mercredi 9 décembre 2020

L'EUROPE à 27 ne tient plus et quand l'Angleterre a fait son « brexit » ce n'était qu'une confirmation de plus !

 

Plan de relance : comment les 25 peuvent écarter la Hongrie et la Pologne

Angela Merkel, qui préside l'Union européenne, attend de Varsovie et Budapest la levée de leur veto sur le paquet financier. Sinon, un plan à 25 est étudié…

A.MERKEL avait donné lundi et mardi à la Pologne et à la Hongrie pour lever leur veto au plan de relance. La chancelière allemande, qui préside l'UE jusqu'à la fin de l'année, doit préparer le Conseil européen des 11 et 12 décembre, le dernier de l'année et le dernier sous sa présidence. N'ayant obtenu aucun infléchissement notable du Hongrois Viktor Orban et de Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais, les solutions de repli sont désormais sérieusement envisagées afin de passer outre les vetos et de mettre en place un plan de relance à 25 puisque ces deux nations se mettent en marge du mouvement.

La situation dans ces deux pays n'est pas la même. Le Hongrois Orban règne sans partage et il pose à la chancelière un double problème, politique et financier. Politique, car la CDU de Merkel a été trop longtemps inerte face aux dérives de son parti allié, le Fidesz, au sein du PPE. Trop de choses ont été passées au remuant Viktor Orban qui, de la dévotion à Helmut Kohl, est passé à la propagande anti-Soros, anti-Bruxelles, antimondialisation… Merkel a laissé faire l'ami hongrois du PPE parce que, très longtemps, Viktor Orban était présenté à Berlin comme un faux « autoritaire » qui en disait plus qu'il n'en faisait, un « enfant terrible » qui, tout en occupant sur la scène politique une position d'extrême droite nationaliste, empêchait les « vrais nazillons » hongrois (le Jobbik) de monter au pouvoir. Au nom de l'unité du PPE, Berlin a fermé les yeux, admettant juste une « suspension » du Fidesz (avec le consentement ridicule d'Orban à sa propre suspension).

Orban ne s'excuse pas et demande la parité

Cette indulgence de Merkel a atteint sa limite. Les dérives des membres du Fidesz sont telles que le chef de la délégation hongroise au Parlement européen, Tamas Deutsch, a comparé les discours sur l'État de droit de l'Allemand Manfred Weber, le chef du groupe PPE, au slogan de la « Gestapo ». « Il me semble que notre seule chance est qu'il n'y a pas de prisons dans le sous-sol du siège du PPE à Bruxelles, car sinon nous aurions pu nous y retrouver il y a longtemps, » a-t-il poursuivi sur le même ton d'ironie.

Manfred Weber comparé à la Gestapo par un eurodéputé hongrois

L'exclusion de Tamas Deutsch a été réclamée par le député autrichien Othmar Karas. Viktor Orban s'est fendu d'une lettre le 6 décembre à Manfred Weber dans laquelle, loin de présenter des excuses pour les mots infamants du député Deutsch, il propose au PPE une semi-scission comme du temps où les Britanniques conservateurs avaient un statut d'associé (un pied dedans, un pied dehors) qui leur assurait d'office une vice-présidence. Entre 1999 et 2009, le PPE-DE était ainsi formé de deux unités, le Parti populaire européen et les Démocrates européens (où siégeait aussi un parti tchèque). Puis, les conservateurs britanniques ont fait scission pour créer le groupe ECR (Réformistes et conservateurs européens). En somme, Orban réclame la parit

 Europe : « Le mécanisme lié à l'État de droit est une absurdité juridique »

Angela Merkel, avant de quitter la vie politique, ne peut pas laisser le PPE dans cet état. Et encore moins laisser Viktor Orban mettre en cause le plan de relance européen et le futur budget européen de long terme, soit la bagatelle de 1 800 milliards d'euros en l'air. Les grands moyens sont donc étudiés depuis quelques semaines tant par la présidence allemande que par les services de la Commission.

