mercredi 16 décembre 2020

La liberté de la presse est encore respectée dans notre pays bien qu'écornée par certains médias qui font des formes de censures arbitraires bienvenue dans monde des bisounours pour gogos !?

 

Liberté de la presse : « La France n'est pas la Turquie »

ENTRETIEN. Loi sur les séparatismes, Gafa, réseaux sociaux… le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, détaille sa stratégie et répond aux critiques.

Près de 400 journalistes sont encore détenus dans le monde en cette fin d'année, révèle le rapport annuel de Reporters sans frontières (RSF) publié lundi. Les « interpellations et arrestations arbitraires » ont été multipliées par quatre entre mars et mai et plus de 300 incidents sont liés directement à la couverture journalistique de la crise sanitaire. RSF, dont le budget global atteint 12 millions d'euros (7 millions pour la seule structure française), a récemment été critiquée par certains journalistes, comme Taha Bouhafs qui travaille pour le site Là-bas si j'y suis. Ce dernier a publié une série de tweets le 25 novembre dans lesquels il accuse notamment l'ONG, qui emploie 110 salariés et dispose 130 correspondants dans le monde, de faire « partie intégrante du pouvoir en place » et de n'avoir « rien fait depuis deux ans » pour « des confrères blessés, entravés ». « Faux », rétorque Christophe Deloire, secrétaire général de RSF et ancien journaliste au Point, qui met en avant le travail de l'ONG en France et à travers le monde, ainsi que ses initiatives pour mobiliser les réseaux sociaux.

Le Point : Comment expliquez-vous que 387 journalistes, professionnels ou non, soient encore emprisonnés dans le monde ?

Christophe Deloire : L'épidémie de Covid-19 a conduit à une restriction de la liberté de la presse dans près de la moitié des pays membres de l'ONU. Par exemple, au début de la pandémie en mars, le journaliste indépendant Khaled Drareni, qui couvrait le hirak, le mouvement de contestation en Algérie, et travaillait aussi pour TV5 Monde, a été arrêté puis placé en détention. Il est détenu à la prison de Koléa, près d'Alger, après avoir été condamné à deux ans d'emprisonnement pour « incitation à un attroupement non armé » et « atteinte à l'unité nationale ». En Turquie, la relaxe de notre correspondant, Erol Önderoglu, accusé de propagande terroriste pour une opération de solidarité avec un journal kurde, a été annulée. Les journalistes d'investigation qui travaillent sur des sujets sensibles, tels que l'environnement, la corruption, les questions de sécurité nationale, discrimination ou d'intolérance religieuse, sont les plus menacés. On observe aussi une augmentation des risques pour les femmes journalistes qui couvrent la problématique de la discrimination fondée sur le sexe.

Quels sont les pays les plus intolérants à l'égard de la presse ?

La Chine, l'Égypte, l'Arabie saoudite, le Vietnam, la Syrie, la Turquie et l'Iran. Il y a notamment une aggravation sur le front des procédures judiciaires fallacieuses et des rachats de médias par des oligarques à la solde d'un pouvoir despotique. En Turquie, Recep Tayyip Erdogan a fait placer des dizaines de journalistes en détention, lancé des procédures judiciaires contre des médias, et fait couper pour des motifs fallacieux le signal satellitaire de chaînes de télévision. En Somalie, 28 journalistes de Radio-Shabelle ont été tués sous le feu du gouvernement et des milices.

Avec certains chefs d'État populistes, voire despotiques, et les réseaux sociaux qui favorisent les théories du complot, assiste-t-on à la défaite du journalisme ?

C'est une décennie décisive pour le journalisme, car plusieurs facteurs menacent sa pérennité. Il y a cinq crises accélérées par la pandémie. Une crise géopolitique, avec l'offensive des régimes despotiques face aux démocraties ; une crise démocratique avec l'accélération de la polarisation et de la violence verbale, voire physique ; une crise technologique, puisque pour la première fois tous les contenus sont en concurrence directe, ce qui crée un désavantage comparatif pour le journalisme ; une crise économique des médias, qui vaut autant en France qu'au Liberia où le niveau de la presse n'est pas le même ; enfin, il y a une crise de la confiance vis-à-vis des médias. On peut critiquer les journalistes. Mais force est de constater que, à partir de la fin du XIXe siècle, on a assisté à la professionnalisation du métier et la construction de règles éthiques, notamment en France, avec la première charte de déontologie du SNJ en 1918 (Charte des devoirs professionnels des journalistes français).

