mardi 20 octobre 2020

Si on essayait de se poser des questions de bon sens se serait peut-être mieux?!

 

Ce que le couvre-feu en Guyane nous enseigne

ENTRETIEN. L'épidémiologiste Simon Cauchemez, membre du conseil scientifique, étudie les mesures sanitaires prises en Guyane. Il revient sur ses résultats.

Pour appuyer sa décision d'imposer un couvre-feu en Île-de-France et dans huit autres métropoles françaises, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué les résultats probants de cette mesure en Guyane. L'épidémiologiste Simon Cauchemez, responsable du laboratoire de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Institut Pasteur, est l'auteur principal d'une étude scientifique visant à évaluer l'efficacité des mesures sanitaires prises dans ce département-région d'outre-mer. Que sait-on vraiment de l'efficacité d'un couvre-feu ? Ce membre du conseil scientifique répond au Point.

Le Point : Dans quel contexte cette étude a-t-elle été réalisée ?

Simon Cauchemez chercheur en epidemiologie a l'institut Pasteur. © Sébastien Muylaert / MAXPPP

Simon Cauchemez : À la sortie du confinement, la Guyane a connu une reprise assez rapide de l'épidémie de Covid-19. Sans doute à cause de sa proximité avec le Brésil où celle-ci était très forte. Or la capacité de réanimation en Guyane n'était pas très importante puisque, initialement, ils n'avaient que onze lits dédiés. Un risque de saturation des services de santé existait. En juin, une série de mesures a donc dû être prise pour tenter de ralentir l'épidémie avec notamment une extension du couvre-feu limité mis en place le 11 mai à compter de 23 heures, à 21 heures puis 17 heures, en semaine, et du samedi 13 heures au lundi matin 5 heures, le week-end. Mais il y a eu aussi beaucoup de tests de réaliser et également des périodes de confinement localisé dans les zones de très forte circulation du virus. Sans compter la frontière avec le Brésil qui, bien que toujours un peu poreuse, a été fermée.

Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez effectivement constaté en Guyane ?

Ce que nous avons fait, c'est d'étudier comment le taux de transmission a évolué au cours de cette période sans avoir d'a priori sur l'origine de cette évolution. Et ce qu'on estime, c'est que le nombre de reproductions de base était de 1,7 avant le 15 juin et qu'il est passé à 1,1 après le 15 juin. Or, le 15 juin, c'est plus ou moins la date à laquelle ces mesures renforcées ont été mises en place. Notre étude montre donc que le timing du ralentissement de l'épidémie coïncide assez bien avec celui de la mise en place de ce train de mesures de prévention renforcées.

En juillet, on estime qu'il y avait 15 à 20 % de la population qui avait déjà été infectée, ce qui est suffisant pour expliquer que, dans un contexte où le nombre de reproductions de base était faible, on atteigne le pic de l'épidémie. Depuis, malgré la levée de ces contraintes, il n'y a pas eu de reprise de cette épidémie, même si cela ne signifie pas qu'il n'y en aura plus.

Avez-vous eu les moyens d'évaluer l'impact du seul couvre-feu ?

Non, nous sommes uniquement capables d'évaluer l'impact du package de mesures mises en place. Mais le problème n'existe pas seulement pour cette étude, c'est général. Face à cette épidémie, les pays mettent à chaque fois en place toute une série de mesures et nous avons beaucoup de mal à faire la part des choses. Si un pays ferme simultanément ses bars et ses écoles, il va être difficile de déterminer laquelle de ces interventions a le plus contribué à réduire la transmission. Et pour l'instant, je n'ai pas encore vu d'étude qui parvient vraiment à distinguer les choses. Après, en Guyane, quand on regarde les mesures qui ont été prises dans le détail, il est difficile de penser que c'est la fermeture de la frontière avec le Brésil qui a eu le plus d'impact. La mesure la plus forte, c'est sans doute, tout de même, la mise en place de ce couvre-feu. On peut donc raisonnablement penser que celui-ci a joué un rôle dans le ralentissement de l'épidémie.

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D'autres études étrangères vont-elles également dans ce même sens ?

Je n'ai pas connaissance, à ce jour, d'autres études scientifiques permettant de se prononcer sur ce point précis.

Les résultats obtenus en Guyane ne sont-ils pas fortement liés à la structure démographique de la population concernée ?

La démographie de la Guyane a surtout une influence sur la manière dont ce territoire est impacté par l'épidémie elle-même. Sa population étant beaucoup plus jeune que celle de la métropole, l'impact sur son système de santé est moindre. Pour un même nombre de personnes infectées, on estime qu'il y a là-bas environ trois fois moins d'hospitalisations. Parce qu'avec une plus grande proportion de jeunes, on a mathématiquement moins de personnes à risques de forme grave.

