vendredi 23 octobre 2020

On atteint la cote d'alerte de l'insupportable car les islamistes sont partout !

 

Bernard Rougier : « Les islamistes mobilisent la base »

Pour l'auteur des « Territoires conquis de l'islamisme » (PUF), les individus radicalisés usent d'une rhétorique de victimisation des musulmans.

Quatre jours avant l'attentat contre Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, Bernard Rougier mettait en garde les équipes « Valeurs de la République » de l'Éducation nationale contre les effets délétères que pouvait engendrer le militantisme islamiste sur l'école publique. Il ne pensait pas que les faits lui donneraient aussi rapidement raison. L'école rencontre aujourd'hui de nombreuses oppositions religieuses qui lui reprochent son caractère laïque, sa mixité sexuelle et le projet d'émancipation intellectuelle qu'elle propose. À la manœuvre, des activistes islamistes et identitaires qui n'hésitent pas à se présenter en victimes d'une liberté d'expression qu'ils vivent comme une insulte. Auteur de l'ouvrage Les Territoires conquis de l'islamisme (PUF), Bernard Rougier est aujourd'hui l'un des meilleurs spécialistes de l'activisme islamiste en France. Il décrypte le terreau sur lequel il prospère, inspiré par une idéologie médiévale et organisé autour des réseaux sociaux.

Le Point : Un enseignant égorgé en France parce qu'il a donné un cours sur la liberté d'expression… C'est une nouvelle forme de terrorisme ?

Bernard Rougier : C'est, je crois, le premier cas de figure d'une forme de terrorisme communautaire. On y trouve divers ingrédients qui font le lit du terrorisme, notamment la construction d'une colère, guidée par des parents d'élèves qui tweetent, qui dénoncent, qui s'agitent et qui persécutent un enseignant - en fournissant, par exemple, l'adresse de son établissement - à la suite de ce qu'ils considèrent comme une offense à leur religion. Derrière tout ce travail d'indignation, il y a des appels à la mobilisation sur les réseaux sociaux, une technique qui relève davantage du community organizing que du piétisme discret revendiqué par les salafistes. Il faut en être conscient, il y a aussi de la cancel culture dans le milieu islamiste de Conflans-Sainte-Honorine !

Mais en quoi un cours sur la liberté d'expression peut-il constituer une offense pour des parents d'élèves religieux ?

Dans une vidéo enregistrée par le parent d'élève à la manœuvre dans cette opération de déstabilisation, on relève une version évidemment caricaturale de la séance, à laquelle sa fille n'a d'ailleurs pas assisté… Les élèves musulmans n'ont pas été « exclus » de la salle, comme il le raconte, mais l'enseignant avait proposé à ceux qui le souhaitaient de ne pas assister à la séance. On voit nettement dans cette vidéo que le parent d'élève est submergé par l'émotion lorsqu'il raconte qu'une « caricature du Prophète nu » a été montrée en classe. Ce dessin choque le père de famille pour au moins deux raisons : la nudité - un tabou d'imprégnation salafiste - conjuguée au péché que constitue la représentation du Prophète. En islam, chaque croyant doit pouvoir s'identifier au Prophète d'autant plus facilement qu'on ne peut le représenter. Pour les salafistes, ces caricatures viennent brouiller cette identification en empêchant tous les croyants de s'identifier au Prophète. Le salafisme a sacralisé cette interdiction de représentation et investit chaque croyant d'une mission de vengeur du Prophète. Il ne faut jamais oublier que l'imaginaire salafiste a réactivé tout un imaginaire d'inspiration puissamment médiévale. On retrouve la remise au goût du jour de procédés de mise à mort comme la décapitation - typiquement médiévale - ou la reconstitution temporaire du califat par Abou Bakr al-Baghdadi, qui renvoie à l'époque abbasside… Ce réveil de l'imaginaire médiéval se traduit jusque dans le noir du jilbab que revêtent les femmes salafistes et cantonne l'islam à des périodes reculées, un peu comme si les chrétiens faisaient aujourd'hui de Godefroy de Bouillon un héros à imiter.

