La France
a un problème avec son prix Nobel
VIDÉO.
Saluée dans le monde entier comme une découverte majeure, la technique des
« ciseaux moléculaires », récompensée du prix Nobel de chimie,
reste honnie en France.
Que penser de généraux qui, en pleine débâcle, galoperaient dans
les décombres en agitant leur panache et en criant
« Victoire » ? C'est l'étonnant spectacle qu'ont offert,
mercredi, les dirigeants français, se félicitant pompeusement, d'un bout à
l'autre du spectre politique, du prix Nobel de chimie décerné à la chercheuse
française Emmanuelle Charpentier. Un prix qui honore, a osé le Premier ministre
Jean Castex, « la recherche française dont on consacre, à nouveau,
l'excellence et l'attractivité internationale ».
Consternant mensonge, qui révèle l'ampleur de la cécité qui frappe nos
élites. Car la découverte d'Emmanuelle Charpentier, contrairement à ce que
pérorent nos ministres, ne doit rien à la France, que la chercheuse a quittée
il y a 24 ans, à l'issue de sa thèse de doctorat, pour ne jamais y
revenir. Non seulement parce que les budgets y étaient insuffisants, mais aussi
parce que l'objet même de ses recherches – les modifications génétiques –
aurait été refusé par principe, ainsi qu'elle le confiait en 2016 à L'Express : « Si
j'avais fait une demande de financement, il est probable que l'Agence nationale
de la recherche n'aurait pas alloué de fonds à mon projet. » Un projet
conspué, depuis plus de vingt ans, par des politiques ayant voué aux gémonies
les technologies d'édition génomique.
Emmanuelle Charpentier : « Je ne trouverais jamais en
France les conditions que j'ai à Max-Planck »
Car la technologie Crispr/Cas9, qui pourrait bouleverser le
secteur de la santé, révolutionnera d'abord le monde de l'agriculture, pour les
formidables perspectives qu'elle ouvre aux acteurs de la culture des plantes et
des semences. Au point que le service « recherche » du Parlement
européen identifie cette technologie comme la meilleure piste pour réduire
drastiquement la consommation de produits phytosanitaires ! Si, du moins,
l'Europe et la France, en pointe contre l'utilisation des biotechnologies,
acceptent d'en revoir la définition, étroitement liée à leur législation
contre les OGM.
Crispr/Cas9, juridiquement considéré comme OGM
Car Crispr/Cas9, l'invention « nobélisée », est
aujourd'hui interdite d'usage en Europe, se trouvant au cœur de la polémique
contre les OGM, ces organismes génétiquement modifiés.
Pour comprendre pourquoi, il convient d'exposer brièvement
quelques faits. De tout temps, l'homme a cherché à améliorer ses cultures, leur
résistance et leurs rendements, en pratiquant sélection et croisement de
variétés : la modification du vivant, enclenchée à l'époque du néolithique,
n'a jamais cessé. Mais au XXe siècle, les outils ont changé,
l'homme utilisant des outils extérieurs pour orienter ou accélérer les
mutations. La mutagenèse aléatoire apparaît dès la fin des années 1920 :
la technique consiste à irradier (aux rayons X ou gamma) des semences ou à les
bombarder de molécules chimiques, afin de provoquer des mutations aléatoires.
Au fil des décennies, cette technique va donner naissance à plus de 3 200
variétés toujours consommées aujourd'hui (comme le riz rond de Camargue Cigalon,
de nombreux orges, blés, pommes, le pamplemousse pomelo « Star
Ruby »…). La transgenèse, qui se développe par la suite, correspond à ces
fameux « OGM » tels que les comprend l'opinion publique : il
s'agit d'insérer dans un génome une portion de gène étranger, possiblement
d'une espèce éloignée. Par exemple, les lignées Bt (maïs, coton, aubergines…)
ont été obtenues en insérant dans les plantes le gène d'une bactérie sécrétant
naturellement plusieurs toxines insecticides. Sous l'influence d'intenses
campagnes de mouvements antimondialistes, inquiets de la mainmise de grands
groupes sur ces technologies, l'Union européenne adopte en 2001 une
directive encadrant drastiquement les OGM, conduisant à leur interdiction de
fait dans la plupart des pays.
Mais depuis 2001, les technologies ont évolué, et l'invention
en 2012 de Crispr/Cas9 ouvre de nouvelles perspectives. L'outil est
simple d'utilisation, peu cher, à la portée de tous les laboratoires, et il
promet de formidables améliorations, sans mélange génétique d'espèces :
grâce aux ciseaux moléculaires, il est possible de couper des gènes précis de
certaines plantes (comme le gène de sensibilité à une maladie, de dépendance à
l'eau, etc.), avec une précision que ne permettait aucune autre technique.