Le belligérant d'un pays, qui hier avait besoin de journalistes pour sensibiliser l'opinion internationale, dispose avec Internet de son propre outil de propagande. Cela vaut pour les États, les partis politiques, les groupes religieux, les ONG, les clubs de foot… Mais veut-on de ce type de pluralisme de propagandes ? Ou préfère-t-on un pluralisme avec des journalistes qui essaient d'établir les faits avec des méthodes ?

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Mais comment distinguer un journaliste d'information d'un militant ?

Il peut y avoir un journalisme engagé. On peut avoir des convictions et une vision du monde. Mais il doit y avoir une prohibition des conflits d'intérêts. Attention, il ne suffit pas d'être témoin pour être journaliste. Les questions essentielles restent la vérification des informations, le respect du principe contradictoire, le fait de corriger quand on se trompe…

RSF a été critiqué par Taha Bouhafs et Gaspard Glanz. Le quotidien Le Monde écrit que l'ONG est « dans la tourmente ». Que leur répondez-vous ?

RSF n'est pas dans la tourmente juste parce qu'un petit groupe de personnes nous attaque et profère des insultes sur les réseaux sociaux. Nous n'avons pas répondu, sauf un jour où nous avons publié un tweet pour dire « stop ! », car il y avait des menaces contre nous. Avec tous les employés et correspondants de l'ONG, nous partageons une même vision du journalisme, des valeurs et des modes d'action. Le mandat de RSF est de défendre la liberté d'expression, l'indépendance et le pluralisme du journalisme. Nous n'avons pas d'agenda politique. La révolution, la VIe République, le renversement du gouvernement, l'attaque de l'ensemble de la loi sur la sécurité globale au-delà de l'article 24 sur la presse, ne font pas partie de notre mandat. L'ONG s'occupe de grands enjeux, comme l'exécution en Iran de Rouhollah Zam, qui a dirigé la chaîne Amadnews sur la plateforme de messagerie cryptée Telegram, l'évolution des technologies ou en France l'article 24 de la proposition de loi sur la sécurité globale aujourd'hui repris par l'article 18 de la loi sur les « séparatismes. »

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Quelle est la position de RSF sur cet article 18 de la loi sur les « séparatismes » qui crée, à la suite de la décapitation de Samuel Paty, un nouveau délit réprimant « le fait de révéler, diffuser ou transmettre, par quelque moyen que ce soit, des informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d'une personne permettant de l'identifier ou de la localiser, dans le but de l'exposer, elle ou les membres de sa famille, à un risque immédiat d'atteinte à la vie ou à l'intégrité physique ou psychique, ou aux biens » ?

Cet article 18 pose deux problèmes. D'un côté, il existe déjà des lois qui permettent de traiter le problème. Ce n'est pas besoin de rajouter une infraction. D'un autre côté, le risque d'arrestations et de violations de la liberté de la presse par des policiers demeure. RSF plaide donc pour un retrait de cet article.

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Vous dites que RSF n'a pas d'agenda politique. Comment agissez-vous sur le terrain ?

Nous pensons qu'il faut établir des rapports de force fondés sur la médiatisation pour obtenir des résultats. Il faut donc discuter, parfois avec des pouvoirs despotiques, sans se compromettre pour autant. Récemment, je suis allé en Somalie. Nous avions obtenu en 2019 la libération de journalistes. Puis le Premier ministre a changé. Nous avons renégocié et obtenu un moratoire de l'arrestation des journalistes par les forces de sécurité. Si RSF n'avait suivi que la stratégie du naming and shaming » [dénoncer pour faire honte, NDLR], nous n'aurions rien obtenu.

RSF n'a-t-il pas tendance à minimiser les cas d'entraves à la liberté de la presse en France ?