La Guyane est un exemple intéressant, mais il est toujours difficile d'extrapoler ce que l'on a trouvé dans un contexte spécifique à d'autres contextes, comme celui de la métropole. Non seulement parce que ce sont des populations différentes, mais aussi parce que les modes de vie peuvent varier.

L'impact du couvre-feu ne peut-il pas aussi avoir été plus fort en Guyane parce qu'il affecte la vie nocturne d'une plus grande fraction de la population, la moyenne d'âge y étant de 27 ans contre 42 en métropole ?

C'est le type de question que l'on peut se poser. Encore une fois, d'une manière générale, c'est difficile d'extrapoler. On peut penser que cela a eu un impact assez important en Guyane. Quel va être l'impact dans les grandes métropoles françaises ? C'est assez difficile à évaluer. Il y a, dans certaines métropoles, une circulation très importante du virus chez les jeunes notamment. Ce type de mesures peut donc contribuer à ralentir la circulation du virus dans cette population et, de là, dans la population générale.

La situation géographique de ce territoire et son climat particulier n'ont-ils pas aussi eu un impact sur ces résultats ?

Il est peu probable que le ralentissement de l'épidémie observé en juin en Guyane puisse s'expliquer par des facteurs climatiques. De façon plus générale, il est probable qu'il y ait une saisonnalité dans cette épidémie avec un taux de transmission accru lorsque les températures baissent. Cela pourrait expliquer l'accélération de l'épidémie en octobre. Nous avons besoin d'apprendre progressivement en accumulant beaucoup d'autres exemples du type de la Guyane pour déterminer, dans quels contextes, différentes mesures sont susceptibles d'avoir un impact. Mais, bien évidemment, il sera toujours difficile de dire que ce qui a marché en Guyane ou ailleurs va nécessairement fonctionner dans d'autres contextes.

Au Royaume-Uni, un couvre-feu avant un nouveau confinement ?

Quelles sont les éventuelles autres limites de votre étude ?

Dans ce type de contexte, on ne peut pas faire d'essai randomisé et dire : je divise la Guyane en 50 régions, dans certaines, j'impose un couvre-feu, dans d'autres pas et, à la fin, je compare. Ce sont donc toujours des études observationnelles. On peut établir des corrélations, mais pas de liens de cause à effet. C'est comme pour le confinement, il a été mis en place et, onze jours après, on a assisté au pic des hospitalisations. Or, onze jours, cela correspond parfaitement au temps moyen entre l'infection par le virus et le moment où l'on risque de devoir être hospitalisé. Le timing colle parfaitement. On a donc, quand même, de très bonnes raisons de penser que le ralentissement de l'épidémie au printemps dernier a bien été le fruit du confinement généralisé. On peut faire le même type de raisonnement en Guyane.

Car comparer le nouveau couvre-feu avec le confinement guyanais semble hasardeux ?!

Car si l’on compare avec le 1er confinement en métropole en mars qui avait été drastique et avait donné de bons résultats on a commis après l’erreur de déconfiner trop tôt pour permettre aux français lambda de profiter de leurs congés d’été par peur que ceux ne protestent trop car nos dirigeants et gouvernement ont craint des manifestations de colère du peuple !

Le résultat : quand ces français sont revenus à leur domicile après leurs vacances la pandémie a repris de plus belle en automne logiquement et en pire mais c’était prévu soi-disant pour autant sans solution !

Cela s’appelle « reculer pour mieux sauter, trivialement »

Deuxième constat et faire des comparaisons avec la Guyane nettement moins peuplé que déjà l’Ile de France et ses 12 millions d’habitants est une erreur !

Et là, malgré ce couvre-feu, ersatz de confinement, mais avec à peu près les mêmes effets et si après l’échéance fixée et en espérant qu’il y ait des progrès sensibles dans la diminution du nombre de virus, si on lève ce couvre-feu cela ne garantira pas que la pandémie ne repartira pas, à moins de confiner drastiquement à la chinoise en enfermant les français chez eux, et mêmes avec çà, les chinois ont constaté des reprises du virus chez eux !

(Et ce en oubliant pas la grippe saisonnière...)

Alors il reste une dernière hypothèse style « roulette russe », vivre avec le virus ce qu’on fait déjà, en attendant d’hypothétiques vaccins ou traitements médicamenteux, car le président a dit que cela irait jusqu’à l’été 2021, on se demande d’où il sort cette information, mais le bon sens, il ne connait pas, car il fait de la politique !?

Jdeclef 20/10/2020 15h25

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