nocturne sont « la priorité de ce début de mandat ». Soixante-dix nouveaux policiers municipaux seront recrutés pour étendre les zones géographiques et l'amplitude horaire des rondes. Si ce pilier de la majorité municipale n'est pas « un partisan de l'embastillement systématique », il déplore que « lorsqu'un jeune est poursuivi devant le juge et qu'il reçoit une convocation pour juin 2021, ça ne va pas ».
Bisbilles politiques. Les
débats sur la sécurité électrisent la majorité. Pascal Bolo a été attaqué par
ses alliés écologistes, qui ne lui pardonnent pas ses propos à Presse Océan
: « Si la
demande d'asile [d'un migrant] est rejetée et que le
débouté devient un délinquant, il doit être expulsé. » Une phrase qui lui a valu les foudres du
coprésident du groupe écolo, qui considère qu'assimiler délinquance et migrants
revient à défendre les thèses du Rassemblement national. « Je récuse
tout lien entre question de migration et de sécurité, ces deux sujets ne sont
pas liés », confirme l'adjointe à la prospective et à la
résilience, Julie Laernoes (EELV), qui déplore que les services de l'État
tiennent des statistiques sur ce point
Officiellement, tout va à nouveau pour le mieux entre les nouveaux
alliés politiques, qui ont jeté un voile pudique sur certains épisodes houleux…
En effet, avant de devenir coprésident du groupe écologiste allié à la majorité
de Johanna Rolland, Christophe Jouin a été condamné à un mois de prison avec
sursis et 150 euros d'amende pour avoir enfariné… Johanna Rolland ! Le
militant, fondateur de l'association d'aide aux migrants L'Autre Cantine, a
fait appel. Si les partenaires politiques admettent la gravité du problème,
c'est sur les solutions qu'ils divergent. « Il n'y a pas de tabou culturel : les écolos ne sont pas plus
naïfs que les autres. Nous considérons aussi que la sécurité est un droit
fondamental. Seulement, nous ne voulons pas céder à la politique du chiffre et
du spectacle. Pour nous, la meilleure des préventions consiste à résoudre les
questions d'inégalité dans la ville », balaie Julie Laernoes, qui
préférerait financer des médiateurs que des policiers municipaux. « La maire de
Nantes a fait le choix de s'allier avec des élus écolos avec lesquels elle ne
partage rien, que ce soit en matière d'économie, de croissance, de culture, ou
de sécurité », accuse Laurence Garnier (LR), la cheffe de file de
l'opposition municipale, qui prédit « beaucoup de blocages » dans la gouvernance de la
métropole. Il n'est pas certain que les Nantais soient prêts à attendre que
tout le monde tombe d'accord§
Des
chiffres qui fâchent
La sixième
commune la plus peuplée de France avec ses 309 346 habitants, et
la première de l'Ouest en nombre d'habitants. Nantes est également l'élément
central de Nantes Métropole, peuplée
de 619 240 habitants en 2014, au sein de la sixième unité urbaine (622 693 habitants) et de la
huitième aire urbaine de
France, comptant 934 165 habitants au (+ 7,15 % depuis 2009).
Toujours à la pointe de
heurts violents quand des manifestations sociétales nationales ont lieu, c'est
un signe qui ne trompe pas ?!
On ne peut s’empêcher de penser
à cet épisode de société déjanté lors de la construction avorté qui traînait depuis
des décennies à cause de ces zadistes et de l’aéroport fantôme de Notre Dames des
Landes qui ont fait céder l’état après les manifestations des ces marginaux
semant désordre et violence !
Delà à faire un parallèle avec
les désordres ou heurts actuels et délinquance induite il n’y a qu’un pas...
La majorité politique municipale
est partagée entre le PS, EELV les verts, le PCF et le PRG, chacun pensera
ce qu’il veut ?!
Alors les habitants nantis
qui faisaient la trame de la population nantaise qui a changée ne supporte plus
la situation sociétale de leur ville, mais comme d’habitude pour les français,
c’est eux qui votent pour leurs élus et lors des dernières élections municipales
n’ont pas changés leurs votes semble-t-il !?
Car l’état central n’a rien
fait, ils ont pu s’en rendre compte pour NNDL un scandale pour la région et la France !
Donc qu’ils ne se plaignent
pas trop, car il se retrouvent aux mêmes niveaux que d’autres villes de même
importance, il leur reste peut-être les régionales en 2021 et 2022 pour la présidentielle
pour changer cela !?
Jdeclef 09/10/2020 11h57
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