Une déclaration interprétative serait la solution la plus simple

La première porte de sortie, la plus aisée, serait que la Hongrie et la Pologne acceptent une déclaration solennelle du Conseil européen qui accompagnerait le paquet financier et le dispositif sur l'État de droit. Selon ce texte (auquel Merkel travaille), les États membres s'engageraient à ne pas faire un mésusage de la conditionnalité sur l'État de droit, qui serait mise en œuvre de manière objective en vue de préserver les intérêts financiers de l'Union. Bref, un texte rassurant qui éloigne la perspective d'un « procès politique » contre Budapest ou Varsovie si le dispositif sur l'État de droit devait être enclenché. Une déclaration interprétative qui n'ôterait rien au dispositif puisque les 25 comme le Parlement européen ont jugé hors de question de rouvrir la négociation de ce dispositif articulé en 8 articles.

La Hongrie de Viktor Orban semble plus fermée à cette idée que la Pologne, qui a, financièrement, beaucoup plus à perdre à persister sur la voie du veto…

Orban a de quoi tenir jusqu'à ses prochaines élections

Si Orban campe sur ses positions, le Conseil européen donnera alors des instructions pour se passer de la Hongrie et de la Pologne et concevoir un plan de relance à 25. « Au moins pour montrer que les solutions alternatives sont crédibles, confie un diplomate. Parce que, pour le moment, Orban dit “moi, je n'ai pas peur, vous n'arriverez jamais à me sucrer mon argent”. » Il est vrai que la Commission a fait parvenir de grosses sommes à Budapest au titre des fonds de cohésion du budget 2014-2020. Avec les paiements du cadre financier finissant, « la Hongrie peut tenir jusqu'aux élections d'avril 2022 », fait-on savoir à Budapest.

Le plan de relance et le budget de long terme 2021-2027 sont pour le moment couplés. Les fonds du plan de relance viennent en partie irriguer des programmes européens. La solution examinée par la Commission consiste à découpler le plan de relance du budget de long terme 2021-2027. Les deux instruments seront donc indépendants l'un de l'autre.

Le projet des 25 : un redécoupage du plan de relance

Deuxième étape : la décision « ressources propres » qui permet à la Commission de lever l'emprunt de 750 milliards d'euros est bloquée par Varsovie et Budapest. « Dans ce cas, on reconstitue une capacité d'emprunt avec des garanties nationales », confie un diplomate. Donc, plus besoin de passer par la décision « ressources propres » communautaires qui exige l'unanimité des 27. Puis, cet emprunt souscrit à l'unanimité des 25 est « replugué » au dispositif de répartitions des fonds, qui lui n'a pas besoin d'être voté à l'unanimité mais seulement à la majorité qualifiée. Tous les textes d'application sont pris à la majorité qualifiée. Donc la Pologne et la Hongrie seraient évincées du plan de relance et ne pourraient plus le bloquer.

État de droit et relance de l'UE : la Hongrie et la Pologne jouent au plus malin

Évidemment, si le Conseil devait en venir à se passer des deux pays, cela prendrait plus que deux semaines. « Il faut compter quelques mois de retard », estime-t-on du côté de la Commission. Le plus difficile techniquement est de séparer le plan de relance et le budget européen de long terme, qui sont intriqués. C'est l'opération qui prendrait le plus de temps, car il faudrait procéder à nouveau à des arbitrages douloureux : qu'est-ce qu'on renationalise ? En plus, cela ouvre de nouveau la question épineuse des rabais (augmentés) arrachés par les frugaux (Pays-Bas, Suède, Autriche, Danemark…). Une plaie encore vive…

Le dispositif « État de droit » peut être voté sans Varsovie ni Budapest

S'agissant du cadre financier pluriannuel (le budget de l'UE 2021-2027), le traité prévoit qu'en cas de blocage, on applique la règle du douzième provisoire jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé. Chaque mois, on reproduit les recettes et dépenses de l'année précédente. Mais là aussi, la Commission dispose d'un puissant instrument à l'encontre des deux récalcitrants. « Le cadre financier en douzième provisoire ne maintient que certaines politiques, dont les paiements directs de la PAC, l'administration, Galileo, etc. Tout ce qui est permanent. En revanche, les fonds structurels disparaissent en engagement. Il reste les paiements actuels issus du cadre financier précédent, c'est beaucoup d'argent, mais la Commission peut lisser les paiements, donc la Pologne et la Hongrie peuvent perdre immédiatement… », prévient un diplomate.