Les projets sont déjà légion : la Chine travaille sur des riz dont le
rendement serait augmenté de 30 % – espoir de lutte contre la faim dans le
monde. Un riz enrichi en bêtacarotène, précurseur de la vitamine A, est
également à l'étude, afin de lutter contre les carences alimentaires des pays
pauvres d'Asie du Sud. « C'est un outil prometteur pour produire des
plantes qui répondent à des critères précis : plus résistantes à la
sécheresse (certains gènes sont impliqués dans la capacité à mieux utiliser
l'eau…), à la salinité (qui permettraient des plantations dans des zones
d'Afrique aux sols salés), à certains champignons ou maladies… Les applications
sont extrêmement variées, si on a identifié en amont les mécanismes »,
détaille le docteur en génétique végétale Yann Duroc.
L'Institut Max-Planck, la fabrique allemande à Nobel
Pressions de Greenpeace et de la « société civile »
Et pourtant… l'Europe, pour l'instant, a fait le choix de s'en
priver.
En 2018, à la demande de neuf organisations de la société civile
française (la Confédération paysanne, plusieurs lobbys du bio, Greenpeace…)
dénonçant des « OGM cachés » dans les cultures françaises, la Cour de
justice européenne tranche : seront considérés comme OGM tous les
organismes dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne
s'effectue pas naturellement. La lettre signée
en 2016 par 110 Prix Nobel, suppliant Greenpeace de cesser
ses campagnes « anti-science » contre les OGM et accusant
l'organisation – excusez du peu ! – de « crime contre
l'humanité », n'aura trouvé en France quasiment aucun écho. Adieu,
mutagenèse (sauf pour les trop nombreuses plantes créées avant
2001). Adieu, CrispR/Cas9.
À l'époque, l'actuelle ministre de la Recherche Frédérique Vidal
se fend d'un communiqué triomphant, se félicitant de la
« clarification » apportée par la Cour. La même Frédérique Vidal qui,
le 7 octobre, applaudissait Emmanuelle Charpentier pour son Nobel… À n'y
rien comprendre.
« Vous n'avez pas idée du niveau d'ignorance des politiques
français », se lamente Irène Tolleret, députée européenne LREM, l'une des
rares à s'intéresser au sujet. « La querelle récente sur la betterave est
un cas d'école : aujourd'hui, on a identifié des variétés de betteraves
sauvages résistantes à la jaunisse, mais on procède par croisements classiques
pour créer une variété résistante. C'est très long. CrispR/Cas9
permettrait de faire exactement la même chose que la nature, mais en moins de
deux ans ! Et on pourrait totalement se passer de néonicotinoïdes ! »
Les entreprises du bio, par crainte de perdre leur marché de niche, font leur
possible pour bloquer une technologie qui permettrait de réduire massivement
l'usage de produits phytosanitaires. Et les ministres français de l'Écologie
qui se sont succédé depuis l'élection d'Emmanuel Macron, comme Le Point a pu le vérifier, ignorent tout de
cette technologie – et de son application possible en agriculture. « On
part de très, très loin », admet Irène Tolleret. Qui confie avoir
« quasiment pleuré de joie quand Emmanuelle Charpentier a reçu son prix
Nobel : c'est la preuve que Crispr/Cas9, loin d'être une méchante
technique OGM, représente l'avenir ! La vraie question, désormais, est de
savoir comment notre pays traitera cette innovation majeure. »
Néonicotinoïdes, insectes… SOS, betteraves en danger !
La France, plus que d'autres pays d'Europe, a pris un retard
considérable dans la recherche qui permettrait d'adapter ses cultures au
réchauffement climatique. Ce Prix Nobel, co-attribué à une Française exilée en
Allemagne, résonne comme un wake-up call :
un appel à se réveiller
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Qui par leurs méthodes de
principe précaution, ou autres sans efficacité mais surtout par leurs esprits
de comptables petits boutiquiers bornés, laissent partir continuellement des
chercheurs à l’étranger, car ayant besoin de financements souvent important
pour aboutir dans leurs recherches !
La recherche scientifique
est d'une extrême importance et pas assez financé correctement dans notre pays
qui utilise mal des fonds divers qui tombe souvent dans des tonneaux des Danaïdes
preuve à l’appui de notre cours des comptes chaque année, hélas sans pouvoir
pour sanctionner ce qui relève de manquements de mauvaise gestion des fonds
publics quelquefois aberrant ?!
Cette femme scientifique, a
bien mérité d’être honoré par son travail car la science et la santé humaine n’a
pas de prix et ne doit pas être réduite par des économies de bout de chandelle
qui coute plus cher que d’avoir aidé celle-ci avec des moyens importants !
Merci à Mme CHARPENTIER et
sa coéquipière d’avoir découvert cette méthode scientifique de pointe qui aura
des finalités pour les luttes contre des maladies graves !
Quand on voit comment est
géré la crise sanitaire pour ce Covid 19 par notre gouvernement et même les
scientifiques dépassés par le problème, c’est un camouflet que reçoivent ces
messieurs, dont certains en plus prennent la mouche par le succès de leur consœur,
ils feraient mieux de faire profil bas !
Les scientifiques passent
une partie de leurs temps précieux perdu à chercher des fonds pour leurs
recherches et les français donnent beaucoup au téléthon ou autres sollicitations
à leur générosité alors que l’état lui ne fait qu’un minimum insuffisant !
Jdeclef 10/10/2020 10h25
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