Cette forme de « terrorisme communautaire », comme vous l'appelez, n'est plus liée à aucune organisation terroriste ou donneur d'ordre explicite. Quelle est la mécanique du passage à l'acte ?

Le passage à l'acte ne vient qu'après le travail de l'objectivation et d'identification de l'acte à punir. On expose le coupable à un bourdonnement tellement puissant qu'un individu socialisé dans les cercles islamiques s'investit d'une mission et finit par passer à l'acte. Ça n'est pas un ordre donné de l'extérieur qui génère l'attentat, mais bien le contexte de sociabilisation d'un individu, combiné à l'urgence de la vengeance. Le terrorisme actuel, que l'on a hélas aussi pu observer lors de l'attentat contre deux personnes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, se dégage totalement du terreau djihadiste habituel que l'on connaissait jusqu'alors. Le profil du meurtrier de Samuel Paty est éclairant. Il s'agit d'un petit délinquant sans aucune inhibition en termes de violence… Voilà qui illustre parfaitement la porosité qui existe entre le milieu délinquant et le milieu islamiste ; ça n'est pas l'un ou l'autre, mais bien l'un et l'autre. Dans les milieux salafo-djihadistes, on autorise à faire commerce de la drogue tant que les clients sont des mécréants ou qu'une part des recettes est versée à certaines mosquées. Le discours visant à légitimer la violence contre la société mécréante est très présent.

On sait que les prêches dans les mosquées sont assez surveillés. Faut-il désormais s'inquiéter des discours véhiculés par des associations islamistes auprès des musulmans français ?

Concernant cet attentat, tout comme celui des anciens locaux de Charlie Hebdo, on voit des individus qui s'autosaisissent au nom d'une moralité islamiste sur fond d'indignation organisée et véhiculée par les réseaux sociaux. Les musulmans français y sont régulièrement présentés comme victimes d'une situation insoutenable, parfois même comparés aux Ouïgours enfermés dans des camps ou aux victimes de l'État islamique… Ces crimes sont, d'une certaine manière, préparés par les réseaux sociaux, avec le concours du Collectif contre l'islamophobie en France ou des sites comme AJ+ ou Islam & Info, autant d'acteurs qui cherchent à accréditer en permanence l'idée que les musulmans sont persécutés en France. On l'a vu après les différents discours du président de la République sur l'islamisme ou après la republication des caricatures du Prophète… Ces acteurs cherchent à rallier les musulmans ordinaires à leur combat, en renforçant notamment le sentiment victimaire. On voit très nettement qu'il y a une mise en condition des musulmans français par les milieux islamistes qui présentent systématiquement la loi comme islamophobe. Si elle continue, cette mobilisation de la base devrait rendre la situation de plus en plus tendue dans les mois à venir.

Vidéo. Entretien avec Bernard Rougier (30 décembre 2019).

On voit resurgir une logique courante d'« excommunication » du terroriste par les islamistes qui expliquent que « celui qui fait ça n'est pas musulman ». Que pensez-vous de cet argument?

C'est mot pour mot l'argument que l'on retrouvait partout en Algérie pendant la décennie noire, le GIA ne pouvait pas être musulman car il organisait des meurtres de masse… C'est un argument totalement spécieux, qui ne tient pas la route une seconde. Dans cet acte terroriste, le passage à l'acte s'est fait au nom d'Allah, la légitimation de l'acte a été fournie par des parents au nom de leur religion. Certes, ce jeune homme ne représente assurément pas les musulmans, mais on ne peut pas lui retirer sa qualité de musulman au motif que l'acte serait condamnable. C'est une manière dangereuse d'expulser la responsabilité morale et collective de l'équation. Il y a, quoi qu'ils en disent, une responsabilité morale chez ceux qui ont demandé le renvoi de ce professeur et qui l'ont traité de voyou. On a voulu sa mort sociale, quelqu'un est allé au bout du processus en organisant sa mort physique. Ceux qui contestent cela sont de mauvaise foi.

Que faut-il faire ?