Cerise sur le gâteau : ces fonds européens seront dès lors soumis au mécanisme sur l'État de droit. En effet, le dispositif qui est sur la table du Conseil n'a pas été voté jusqu'ici pour ménager à la Hongrie et à la Pologne le temps de revenir à de meilleurs sentiments. Mais ce dispositif n'exige que la majorité qualifiée. Il sera dès lors voté et applicable.

Une situation plus compliquée à Varsovie

Donc, si on résume la manœuvre, la Hongrie et la Pologne ont tout à perdre en persistant dans leur veto : le plan de relance se fera sans eux, le budget européen sera raboté des fonds de cohésion et ils se verront appliquer éventuellement les pénalités financières prévues par le mécanisme État de droit qu'ils pensaient éviter… C'est la triple peine !

Consternation à l'UE après les veto hongrois et polonais

Orban peut tenir le bras de fer. En Pologne, la situation est plus compliquée. D'abord, le pouvoir du PiS y est plus contesté par une opposition solide qui s'est requinquée à la faveur de plusieurs maladresses du pouvoir. La loi pour le bien-être animal, voulue par l'homme fort du régime, Jaroslaw Kaczynski, visant à limiter le commerce de fourrures, a divisé son parti et déclenché la colère des agriculteurs. Des manifestations de grande ampleur secouent le pays depuis que le Tribunal constitutionnel (noyauté par le PiS) a réduit encore les conditions d'accès à l'avortement, provoquant là aussi des divisions au PiS et la chute du pouvoir dans les sondages. Enfin, le gouvernement polonais est miné de l'intérieur par les rivalités entre le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, et son détracteur interne, le ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro (lequel dispose de son propre parti), qui campe sur une position encore plus anti-bruxelloise.

Beaune : « Des clarifications, oui, jeter l'État de droit à la poubelle, certainement pas »

Varsovie traverse donc une passe difficile et dangereuse. D'un côté, il faudrait tempérer Orban mais ne pas le froisser car la Pologne a besoin que la Hongrie la couvre dans la procédure de sanction de l'article 7 (et réciproquement). Si Orban peut tenir jusqu'en avril 2022 avec sa cagnotte européenne, la Pologne, elle, a beaucoup plus à perdre en termes de fonds européens, dont elle est la première bénéficiaire. S'isoler de l'Europe est aussi un problème existentiel pour Varsovie qui craint par-dessus tout l'isolement face au grand voisin russe… Alors si, en plus, la Pologne devait subir la triple peine (exclusion du plan de relance, minoration des budgets européens et sanctions financières sur l'État de droit), il y a de quoi se poser la question : le jeu en vaut-il la chandelle ? Jaroslaw Kaczynski et sa famille ont bien des choses à méditer ces jours-ci… À Berlin, Angela Merkel attend sa réponse.

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Même le couple franco-allemand n’est plus ce qu’il était, surtout que la chancelière Merkel qui en fait décidait de tout, ne nous le cachons pas n’en déplaisent à nos présidents qui l’ont côtoyé d’une France plus faible économiquement qui cédait aux vétos de l’Allemagne à peu près à chaque désaccord, le plus bel exemple étant l’accueil des milliers de migrants qu’elle a laisse entrer dans son pays sous prétexte de main d’œuvre qui lui manquait !

Donc, s’il faut se séparer des pays frondeurs pour essayer de sauver une Europe de la zone Euro, il faudra le faire, car on voit de plus en plus des désaccords  des pays de l’est à qui il reste des réminiscences totalitaires de par leurs histoires communes avec l’ex URSS redevenue fédération de Russie mais encore puissante, d’ailleurs heureusement que l’Allemagne a été réunifiée après la chute du mur et la disparition du rideau de fer pas si ancien, ce qui lui a fait recouvrer une puissance économique remarquable, quand on connait le pays et l’état qu’il était devenu après-guerre mondiale, mais soutenue comme la France par les USA toujours partenaire présent en RFA !

Jdeclef 09/12/2020 12h39


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