Pendant vingt-cinq ans, RSF avait fait le choix de ne pas parler de la France pour mieux travailler à l'étranger. Mais aujourd'hui, nous parlons autant de France que des autres pays. Par exemple, nous avons porté plainte en novembre contre X et contre le préfet de police de Paris, Didier Lallement, pour « violences volontaires aggravées » et « entrave à l'exercice de la liberté d'expression » suite aux violences policières commises sur des journalistes lors d'une opération d'évacuation de migrants. Nous nous battons aussi sur la législation sur le secret des sources. Sur le secret des affaires, nous avons obtenu une exemption – malheureusement insuffisante – pour l'exercice de la liberté d'expression à certains stades de la procédure. L'ONG s'est aussi mobilisée au moment du conflit entre les salariés de iTélé et Vincent Bolloré qui avait repris en main la chaîne. Sur les centaines de violations de la liberté d'expression durant les manifestations en France, c'est certain que nous n'avons pas cité tout le monde. Mais RSF est une organisation internationale qui n'est pas centrée sur la France. Et quand on regarde la situation de la liberté de la presse dans le monde, la France n'est pas la Turquie. Ce n'est pas non plus l'Algérie, ni la Russie ou les Philippines. La mesure de RSF ne doit pas passer pour de la candeur.

Le chaos informel représente un danger de mort pour nos démocraties.

On assiste au développement fulgurant du numérique. Peut-il conduire à réduire la liberté d'expression ?

Internet a bien sûr amélioré considérablement la communication horizontale. Malheureusement, l'espace digital et ce qu'on appelle le chaos informationnel font que tous les contenus sont en concurrence directe : la propagande d'État, la publicité, l'information sponsorisée, le journalisme, la chanson sous la douche, les insultes de l'automobiliste… Ces contenus sont traités à égalité par les algorithmes des réseaux. Il y a même un avantage pour ceux qui insultent et qui tiennent des positions extrêmes et non vérifiées. Une étude du MIT (Massachusetts Institute of Technology) a en effet montré que le potentiel viral d'une information fausse était six fois supérieur à celui d'une information vraie. Ce phénomène est totalement destructeur pour nos démocraties. Jusqu'à présent, il y avait avec les Constitutions et la régulation des médias des dispositifs qui permettaient de favoriser le pluralisme et la fiabilité de l'information. Dans un espace public globalisé et digitalisé, cela ne suffit plus. Car quand on reçoit une information on ne sait désormais plus quel degré de confiance lui apporter. En outre, les patrons des plateformes numériques ont remplacé les Parlements. Là où, hier, le Parlement édictait des lois, aujourd'hui c'est Mark Zuckerberg, patron de Facebook, qui dit comment va être organisé l'espace public que représente son réseau social. Il dit aussi ce qu'on peut voir ou non. Mark Zuckerberg a donc le pouvoir du Parlement et de la justice, car il a le pouvoir de censure. En outre, ces lois ne sont pas transparentes et déterminées par un intérêt privé et une logique marchande. En tant que consommateurs de Facebook ou Google, nous avons donné aux réseaux sociaux les clefs de la démocratie sans leur imposer d'obligations.

 Pourquoi les réseaux sociaux ne devraient pas s'occuper de censure

Google et Facebook sont comme les Églises : ils refusent que quiconque intervienne dans leurs dogmes, leurs algorithmes.

Comment inciter Facebook et Google à mettre en avant une information fiable plutôt qu'une idée complotiste ?

Que fait-on des assistants personnels comme Siri qui ont un potentiel de manipulation des populations important ? Quid des campagnes de désinformation qui passent par des messageries privées type WhatsApp, voire les e-mails, comme en Inde et au Mexique ? Il faut promouvoir la fiabilité de l'information et le pluralisme, qui sont l'essence d'une démocratie. Il s'agit de trouver les moyens d'imposer des obligations aux algorithmes. C'est pour cela que RSF a participé à la création du Forum sur l'information et la démocratie qui a émis un rapport avec 250 recommandations. Il propose un cadre de régulation des plateformes et des réseaux sociaux permettant de répondre au chaos informationnel qui représente un danger de mort pour nos démocraties. Les grandes lois sur le numérique doivent désormais s'en inspirer. C'est d'ailleurs ce que fait le commissaire européen Thierry Breton avec les nouvelles directives européennes contenues dans le Digital Services Act (DSA). Au-delà des questions économiques, il s'agit d'apporter des garanties démocratiques sur la délibération publique. Les démocraties doivent se défendre face aux régimes despotiques.