Le risque de fracture devient très inquiétant. L'État ne peut pas ne rien faire. Le discours politique et la prise de conscience aiguë du problème dont fait preuve Emmanuel Macron vont dans le bon sens, mais, la dimension tragique à tout cela, c'est que ces faits seront encore une fois présentés comme la preuve d'une persécution des musulmans en France. Que tout le monde prenne ses responsabilités. Le milieu associatif, islamique ou pas, doit lutter de front contre le discours islamiste. Il faut aussi que la société civile réagisse face au chantage communautaire de toutes ces associations. On sait d'ores et déjà que ça sera long. Mais ne rien faire, c'est laisser les islamistes prendre le contrôle de l'islam en France. C'est au nom de la protection des musulmans et de tous les citoyens français qu'il faut lutter contre les islamistes.

Les islamistes jouent une carte identitaire très forte, avec une prise en charge globale de l'individu. Que peut l'État face à ce phénomène ?

Ces individus ont réussi à créer un collectif qui se construit contre un autre, le choc frontal d'une identité prétendument islamique contre la France ou la République. Un imam avec qui j'ai échangé récemment m'a expliqué que trois éléments constituaient l'identité islamique : la langue arabe, qui est considérée comme sacrée, la mémoire, c'est-à-dire l'histoire du monde islamique, et, enfin, la religion. La langue, la culture, la religion… Il ne se rendait pas compte qu'il énumérait les piliers de la théorie nationaliste ! La guerre culturelle qu'ont enclenchée les islamistes en France nous oblige à aller sur le même terrain pour les endiguer. Voilà pourquoi il faut défendre une « alternative républicaine » à ces modes de sociabilité et redonner de la place aux systèmes éducatifs laïques, aux cours de musique, aux clubs de sport sans connotation religieuse… Les services de l'État doivent avoir une connaissance et une analyse précises de ce qui se joue sur les territoires qu'ils espèrent soustraire à ces dynamiques

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Et notamment dans ces zones dites de non droits que tous les gouvernements de tous bords ont laissé péricliter sans surveillance ni aide, et cela ne date pas d'hier !

Depuis l'après Mitterrand !

Et malheureusement après cette émotion justifiée par l'assassinat de ce professeur de collège qui a révélé le malaise dans l'enseignement et par la même en primaire et au collège, ce courant islamiste dangereux ne va pas cesser, car nos dirigeants continuent à tergiverser et palabrer sans vouloir s'attaquer aux racines du mal qui est chez nous parmi nous, car ce n'est plus de l’extérieur qu'il vient !

Il faut des lois d'exception pour les combattre avec vigueur sans état dames, car ils se servent de nos lois de bien-pensant de donneurs de leçons pour se protéger car ils ont intelligents et ont compris la faiblesse de nos institutions, justice et droit de l'homme dont ils profitent qu'ils ne respectent pas bien, sur se servant d'avocats spécialisés pour éviter d’être condamnés ou accusés !

Car nos dirigeants pleutres bienpensant donneur de leçons se contentant de compassion en versant des larmes de crocodile ont peur, car eux ces criminels pourtant ne respectent rien ni la vie humaine, ce qu'ils veulent c'est prendre le pouvoir bien qu'ils détestent la France !

Ils ne vont pas dans les pays musulmans, car ils ont bien plus de liberté en France et ils sont protégés par nos lois républicaines et se mélange dans la masse de ceux arrivés depuis les années 60 avec la décolonisation et la fin de la guerre d’Algérie !

Si nos dirigeants et gouvernements ne font rien avec rigueur et fermeté nous aurons encore de tels actes criminels qui suivront, pas tout de suite, car il faut que l'émotion et la colère redescende, mais cela reviendra et recommencera !

Car même, s'ils ont gagné une bataille par cet acte barbare, ils n'ont pas encore gagné la guerre, mais si la France ne réagit pas fermement sans états d’âmes rapidement, nous aurons perdu nos libertés fondamentales et tout ce qui va avec !

Jdeclef 23/10/2020 16h28

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