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Peut-on obliger les réseaux sociaux à changer leurs algorithmes ?

Oui, même si ceux-ci disent que leurs algorithmes sont leur « secret de fabrication », un peu comme la recette de Coca-Cola. Ils assurent aussi que s'ils en révélaient les ingrédients, ce serait plus facile de manipuler ces algorithmes. Pourtant, il s'agit de l'organisation de notre délibération qu'on délègue.

Les Gafa sont des multinationales privées. Comment agir également au niveau microéconomique ?

RSF le fait avec une centaine d'entités en promouvant la journalism trust initiative qui entend rétablir la confiance dans les médias en promouvant et en récompensant le respect des normes et de l'éthique professionnelles. Aujourd'hui, les plateformes n'ont pas les moyens de distinguer une information fiable d'une autre. RSF a donc créé un mécanisme, un ensemble de principes, qui permettent de le faire. Il s'agit de renverser la logique en termes d'indexation algorithmique et d'affectation de recettes publicitaires.

Google et Facebook sont comme les Églises : ils refusent que quiconque intervienne dans leurs dogmes, leurs algorithmes. Mais ils ont pris conscience qu'ils avaient un problème concernant la fiabilité. Ils ne peuvent pas juste décider sur le court terme si tel tweet ou post Facebook de Donald Trump est fiable ou non, ils ont besoin de nous pour trouver une solution à long terme. Il y a un document de référence et un outil technologique en cours de certification qui doit les aider à l'avenir à créer un facteur d'intégrité dans l'indexation algorithmique. Qui dit indexation signifie que les contenus moins fiables auront moins de visibilités et donc moins de recettes publicitaires notamment… L'objectif de RSF n'est pas de lutter contre la désinformation, mais de défendre le droit à l'information, qui est un droit pour chaque individu

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Car la liberté d'expression et de la presse doit être protégée car encore garantie en France de par notre constitution et le bien le plus précieux dans nos libertés et sociétés démocratiques qui s’érodent dans le monde !

Rappelons-nous : moi qui suis ancien que nous avions un ministère avec un ministre de l’information en France pas si ancien !

Le ministère de l'Information est un ancien ministère français. Il apparaît pour la 1ère fois sous la IIIe République, en mars 1938, sous le nom de ministère de la Propagande dans le second cabinet Léon Blum. Conservé au sein des gouvernements du régime de Vichy, le ministère continue d’exister sous la IV eme République sous le nom de ministère de l'Information. En 1958, Charles de Gaulle revient aux affaires et institue-la V eme République, prescrivant au ministère de l’Information une mission : réformer et organiser la radiotélévision d’État. Tantôt érigé en ministère, tantôt en secrétariat d'État, ce département de l’Information joue le rôle principal – dans les années 1960 – du contrôle des chaînes de télévision. Supprimé en 1968 en tant que ministère puis en 1969 en tant que secrétariat d'État, ce ministère ne sera pas reconduit sous le premier gouvernement de la présidence de Georges Pompidou mais rétabli en avril 1973 lors des 3 gouvernements de Pierre Messmer, puis disparaît définitivement en mai 1974.

La presse et médias divers qui autorisent les internautes à s’exprimer sur leurs articles ou diffusions diverses d’informations de tous ordres doivent pouvoir en dire ce qu’ils en pensent sans entraves ni censures d’un autre âge surtout qu’en plus qu'il est bien difficile de les empêcher du fait du net ou la toile comme on l’appelle dans le langage des internautes qui se diffuse dans le monde entier même celui des pays totalitaires !

En France il y a aussi les réseaux sociaux, poubelle et un président élu faux monarque ayant trop de pouvoir qu'on lui a donné !?

Jdeclef 16/12/2020 10h27


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